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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Septembre 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

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The Voyage Out, Ana Vaz, 2018

BL CK B X, Ana Vaz, The Voyage Out
Mer. 12 Sep — Dim. 7 Oct 2018 – LONDRES
Au LUX, Waterlow Park Centre

Après une première présentation à la Maison Conti d’Oletta (Corse) en juillet dans le cadre du programme Suite du CNAP, le deuxième volet de The Voyage Out d’Ana Vaz occupera le nouvel espace d’exposition de Lux à Londres а partir du 12 septembre avant qu’une troisième installation de ce projet de cinéma étendu s’installe à l’Espace Khiasma le 17 octobre prochain.

The Voyage Out prend le désastre toxique de Fukushima comme une synecdoque de la menace écologique et de la possibilité de la renaissance. Une exposition en forme d’ethnographie du futur, d’ethnographie autrement. Deux ans après le désastre toxique а Fukushima, une nouvelle île a émergé dans l’archipel d’Ogasawara, dans l’extrême sud du Japon. The Voyage Out installe, dans une forme expérimentale et onirique,  l’imaginaire sensible de ces deux lieux, et la manière par laquelle ils composent un monde traversé par le spectre de la destruction et du renouveau. Composé d’une série de films courts en 16mm, d’une série radio, de vidéos, cartographies et conversations, The Voyage Out est conçu comme un archipel de présentations qui se développe au fil des expositions avant d’aboutir à un long-métrage produit par Spectre.

Réécouter les trois premiers épisode de la série radiophonique de The Voyage Out sur la r22 Tout-monde :


 


 

Ismaïl Bahri, travail préparatoire à « Des gestes à peine déposés dans un paysage agité » © Courtesy de l’artiste

Ismaïl Bahri à la Verrière, Des gestes à peine déposés dans un paysage agité
Mer. 21 Sep — Sam. 1 Dec 2018 – BRUXELLES
À la Verrière

Inscrit dans le cadre du programme « Poésie balistique » imaginé par le curateur Guillaume Desanges à la Verrières (Espace de la Fondation d’Entreprise Hermès à Bruxelles), « Des gestes à peine déposés dans un paysage agité », d’Ismaïl Bahri ouvre un nouveau cycle d’expériences tout en redistribuant dans l’espace des pièces plus anciennes. Il sera ici donc question de vent et des formes imprévisibles de la perturbation mais aussi de lumière, captée, filtrée, orientée dans une machine à voir que l’artiste a construit in situ pour déployer la table de dissection de ses recherches.

Réécouter le dernier Lundi de Phantom d’Ismaïl Bahri, où l’on discutait les premiers gestes des travaux qui seront exposés à Bruxelles : 

Matthieu Dibelius, D’ici là, 2018

Matthieu Dibelius, avant-première de son film D’Ici là
Jeu. 13 Sep / 20h – PANTIN
Au ciné 104

Matthieu Dibelius est un compagnon de longue date de Khiasma. Nous avons accueilli plusieurs de ses performances et il prend part cette saison au programme d’ateliers « L’abécédaire des Mots qui Touchent« . Mais ce n’est pas tout, son dernier film, « D’Ici Là« , produit par Spectre, sera présenté en avant première au Ciné 104 à Pantin ce jeudi dans le cadre d’une programmation de nos alliés Peripherie Montreuil. C’est en entrée libre, on vous attend.

Katia Kameli, Le roman algérien

A l’ombre de l’étoile et du croissant, une exposition de Katia Kameli
Jeu. 22 Sep — Dim. 25 Nov 2018 – DOUCHY-LES-MINES
Au Centre régional de la photographie

Venue à plusieurs reprises présenter différentes étapes de son travail lors des Lundis de Phantom de Khiasma, Katia Kameli continue d’explorer la contribution des images à l’écriture de l’Histoire, leur pouvoir politique et culturel, en habitant ici l’histoire nationale algérienne et sa relation à la France.

Elle présentera au CRP de nouvelles productions prenant la forme de collages, de photographies et d’installation-vidéos faisant écho aux films réalisés pour le projet Le Roman Algérien initié en 2016. Cette œuvre vidéo pensée en trois chapitres, éclaire de façon sensible les relations complexes d’une nation à son histoire et le rôle des images dans la construction de son roman national et de ses archétypes.

Réécouter une discussion autour du second épisode du Roman Algérien avec la philosophe des images Marie-José Mondzain et Katia Kameli : 

Présentation du premier ouvrage du Collectif « Décoloniser les arts »
Mer. 26 Sep / 18h30 > 20h30 – PARIS
À la Colonie

Le premier ouvrage de l’association « Décoloniser les arts », sous la direction de Gerty Dambury, Leпla Cukierman et Françoise Vergès, réunit les artistes – Kader Attia, Marine Bachelot Nguyen, Rébecca Chaillon, Myriam Dao, Eva Doumbia, Daпa Durimel, Amandine Gay, Mohamed Guellati, Karima El Kharraze, Jalil Leclaire, D’ de Kabal, Hassane Kassi Kouyaté, Olivier Marboeuf, Pascale Obolo et Sandra Sainte Rose – qui décrivent leur pratique artistique dans sa dimension décoloniale, parlent des processus de racialisation et de la manière dont la décolonisation des arts dans leur champ permet de dénationaliser, déracialiser et désoccidentaliser l’idéologie occidentale de l’universel. Discussion et débat avec une partie des auteur.es.

Des anciens du Master de Création Littéraire de Paris 8 proposent des ateliers d’écritures
Saisons 17-18 – AULNAY-SOUS-BOIS & SEVRAN
Dans les bibliothèques d’Aulnay-sous-bois et Sevran

Habitué des lieux et fidèle contributeur de la r22 Tout-monde à travers leur Radio Brouhaha, le Master de création de Littéraire de Paris 8 prouve encore une fois la qualité de son accompagnement dans le parcours de nombreux·euses auteur·ices. Alors que Elitza Gueorguieva et Mélanie Yvon entame une résidence d’écriture à Khiasma, David Lopez, Camille Cornu, Sven Hansen-Love et Benoït Toqué vont animer des masterclass au long de la saison 2018-2019 dans les bibliothèques d’Aulnay-sous-bois et de Sevran. 

En attendant de les retrouver ici ou là, il est toujours l’heure d’écouter les productions du master sur le R22 Tout-monde. Cliquer ici.  

La peau vive – D’ de Kabal et Frédéric Nauczyciel © Frédéric Nauczyciel

Frédéric Nauczyciel et D’de Kabal, La peau vive
Sam. 15 Sep / 16h30 & 20h00 – BOBIGNY
À la MC93

Deux alliés historiques de Khiasma se retrouvent sur scène pour partager un nouveau volet de La peau vive. Une exploration des frontières cutanées amorcée en 2015 par Frédéric Nauczyciel et qui s’est déclinée en installations, vidéos, photos et performances. 

À la MC93, D’ de Kabal filmera à vue ses propres tatouages et échantillonnera ainsi une partie de son histoire. De l’image naît le mouvement, la danse. L’image fabriquée à vue agit comme une étude en dessin, ici mouvante et toujours changeante : une manière plastique de s’exposer à la ville. 

Écouter sur la r22 Tout-monde, Frédéric Nauczyciel en discussion avec Olivier Marboeuf autour du projet La peau




Et pour reprendre des forces, on s’écoute un extrait du concert de D’ de Kabal lors de la fête de fin de saison 2017 de Khiasma !


Fascista fuori, une nouvelle performance du collectif Rester. Étranger.
Jeu. 20 Sep / 14h00 > 15h15 – PARIS
À l’INHA

Dans le cadre des Vitrines, le collectif Rester. Étranger. que vous pouvez suivre sur la r22 Tout-monde ou croiser au hasard d’une visite à Khiasma, proposera une nouvelle performance intitulée Fascista Fuori (Fascistes dehors). 

Les vitrines sont l’occasion de revenir sur les projets du Labex Arts­H2H, de poursuivre et d’ouvrir de nouvelles réflexions avec pour champ la création comme activité de recherche, les nouveaux modes d’écritures et de publications, les technologies et les médiations humaines. 

Christian Barani, Paradis, 2018

La nouvelle saisons des séances Phantom redémarre avec Christian Barani !
Jeu. 20 Sep / 20h00 – PARIS
Au MK2 Beaubourg

La semaine prochaine, venez nous rejoindre au MK2 Beaubourg pour la reprise des Séances Phantom avec en avant-première le beau dernier film de Christian Barani, où comment des femmes libanaises rêvent du paradis.

Paradis est une traversée poétique des terres du Liban. Dans un paysage suspendu, des femmes racontent leur relation à la mort, au Paradis. Une manière d’échapper à la violence du pays.

Des concerts de Jean Luc Guionnet à Pantin
Dim. 26 Août — Dim. 23 Sep 2018 – PANTIN
Au CNEAI

Vous l’avez peut-être entendu, avec le batteur Seijiro Murayama, sur le parcours d’une « Ligne d’erre » organisé par Khiasma, le saxophone de Jean-Luc Guionnet fera résonner le mois de septembre sur la rive du Canal de l’Ourcq. Retrouvez ici les rendez-vous à ne pas manquer dans le cadre de sa résidence au CNEAI et du festival de performance, LIVE.

Cliquer ici pour réentendre sa performance avec Seijiro Murayama lors de la seconde Ligne d’erre de Khiasma. 

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Diaporama — Expositions

Ici & Ailleurs 2018

Diaporama de l'exposition

Retrouvez les images de l’exposition « Ici & Ailleurs »

Au mois de juin, l’exposition Ici & Ailleurs s’est installée à Khiasma, recueillant l’ensemble des productions issues des projets scolaires, territoriaux et jeune public qui ont traversé la saison 2017/ 2018. Elle a pris vie lors d’une succession de rendez-vous – visites familiales, scolaires, d’associations, brocante Balipa – tandis que l’équipe du Potager Liberté venait régulièrement prendre soin des êtres végétaux embusqués sous la verrière en quête de lumière.

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Article — Focus

Les murs vous regardent

Atelier d'écriture et d'éducation à l'image à l'Atlas

L’Atlas est un espace situé au 4, rue Léon Frapié (Paris 20), au coeur du quartier des Fougères,  à deux pas de l’espace de proximité la Maison des Fougères. Depuis le début du mois de mai et dans le cadre du projet Ici Bientôt, il accueille plusieurs fois par semaine les ateliers d’écriture et d’éducation à l’image Les mots qui touchent, qui sont autant de moments conviviaux de partage, de doute, de débat.


Humanoïde & Les mots qui touchent

Tout au long du mois de mai et du mois de juin, sept à huit jeunes lilasiens et lilasiennes se sont retrouvé·es tous les mercredis après-midi à l’Atlas avec le réalisateur Matthieu Dibelius. En parallèle de ses activités de cinéaste, celui-ci intervient dans les marges depuis de longues années auprès des personnes dont la parole est disqualifiée, silencée ou contrainte. L’adolescence est un terrain privilégié pour les démarches qu’il engage, associant un accompagnement dans l’écriture et un travail de réalisation et de mise en image de soi.

Le groupe s’est retrouvé toutes les semaines, débattant ensemble autour du recours que représentent ou non les mots en situation de communication, d’agression, de discrimination, de désir ou d’amitié. Apprenant à s’écouter, à faire circuler la parole entre eux mais aussi à s’exposer, voire à baisser les armes, ils ont fait place à la pluralité des mondes vécus que portait leur petite communauté. La succession des débats et des temps d’écriture ont été l’occasion pour eux d’appréhender ce que signifie d’appartenir à une population plutôt protégée, voire sécurisée et d’identifier les lisières poreuses, parfois trompeuses de cette protection, de même que ses zones d’ombre.

Semaine après semaine, ils ont joué des coudes pour imaginer leur vie, tandis que Parcoursup entravait déjà le parcours de certains d’entre eux. Ils se sont avancés, attentifs et tâtonnants, dépliant leur sensibilité au contact des autres. Cette mise en commun ni apaisée, ni sans désaccord leur a fait gagner au passage quelques outils ainsi que de la force pour penser et s’organiser dans le monde qui leur est fait.

Continuons & Les mots qui touchent

En parallèle de ce rendez-vous, s’en tenait un autre, réunissant tous les lundi après-midi des grands adolescents animés par un désir d’expression. En compagnie du rappeur DaPro et de la psychologue Juliette Delestre, qui les ont tous deux accompagné vers l’écriture, ils ont posé sur le papier leurs espoirs, leurs frustrations, leurs découvertes. Pour la plupart venus il y a peu de Guinée, du Mali, de Côte d’Ivoire, la France n’a de cesse depuis leur arrivée de leur dessiner des situations d’attente, de non-reconnaissance de leur parcours, de non-écoute et de précarisation. Ensemble, ils ont investi l’Atlas comme un lieu de courage, de communauté, et se sont saisis de cet espace pour formaliser, outiller et adresser leurs colères, leurs désillusions, comment ils appréhendaient leur avenir. Ils ont écrit semaine après semaine de grands textes qui habitent avec souveraineté la langue qu’ils apprennent, qu’ils ont travaillé à assumer, à performer.

Chaque séance s’est conclue par un rituel de lecture collective. Des citations, traces des trouvailles d’écriture, ont envahi les murs de l’Atlas, interrogeant ses autres occupant·es. Sans se connaître, ni se croiser, les participant·es de l’un et l’autre atelier se sont trouvés à dialoguer mur à mur.

Un journal sonore de l’atelier Les mots qui touchent à l’atlas est à découvrir sur la R22:

Les combattants & Les mots qui touchent

Tandis que les deux ateliers du printemps prenaient fin, un autre dernier groupe de passionnés d’écriture et de musique a occupé l’Atlas la première semaine de juillet, en compagnie du rappeur burkinabé Joey le Soldat et du cinéaste plasticien Yo-Yo Gonthier.

L’atelier s’est lancé dans l’espace ouvert entre leur deux noms écrits à la craie au mur, posés comme deux balises. Entre elles, ont été inscrits un à un les mots lancés par les participant·es, en guise de combinaison ou de contrepoint. Les jeunes plumes s’en sont saisis comme d’un territoire en partage. Ils ont exploré le nuage de mots, l’ont parcouru, pillé, détourné, ils ont pensé des liens, des articulations, des tensions. Et c’est la question du conflit qui s’est imposée : recevoir des coups, répliquer, être à l’abri ou au contraire endosser, se sentir concerné. L’occasion pour un participant qui souhaite devenir militaire de rencontrer la possibilité d’autres postures combatives, comme celle endossée par Joey le Soldat. Tandis que ce dernier leur donnait des rythmes et précisait leur phrasé, Yo-Yo Gonthier leur a appris à s’adresser, à se tenir face à une caméra. Séance après séance, ils ont tissés leur voix, entrelacé leurs récits et dansé ensemble.  

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Diaporama — Événements

Fête de fin de saison !

La bloc party annuelle de Khiasma !

Ce samedi 30 juin, la maison s’est agrandie dans la rue Chassagnolle ! La coupe du monde des Lilas nous a réunis pour une dernière fête avant l’été ; et pour se préparer à la canicule, la chaleur des cœurs voisins, amis et alliés ne pouvaient pas être de trop.

Pour commencer la journée cette année, un ciné-goûter avec les portraits dansants de Paulina Ruiz Carballido, des ateliers de cartographie avec l’équipe de Khiasma, des initiations à la sérigraphie avec ExposerPublier et des explorations agricoles avec l’association Potager Liberté.

Une après-midi intensive qui a alimenté le foyer d’un repas de quartier délicieux, un open mic de dingue proposé par Esthr, Amnez et Lylice et une plongée dans la nuit avec le flow légendaire de Joey le Soldat !

