NOIR ATLANTIQUE est le premier « récit » inaugurant l’acte 1 de l’exposition SEMES de Vincent Chevillon. Ayant invité l’écrivain, performeur et anthropologue Jocelyn Bonnerave à explorer l’exposition comme un objet d’étude anthropologique, ce seront les principes fondamentaux d’une « sociologie animiste » en germe qui émaneront de cette fameuse « réserve ».
Espace muséographique qui dérobe aux regards, lieu du penser/classer mais aussi du refoulement, de la cargaison, de l’appropriation inavouable, atelier pour l’artiste, laboratoire ou cale de bateau : c’est au cœur de cette écologie de l’ombre que s’agenceront les différentes combinaisons des futurs « actes » de l’exposition, mais où l’on peut imaginer également une « vie sociale » des objets. Où ces derniers prendraient la parole lorsque les hommes ne sont pas là. Une contre-forme de l’exposition, à la façon dont l’océan atlantique serait une contre-forme centrale des continents périphériques et, selon l’hypothèse de Paul Gilroy, formerait un continent résiduel d’où serait né, du fond des cales, le peuple de la Caraïbe.
Aussi, NOIR ATLANTIQUE rejoint le programme « contre-feu » sur la webradio r22 Tout-monde. Un programme radiophonique au plus près des évènements qui « tiennent lieu » à l’Espace Khiasma. Un programme qui touche au langage, à ce qui se dit en marge des œuvres, traitant du déplacement que peut opérer le commentaire dans ce que l’on voit lorsqu’on ne le considère pas comme un problème, mais plutôt comme une piste supplémentaire. Une piste au sens d’un montage sonore — couche additionnelle dans le régime sensible, et non, comme on est souvent porté à le penser et à le pratiquer, comme une intrusion d’un langage obsédé par la compréhension. Ainsi, le programme « contre-feu » se demande pourquoi le commentaire ne serait pas l’objet, au contraire, d’un trouble ?