Pour le 29è Lundi de Phantom, Jérémy Gravayat présente son projet Atlas, enquête qu’il mène depuis cinq ans sur l’histoire et l’actualité des bidonvilles de Seine-Saint-Denis. Recueil de témoignages, recherches d’archives, publication d’un journal, activités militantes et tournage d’un film composent les diverses étapes de ce cheminement au long cours, en compagnie d’habitants.
21h00, le ventre plein d’un repas convivial et la salle pleine d’un public attentif, Jérémy Gravayat, dans l’ombre de la régie, étends le territoire de ses derniers rushs en voix off, en direct.
PLATZ LA CHAPELLE – SILENCE / PLATZ GARE SAINT DENIS – SILENCE
Vous vous dites le bidonville, le campement, le terrain. / Nous on dit le Platz. Ça veut dire la place, en allemand.
PANO COURNEUVE – APRÈS AUTOUROUTE
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Saint-Denis, Stains, Aubervilliers, Bobigny, Drancy, La Courneuve
Toute la banlieue / Je pourrai m’y déplacer les yeux fermés / J’ai dormi partout / Je connais toutes les rues / Je connais les terrains vagues / Les maisons vides / Les usines qui jettent la ferraille / Les policiers, les gardiens, les vigiles / J’ai des amis du monde entier / Mais pas beaucoup de français
AUTOROUTE NUIT
Les recherches autour d’Atlas portent sur l’histoire et l’actualité des bidonvilles sur ce territoire, en reliant les trajectoires d’habitants ayant connu ces conditions de vie dans les années soixante à celles de personnes les connaissant toujours aujourd’hui. Au travers de ces récits et de leur mise en lien, tenter de faire apparaître une relecture habitante des « politiques de la ville » menées en banlieue nord de Paris, depuis l’édification des grands ensembles jusqu’aux projets du Grand Paris. Et raconter les dizaines d’années de combats menés par ceux qui ont tenté d’accéder au droit au logement.
Sur ce chemin sinueux, nous avons commencé par remiser la camera au placard. Nous avons enregistré de nombreux récits oraux, prélevé des photographies et des documents dans des fonds d’archives locaux. Nous avons rassemblé ces éléments dans un grand livre-journal, que nous avons distribué partout dans les quartiers. Nous nous sommes également penchés sur les méthodes expérimentales de militants des années soixante, pour finalement accompagner pendant de longs mois des familles roumaines dans leurs luttes de relogement, après l’expulsion de leur bidonville à l’été 2015. Au fil du temps, nous sommes devenus amis, et quand leurs conditions d’existences ce sont stabilisées dans des maisons occupées, nous leur avons proposé de faire un film ensemble.
— Jérémy Gravayat
Pour écouter l’enregistrement de la rencontre :
Pour retrouver l’entretien de Jérémy Gravayat par Boris Monneau pour À bras le corps, c’est ici : 171027_lundi_phantom_29
Vous pouvez également retrouver Planches, clous, marteaux, l’un des films de Jérémy Gravayat projeté lors de la soirée sur vimeo via la revue Dérives.