Merci à toutes celles et ceux qui sont venus partager ces danses et saveurs de fin de saison avec nous. Merci à Bastien Planchenault pour la régie, Lilas en Scène pour la scène, le Star Hôtel pour la retransmission du match, Guillaume Nemager pour le prêt de sa platine, Dj Jah Tovo pour avoir scratché avec toutes les générations et Romain Gœtz pour les photos. Merci à toutes et celles ceux qui continuent à faire de Khiasma un espace de confiance.

« On est encore là, … » et vous connaissez la suite !




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Édito — Événements

«Ici & Ailleurs» (2018)

Pour la seconde année consécutive, l’exposition Ici & Ailleurs installait en juin 2018 ses quartiers à Khiasma pour accueillir l’ensemble des productions des projets scolaires, territoriaux et jeune public qui ont traversé la saison 2017/ 2018 : un point de rencontre au carrefour des élans et des initiatives proches et amies, qui rend grâce au fin maillage du territoire où se glisse notre Espace.

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Juillet – Août 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

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Deux nouvelles expositions d’Ana Vaz ! 

Tout juste revenue d’un mois de tournage au Japon en vue de sa prochaine exposition à Khiasma à la rentrée (Notez bien : ouverture le 17 octobre), Ana Vaz présentera du 18 juillet au 30 septembre une première séquence de ce travail au centre d’art Ange Leccia à Oletta en Corse. 

The Voyage Out se développe autour de deux évènements qui se sont produits au Japon : d’une part, la catastrophe nucléaire de Fukushima, survenue en mars 2011 à la suite du tsunami qui a ravagé la région de Tōhoku ; d’autre part, l’éruption volcanique, en novembre 2013, dans l’archipel d’Ogasawara qui a créé un nouvel îlot au large de Nishino-shima, avant de s’agglomérer à cette île principale. À travers la mise en parallèle de ces phénomènes, le projet d’Ana Vaz interroge notre époque de l’Anthropocène en télescopant documentaire et fiction, temps géologique et extrême contemporanéité, poétique anthropologique et critique de la modernité industrielle.

Écouter les premières bandes sons du projet «The Voyage Out» sur la r22 Tout-monde






Vue de Archive Kabinett, Berlin

Plus que quelques jours pour soutenir Archive Kabinett !

L’incroyable éditeur berlinois Archive Kabinett, par ailleurs espace allié avec lequel Khiasma a co-organisé le séminaire Black Lens en mars dernier à la Colonie, a besoin de vos soutiens ! Toutes les informations se trouvent ici.

Et à ne pas manquer, pour poursuivre les réflexions engagées avec Black Lens et Op-film, une archéologie de l’optique, l’exposition associée de Filipa César et Louis Henderson, et continuer à explorer les technologies de la vision à l’heure de la vidéosurveillance, la seconde séquence du séminaire se déroulera à Archive Kabinett à partir du travail de Harun Farocki. Plus d’infos sur Black Light ici.

En attendant, si vous êtes dans le coin, il vous reste jusqu’au 13 juillet pour visiter l’exposition en cours, celle de Romana Schmalisch dont Khiasma avait co-produit la pièce audiovisuelle All The Best From Labour Power Plant en 2016.

Écouter Black Lens sur la r22 Tout-monde 

Table ronde : Le genre aujourd’hui : travail, soin et racialisation

Françoise Vergès, Nacira Guénif, Elsa Dorlin, Nancy Fraser et Hana Karimi sur la question du genre aujourd’hui

La dernière fois que nous recevions Françoise Vergès, nous étions en avril, Paris 8 était occupée et Khiasma avait prolongé l’espace de l’université pour accueillir une journée de travail autour de son ouvrage Le ventre des femmes. Organisé par Nadia Yala Kisukidi, en compagnie d’Eric Fassin (Paris 8), de Mara Montanaro (Paris 8), de Nacira Guénif (Paris 8), de Farah Chérif Zahar (Paris 8) et de Romy Opperman (Penn State University), ce workshop a travaillé à spécifier les contours d’une « repolitisation » obstinée du féminisme à rebours de sa normalisation et de son intégration au discours du pouvoir.

Sans relâche, la discussion ne s’essouffle pas et trouve de nombreux échos avec une nouvelle table ronde proposée par Françoise Vergès et Nancy Fraser autour des questions de genres, les généalogies, les limites du concept et ce qu’il engage en terme de pratiques, d’économie et d’écologies. Le genre aujourd’hui : travail, soin et racialisation, une rencontre importante à regarder ici.

Écouter Françoise Vergès sur la r22 Tout-monde 

Affiche de l’exposition «Curiosités», Manuela Tetrel

Vincent Chevillon au Radar de Bagneux

Après s’être présenté sous différents éclairages lors son exposition Sèmes en 2016 à Khiasma, le travail de Vincent Chevillon continue ses métamorphoses et se glisse, jusqu’au 16 septembre, dans les cabinets de curiosités revisités du Radar, espace d’art à Bagneux, près de Caen. 

Dans les pas de ces chambres des merveilles, l’exposition Curiosités s’est emparée avec délectation de ces lieux d’autrefois qui ont forgé la muséologie. En rassemblant plus de quatre cents objets d’hier et d’aujourd’hui, l’exposition plonge le visiteur au cœur de l’étrange et du fabuleux. Les œuvres d’artistes contemporains côtoient ici les objets de collectionneurs amateurs pour un inventaire du globe des plus surprenants.

Écouter Vincent Chevillon sur la r22 Tout-monde


Still, Le fort des fous, Narimane Mari, 2017

Le Fort des fous de Narimane Mari projeté à Synesthésie

Séance de rattrapage chez les amis de Synesthésie, à Saint-Denis ! Si vous avez loupé la première parisienne du Fort des fous de Narimane Mari que Khiasma avait organisée avec son antenne Phantom, l’espace d’art Synesthésie vous attend au creux de l’été, le lundi 6 août, à 18h00 et en compagnie de l’artiste pour une rare projection de ce film intrigant.

Au départ, des Archives des premières expéditions scientifiques coloniales et des campagnes d’apprivoisement menées par les colonisateurs français, l’histoire explore l’héritage du pouvoir et de la domination. Les reconstitutions, les improvisations et les entretiens réalisés avec les habitants d’Alger, Kythira Island et la communauté de Prosfygika à Athènes, réactivent les mémoires comme des stratégies de résistance.

Écouter un entretien entre Narimane Mari et Olivier Marboeuf


Atelier «Les mots qui touchent», Photo : Yo-Yo Gonthier

Yo-Yo Gonthier et Joey le Soldat ici & ailleurs

Alors qu’ils viennent de finir une semaine intense d’écriture et de mise en voix dans le cadre de l’aventure Ici Bientôt, cycle d’ateliers autour de l’impact de la parole, de la transmission et de l’esprit critique avec des adolescents — cycle auquel participeront, entre autres, Matthieu Dibelius (Cinéaste et intervenant en milieu hospitalier), Françoise Vergès (Politologue), Da Pro (Rappeur), Juliette Delestre (Psychologue clinicienne) et bien d’autres — Yo-Yo Gonthier et Joey le Soldat viennent de reprendre la route !

Au centre d’art de La Chapelle Saint-Jacques à Saint-Gaudens, près de Toulouse, vous pourrez retrouvez Yo-Yo Gonthier au coeur de sa résidence et lui raconter des histoires de fantômes tandis que Joey le Soldat restera sur la route pour quelques dates de concert. En attendant son nouvel album qu’il vient de finir d’enregistrer, vous pourrez danser sur son flow le 11 juillet aux Francofolies de La Rochelle et le 19 juillet à Rouen dans le cadre du festival Les terrasses du jeudi.

 


Ding Ding Dong sur la r22 Tout-monde

On se souvient toutes et tous de la résidence d’Alice Rivières, qui pendant un an nous a entrainés dans des espaces mutants avec le collectif Ding Ding Dong et ses allié·e·s à l’espace Khiasma, marquant la saison 2015-2016 de souvenirs troublants et remplis d’oxygène. Aujourd’hui, le collectif ouvre son antenne sur la r22 Tout-monde, inaugurant ainsi la première radio francophone sur la maladie de Huntington !

Créer des connivences entre des personnes qui partagent la même expérience alors qu’elles vivent à chaque bout du pays, aborder tous les sujets sans restriction, constituer peu à peu une collection de voix alliées, tel est le programme d’Antenne Dingdingdong.

Et il s’écoute ici : https://r22.fr/ding-ding-dong/




Une page poétique de Frank Smith

http://www.ripforever.xyz/#33note

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Diaporama — Hors les murs

Complètement à l’Est – Parcours photographique et sonore dans l’Est Parisien

Khiasma et Paris Est Villages se sont associés pour proposer aux habitants de l’est parisien de se rencontrer autour de plusieurs ateliers de portraits photographiques et sonores. L’occasion, de montrer une facette de sa personnalité, de son histoire, du rapport entretenu avec le quartier.

Entre novembre et avril 2018, cinq séances ont été mises en place. Au cours de ces dernières, des rencontres se sont produites, des sourires et même des numéros ont été échangé entre les quarante participants.

Aux côtés de l’Espace Khiasma, des structures proches et amies ont accueilli ces ateliers à la fois conviviaux et artistiques avec l’appui de la photographe Lara Ayvazoglu et de l’artiste sonore Clémence Delbart : la Maison des Fougères, le jardin partagé de La Terrasse du T3.

Chacun de ces lieux a été l’étape d’un parcours se déployant hors les murs dans le quartier des Fougères du 16 juin au 1er juillet pour exposer et écouter les portraits réalisés.

L’inauguration du parcours, samedi 16 juin, pour un départ de la maison des Fougères a réuni une cinquantaine de personnes, mêlant participants, habitants et curieux de tout âges, guidés par le cortège de tête mené par l’association Couleurs Brazil et ses musiciens de sourdo, répinique et pandero.

Une belle invitation à parcourir et franchir un ensemble de micros-quartiers, où l’on retrouve une palette de portraits d’habitants en grand formats affichés sur les grilles de parcs et de résidences :

Traverser le square Léon Frapié, emblème des rénovations du quartier des Fougères depuis 2006, respiration à proximité du périphérique et trait d’union entre Paris et la commune des Lilas que nous avons rejointe par la rue Villegranges pour faire une étape à l’Espace Khiasma, visiter l’exposition ‘Ici & Ailleurs’.

Puis, tourner à droite, descendre la rue Noisy le Sec et se retrouver de nouveau dans le 20e arrondissement, (re)découvrir le square Emmanuel Fleury, fief de l’amicale des boulistes du 20e, écouter le témoignage de certains sur le militantisme aux Fougères…

Rejoindre le boulevard Mortier, poursuivre sur celui des Maréchaux en longeant l’axe du tramway, se rappeler qu’il s’agit de l’emplacement de l’ancienne route militaire longeant l’enceinte de Thiers et clôturer la déambulation à la Terrasse du T3, pour un goûter-apéritif.

La déambulation avait aussi sa bande sonore, composée des portraits d’habitants s’étant prêtés au jeu de l’enregistrement et de l’interview.

La notion de « circulation » a déterminé le parcours, l’accrochage des œuvres et l’écoute des portraits sonores. Ainsi, les œuvres produites dans un lieu étaient exposées dans un autre, permettant ainsi une remise en perspective des récits et de l’image de chacun, et de l’autre.

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Article — Hors les murs

HistoireS de quartier – Juin 2018

Des élèves du collège Pierre Mendès France se penchent sur 'La Zone'

Sur la saison 2017/2018, une classe de 4e et une classe du dispositif ULIS (inclusion scolaire) du collège Pierre Mendès France situé dans le 20e arrondissement de Paris ont été accompagnées par les associations Khiasma et Les Fripons, dans le cadre de leurs cours avec leurs professeures  Céline Picard et Carine Dreujou pour se pencher sur l’histoire du quartier Fougères/Le Vau en s’initiant aux techniques de l’interview et en produisant des images et des vidéos.

Séance de tournage de ‘Foot au quartier’ avec des élèves de 4eG et l’association Les Fripons

De janvier à mai 2018, le projet ‘HistoireS de quartier’ a été l’occasion de mettre en lien l’évolution du quartier avec l’histoire de Paris et de ses limites dans le passé (Fortifications), dans le présent (Périphérique- tramway) et dans le futur (Grand Paris) à travers des explorations sensibles du quartier (déambulations et prises de vues) tout en exploitant le lien intergénérationnel à travers plusieurs rencontres, notamment de Claudine Pichon et Lucie Lapuszanska, membres de l’amicale des Fougères et anciennes militantes pour la couverture du périphérique pour ne citer qu’elles.

L’occasion, de (re)situer l’histoire de collège au centre de la grande histoire des rénovations urbaines parisiennes. Combien de personnes ont-elles été surprises de découvrir leur quartier, en 1964, s’assimillant plus à la campagne qu’à la ville ? Que le collège Pierre Mendès France a été construit entre 1973 et 1974 en parallèle de l’édification du périphérique (1956 – 1974) ?

1931- Les « I.L.M de la R.I.V.P » en chantier entre la rue Le Vau et le boulevard Mortier au sud de la Porte de Ménilmontant, Paris 20ème. Extrait du livre « Des fortifs au périf Paris les seuils de la ville » de J.-L Cohen & A.Lortie

1958 – Emplacement actuel du square Fleury et des immeubles de la rue Le Vau depuis la rue Pierre Soulier. Raymond Pichon

1978- CES (corps d’état secondaire) rue le Vau. Michel Petzold

1972 – L’échangeur de la porte de Bagnolet. Extrait du livre « Des fortifs au périf Paris les seuils de la ville » de J.-L Cohen & A.Lortie

Ces découvertes, ces HistoireS de quartier, les élèves les ont mises en récit par leurs productions :

L’exposition restituant le projet inauguré vendredi 1er juin dans la salle polyvalente du collège Pierre Mendès France présentait ainsi  les courts métrages des élèves en Arts plastiques assistés par Louise et Nicolas Harlet de l’association Les Fripons {Au rythme des pièces, Un ballon dans la ville, Foot au quartier, La bible et le billet, Le quartier à travers le temps, Le téléphone perdu, La pièce du Ghana, La pierre du mur de Berlin} et les vidéos de séances en classe de Mme Dreujou avec ses élèves consacrées au projet {Le quartier aujourd’hui, le quartier à travers le temps, la rencontre de deux habitantes du quartier}. Au cœur de l’espace était installé plusieurs points d’écoute au casque réunissant plusieurs entretiens entre les élèves du dispositif ULIS et le personnel de l’établissement, parmis eux : Romain Rosati – jardinier de l’association Veni Verdi installé au sein du collège ; Augustin Baured – assistante d’éducation,  Nathalie Couegnas – principale adjointe du collège.

Dans le cadre de leurs cours d’arts plastiques, les élèves de 4e ont été amenés à s’interroger sur le statut de l’objet du point de vue de son histoire et celle de son possesseur, à travers sa trajectoire. En parallèle, ils ont réalisé des maquettes pensant la transformation du quartier pour mettre en lumière des espaces imaginaires voir surréalistes et des photographies présentant des prises de vue d’une fenêtre de leur habitation. Par la suite, ils ont modifié ces images en créant un effet de surprise de leur choix, grâce aux techniques numériques. En échos, plusieurs petites toiles au format carré représentaient des vues de fenêtres des élèves.  Les photographies d’archives, matière première du projet mené avec le collège Pierre Mendès France ont été retouchées puis agrandies pour valoriser les deux frises chronologiques retraçant la construction du collège et l’histoire du quartier ‘Des fortifs au périph’.

