Pahou Wahou est un jeu collectif pour faire sonner d’autres musiques, inventer de nouvelles mélodies et changer d’histoires…
Il s’agit de « refaire le monde » avec des sons, comme on le fait autour d’un apéro ou d’un feu de camp.
Le jeu s’adresse à tous les curieux, sans limite d’âge. Il sera disponible dès cet été dans plusieurs lieux du quartier : la Maison des Fougères, Khiasma, l’école Le Vau. Passez faire une partie ! (en écoute, une partie de Pahou Wahou lors de la fête des Fougères, en juin dernier)

L’action menée par Hélène Coeur, Frédéric Mathevet et Célio Paillard est le fruit d’une collaboration de près de deux ans.
Ensemble, ils ont permis aux élèves de l’école Le Vau d’apprendre à écouter, jouer, composer, représenter, imaginer, sonoriser, interpréter, communiquer. En 2013, la première série d’ateliers avait mené à la création d’un livre-CD. Cette année, les élèves ont été invités à questionner la notion de portrait. Ensemble, ils ont composé un portrait collectif, basé sur les expériences, les pratiques et les particularités de chacun.
Ces ateliers de pratiques sonores et visuelles déploient avec les enfants d’autres manières d’appréhender le territoire.
Ils font partie du programme Mythologies, proposé par Khiasma et soutenu par la Fondation de France, la Caisse des Dépôts et des Consignations, la Ville de Paris, l’OPH – Paris Habitat.

Découvrez ici les plateaux, les cartes et les règles du jeu du Pahou Wahou
http://www.lautremusique.net/wordpress-2.9.1-fr_FR/wordpress/2014/06/pahou-wahou/

Le Cri de la Fougères, parole aux artistes

Le Cri de la Fougère est un atelier d’expérimentation et de création sonore ayant eu lieu de janvier à juin 2013 et d’octobre à juin 2014. Il a été mené par Hélène Cœur, Frédéric Mathevet et Célio Paillard, artistes en résidence à l’Espace Khiasma. Ces deux années d’écologie sonore nous ont permis d’aborder plusieurs notions liées aux arts sonores contemporains tels que l’appréhension du monde sonore environnant, sa description et son détournement, l’écriture plastique du sonore, la performance, l’approche expressive et symbolique du son associé notamment aux thèmes du « portrait » et du « souvenir ».

Mais Sophie, enseignante des classes concernées sur ces deux années, nous a expliqué que ce travail dépassait largement les objectifs que nous nous sommes fixés, et que le travail que nous faisions avec les enfants sollicitait de nombreuses autres compétences scolaires : écriture, numération, coordination, ainsi que de nombreuses compétences sociales.

Notre relation avec le professeur, au cours de ces deux années, a été primordiale. C’est elle qui nous permettait d’avoir une idée un peu plus précise des effets de nos ateliers sur les élèves, séance après séance. C’est elle aussi que nous regrettions quand elle s’éclipsait quelques minutes pendant les ateliers, garante de la frontière entre le silence, la concentration et le brouhaha.

Une partie des élèves a bénéficié des deux années d’ateliers. En CM1 l’année dernière, ils étaient cette année en CM2, tuteurs des élèves de CE2 pendant nos ateliers. Nous avons pu dès le début de l’année constater la portée de nos ateliers. Les enfants se souvenaient encore de ce que nous avions fait ensemble : des exercices, des expériences, des enregistrements, du conte sonore inventé la première année… Mais surtout, des manières de faire et des mots pour le dire. Des manières d’écouter et de produire des sons, et des mots pour décrire les processus et les sons. Nous avions mis la première année l’accent sur l’écoute et le détournement de sons de l’environnement proche en leur proposant de « débarquer » dans leur quartier comme s’il s’agissait d’une île déserte. L’ensemble de ces écoutes, de ces enregistrements et de ces jeux sonores donna lieu à l’écriture d’un conte : « Les naufragés de la fougère ».

Il fut pour nous aussi très intéressant de voir comment les CE2, nouveaux dans cette aventure, se sont adaptés avec l’aide de leurs aînés. Ils ont compris quoi faire par imitation d’abord, puis les CM2 se sont naturellement proposés pour aider les plus jeunes. Nous avons pour ce faire multiplié les interactions entre les âges. Les thématiques du « portrait » et du « souvenir » nous ont permis d’entrer d’une manière différente dans l’exercice sonore. Les élèves ont pu échanger sur leur environnement familial et sur leur culture, créant de nouveaux liens entre eux.

Nous sommes arrivés aujourd’hui à la dernière phase de nos ateliers. Nous nous sommes lancé un défi avec les enfants et avec Sophie : celui de réaliser un jeu (de société) qui serait comme le bilan de ces deux années passées. Mais aussi comme les traces à réactiver (de 7 à 77 ans, nous l’espérons) de ce que nous avons découvert ensemble, comme apprentissage partagé. Nous avons pris comme point de départ l’idée d’une grande réunion de « tribu », c’est-à-dire au sens large des liens qui se créent les uns avec les autres. Cette grande réunion consiste à réactiver ou à construire en groupe, des souvenirs, des portraits, des environnements en utilisant sa bouche, son corps, et l’environnement proche pour produire du son. Ce jeu collaboratif propose de construire sa « maison », son espace habitable en prenant en considération toutes les dimensions de cet espace, qu’elles soient psychologiques, sociales ou environnementales. Un jeu « écosophique » qui propose donc de refaire le monde par les oreilles : le Pahou Wahou !