Travaux plastiques d’élèves de 4eG exposés dans la salle polyvalente du collège Pierre Mendès France. Image : Les Fripons

Maquette d’élèves de 4eG exposée au collège PMF. Image : Les Fripons

Extrait du travail de photo montage des élèves de 4eG

Vue de l’exposition ‘HistoireS de quartier’ au collège PMF. Image : Les Fripons

L’installation de l’exposition au cœur du collège a permis l’ouverture de ses portes le temps de la restitution. En ce début de soirée conviviale, 47 personnes se sont réunies pour redécouvrir des histoires et mémoires du quartier, mêlant personnel de l’établissement, élèves ayant participé au projet, élèves curieux de découvrir le travail de leurs camarades, habitants du quartier attirés par les affiches et flyers, ainsi que bien entendu les mythiques Michel Petzold, Claudine Pichon, Lucie Lapuszanska et leurs amis. Un buffet était mis à disposition du public, avec la gracieuse contribution des élèves du cours de cuisine et leur gâteau à trois étages marqué des initiales ‘PMF’ dessus en honneur au collège, ainsi que de quelques fraises du jardin de veni verdi et de beignets d’un assistant d’éducation.

Création culinaire des élèves du cours de cuisine au collège PMF pour le buffet de l’exposition.

D’autres, n’ayant pu se rendre au collège PMF, se sont rendus à Khiasma pour l’exposition ‘Ici & Ailleurs’ pour se laisser surprendre par les photographies d’archive du quartier, ainsi que l’ensemble des projets scolaires, jeunes publics et de territoire menés sur la saison 2017/2018.

1958 – Vacances familiales sur La Zone. Raymond Pichon

L’exposition, ouverte lundi et mardi 4 et 5 juin a accueilli 6 visites scolaires par jour.

Sans plus attendre, retrouvez le projet sur la plateforme atlas sensible.net et à Khiasma dans le cadre de l’exposition ‘Ici & Ailleurs’ du 10 au 30 juin.

Habitante des Fougères à l’exposition ‘HistoireS de quartier’ au collège PMF. Image : Les Fripons

Présentation de l’association Les Fripons : « Nous sommes des instituteurs, des artistes, des vidéastes, des travailleurs sociaux réunis dans le but de mettre en place des ateliers de formation à l’audiovisuel à destination des jeunes, d’accompagner des équipes pédagogiques dans l’utilisation du numérique au sein de leurs pratiques, et de manière générale de favoriser la transmission des savoirs en utilisant des méthodes innovantes.”

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Article — Événements

Rencontre autour des projets artistiques et collaboratifs n°2

A l’occasion de l’exposition ‘Ici & Ailleurs’, Khiasma poursuit ses rencontres dédiées aux projets artistiques menés dans le champ social et scolaire.   Avec les intervenants : Anne Collod (Chorégraphe – CAC collège Marie Curie) ; Clémence Delbart (Artiste – Intervenante dans le projet ‘Complètement à l’Est) ; Juliette Delestre (Psychologue clinicienne – Intervenante dans le projet ‘Ici Bientôt’) ; Matthieu Dibelius (Cinéaste – Intervenant dans le projet ‘Ici Bientôt’) ; Paulina Ruiz (Chorégraphe – TAP dans quatre écoles des Lilas), Louise Harlet (Association les Fripons – Intervenant dans le projet ‘HistoireS de quartier).

Image : Romain Goetz

Image : Romain Goetz

Une rencontre modérée par Olivier Marboeuf, qui ouvre la discussion en précisant ses enjeux : Comment travailler avec le contexte dans lequel on se place ? Quelles limites, mais aussi surprises les intervenants ont-ils rencontrés ? Comment mettre en dialogue et en perspective les expériences de chaque intervenant.e.s ?

Anne Collod, chorégraphe membre du collectif Dingdingdong1 revient sur sa résidence au collège Marie Curie des Lilas. Après plusieurs années sans être intervenue en milieu scolaire, Anne dévoile que son arrivée en contexte collégien, avec sa classe de 26 élèves, fut une véritable confrontation avec le réel, la poussant à abandonner ses projections et fantasmes du projet artistique parfait, sans galères aucunes et épanouissant pour toutes les parties impliquées. Dès les premiers temps de travail avec les élèves, elle a réalisé que certaines de ses demandes, qui semblaient aller de soi, comme écrire et décrire des gestes, des faits, était au final un exercice difficile. Son premier constat fut donc de trouver des modalités d’entrée pour capter les élèves et les amener dans son sens. Parmi ces modalités, nous retiendrons tout particulièrement la nécessité d’effectuer des sous groupes au sein de la classe, de faire des sorties hors les murs avec les élèves (Une sortie a été programmé au théâtre de Chaillot, trois à l’Espace Khiasma), mais aussi d’introduire de différents usages dans les lieux connus par les élèves tels les ateliers de portraits chorégraphiques, filmés dans le gymnase du collège. En introduisant un jeu collectif, dans l’espace scolaire, Anne a réussi le pari de fédérer la classe qu’elle avait en charge tout en les amenant à s’investir davantage dans le projet. En parallèle de ce dialogue permanent avec les élèves, Anne pose aussi la question du rôle des professeurs accompagnants : Comment en faire des alliés dans la conduite du projet ? Comment partager une réflexion commune avec eux ? Dans un contexte scolaire où professeurs naviguent à flux tendus, quel temps prendre et réserver à cet échange pour autant nécessaire ?

 

 

Paulina Ruiz, rebondit sur l’intervention d’Anne Colllod et les modalités d’entrée, ‘règles d’or’ qu’elle a mis en place au sein de ses quatre groupes scolaires  (écoles Romain Rolland, Victor Hugo, Paul Langevin et Waldeck Rousseau, Les Lilas) pour travailler l’image que les enfants suivis ont d’eux-mêmes, des autres et de l’altérité en général. Au cours des ateliers qu’elle a mené, elle a constaté un mimétisme frappant des représentations Hommes/Femmes que nous donne à voir la télévision et une grande majorité de médias. Comment réagir lorsque, dans le cadre d’un atelier de vidéodanse, une petite fille de 8 ans fait du twerk ? Comment travailler avec cette base et l’amener à une réflexion critique sur le geste opéré ? Paulina, souligne l’importance du contexte multiculturel, en dialectique avec un ensemble de questions de société comme le fait religieux par exemple, en milieu scolaire, est à prendre en compte dans la manière de faire ses interventions pour trouver des réponses aux questions  que les enfants se posent. Travailler la question du corps fragmenté et du corps abstraction est une des réponses proposé par Paulina.

Matthieu Dibelius, intervenant dans le dispositif ‘Ici Bientôt – Les mots qui touchent’2, avec le groupe des Humanoïdes réunissant des jeunes des Lilas est aussi animé par le désir de bousculer le groupe auprès duquel il intervient. Cette question anime en fait tout son travail d’intervenant. Ainsi, il met en échos le travail conduit avec Khiasma, avec ses expériences en institution où l’introduction de certaines pratiques, comme la vidéo, bousculait le cadre établi. Avec l’association Les Alentours3 il initie des espaces de créations collectives, où l’on n’a pas peur de dérailler dans l’imprévu. En considérant les émergences avant les compétences, il propose d’interroger la manière dont les professions et les pratiques se transforment lorsqu’elles se frottent les unes aux autres.

 

Image : Romain Goetz

Image : Romain Goetz

Louise Harlet, membre de l’association Les Fripons4 , utilise également le numérique comme un outil de sensibilisation. En partant de photographies d’archives pour le projet ‘HistoireS de quartier’ au collège Pierre Mendès France, le numérique a été couplé avec la question de l’intergénérationnel pour valoriser le quartier Fougères-Le Vau. Ces outils, ont été approuvés et défendus par les professeurs ayant suivis le projet. Carine Dreujou, professeure du dispositif ULIS5, dans la salle, témoigne : La vidéo est un moyen de travailler le regard que les élèves ont d’eux-mêmes mais aussi que nous portons sur eux. Elle est une trace tangible, d’un processus qui manque parfois de visibilité. Carine, revient également sur les propos d’Anne Collod, au sujet de la difficulté de travailler avec le groupe dans son entier où il est difficile de synchroniser les pensées des élèves. Une fois de plus, composer en sous-groupes, réaliser des sorties hors les murs (dans le cadre de ce projet, au musée de l’immigration), les rencontres entre élèves et personnes extérieures à l’établissement ont été des moyens employés pour sensibiliser et concerner les élèves. A ce sujet, Louise souligne que le fait de ne pas être professeure, d’intervenir en collaboration avec son frère Nicolas au cours des ateliers, ont été des atouts pour les placer dans un rapport d’autorité différent avec les élèves.

A l’inverse des projets conduits en institution, auprès de groupes constitués, Clémence Delbart, intervenante dans le projet ‘Complètement à l’Est’ a expérimenté la discontinuité comme source d’énergie possible d’un projet: Des séances dans des lieux différents, avec des personnes changeantes, en faisant tout pour casser d’éventuels binômes afin de produire des rencontres et permettre à de nouvelles relations d’exister.

Image : Romain Goetz

Cette expérimentation de la discontinuité d’un groupe, Juliette Delestre, impliquée dans le dispositif ‘Ici Bientôt – Les mots qui touchent’ avec une groupe de mineurs étrangers isolés est au centre du projet, où il est impossible d’exiger une régularité de la part des participants. Elle évoque aussi, l’importance de la complémentarité des intervenants, en partant de sa pratique en tant que psychologue clinicienne, en relation avec le rappeur Da’pro pour les ateliers ‘Ici Bientôt’.

Cette dualité-complémentarité entre intervenants et accompagnants (professeurs ou autre) pose la question du cadre de projet duquel ils sont garants. Faut-il déterminer son rôle, sa place, dès le premier jour du projet, ou bien est-il préférable de se découvrir au fur et à mesure des séances comme l’on fait Juliette Delestre et Matthieu Dibelius auprès de leurs groupes respectifs pour le projet ‘Ici Bientôt’ ? Dans le même registre, Carine Dreujou s’interroge sur la nécessité ou non de définir en amont du projet, un ou des objet.s / production.s  finies de type restitution, face aux risques d’instrumentalisation. Mais pour autant, comme nous le rappelle Olivier Marboeuf, la capitalisation est au cœur du processus artistique. Face à cet ‘art non désiré’ {par les institutions} comme le définit Olivier, comment défendre ces actions face aux regards des décideurs sans pratiquer une mise et remise en récit permanente de ces projets ?

Image : Romain Goetz

Une question du public résonne avec cette problématique de la dualité de l’artiste-intervenant : “Comment faire ricocher dans sa pratique artistique personnelle, ces actions de sensibilisations ?”. Ce à quoi, Paulina Ruiz et Clémence Delbart ont répondu qu’elles utilisaient ces ateliers comme une des sources de leur créativité.

Image : Romain Goetz

Pour conclure et ouvrir le débat sur cette question, Clémence Delbart et Nina Fabrer ont présenté la performance ‘Pratique de la relation’, construite à partir des témoignages de participants de Complètement à l’Est, enrichies de leur propre parole. Une conversation entre elles deux est diffusée dans l’Espace, debout au centre, l’une commence à coudre l’habit de l’autre avec un fil déjà noué à son habit, un geste qui se poursuit jusqu’à la fin de la performance, comme la matérialisation de l’écart entre deux qui existe par les liens et les tensions dans la relation.

 

Image : Romain Goetz

Collectif Ding Ding Dong : Rassemble des artistes, des écrivains, des philosophes, des chorégraphes autour d’une maladie génétique rare et incurable : la maladie de Huntington. L’enjeu de ce collectif est de coproduire un ensemble de connaissances et savoirs sur cette maladie. [↩]Les participant·es y mènent un travail d’exploration sur l’impact de la parole, ce qui la rend singulière, violente, humiliante, puissante ou séduisante et y font émerger des mots problématiques, qui les touchent,  les intriguent ou les passionnent. Chaque semaine, ce sont autant de moments conviviaux de partage, de doute et de débat. Ce projet est conçu en partenariat avec l’Espace Jeune Mahalia Jackson, l’Espace jeune Mandela, le collectif Noise la ville et l’association Utopia 56 – pôle mineurs étrangers, Paris d’exil – pôle TIMMY. [↩]www.lesalentours.org [↩]Les fripons sont des instituteurs, des artistes, des vidéastes, des travailleurs sociaux, réunis dans le but de mettre en place des ateliers de formation à l’audiovisuel à destination des jeunes, d’accompagner des équipes pédagogiques dans l’utilisation du numérique au sein de leurs pratiques, et de manière générale de favoriser la transmission des savoirs en utilisant des méthodes innovantes. [↩]Unité localisée pour l’inclusion scolaire [↩]

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Juin 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Filipa César et Louis Henderson, Photogramme de Sunstone, 2018

Sunstone de Filipa César et Louis Henderson continue de briller 

Après leur exposition à Khiasma, Op-film une archéologie de l’optique, en avril dernier, où Sunstone chatoyait dans les perspectives du lieu, Filipa César et Louis Henderson vous donnent à nouveau rendez-vous dans quelques paysages portuaires pour découvrir leur film. À vos agenda :
Du 6 au 10 juin : International Film Festival Kino Otok – Isola Cinema, Slovénie.
22 juin : Edinburgh International Film Festival – Scotland
25 juin : Venice Architecture Biennial Venice – Italy

Frédéric Nauczyciel, Dale Blackheart (After Nijinski) [D’après Nijinski]

Les 8, 10 et 13 juin, Frédéric Nauczyciel à Paris et Pantin

Trois années se sont écoulées depuis son passage à Khiasma lors du 17ème Lundi de Phantom où il présentait ses travaux réalisés dans les mondes des vogueurs de Baltimore et de la région parisienne. La communauté de danseurs a depuis continué à imaginer des formes que vous pourrez découvrir le 8 juin au Centre Pompidou, lors d’une projection du film de l’artiste, The Fire Flies, Baltimore suivi d’une discussion en sa présence, en compagnie du vogueur Vinni Revlon et d’Anne Crémieux, enseignante chercheuse à l’Université de Nanterre.

Et pour aller plus loin, il sera aussi possible de découvrir La peau vive, un autre de ses films au Ciné 104 à Pantin le 10 juin à 22h00 et le 13 juin à 20h15 dans le cadre du festival Côté Court.

Écouter Frédéric Nauczyciel sur la r22 Tout-monde :


Pierre Michelon, Photogramme de Tepentar, 2017

Pierre Michelon du côté de Côté Court 

Quelques jours après Frédéric Nauczyciel, c’est Pierre Michelon que vous aurez a chance de rencontrer au ciné 104 le 15 juin à Pantin pendant le festival Côté Court. En plus du réalisateur en personne, vous pourrez y voir son dernier film Tepentar co-produit par Khiasma et dont les premières ébauches étaient mises à l’épreuve lors du 21ème Lundi de Phantom, en novembre 2016. 

Tepantar (horizon) est l’histoire d’un enfant qui voulait devenir apatride. Pour y parvenir, il s’était imaginé des passages secrets qui feraient glisser le sens des mots, d’une langue à l’autre, d’un paysage à l’autre, d’une époque à l’autre.

Et pour continuer de voyager dans le temps, embarquez avec la r22 Tout-monde  pour l’année 2014,  lorsque Pierre Michelon travaillait à son film « Un petit morceau de bois ».


Ouverture de Kodomo No Kuni, 5 mai 1965

Kodomo No Kuni, une exposition proposé par Vincent Romagny à la Marechalerie

Le 18 mai 2017 à Khiasma, la revue Jef Klak invitait Vincent Romagny, enseignant en théorie de l’art, à prolonger l’aventure du dernier numéro de la revue, « Ch’val de course », qui portait sur le jeu. Un an plus tard, Vincent Romagny continue de présenter ses recherche sur la question des Aires de jeux en proposant une exposition à la Maréchalerie, Kodomo No Kuni, littéralement «le pays des enfants», qui reprend le nom d’un célèbre parc de jeux pour enfants situé à Yokohama et inauguré en 1965. Une exposition visible jusqu’au 8 juillet.

Réecouter l’intervention de Vincent Romagny à Khiasma :


La danse fait-elle toujours des vagues ? 

Comment traiter avec le calme apparent régnant sur la scène chorégraphique, alors que questions, enjeux, difficultés, tensions et aspirations se manifestent de façon aiguë parmi les artistes comme dans leur environnement ? Aucune vague ne semble se soulever – alors que cette figure de la vague habite l’imaginaire historique de la danse de l’Hexagone.

Rendez-vous jeudi 14 juin 2018, à partir de 14h30 à l’Atelier de Paris / CDCN dans le cadre du festival June Events, pour s’aventurer dans des paysages dansants à l’ombre des projecteurs, à des endroits où se tissent des nouveaux lieux de confiance. Parmi les invités, Barbara Manzetti, que vous avez peut-être déouverte en 2013 à Khiasma et qui présentera l’aventure Rester. Étranger. 

Un parcours à réecouter sur leur antenne sur la r22 Tout-monde :  https://r22.fr/rester-etranger/


Silvia Maglioni & Graeme Thomson de retour aux Laboratoires d’Aubervilliers 

Fin 2013, Silvia Maglioni et Graeme Thompson prenait part au cycle de projections et performances Possessions, avec leur film In search of UIQ qui marchait sur les traces d’un scénario inachevé de Félix Guattari. Un paysage qui a continué de muter pendant leur résidence common infra/ctions au Laboratoires d’Aubervilliers, lors de laquelle les artistes et cinéastes ont conçu une exposition qui relie les deux phases principales de leur recherche autour d’un infra-monde fait d’états de seuils entre formes et langages, œuvres et outils, production et usage, arts de faire et de défaire. Une exposition à visiter jusqu’au 7 juillet. 

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Diaporama — Jeune Public

Les portraits dansants aux Lilas !

résidence

Paulina Ruiz Carballido, danseuse, chorégraphe, chercheuse et professeure de danse est revenue sur la saison 2017/18 dans quatre écoles  Lilasiennes avec ses ateliers  de « Vidéodanse » !

Paulina Ruiz Carballido, danseuse, chorégraphe, chercheuse et professeure de danse est revenue sur la saison 2017/18 dans quatre écoles Lilasiennes avec ses ateliers de « Vidéodanse » !

Dans le cadre du dispositif TAP (Temps d’Activité Périscolaire), Paulina Ruiz Carballido a été invitée pour la deuxième année consécutive à mener des ateliers de vidéodanse dans quatre écoles primaires aux Lilas : Romain Rolland, Victor Hugo, Paul Langevin et Waldeck Rousseau.

Lors des différentes séquences des ateliers, les quatre groupes étaient invités à créer des portraits dansants en lien avec leur environnement. A travers des jeux de danse et d’exploration autour de l’image, les enfants ont été amenés à réfléchir aux possibilités de l’image en mouvement et la danse à l’écran et à s’approprier le vocabulaire ciné-chorégraphique et l’outil cinématographique.

Ces ateliers aboutiront à la réalisation de quatre films de « vidéodanse » collective qui seront exposés à l’Espace Khiasma pendant l’exposition Ici & Ailleurs du 10 au 30 juin ponctuée par une projection assise le dimanche 30 juin à 15h dans le cadre de la fête de fin de saison.

Paulina Ruiz Carballido

Paulina Ruiz Carballido explore le corps dans un travail chorégraphique sur la poétique du corps en mouvement, la mémoire, la condition humaine et la quotidienneté en interaction sensible et kinesthésique avec la technologie via des œuvres scéniques interdisciplinaires et des vidéodanse. Dans sa démarche artistique, Paulina Ruiz Carballido cherche à créer espaces d’expérimentation afin de dévoiler les confrontations et résonances d’un devenir corps, d’un devenir monde. Elle interroge la danse comme une espace d’appartenance, de croisement, de mémoire, des gestes, de résonance sensible, des paysages réels et imaginaires, de l’être et du néant pour raconter poétiquement des états du corps au monde.

Qu’est ce que la vidéodanse ?

« Vidéodanse », « danse à l’écran », « danse pour la caméra », sont tous des synonymes qui expriment l’intention des chorégraphies explicitement créées pour exister à l’écran. Le langage cinématographique et chorégraphique d’un point de vue technique et créatif enrichit la perception de la danse en engendrant un croisement de langages entre ces deux disciplines. Cette combinaison de deux disciplines, la danse et le cinéma permet de mêler les ressources de chacune afin d’entrelacer les relations mouvement – temps – espace et corps. « Ces disciplines, offrent une création nouvelle ; elles s’articulent entre elles et ouvrent la perception de chacune à ce qui les traverse et les dépasse : le geste dansé » . Le but de la vidéodanse est de revisiter la chorégraphie en y intégrant l’outil cinématographique : la camera, à travers ses mouvements et points de vue devient partie intégrante de la chorégraphique.

Découvrez l’ensemble des « Portraits Dansants » réalisé sur la saison 2016/17 et 2017/18 ici : 

 

 

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Mai 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Rencontrons nous ! 

Le gouvernement mise sur l’hypothèse d’une victoire par écrasement, foyer après foyer, de tout ce qui se dresse. Il entend verrouiller l’horizon comme il nasse un 1er Mai. Il pousse l’abus jusqu’à s’approprier ce mot « révolution » pour nommer sa gestion de l’apocalypse promise. Il s’agit de produire un effet d’étouffement, avec et sans gaz. De renvoyer à la barbarie, à l’anomalie, à la « violence », ce qui ne se soumettra pas, ce qui trace sa route, ce qui s’éprouve de rage. 

Ce qui bouillonne en ce moment sous la surface du social est en excès sur toutes les rhétoriques – politiques, militantes, économiques ou syndicales. Toute révolution commence par la prise des rues, des lieux, de la parole. Par l’expérimentation de nouvelles manières, par l’exploration de ce qui déborde les frontières et pratique d’autres rythmes pour y retrouver le désir. 

Dans le mouvement en cours, les lieux dits « culturels », eux qui sont censés donner à sentir d’autres horizons, sont restés curieusement en retrait. Un théâtre qui porte le nom d’un horizon possible, celui de la Commune, s’est ouvert lundi 30 avril à la veille d’un 1er Mai de manifestation, à la rencontre entre toutes les composantes du mouvement en cours, à la prise de parole de ceux qui n’en sont pas les professionnels. 

Il s’agit de se dire la situation qui nous est faite, et comment nous allons la renverser. Comment nous allons ouvrir l’espace d’autres vies. Puisque le gouvernement lui-même, par sa volonté d’affrontement, nous met devant cette alternative : soit lui, soit nous. 

A l’initiative d’une multiplicité d’individus et de collectifs qui œuvrent à la connexion des foyers de luttes en cours, le théâtre de La Commune ouvre ses portes vers cet appel : 

Rencontrons-nous ! 

Prochain rendez-vous, dimanche 6 mai à 18h00 au Théâtre de l’Échangeur à Bagnolet. 

Global ’68 à Paris, Nanterre et Londres

1968 fut une année de luttes, d’insurrections, d’offensives et de manifestations contre le capitalisme et l’impérialisme dont la guerre du Viêt Nam fut l’épicentre. La démocratie, l’égalité et l’émancipation y gagnèrent mais ces luttes rencontrèrent aussi une répression brutale et meurtrière. Des récits révisionnistes ont cherché à effacer la violence policière et la mort de combattants, à estomper le rôle des ouvriers, des femmes, des étudiants et des peuples autochtones, et à éliminer l’importance de l’anti-Américanisme comme de l’anti-impérialisme et de l’anticapitalisme, ainsi que les profondes influences qu’eurent ces mouvements sur les guerres de libération en Algérie, en Amérique Latine et au Viêt Nam.

En organisant le colloque Global ’68,  Françoise Vergès, habituée de Khiasma, que l’on accueillait récemment lors d’un workshop proposée par Nadia Yala Kisukidi, Marcus Rediker, Oscar Guardiola-Rivera et Sylvie Robic proposeront une série de conférence où seront analysés les mouvements et les transformations profondes dans les domaines politique et culturel qui ont fait de 1968 une année extraordinaire au niveau mondial. Trois notions seront au centre des discussions : solidarité, histoire globale et histoire d’en bas.

Toutes les informations ici.

Réécoutez Françoise Vergès sur la r22 Tout-monde.

Photogramme de Foyer, Ismaïl Bahri, 2016

Ismaïl Bahri, de Tunis à Bruxelles

Les jeux de ficelles des amis et alliés passent ce mois-ci dans les mains d’Ismaïl Bahri pour proposer un nouveau motif à Tunis. C’est en compagnie d’Olivier Marboeuf, suite à une invitation des Ateliers Coteaux, qu’il montrera Spell Reel, film de Filipa César construit à partir de matériaux audio-visuels témoignant de la naissance du cinéma Guinéen sous l’impulsion d’Amilcar Cabral, leader de la libération assassiné en 1973. Rendez-vous le 12 mai à 17h00 !

Autrement, c’est au Kunsten Festival des Arts qu’il faudra être deux jours plus tard, le 14 et le 15 mai, pour découvrir son travail. Pour le festival, qui l’amène pour la première fois à Bruxelles, Ismaïl Bahri compose un programme de trois films récents qui nous plongent dans le langage cinématographique et trace une ligne hypothétique entre le calme instable de Tunis avant et après la révolution.

Écouter le dernier Lundi de Phantom d’Ismaïl Bahri à Khiasma, enregistré en janvier 2018 : 

Écouter Filipa César retraverser les écrits agronomiques d’Amilcar Cabral lors du séminaire Black Lens :

 

Le Films du mondes / 50 cinétracts + 1 par Frank Smith

Les cinétracts sont, а l’origine, des films de banc-titre réalisés а la prise de vues а partir de documents photographiques de l’actualité nationale et internationale, une initiative lancée en mai 1968 par le cinéaste Chris Marker.

Les Films du monde renouent avec cette expérience cinématographique, tant poétique que politique, en se concentrant sur les failles du monde contemporain. Selon leur protocole, les cinétracts devaient « contester-proposer-choquer-informer-interroger-affirmer-convaincre-penser-crier-dénoncer-cultiver » afin de « susciter la discussion et l’action ».

Dans le cadre des cinquante ans de mai 1968, Frank Smith réactive cette forme à Genève et Bagnolet. Toutes les informations sont ici. 

En attendant, nous pouvons toujours nous réécouter ses passages à Khiasma lors des festivals de littérature Relectures et Hors Limites.

Afrikadaa présente l’African Art Book Fair à la biennale de Dakar

Alors que vous les aviez peut-être rencontrés en 2015 lors de leur intervention au 4ème Lundi des revues à Khiasma, la revue d’art AFRIKADAA en partenariat avec la biennale de Dakar est fière d’annoncer la troisième édition de l’African Art Book Fair (AABF). La manifestation se tiendra du 3 au 6 mai 2018 au sein de la 13e biennale internationale d’art contemporain de Dakar à la Maison de la Culture Douta Seck. C’est la première fois que la biennale de Dakar se dote d’un espace de publication dédié à la production critique et aux publications d’art.

Le projet Afrikadaa est, entre autres, mené par Pascale Obolo que vous pouvez réecouter sur la r22 Tout-monde lors de la première Black Code Session autour du film Black Code / Code Noir de Louis Henderson. 

Extrait de la « Cartographie de l’animation » de Emma Marabet

Le troisième numéro de la revue Corps-Objet-Image sort en imprimé 

Début février, l’équipe de Corps-Objet-Image, espace de recherche et d’expérimentation porté par le TJP de Strasbourg, préparait ses projets à venir à l’espace Khiasma, dans le cadre de notre programme Plateforme. Dans le même temps, les imprimantes marquait l’histoire de la revue pour vous proposer aujourd’hui une version imprimé du troisième numéro autour des animismes. Vous pouvez la retrouvez gratuitement en ligne ou la commander ici. 

Il se passe quelque chose.
L’insistance nouvelle de certaines expériences (Drumm).
Le déraillement de ce que l’on présente comme notre «naturalisme moderne», notre manière de faire l’expérience
du monde, des êtres et des choses qui le peuplent.
Il se passe peut-être déjà ceci: comme une ré-animation,
des résurgences fragiles, éphémères ou maladroites d’animisme. Certaines choses, certains êtres, certaines forces nous parlent, nous font signe.
Le besoin d’un monde à réanimer, voilà où nous en sommes.
Il serait comme temps d’assumer le fait que nous n’avons jamais cessé d’entretenir par certaines de nos pratiques un monde peut-être pas enchanté mais bien plus densifié de présences qu’on ne le croyait. Temps de repenser la carte de répartition des forces, des aptitudes, des capacités entre les vivants,
les choses, les invisibles, les forces cosmiques…
et nourrir la possibilité de nouveaux cosmogrammes. 

Préambule de l’édito écrit par Jérémy Damian dont la voix résonne encore sur la r22 Tout-monde : 

Katia Kameli à Marseille

Tout au long du mois de mai, l’exposition collective Salon du Salon #15 – Last cry aborde la question de l’identité de l’Homme une fois défaite de son emprise symbolique. Elle met en perspective diverses prises de paroles, détournées, silencieuses. L’exposition participe de l’intime, du quotidien, fait lien et rapport entre privé et personnel. Cette exposition est une phase de recherche où Salon du Salon, la commissaire invitée, les artistes et visiteurs sont invités à porter leur attention vers l’Homme, sa personnalité, sa pudeur, sa situation d’individu dans une communauté d’individus.

Aux côtés de Dominique Blais, Patrick Lefèbvre, Marianne Mispelaëre, Matthieu Saladin, Félix González-Torres, Sarah Venturi, Katia Kameli présentera son travail dont les dernières recherches sont à écouter sur la r22 Tout-monde, en dialogue avec Marie-José Mondzain, lors de son passage à Khiasma en septembre 2017 :

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Article — Artistes en résidence

Résidence d’Anne Collod au collège Marie Curie (Les Lilas)

Sur la saison 2017/2018, Anne Collod, chorégraphe et membre du collectif Dingdingdong, est en résidence au collège Marie-Curie des Lilas avec Khiasma dans le cadre du dispositif «La Culture et l’Art au Collège». Elle a accompagné les 5e4 du collège dans une exploration joueuse et attentive de leur corps en mouvement.

Le premier temps de la résidence au collège Marie Curie avec les 5e 4 était un atelier d’écriture qui a couru de semaine en semaine, sous l’hospitalité de leur professeure d’anglais, Mme Hoang. Ici, les élèves ont examiné le rapport qu’ils entretiennent avec leur corps autour du projet d’en faire un portrait. Ils ont essayé d’en identifier les forces et les singularités. Ils se sont pour cela attelés à en faire une description par petites touches en essayant d’avoir de l’attention pour chaque morceau de soi, le regarder pour lui-même pour mieux le ressaisir: le dos musclé, la paume de la main douce, le genou blessé. Un inventaire qui s’est placé dans le sillage de la précieuse chanson de Nina Simone Four Women.

L’atelier a également été l’occasion de décrire son corps en mouvement. Afin que leur corps ne leur soit plus donné comme quelque chose d’évident et d’impensé, Anne Collod a incité les élèves à retrouver un rapport d’étrangeté avec lui. Leurs efforts d’écriture se sont engagés à restituer la mise en mouvement dans son dépliement enfoui, secret ou méconnu. Ce travail difficile a donné lieu à des surprises : une élève a livré une véritable phénoménologie du repos, identifiant avec patience sa façon de se disposer physiquement au sommeil. Un autre a déroulé muscle après muscle les coups qu’il porte dans sa pratique du Viet Vo Dao. Un dernier a décrit sa manière habile de dérober le ballon à son adversaire au football.

Atelier d’écriture accueilli par l’Espace Khiasma, mars 2018

Le deuxième temps de la danse s’est joué au gymnase, sous l’égide d’Anne Collod et de leur professeur d’éducation physique et sportive, M. Karoutchi. Au fil des semaines, les élèves ont chacun imaginé et conçu une phrase chorégraphique comme un autoportrait dansé, qu’ils ont rejoué et affiné sous les yeux de leurs compagnons de travail. Ces derniers ne se sont pas contentés d’observer : les élèves se sont filmés les uns les autres en train de danser : chacun a choisi un compagnon dans le regard duquel il a déposé sa confiance pour qu’il tourne les images de sa chorégraphie.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Ce jeu avec l’image leur a permis de se découvrir en mouvement, de reconnaître et de préciser leurs gestes, mais aussi de se regarder eux-même comme des personnages, d’apprendre à s’adresser à une caméra en mobilisant distance, humour et parodie. Et lorsque, caméra au poing, ils se sont mis au service de leur complice danseur, ils ont appris à construire une mise en scène, à s’approprier le vocabulaire de la réalisation, à expérimenter des effets.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Comment faire son portrait chorégraphique ? Une des pistes saisies par les élèves était de réactiver les pratiques corporelles qui les occupent par ailleurs : danse classique, pingpong, arts martiaux, football… Alors que certains puisaient dans un vocabulaire strictement chorégraphique, d’autres ont emprunté leurs gestes ailleurs : qu’est ce que la chute, la simulation d’une blessure au football, un smash au pingpong offrent comme possibilités chorégraphiques ?

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Comment passer d’une pratique martiale à une danse ? Comment construire du rythme à partir d’une bagarre, et identifier, sélectionner, rejouer, styliser cette gestuelle ? Certains se sont placés à la lisière du théâtre physique en rejouant par la danse des situations de conflits sportifs.

Autoportrait chorégraphique au gymnase du collège Marie Curie, mars 2018

Le troisième temps de travail, toujours au gymnase, a été le temps du collectif. Après l’exploration individuelle, comment réintégrer le groupe? Le défi qu’a adressé Anne Collod aux élèves est celui-ci : dans une situation collective, où les relations interpersonnelles sont démultipliées et enchevêtrées, comment avoir conscience de sa présence dans un groupe, comment être attentif, mais aussi faire confiance et accepter de se laisser porter par les autres? En partant du jeu du chat gelé, où l’on court pour échapper à un chat qui nous fige s’il nous touche, la classe au grand complet s’est exercée à passer de la course à l’immobilité la plus complète.

Scène de chat gelé au gymnase du collège Marie Curie, image d’Oscar Michal, avril 2018

Les élèves courent, esquivent, se glacent, se poursuivent, et s’organisent également pour porter certains d’entre eux, tandis que d’autres filment les joueurs, en se plaçant dans le sillage des chats, en tournant autour des personnes figées, captant à la fois le mouvement accéléré des courses des uns et l’immobilité des autres, en nous rendant sensibles à tout un nuancier de rythmes.

 

Scène de chat gelé au gymnase du collège Marie Curie, image d’Oscar Michal, avril 2018

 

Dansant et filmant tour à tour, alternativement exposés et spectateurs : les 26 élèves encadrés par Anne Collod se sont ainsi aventurés à manipuler l’image qu’ils donnent d’eux-même, et à tourner autour de cette énigme.

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Diaporama — Événements

Black Lens : Un séminaire expérimental d’images en mouvement

A l’occasion de l’exposition conjointe des artistes Filipa César et Louis Henderson, «Op-Film: Une Archéologie de l’optique», à l’Espace Khiasma (du 29 mars au 28 avril aux Lilas), Khiasma a présenté Black Lens, séminaire expérimental de deux jours qui s’est déroulé à La Colonie (Paris 10è), les 29 et 30 Mars 2018. Il a mis en dialogue une série de projections, de performances audiovisuelles et de conversations d’artistes et de théoriciens basés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Portugal. Voici les images de Romain Goetz.

Black Lens a été construit comme une longue conversation traversant 4 demi-journées, un espace de travail ouvert où ont été mis en partage des formes et des recherches qui interrogent les conditions d’invention de lieux sûrs (safe spaces) par le geste et le récit, le code et le corps. En suivant les lignes de fuite de l’exposition Op-Film: An Archaeology of Optics, Black Lens a tenté de tracer, au cœur des technologies du visible, le contour d’écologies minoritaires, de formes de vie et de transmission de savoir. De l’humus à l’océan, de l’algorithme au créole, de la surface à la profondeur, où se cristallisent et se dessinent les nouvelles zones de conflit, où s’écrivent et se tissent les voix dont nous avons besoin pour lutter ?

Avec : Erika Balsom, Zach Blas, Christa Blümlinger, Jephthé Carmil, The Otolith Group (Kodwo Eshun & Anjalika Sagar), Denise Ferreira da Silva, Ciarán Finlayson, Ayesha Hameed, Onyeka Igwe, Nadia Yala Kisukidi, Nadir Khanfour, Margarida Mendes, Olivier Marboeuf, Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, Arjuna Neuman, Rachel O’Reilly, Lorenzo Pezzani & Charles Heller, Ruth Wilson Gilmore.

Conception : Filipa César, Louis Henderson & Olivier Marboeuf
Production : Khiasma en collaboration avec Archive Kabinett (Berlin) & Spectre Productions
« Black Lens » est un programme associé du festival Cinéma du Réel au Centre Pompidou.

Avec le soutien du fonds PERSPEKTIVE pour l’art contemporain & l’architecture (une initiative du Bureau des arts plastiques de l’Institut français, soutenue par le Ministère de la Culture et le Goethe Institut) et de Fluxus Art Projects.

 

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Avril 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Louis Henderson, Lettres du Voyant, 2013


La première exposition personnelle de Louis Henderson à Manchester !

À partir du 17 avril, les fantômes de Toussaint Louverture et de la révolution Haïtienne habiteront le HOME à Manchester au cœur de l’exposition de Louis Henderson, Overtures. Des archives nationales de Saint-Denis où reposent les mémoires de Louverture aux mémoires de la roche du Jura où ce dernier à été emprisonné, l’exposition articulera un ensemble de collages, de films et de rencontres qui feront brasiller.

Ce sera aussi l’occasion de découvrir les dernières formes né du collectif The Living and the Dead Ensemble, composé de 11 artistes d’Haïti, de France et du Royaume-Uni dont Louis Henderson fait parti. Ensemble, ils ont traduit en créole haïtien la pièce de théâtre Monsieur Toussaint d’Edouard Glissant, l’ont joué au cimetière de port au Prince et fabriquent actuellement un film sur l’héritage Marron à Haïti et ses relations secrètes avec le vaudou haïtien.

Des images que vous pourraient découvrir le lundi 23 avril à Khiasma pour le prochain Lundi de Phantom de Louis Henderson. En attendant, nous sommes toujours ouvert du mercredi au samedi, de 15h00 à 20h00, pour vous accueillir au sein de l’exposition Op-Film, une archéologie de l’optique qu’il a imaginé avec Filipa César.

Écouter Louis Henderson sur la R22 Tout-monde : https://r22.fr/auteur/louis-henderson/

Karrabing Film Collective Outdoor Cinema, installation, 2018

Elizabeth Povinelli avec le Karrabing Film Collective à Eindhoven 

Dans le cadre de la 5ème édition de Frontier Imaginariesune fondation itinérante d’art et de recherche sur la question des frontières, qui prends la forme d’une exposition du 7 avril au 1er juillet 2018 au Van Abbe Museum, le collectif Karrabing Film présentera au sein d’une nouvelle installation, leur dernier film, Mermaids.

Celui-ci explore comment, à travers un ensemble de relations enchevêtrés dans différents mondes, les sirènes endurent leur existence dans la toxicité du libéralisme tardif. Une pièce qui prolongera une conversation qui avait fait escale il y a un mois à khiasma et que vous pourrez bientôt réécouter sur la R22 Tout-monde.

En attendant, il est toujours possible de réécouter les trois conférences données par Elizabeth Povinelli au fil du mois de mars à Paris lors d’une invitation de l’université Paris 1, Ecole des arts de La Sorbonne. C’est ici : https://r22.fr/auteur/elizabeth-povinelli/

 

Céline Ahond à la Ferme du Buisson 

Après s’être dépatouiller avec élégances des méandres administratifs pendant la 15ème édition du festival Relectures à Khiasma (une performance à retrouver ici), Céline Ahond continue, du 22 avril au 22 juillet, son chemin à la Ferme du Buisson avec une exposition personnelle Au pied du mur, au pied de la lettre.

Comment donner corps à l’oralité ? Comment témoigner de nos présences ? Questionnant sans relâche la relation entre l’art et la vie, le désir en mouvement et la manière dont « la place de l’autre fait oeuvre », Céline Ahond relève ici le défi de faire de l’exposition une performance de trois mois qui se déplie à la manière d’un livre pour accueillir toutes les rencontres possibles.

Réécouter un entretien avec Céline Ahond sur la R22 Tout-monde : https://r22.fr/son/entretien-avec-celine-ahond/

 

Ana Vaz, Still du film Occidente, 2014, Courtoisie de l’artiste

Colonial Abyssal, un cycle de rencontres organisé par Raquel Schefer et Catarina Boieiro

Aux côtés de Khiasma en 2013 avec Carlos Casas, Guida Marquès et Gérald Collas pour fabuler l’archive et en 2017 avec Ana Vaz pour explorer les panoramiques circulaires, Raquel Schefer et revenu dans les lieux, ce mercredi 4 avril, pour ouvrir, avec Catarina Boieiro, le cycle de projections et de tables-rondes Colonial Abyssal.

Boaventura de Sousa Santos nomme le colonial qui revient comme « abyssal » : le colonial retourne non seulement aux anciens territoires colonisés, mais il pénètre aussi dans les anciennes métropoles. Ce cycle de projections et de tables-rondes part de ce concept pour interroger ses configurations historiques et actuelles – le système colonial et les luttes d’émancipation anticoloniales, la colonialité des relations de savoir et de pouvoir, les flux migratoires et la problématique des réfugiés. Le cycle rassemble une sélection d’archives coloniales des collections de la Cinémathèque Portugaise, une rétrospective de films anticoloniaux et une série d’œuvres cinématographiques autour de la question migratoire. On pourra notamment y retrouver  Occidente de Ana Vaz et de The Embassy de Filipa César, deux films réalisées par des alliées de longue date.

Rendez-vous le jeudi 5 avril à la fondation Gulbenkian pour une journée d’étude et le vendredi 6 avril à 19h30 au Studio Luxembourg-Accatone pour la projection de Casa de Lava (La Maison de lave) de Pedro Costa.

Toutes les informations ici : https://www.facebook.com/events/600551243629787/
Réecouter Raquel Schefer sur la R22 Tout-monde : https://r22.fr/auteur/raquel-schefer/

Les inscriptions au Master de création littéraire à Paris 8 sont ouvertes !

L’université est bloquée, mais les inscriptions au Master de création littéraire Université Paris 8 Saint-Denis sont ouvertes jusqu’au 31 mai. Pour déposer sa candidature, il faut se rendre à l’adresse suivante : https://appscol.univ-paris8.fr/. Et pour les rencontrer, vous pouvez par exemple surveiller l’actualité de Khiasma qui tisse depuis maintenant 2 ans des alliances littéraires et radiophoniques dans différents lieux et sur la R22. « Stay Tuned ! »

Pour plus d’informations :  http://www.master-creation-litteraire.univ-paris8.fr/spip.p

Pour écouter Radio Brouhaha, la radio du master : https://r22.fr/brouhaha/

 

François Daireaux à Serignan 

En juillet 2015, les films de François Daireaux faisaient vibrer l’espace Khiasma lors de son exposition personnel Soudain, Un léger mouvement dans l’ordre naturel des choses. Retrouvez le du 7 avril au 6 mai au MRAC à Sérignan, près de Montpellier pour l’exposition La Complainte du progrès.

Celle-ci interroge les liens que les artistes entretiennent avec la société de consommation, depuis le Pop Art et les Nouveaux Réalistes jusqu’à la génération actuelle. L’espace public, saturé de signes publicitaires, avec ses codes, ses icônes, ses stratégies marketing, ses matériaux issus de l’industrie et ses technologies de pointe, est un terrain de jeu inépuisable que les artistes s’approprient et détournent. François Daireaux y présentera un ensemble de  sculptures et de vidéos réalisées récemment en Inde.

Kader Attia, Untitled (Skyline), 2007-2012 Réfrigérateurs, peinture noire, tesselles de miroir Collection MAC VAL — Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Acquis avec la participation du FRAC Île-de-France © Adagp, Paris 2018. Photo © Marc Domage

Les racines poussent aussi dans le béton, une exposition de Kader Attia au MAC VAL

Alors que la Colonie, lieu fondée en 2016 par Kader Attia, accueillait Khiasma à la fin du mois de mars pour le séminaire Black Lens, ce dernier expose en ce moment au MAC VAL avec l’exposition Les racines poussent aussi dans le béton. Celle-ci engage une réflexion, en forme de parcours initiatique, autour de l’architecture et de sa relation aux corps. Une exposition qu’il imagine comme une « conversation intime avec le public du MAC VAL » pour ensemble « sonder les maux et les joies qui articulent la vie dans les cités ».

En écho à cette exposition qui ouvrira du 14 avril au 16 septembre 2018, vous pourrez, dans le catalogue, retrouver un texte d’Olivier Marboeuf, directeur de Khiasma, intitulé : Pousse / Où tu peux, Comme tu peux / Pousse.

Marching Band, 2016, Photogramme : Diva Ivy Balenciaga

Frederic Nauczyciel au Palais de Tokyo et aux rencontres Paris-Berlin

Deux dates à retenir pour Frédéric Nauczyciel ce mois-ci. Le 6 avril à 18h00 pour l’accompagner avec son Marching Band Project, fanfare de vogueurs qui s’apprête à remuer le Palais de Tokyo. Et le 13 avril à 22h00 à la Cité international des arts pour la projection de son intallation vidéo La peau vive dans le cadre des Rencontres internationales Paris/Berlin. Deux projets né d’un aboutissement de plusieurs années de travail à Baltimore et en Seine-Saint-Denis et de collaborations avec les communautés noire et transgenre de ces deux territoires.

Alors qu’il dévoilé les premières images de cette dernière installation en 2015 à Khiasma, vous pouvez le réécouter sur la R22 Tout-monde en suivant ce lien : https://r22.fr/auteur/frederic-nauczyciel/

Story Telling For Earthly Survival, Fabrizio Terranova, 2016

Donna Haraway et Fabrizio Terranova au BAL 

Encore une salle comble pour la présentation du film de Fabrizio Terranova, Story Telling For Earthly Survival cette fois-ci le 12 avril au BAL. Y sera montré une série d’extraits en présence du réalisateur qui reviendra sur la manière dont il a conçu le film et sur sa rencontre avec Donna Haraway.

Un évènement qui prends corps dans le cadre de Humain/Non-humain, un cycle de débats-projections consacré à la distinction entre l’humain et le non-humain et aux paramètres qui déstabilisent et brouillent cette différenciation.

Réécouter Fabrizio Terranova sur la R22 Tout-monde : https://r22.fr/auteur/fabrizio-terranova/

 

 

Après Bétonsalon et la Villa Vassilief, Julien Creuzet est maintenant à retrouver à Bruxelles

A l’occasion de la situation Perruche #2, l’artiste Julien Creuzet présentera sa première exposition personnelle à Bruxelles. A la fois poétiques et politiques, ses installations utilisent la vidéo, la musique, des objets trouvées, la poésie et la gravure pour créer un collage visuel et sonore. D’origine martiniquaise, Julien Creuzet joue avec l’histoire des images et la langue, en mélangant Francais et créole, high et low culture et des materiaux organique-synthétique-technologique.

On en profite pour se remémorer son passage à la 17ème édition du festival Relectures que vous pouvez réécouter ici : https://r22.fr/auteur/julien-creuzet/

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Entretien — Artistes en résidence

Parler L’ombre

Une conversation entre Ana Vaz et Olivier Marboeuf

À l’occasion de l’exposition Talismans, à la fondation Gulbenkian du 9 mars au 1er juillet, Ana Vaz et Olivier Marboeuf ont mené une longue conversation publiée au sein du catalogue. Ils y dialoguent autour de l’idée d’un cinéma de l’ombre, en relation et corporel, un cinéma aux versions multiples, comme autant de talismans.

Photogramme de olhe bem as montanhas / regardez bien les montagnes, Ana Vaz, Film, 2018

Ana Vaz (AV) : Parler avec un autre, engager la conversation, c’est peut-être le plus politique de tous les exercices. Car parler, c’est mettre en danger, tant la langue volontaire de l’enfant que celle, savante, du serpent, l’acte de parler est associé à la fois au danger et au plaisir, à la connaissance et à l’incertitude. Lorsque nous conversons, nous apprenons à parler à nouveau, le marmonneur ou le chaman, tous deux apprennent et désapprennent au gré des directions incertaines que peut prendre une conversation. Lorsque nous entendons l’objet sonore fait de pensée, ou que nous lisons le pixel taché fait de pensée ou d’impulsion, nous sommes toujours déjà transformés par leur résonance, par leur éclat. La nôtre devient maintenant une longue conversation, inachevée et continue, sous forme de pensées et d’actions, d’histoires et de gestes, de films et de bien d’autres choses. Facilitée par des proches, notre rencontre à Paris a été fortuite. Elle a eu lieu à un moment de grande désillusion concernant les horizons d’un certain type de cinéma, d’une certaine forme de dire, de protestation contre le conservatisme des milieux culturels institutionnels. Et puis tu m’as dit : « On fait l’université sauvage », c’est-à-dire nous coélaborons un lieu sauvage d’où parler, crépusculaire, nous remettant à d’autres nuances pour donner à voir, pour créer du verbe. Et puis les choses ont commencé à bouger selon un mouvement différent, un rythme nocturne, fruit de mouvements continus, en courbes, en marées.

Olivier Marboeuf (OM) : La conversation, c’est aussi parler à l’intérieur de la langue de l’autre, du monde, du corps de l’autre. C’est une forme érotique de la pensée, mais aussi une manière de faire qui n’autorise aucun propriétaire. On finit par avoir des souvenirs qui ne nous appartiennent pas et vivre des expériences au travers des expériences d’autres. Il y a une certaine transitivité de la pensée, qui est donc quelque chose de passage, qui voyage, traverse et s’affecte. La conversation autorise des versions d’une pensée, comme une forme qui se dessine après des touches successives sans jamais faire disparaître les étapes précédentes, parfois maladroites ; ce qui nous défait d’une certaine autorité de la parole informée, qui ouvre à une parole qui apprend en chemin. La conversation fait lieu, c’est-àdire qu’elle construit un espace qui va nécessiter d’une manière ou d’une autre de la bienveillance. Car sans bienveillance, il ne peut pas y avoir de véritables conversations critiques. Et c’est l’une des raisons de la disparition d’espaces réellement critiques en art car ils finissent par se résumer à des stratégies agressives de pouvoir, des systèmes incorporés – plus ou moins conscients – qui s’affrontent, des injonctions qui vont clore. Alors que je pense que la conversation demande à s’accorder. Comme on le ferait pour jouer collectivement de la musique. Et s’accorder n’est pas simple car nous ne parlons pas à partir du même corps, j’entends le corps autant comme espace produit par des normes sociales, que comme site d’inscription, de traduction d’un récit que nous ne connaissons pas totalement mais qui nous affecte. Et ce savoir, il me semble qu’il est important de l’imaginer en relation et non comme une quête obsédante d’une singularité qui est pour moi le coeur de la névrose occidentale et l’impasse d’une pensée réificatrice. L’accord demande du temps et de jouer régulièrement ensemble. Cela n’a rien à voir bien sûr avec le consensus, qui relèverait plutôt d’un horizon énoncé, mais bien d’un mode de présence à l’autre, à sa pensée, à sa voix, qui doit sans cesse se réagencer, se rejouer dans des situations diverses.

Tu as raison de souligner combien notre conversation a débuté sur un terrain fragile et incertain, sur un sol mouvant qui est peut-être la conséquence de la recherche d’un lieu qui se devait d’avoir quelque chose de flottant, d’océanique et peut‑être aussi de sauvage, un lieu entre. J’aime beaucoup la chanson Speak Low de Kurt Weill qui dit « Speak low when you speak, love ». J’en ai tiré l’idée qu’il faut parler bas quand on parle de choses qui nous affectent, parler dans un endroit un peu sauvage et sombre. Cela ne veut surtout pas dire que l’espace est de l’ordre du privé, mais au contraire que la conversation doit avoir cette habilité à produire et à prendre soin d’un espace particulier dans la sphère publique, un espace qui n’est pas clos mais qui existe sous certaines conditions. Une habilité à installer de l’ombre. Et je pense que l’on manque aujourd’hui d’espaces pour cultiver et situer la conversation, un peu dans l’ombre. L’économie de la visibilité est parvenue à faire disparaître cet écosystème. Avec l’exposition « Mandrake a disparu » à Khiasma aux Lilas en 2013, j’avais abordé la nécessité d’un espace de confiance entre le spectateur et le magicien pour que l’illusion devienne possible. Je pense que la conversation devient à son tour un vaste terrain d’expériences lorsque l’on parvient à trouver « certaines conditions » qui ne sont jamais les mêmes. Elle est aussi une conversion, au sens de passes magiques, de certains drames et dystopies en une possible matière d’exploration qui offre des prises et des perspectives. Car il faut parvenir à se défaire du poids des grands récits angoissants, d’un corps agonisant qui n’est pas le nôtre, et à s’autoriser quelques dérives, certaines irrévérences aussi pour retrouver l’énergie subversive de « penser au bord du gouffre1 ».

AV : Converser requiert un certain balancement, comme en danse, une attention aux limites et une proximité de leurs bords. Pendant que nous parlons, nous oscillons, nous vacillons et nous nous accordons. Nous devons être au diapason avec l’autre afin d’en ressentir le ton, la voix, la posture, la réverbération. Il est essentiel d’être accordé aussi bien en musique qu’en danse. Le danseur doit être en syntonie avec l’espace avec lequel il danse, ainsi qu’avec les corps avec lesquels il partage cet espace. Le fait de s’accorder revêt une valeur sociale qui s’applique à toutes les choses pouvant vibrer ensemble, et occupe l’espace comme une présence. La danse est une pratique spatiale tout comme le cinéma, et j’ai de plus en plus l’impression que c’est la danse qui m’a fait envisager l’accord entre le mouvement et l’espace. La danse « m’a tracé un chemin » dont je me détournais, emportant son mouvement ailleurs, pour aller vers un entre-deux entre la chaleur du corps et la vapeur des images en mouvement.

Photogramme de Olhe bem as montanhas / Regardez bien les montagnes, Ana Vaz, Film, 2018

Temporalités élargies / temps invisible et économie du visible

AV : Cela fait maintenant presque quatre ans que nous avons commencé à parler de The Voyage Out, ce film tentaculaire pour lequel la naissance soudaine d’une nouvelle terre dans le Sud du Japon est une réponse fictive et un antidote à la dévastation toxique des côtes nord et voisines de Fukushima. La nouvelle île de Nishinoshima représente un prétexte pour une fiction (scientifique) fantomatique portant sur la possibilité de « la vie sur une planète endommagée », pour reprendre une expression d’Anna Lowenhaupt Tsing. Suivant les marges de son appel, The Voyage Out considère la « contamination comme collaboration2» partant du fait que, face à la toxicité et à la destruction, nous devons forger de nouvelles formes d’alliances, de communautés et de façons de voir afin d’avoir les capacités de réponses nécessaires pour faire face au trouble, et non s’en détourner (comme le prétend Donna Haraway3), persuadés que dans son sort se trouvent les antidotes à sa menace, qu’ensorcelés nous pourrions être capables de voir à nouveau.

Ce film est fait de rencontres contagieuses, de surprises imprévisibles, de liens affectifs et d’une équipe grandissante d’alliés et de collaborateurs transformés en quasi-personnages dans le film, mêlant coulisses et scène comme une conversation permanente. C’est un processus étendu et extensif dans lequel des collaborations sont nécessaires pour infuser et infecter la matière énergétique que ce voyage demande, un voyage qui aborde des lieux de toxicité et de mouvement sismique inaccessibles.

Ici, les collaborations ne sont pas prédéterminées, préfabriquées, mais plutôt en mouvement. Elles ne sont pas seulement une question de fiction mais aussi un mode d’action, une façon de co-élaborer un horizon fictif en compagnie de ceux dont l’attachement à un territoire importe vraiment. Je pense à Kota Takeuchi, un artiste avec lequel nous nous sommes liés d’amitié lors de notre premier voyage à Fukushima et qui a déménagé dans les villes habitables avoisinantes, près de la zone d’exclusion, cherchant à penser et à agir depuis et avec un endroit, une situation. Quelqu’un qui « s’est vraiment senti poussé à migrer vers un endroit en ruine et à travailler avec des partenaires humains et non humains pour guérir cet endroit, en construisant les réseaux, les sentiers, les noeuds et les toiles d’un monde et pour un monde nouvellement habitable », comme le suggère Donna Haraway dans ses Camille Stories4. Ensemble, nous avons beaucoup parlé du temps, de donner du temps et d’avoir du temps à partager, des types de collaborations nécessaires face à une incommensurable catastrophe. Là-bas, l’impossibilité de voir les vestiges du désastre, c’est-à-dire la présence radioactive, fait appel à d’autres sens, afin de pouvoir les voir autrement – oreilles, bouche, corps. C’est aussi un événement qui relève d’une tout autre échelle de temps. Du coup, notre compréhension du temps, de la vie et de la présence fait place à autre chose, quelque chose que je ressens comme une relation troublée et incertaine avec le présent, le passé et l’avenir. C’est de cette incertitude que semblent découler de nouvelles formes de coopération.

Ma question portera donc sur le temps et sur ta conception des collaborations comme un accompagnement de longue durée, une face B étendue d’un vinyle dont on n’entend jamais la face A, si ce n’est comme un bourdonnement fantomatique. Le temps devient une pratique, une façon de prendre soin de ses différentes échelles, individuellement et collectivement, dans des conversations interminables, des promenades collectives sans aucune direction (tu as mentionné ta promenade collective à travers un embouteillage à Portau- Prince), en veillant toujours à ce que le feu brûle et soit constamment entretenu.

OM : Tu as raison d’associer l’idée de collaboration à celle du temps. C’est ce temps que j’évoquais déjà quand je parlais de la nécessité de trouver l’accord d’une conversation. Et c’est forcément un temps long qui est un principe central dans la manière dont je m’efforce de travailler. Pour ne pas craindre de m’égarer, pour ne pas éviter les zones sombres et contradictoires, les routes mal fréquentées, pour ne pas dramatiser non plus le risque de l’échec qui empêche d’agir. Pour entrer en collaboration et en conversation, il faut repousser paradoxalement l’horizon du commun, mettre à distance en quelque sorte l’urgence, l’injonction même du commun comme de la bienveillance. Comme je l’ai déjà dit : la bienveillance est nécessaire, mais elle ne peut être convoquée. Elle n’est que la conséquence d’un ensemble de gestes présents et passés dont l’agencement est imprévisible, d’accords et de déplacements, parfois infimes. On peut prendre soin à la marge d’une situation, l’entretenir par la marge mais nous n’avons aucune autorité sur la bienveillance, c’est un accord qu’on ne peut pas pré-voir sans s’engager dans une expérience – comme on ne peut pas voir à partir du dehors de l’ombre ce qui s’y trame. Jean Oury parlait à cet égard, à propos de la clinique de La Borde, de l’ambiance d’une institution, cette matière diffuse qui ne relève d’aucune forme de décision, qui est la conséquence de quelque chose qui se passe.

Nous vivons une époque de capitalisation des sujets – notamment politiques – qui est particulièrement forte dans le champ des théories critiques en art. Mais cette économie des sujets n’engage pas autant qu’il le faudrait les pratiques. Au contraire, leur mise en scène cohabite souvent avec des organisations du pouvoir et du savoir qui en sont les parfaites antithèses. Le commun fait partie de cette collection de sujets, de ces fétiches. Pour ma part, ce qui m’intéresse est toujours ce qui peut être renseigné par une pratique et nécessite de produire et de participer à une situation qui est une forme d’expérimentation et de remise à l’échelle d’un sujet. C’est une manière de s’engager dans un savoir particulier, qui est forcément un savoir en relation. Il ne s’agit donc pas simplement d’énoncer le commun comme un mantra, une idéologie mais d’en produire et d’en expérimenter la nature spécifique dans un contexte donné – Isabelle Stengers parlerait de recettes. Définir les situations et les mondes possibles par la relation, c’est faire de ce qui se passe « entre » un espace déterminant, mais qui n’est pas figé et qui n’a ni forme ni propriétaire, c’est réengager ainsi notre présence au monde comme le proposent Édouard Glissant ou encore Achille Mbembe en s’affranchissant de la centralité obsédante du moi, du singulier, du narrateur. S’ouvrir à de nouvelles perspectives, c’està- dire à de nouvelles entités animées et non animées mais aussi à la lecture des espaces sans propriétaire que performe cette communauté de présences, de façon souvent entropique. Je pense ici aux terrils du Nord-Pas-de-Calais – qui sont de fascinantes contre-formes – que tu as filmés récemment comme des paysages accidentels provoquant le surgissement, l’irruption d’un écosystème, de conditions et ainsi de formes de vie inattendues.

J’ai encore en tête cette longue marche dans la nuit noire au coeur des embouteillages monstres de Portau- Prince en Haïti. De tous les efforts que nous avions entrepris afin de créer un groupe, une pensée commune pour le projet artistique que nous voulions développer là-bas, le fait de marcher ensemble à une dizaine dans une foule compacte fut probablement l’expérience la plus déterminante, comme un rite de passage vers un autre état du sensible. Marcher comme un corps collectif, attentif à toutes ses parties, qui tente de ne pas se défaire dans l’obscurité chaotique, de conserver quelque chose d’une forme pourtant insaisissable, qui bat d’un rythme commun dans la folie de la rue. Il y a ce moment de suspension de la parole, du visible qui me semble faire passer la relation à quelque chose d’autre car, de nouveau, elle échappe à la négociation, à l’énoncé d’une décision ou d’une règle. Il me semble qu’il y a dans ton cinéma la recherche de cet état particulier de lâcher prise, d’une entrée dans un régime de sensations dont tu essayes par la suite de témoigner alors qu’il laisse d’une certaine mesure sans voix. La question est alors de savoir comment négocier cette sortie de l’ombre, c’est-à-dire la proposition d’une forme qui ne fige pas la forme, qui est peut-être même un motif, une forme cachée dans la forme, une contre-forme. Comment faire entendre une parole qui ne fait pas autorité sur ce qui se passe, qui ne le dit pas, qui dit-vague ?

AV : Les vagues sont des mouvements d’oscillation, elles divergent de l’artifice de la ligne avec l’impulsion de la courbe. Une voix qui se courbe est une voix qui refuse l’évolution constante de son inclinaison et baisse, change de ton, va dans une autre direction, une voix qui se fie au silence comme à une forme de projection assistée par l’air, l’espace et d’autres surfaces porteuses d’écho. C’est une voix qui se fait entendre au travers de distorsions, de réverbérations, assombries par d’autres influences et d’autres êtres. C’est une voix liminale qui refuse d’être la seule à parler, qui cède de la place, qui vogue au gré de différents courants, parfois inaudible, d’autres fois audible par son écho qui se fait entendre longtemps après son bégaiement.
J’aime penser cet état liminal de la courbe comme un espace crépusculaire où le chaos vient remuer tout ordre précédent en faveur de mouvements différents, qui en courbe s’éloignent du soleil et viennent enlacer la lune. Dans la cosmologie krahô, peuple originaire de l’arrière-pays du Nord du Brésil, tandis que le soleil « joue le rôle d’un personnage aveuglé par la régularité et la certitude », la lune suscite « la création des mouches et des serpents qui tourmentent l’homme, elle est la cause des maux et des inconvénients, elle engendre le désordre et est la fondatrice des rites de la mort et de la naissance », comme le suggère Manuela Carneiro da Cunha5. La lune devient un seuil de passage entre les situations, à travers les fièvres qu’elle inspire. Elle dessine les courbes nécessaires autour de son soleil-autre.

Par un autre mouvement serpentin apparaissent les terrils dans le Nord-Pas-de-Calais. Ces monts faits de déchets minéraux sont devenus de véritables territoires pour le développement d’espèces inconnues dans la région. Bon nombre des espèces qui fleurissent maintenant dans les terrils sont des espèces exotiques. Après des centaines d’années sous la terre, vestiges des bois exotiques utilisés pour l’exploitation minière, ces spécimens remontent à la surface, quittant leur longue nuit souterraine et troublant de leurs fleurs inattendues les monts carboniques du Nord de la France. Longtemps perçus comme une cicatrice gênante venue hanter la région, bien longtemps après le boom minier, les terrils sont aujourd’hui un territoire où fleurissent de nouvelles formes de vitalité. Curieusement, ces fleurs (post) toxiques sont aujourd’hui de plus en plus protégées et deviennent plus précieuses que la faune indigène du Nord-Pas-de-Calais. À leur propre échelle de temps, ces monts obscurs transmuent la toxicité en vitalité et le film que tu cites, Olhe bem as montanhas/Regardez bien les montagnes (2018), spécule justement sur ces transformations.

Si j’évoque ces mouvements-comme-images, c’est parce qu’ils explicitent, dit-vaguent, en conférant une présence au sort pourtant invisible de leur prose.

Photogramme de Olhe bem as montanhas / Regardez bien les montagnes, Ana Vaz, Film, 2018

Puissances de l’obscur/Apparitions

AV : Si on considère le cinéma comme un art du voir, un art qui a besoin de lumière pour pouvoir apparaître, alors un cinéma qui réfute la lumière doit reconsidérer ce dont la machine cinématographique est capable au-delà de la certitude de la lumière et dans la réverbération d’autres formes de longueurs d’onde6. Contrairement à ce que la tradition peut bien nous dicter, j’aime à croire que le cinéma n’est pas seulement un art du voir, mais qu’il y a certainement, en plus de toute son ingénierie, d’autres dimensions de notre appareil sensoriel mises à contribution. Le cinéma expérimental, dans son rôle fréquent d’alternative au cinéma dit narratif, a historiquement exploré les marges ombragées du médium, sa force transformatrice dans le remodelage de nos relations à l’espace, au temps, de même qu’aux corps avec lesquels nous faisons cohabiter ces dimensions. En ce sens, j’aime utiliser le titre admirablement approprié du livre de Starhawk, Rêver l’obscur, pour amener ce que filmer l’obscur peut invoquer – quelles relations, quelles formes, quelles formes-pensées, quelles incantations et incarnations ? L’obscurité de Starhawk peut bien accompagner le trouble chez Haraway, en remplaçant désormais la matière nébuleuse qui nous met en danger, qui n’a pas (encore) de forme, d’identité ni de contour – tout ce qui a été rejeté par la Modernité de la Lumière.

L’Obscur n’est pas un espace ou une figure, un idéal ou une idéologie, il vit dans le secret, chuchoté le long d’une chaîne de solidarité faite de multiples corps. Et il semble que c’est précisément cette dimension du secret qui trouble l’ordre de ceux qui ont foi en la Lumière. On pourrait faire une comparaison puissante entre le déracinement des savoirs et les liens avec la terre engendrés par les massacres coloniaux en Amérique, et la chasse aux sorcières en Europe. Ces deux mouvements d’extermination ont pour but d’extraire, de s’approprier et de domestiquer tout savoir ou agentivité détenus par ceux dont la terre ne leur appartient pas mais qui, plutôt, appartiennent profondément à la terre. Cette appartenance n’est pas seulement conceptuelle mais largement située, corporelle, aussi bien affectante qu’affectée.

Aussi, l’idée de filmer l’obscur m’incite à me réapproprier l’Obscurité comme un lieu, une terre, une situation ou une condition forgée qui permet le chuchotement du secret, qui parfume les conditions d’une compréhension partielle qui ne s’achève jamais. Filmer l’obscurité ou mettre en récit l’ombre nous supplie de libérer notre vision ainsi que nos autres sens, notre capacité à voir et à ressentir afin de prolonger l’expérience de la présence ou, pour reprendre les mots de Rosi Braidotti, de « repenser les racines corporelles de l’intelligence humaine7 ».

OM : On ne peut pas penser la question de l’ombre sans articuler celle de sa marge, de son seuil, du passage d’un régime d’invisibilité à quelque chose de visible, d’audible. C’est ce que j’appelle « faire apparition », c’est-à-dire sortir provisoirement de l’ombre – et là la dimension provisoire me semble essentielle. Ce « faire apparition » sous-entend quelque chose de soudain et d’inattendu, un corps qui n’a pas de nom, qui ne s’installe pas durablement dans l’espace de la « reconnaissance », quelque chose qui affecte puis disparaît. Cette sortie de l’ombre, cette apparition demande un soin particulier tout comme l’ombre réclame une certaine qualité, une épaisseur pour que quelque chose puisse s’y passer. Il me semble notamment, pour te rejoindre, que dans l’ombre, la transmission utilise tout le corps, elle ne peut être qu’un échange d’informations, mais nécessite une coprésence, une expérience partagée qui, dans une certaine mesure, suspend la parole et l’image, mais produit un corps qui sait.

Il y a deux aspects dont il faut tenir compte. L’espace de l’ombre comme espace particulier de savoir et de transmission et les marges, les lisières de l’ombre comme point de contact avec le champ du visible, ligne de front, où se produit du politique par changement de milieu.

Pour moi, l’apparition est une manière d’étendre l’ombre par ses marges, par son seuil. C’est une écologie du tourment qui n’agit pas selon le même principe que les rapports de force. C’est en cela, comme je l’ai déjà souligné ailleurs, que je vois dans l’émeute une forme d’antimanifestation. Là où la manifestation est déclarative et programmatique, l’émeute apparaît sans annonce et est plutôt une dynamique de soustraction du visible. Elle produit une ombre plutôt qu’un nombre8. De ce fait, c’est un espace minoritaire et conscient de l’être qui n’aspire pas tant à la prise de pouvoir qu’au tourment, à l’inconfort de ceux qui dominent ou désirent dominer.

À cet endroit, il y a une figure que je trouve passionnante qui est celle de François Mackandal. Mackandal est un esclave marron qui mena de nombreuses rébellions au milieu du XVIIIe siècle à Saint- Domingue – à l’époque colonie française. On l’accusait d’empoisonner les colons, de brûler les récoltes, d’organiser la révolte des esclaves. C’est une figure de l’obscurité dans plusieurs sens. D’abord c’est un bossal, un esclave arrivé assez tardivement du continent africain, et de ce fait encore très inscrit dans la culture de sa région d’origine. Il maîtrisait des savoirs que l’on va associer à des pratiques malveillantes – notamment la médication et l’empoisonnement, mais aussi la capacité à disparaître ou à se transformer. C’est un personnage que le pouvoir va condamner comme il le fit avec les sorcières car il possédait ce savoir de l’ombre, cette mémoire et ce désir d’autonomie qui vont en faire un redoutable adversaire. Après s’être échappé de la plantation de son maître, il agit dans l’ombre et on dit que même les autres esclaves le craignaient. Il a cette dimension de trickster, figure de l’ombre à l’intérieur même des minorités. C’est un sauvage, au sens où c’est une identité qui s’est soustraite au formatage, à l’organisation rationnelle des corps, aux catégories et aux valeurs de la machine plantationnaire. Son action était à l’opposé de celle des esclaves affranchis et des hommes libres de couleur qui recherchaient la reconnaissance. Il faisait figure d’ombre. Plus qu’il ne se cachait, il s’invisibilisait, c’est-à-dire qu’il inventait une forme de vie à l’intérieur même de l’effacement produit par la violence de l’économie coloniale.

Les Français mettront près de 18 ans à le capturer. On raconte alors qu’on décida de le brûler vif sur la place publique mais que le poteau auquel il était attaché céda et que Mackandal de nouveau put s’enfuir. La légende dit aussi que celui qui avait le don d’immortalité se transforma en une créature et retrouva l’obscurité protectrice des forêts. Peu importe alors que le pouvoir colonial ait déclaré l’avoir tué le 20 janvier 1758, il restera le spectre de la révolte et l’inspirateur de la révolution qui allait fonder Haïti. Ce qui m’intéresse avec Mackandal c’est la manière dont il est une figure inassimilable, irrévérencieuse, il tourmente. Qui ne dit pas autre chose – comme les sorcières avant lui – que la possibilité d’une extériorité dans un système totalitaire – celui de la plantation – dont la puissance est d’inscrire dans l’imaginaire même des esclaves l’idée d’un espace de contrainte qui n’a pas de limite. D’une certaine manière, Mackandal ne cherche pas une place dans la lumière,
dans une institution mimétique du pouvoir blanc, il ne cherche pas de reconnaissance, il est un miroir noir, cette figure irréductible du révolté qui agit dans les lisières, cette forme d’espace disponible à la révolte. Figure de la fuite permanente, de l’intranquillité, il rôde et ouvrage l’espace de la nuit comme extériorité imprenable du système capitaliste.

Cinéma et opacité

OM : La question de la reconnaissance est un point évidemment très délicat, notamment dans l’organisation économique du travail artistique puisqu’un pouvoir reconnaît toujours ce qu’il connaît déjà, c’est-à-dire un visage – au sens de ce qui prend une forme dans des catégories connues, familières. Le visage comme un miroir de la représentation que le pouvoir se fait de lui-même. Gilles Deleuze et Félix Guattari parlent de visagéité pour souligner cette nécessité de donner un visage à l’inconnu afin de le soustraire, de le déloger – qui est le geste capitaliste par excellence – de sa différence radicale. Guattari va d’ailleurs se poser cette question quand il s’intéresse aux potentialités politiques du cinéma de science-fiction avec notamment un scénario de film : Un Amour d’UIQ 9. Comment représenter un alien en tant qu’altérité radicale, comment mettre en récit des affects sans passer par le visage, sans mettre l’Autre à son échelle ? C’est une question proche de ta recherche d’un cinéma perspectiviste qui doit aller contre ses propres évidences de représentation, pour témoigner d’autres expériences possibles d’un corps « qui voit ». La question que met concrètement Guattari au travail dans sa tentative de cinéma est au départ de la même nature que celle que tente d’expérimenter Donna Haraway avec le cyborg à la différence près – qui va à l’arrivée avoir une grande importance – qu’Haraway introduit le trouble d’une altérité qui ressemble – qui va être également le trouble du film Blade Runner de Ridley Scott. Mais c’est une ressemblance particulière. Elle trouble la reconnaissance, elle n’est pas rassurante. Le cyborg est ainsi une figure à la fois familière et inquiétante, c’est un appât qui nous emmène du côté de l’ombre et, pour revenir à ce que je disais précédemment, qui étend l’ombre par sa marge. C’est tout l’enjeu de la narration spéculative que de ne pas se construire dans l’altérité radicale justement mais dans une forme de familiarité troublée – et Haraway tire, comme d’autres, cette idée notamment de la lecture d’auteurs de science-fiction féministes comme Ursula K. Le Guin. Un monde identique sauf qu’on a changé « quelque chose » et ce « quelque chose » va nous obliger à repenser toutes les catégories de savoirs, toutes les pratiques et organisations, va défaire en quelque sorte certaines fausses évidences. La puissance du récit repose alors sur l’expérimentation d’un possible proche qui n’est pas totalement une invention, une fantaisie. Le récit est ici le véhicule d’une exploration, il nous entraîne vers un inconnu qui est au seuil du connu. La dimension politique de ce geste est qu’il agit sur le réel en proposant une expérience alternative et incertaine.

AV : J’aime penser le cinéma comme un médium de science-fiction. Un médium qui fait appel à une alliance cyborg entre le corps et la caméra pour former un corps composite capable de défamiliariser, de dénaturaliser nos relations avec notre environnement. Coupure, zoom, panoramique, agrandissement, réduction, fondu, découpe, flash-forward, flash-back, je dirais que ces techniques issues des capacités métamorphiques de la machine rendent ce que vous appelez une familiarité troublée. J’évoque le cyborg non seulement comme une fiction, une figure et un motif mais aussi comme un agent de phénomènes, non plus purement humain ni purement machine, mais comme un corps hybride fait à la fois de chair et de prothèse optique reproduisant sans cesse des versions de ces expériences machiniques.

Ce qui frappe dans la mise en récit du cyborg dans Blade Runner, c’est qu’elle remet en cause la légitimité même de l’humanité sur une Terre devenue cyborg. Autrement dit, elle vient perturber l’élément même qui la sous-tend – la perspective humaine – en le transformant en une perspective potentiellement androïde. Ce changement narratif de perspective est ce qui fait toute la valeur du film, car il jette la suspicion sur les idéaux liés à l’agentivité humaine et cède la place à des sujets non humains beaucoup plus aptes, empathiques et dynamiques.

Le cinéma de science-fiction m’intéresse dans la mesure où il met en jeu une myriade de formes de perspectivisme – d’autres corps qui racontent d’autres histoires. Et il me semble que la science-fiction qui fait vraiment la différence ne se contente pas de ré-imager notre présent à travers un miroir déformé mais s’efforce de le ré-imaginer autrement. La science-fiction ne porte que sur notre actualité10, comme le suggère J. G. Ballard, si l’on conçoit l’avenir comme une boucle permanente de notre présent dans un conservatisme futuriste. Si l’on considère la science-fiction comme une aventure occidentale future ou une aventure coloniale frontalière, on la vide alors de sa plus grande force, ce que semble d’ailleurs proposer Guattari : représenter une altérité radicale.

OM : Ce que je trouve très intéressant dans ton projet de cinéma est qu’il se pose la question d’une relation particulière avec ce corpus de pensée dans la mesure où il cherche les conséquences de ces forces sur les formes et les pratiques. Comment alors vont se faire, se dire, se montrer les choses ? Non seulement qui va parler mais surtout comment cela va parler ? Le déplacement qu’opère Édouard Glissant du politique au poétique est un geste important, en ce sens, qui tente de passer des théories sur le monde – et notamment de l’héritage marxiste – à la production de mondes possibles. Mais Glissant saisit d’emblée que si l’on prend comme objet un espace du secret, minoritaire, la langue ne peut le dévoiler, le prononcer, sans prendre le risque dans le même temps d’en rompre l’écologie, d’en percer l’écran qui le protège. Il faut donc une langue qui code, une poétique qui remplace la théorie tout terrain par une énigme à déchiffrer dans chaque situation. Et comme tu le dis, il ne s’agit pas d’un relativisme mais bien d’une pensée située, en relation, c’est-à-dire qui est traduite par une communauté précise dans des conditions précises. La poétique devient une forme du dire sans dévoiler, une forme opaque qui se dénoue et se traduit dans la relation. Il n’y a d’ailleurs pas seulement aujourd’hui un déplacement des pratiques artistiques vers les pratiques théoriques, l’inverse est aussi vrai car pour dépasser l’impasse de la critique du capitalisme et la manière dont elle nous vide de nos forces vitales, plusieurs théoriciennes et universitaires comme Donna Haraway – avec son livre The Camille Story: Children of Compost (( Donna Haraway, The Camille Story: Children of Compost, Durham, Duke University Press, 2016. )) – Denise Ferreira da Silva ou encore Elizabeth Povinelli tentent de s’engager dans la production de formes littéraires ou artistiques, c’està- dire de proposer des mondes à expérimenter – qui impliquent d’ailleurs la plupart du temps un mode de savoir et de fabrication collectif.

En commençant à dialoguer autour de la question du talisman à partir de ton cinéma comme nous invitait à le faire Sarina Basta, tu m’as parlé de la fonction réparatrice du récit. J’ai l’impression que je me suis intéressé jusqu’à présent au récit – écrit ou performé – dans l’optique de créer un certain type de situations incertaines. Je reviens sur cette question des affects que tu tires de Suely Rolnik et sur l’idée d’être affecté par les forces d’un monde. Pour moi, créer une situation, c’est créer les conditions de cette affectation mais ce que chaque corps va faire de/dans la situation reste difficilement maîtrisable. À mes yeux, accompagner l’apparition d’une forme artistique – en lui conférant un potentiel magique – et la situation qu’elle déploie, c’est sentir précisément qu’une série de gestes y dessinent une zone de trouble, de nouveau « que quelque chose se passe à cet endroit », quelque chose que l’on sent nécessaire, mais dont on ne cerne pas forcément la forme. Comme je l’ai déjà dit de la bienveillance, à laquelle j’accorde une grande importance, elle ne peut être convoquée, énoncée comme principe sauf à perdre tout son pouvoir d’apparition dans les interstices et sa capacité à prendre des formes toujours différentes. Cela ne nous empêche pas d’essayer d’en créer les conditions, notamment pour que certaines voix et expériences de vie deviennent audibles, et agissantes sur le réel.

De même, pour la question de la réparation, qui est un autre sujet, et là je suis l’idée que propose Sarina Basta, elle peut être invoquée plutôt que convoquée. Et les formes du récit comme de la parole – et le film est l’une d’elles – peuvent en être des agents qui font en quelque sorte « monter » quelque chose depuis l’ombre, quelque chose qui est là mais qui change d’intensité, si l’on accepte évidemment de penser ces formes non comme des énoncés mais comme ce que j’appelais plus tôt « des passes magiques ».

Ce qui m’intéresse dans l’invocation c’est qu’elle travaille sur l’apparition en créant des conditions particulières, une écologie, et ces conditions particulières sont importantes pour situer nos gestes dans des moments de nature et d’urgence différentes. L’invocation fait avec ce qui est là, elle est forcément située et rejouée dans un contexte précis. Mais je souhaitais conserver l’idée qu’elle agit en produisant toujours un espace d’incertitude, en introduisant notamment le magique qui va rompre le principe de causalité, pierre angulaire de la rationalité occidentale, en rendant sensibles d’autres interactions possibles entre les êtres et les choses, d’autres principes actifs au coeur du réel.

J’aimerais d’ailleurs te raconter une autre histoire à ce sujet. Je me rappelle avoir assisté à un concert d’Allen Ginsberg, le poète de la Beat Generation, à Paris au début des années 1990. À cette époque, Ginsberg était une figure importante d’une certaine poésie, à la fois expérimentale et contestataire. Il y avait chez lui peut-être aussi quelque chose de plus vitale, de moins dandy et morbide que chez William S. Burroughs qui allait cependant me torturer durablement l’esprit avec son fameux Festin nu. Pour moi Ginsberg, après Vladimir Maïakovski, avait été mon deuxième choc dans le parcours un peu chaotique qui allait me mener à devenir éditeur autodidacte, quelqu’un qui ouvrait la possibilité d’un espace politique des formes. Comme je venais des pratiques militantes, c’était tout de même un bouleversement dans l’organisation de ma pensée. Il m’introduisait à une écriture liée à l’oralité et au corps, traversée par l’influence conjointe des traditions musicales noires et juives – ce qui avait une certaine importance pour moi. Une poésie portée par un beat assez rudimentaire, sans esbroufe, une certaine économie. Et enfin un geste politique qui s’emparait des voix et de la banalité du quotidien avec un humour terriblement incisif. La salle était comble, un parterre d’invités était installé sur toutes les chaises comme pour un spectacle de Noël dans une maison de retraite, à la différence près qu’il y avait un côté très pompeux, protocolaire. J’étais très jeune et on était massé avec quelques amis au fond de la salle, debout, un peu intimidés à l’idée de voir en chair et en os une sorte de monument vivant. Le concert a commencé et Ginsberg a pris son instrument – une sorte de bandonéon qu’il tenait verticalement –, a regardé la salle et a dit quelque chose comme « ceux qui ont les fesses encore assez jeunes peuvent venir s’asseoir par terre devant plutôt que de rester debout. »

Et immédiatement, on est tous venu se mettre devant sous le regard un peu médusé des officiels grisonnants. Ce qui était assez magique dans ce moment, c’est que Ginsberg lui-même est parvenu de façon très simple, en une seule phrase, à réengager ce qu’il faisait dans le présent, à créer une situation qui permettait à la performance de ces textes d’être active, d’éviter sa « monumentalisation ». Il ne fera rien de plus, ne dira rien de plus, mais aura ainsi à la marge construit les possibilités d’une situation, d’affects dont il ne présumait pas de la nature. Mon intérêt pour le récit – et peut-être même pour le récit public, qu’il soit conte ou conversation – va puiser dans ce type d’expériences qui est une manière de dessiner les contours d’une situation potentielle, de nous inviter à nous y engager, comme le pareil/différent du cyborg nous engage dans une reconfiguration de notre sensibilité et de nos désirs.

La manière dont j’allais par la suite aborder ma mission de directeur au sein de l’Espace Khiasma doit beaucoup à ce rapport aux puissances du récit en tant qu’outil de production d’espaces qui vont s’affranchir de la physicalité de l’institution pour lui préférer la tension de situations particulières toujours renouvelées. Un deuxième mouvement parallèle va cependant s’installer à partir de ma pratique de la performance et je mesure aujourd’hui qu’il adresse un geste plus significatif du côté de la réparation. À partir de 2011, j’ai développé mes premières expériences de contes performés, qui étaient sans les nommer ainsi à l’époque des exercices de narration spéculative. Pour moi, il ne s’agissait pas tant d’un désir de signature artistique que d’une pratique curative personnelle. Tenter d’inventer des modalités pour affronter les frustrations inhérentes au rôle de directeur d’une petite institution culturelle française à la reconnaissance grandissante qui, s’engageait lentement dans le formatage, et pour réengager de la critique, du trouble, jeter de l’ombre sur le lieu et la figure qui commençaient à se cristalliser. Marronner. Défaire la figure du manager qui partout s’installait comme devenir fatal de la profession et introduire un narrateur intempestif, un maître de cérémonie, rendre l’institution zombie, gazeuse, traversée par les forces de résistance du magique. « Je fais du cinéma dans la tête des gens » était la phrase liminaire et programmatique qui ouvrait la performance Deuxième Vie ((La performance Deuxième Vie (2011-2014) a été créée en 2011 à partir d’une conversation avec Vincent Meessen autour de son exposition « My Last Life » à l’Espace Khiasma. Elle a été présentée par la suite dans plusieurs versions au Palais de Tokyo à Paris, au Cinématographe à Nantes et au festival Les Urbaines à Lausanne, notamment.)). De cette première performance qui mettait en crise la biographie comme socle de l’identité dans une société postcoloniale oublieuse de son propre trafic des noms, à l’Institution gazeuse11, qui se jouait des régimes de reconnaissance des institutions culturelles, je me suis efforcé de rendre sensibles des mondes où pouvait se défaire une certaine violence invisible et incorporée, une sorcellerie capitaliste12. Mais les choses ont pris une tout autre tournure et probablement ont connu une plus grande urgence quand cette pratique a rencontré le travail du collectif Dingdingdong13 avec lequel je me suis engagé à donner corps au docteur Marboeuf dans une série de communications vidéo. Ce médecin, spécialiste de la maladie neuro-évolutive de Huntington, incarnait la possible prise de conscience d’un professionnel devant les limites de l’accompagnement médical des porteurs de cette mutation génétique auxquels on annonçait, reste de leur existence. Le docteur Marboeuf était le médecin qui allait dire « je ne sais pas » et ouvrir ainsi la possibilité de nouvelles expériences collectives de vie et de savoir avec la communauté des mutants et leur famille. L’accueil du possible qu’ouvrait le récit du docteur a été incroyable. Sa communication depuis le futur était devenue un principe actif, une prise pour imaginer des formes de vie en compagnie de la maladie, un outil pour rompre la fatalité et s’engager dans un avenir.

Photogramme de Olhe bem as montanhas / Regardez bien les montagnes, Ana Vaz, Film, 2018

Fabriquer un talisman, fabriquer des versions

AV : Ce qui est intéressant à propos du talisman, c’est qu’il est à la fois un objet qui nous guide et nous rappelle au danger, mais aussi un objet de croyance et de performance. Il doit être fabriqué, enchanté par l’ensorcellement et par la construction d’histoires, de liens, de récits d’effets et d’affects. En outre, on doit activement l’investir, le porter et l’entretenir. Ce n’est qu’à travers ses relations avec les êtres qu’il invoque qu’il peut enchanter, protéger ou accomplir autre chose – des incantations par le biais d’incarnations. C’est un objet de la marge.

Je pense que le mot « réparation » est délicat dans la mesure où il peut impliquer un retour à un ordre antérieur, des formes de résilience, plutôt que des mutations, des transformations. Lorsque j’évoquais les relations potentielles entre l’histoire (ou le récit) et la guérison, je pensais à la façon dont les histoires transforment profondément notre être et notre façon de voir le monde. Je pensais à une histoire racontée par l’activiste, écologiste et écrivain indigène Ailton Krenak, que j’ai eu la chance d’entendre à Lisbonne dans une salle de conférences baignée d’un silence quasi chamanique, un silence qui s’est installé sans cérémonie, lentement et sûrement tout au long de son intervention. Le peuple krenak, qui vit sur la rive du Rio Doce, faisait partie des communautés directement touchées par la catastrophe toxique de Mariana, une ville emblématique de la ruée vers l’or dans l’État du Minas Gerais, au Brésil. En 2015, un barrage minier contenant des déchets toxiques s’est effondré, déversant ses boues dans le Rio Doce et ses affluents sur plus de 500 km, jusqu’à l’océan Atlantique. Les conséquences de ce sinistre sont irréparables, ses effets et ses suites sont incommensurables. Le soir de sa conférence14, Ailton a raconté l’histoire de sa tante qui, profondément touchée par la « mort du vieux Chico » (l’expression transforme le fleuve en être humain, en un membre de leur communauté), est devenue paralysée, incapable de parler ou de bouger face à la catastrophe. Plus tard, sa fille, elle aussi désemparée par le désastre, a fait un rêve dans lequel le fleuve l’invitait à nager dans ses eaux en lui disant de croire que sous ses couches toxiques se trouvait une autre couche d’eau emplie de vie et de vitalité – que sous le fleuve coulait un autre fleuve. Dans son rêve, le fleuve l’invitait à nager au plus profond de ses eaux afin qu’elle puisse voir ses mouvements souterrains, s’écoulant avec vitalité. Au réveil, elle a parlé de son rêve à sa mère qui est sortie de sa paralysie peu de temps après son récit. Récemment, grâce à un essai de Suely Rolnik, j’ai compris que de fait, au-delà du rêve et avec lui, le fleuve a effectivement détourné son cours souterrain pour survivre près de la municipalité krenak de Resplendor, dans le Minas Gerais15.

Ici, le récit est réparateur dans son invocation de perspectives et de versions alternatives qui finissent par forger des mouvements alternatifs. Alors j’ai envie de demander : le récit pourrait-il être un talisman ? Et le cinéma pourrait-il, lui, devenir un moyen actif de produire collectivement un talisman ?

OM : Le talisman m’intéresse comme objet instable, relationnel, performatif. Objet qui se réindexe dans des situations différentes, objet affecté. Tu te demandais si le film pouvait être un talisman. Il y aurait plusieurs manières d’explorer cette proposition. Celle qui me vient à l’esprit immédiatement est la notion de version. Pour moi, la version permet de mettre à distance la forme du chef-d’oeuvre en art et tout le fétichisme que déploie et cristallise son histoire. De manière générale j’ai moins d’intérêt en tant que professionnel de ce secteur pour l’objet que pour le récit en art. Mais peut-être que le talisman est justement cet objet à la matérialité particulière, transitionnelle, où le sens et la valeur, qui est une valeur d’usage, ne sont pas figés. Et donc une forme d’objet qui engage – comme le récit qui m’intéresse engage.

Pour revenir à cette idée de version très présente dans la musique, elle m’intéresse car elle implique tout un ensemble de notions ; l’interprétation, mais aussi la traduction, la transduction et l’introduction d’une forme d’impureté propre, je trouve, aux nécessités d’appropriation d’une certaine part de la culture populaire et des cultures minoritaires. Faire sien en déformant. De nouveau une possible traduction du queer, en tant que geste qui introduit du trouble, de l’inconfort, du bancal, qui n’est pas directement identifiable et assignable car sans cesse en transition. Je pense que ce n’est pas un hasard si la musique a joué un rôle si important dans la constitution de communautés et d’identités queer. Il y a la nuit, la danse et la possibilité de transformation que permettent ces éléments et pratiques, mais il y a aussi quelque chose qui se joue au niveau de ceux qui « jouent » la musique. Car les DJ vont, dans un trafic du temps et de l’espace – pratique du montage cut, de la superposition, de la répétition et de l’extension des sons –, fabriquer des mondes possibles, habitables dans un moment précis, pour une communauté précise. Est-ce que rejouer le film sans le répéter est possible ? En dehors du cinéma expérimental sur pellicule, il semble que les artistes cinéastes aient assez peu investi les potentialités de la version comme possibilité d’un film à jamais infini.

L’exposition Talismans est visible à fondation Gulbenkian du 9 mars au 1er juillet 2018. Le catalogue est disponible à l’achat sur place.

 

Je cite ici et plus loin Donna Haraway en tentant de rappeler l’inconfort de sa pensée qui me semble être l’un des caractères les plus précieux de celle-ci. [↩]Anna Lowenhaupt Tsing, The Mushroom at the End of the World: On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, Princeton, Princeton University Press, 2015. [↩]Donna Haraway, Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Durham, Duke University Press, 2016. [↩]Ibid., p. 137. [↩]Manuela Carneiro da Cunha, Cultura com Aspas, São Paulo, Ubu Editora, 2017, p. 35. [↩]La fréquence électrique d’une longueur d’onde visuelle est beaucoup plus courte que les autres spectres de fréquence, comme le son qui tend à prolonger ses effets bien plus longtemps dans notre appareil sensoriel. Je remercie Nuno da Luz d’avoir partagé sa sagesse philosophique sur les aspects apparemment techniques des voyages électromagnétiques, qui impliquent de véritables conséquences pour notre compréhension de la façon dont nos sens interagissent avec d’autres formes d’énergie et de vie. [↩]Silvia Federici, Caliban and the Witch: Women, the Body and Primitive Accumulation, New York, Autonomedia, 2014, p. 15. [↩]J’emprunte en la détournant l’expression qu’utilise Guillaume Désanges dans sa performance Le côté obscur de la forme. [↩]Félix Guattari, Un amour d’UIQ. Scénario pour un film qui manque (sous la direction de Silvia Maglioni et Graeme Thomson), Paris, Éditions Amsterdam, 2015. [↩]J. G. Ballard, « Preface », Vermillion Sands, Londres, Vintage, 2001, p. 7. [↩]L’Institution gazeuse a été créée en 2015 aux Laboratoires d’Aubervilliers à l’occasion du séminaire « Au-delà de l’Effet- Magiciens » conçu par le peuple qui manque : https://www. youtube.com/watch?v=UmIsJ4I9TNQ. [↩]J’emprunte l’expression au titre de l’ouvrage de Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La Sorcellerie capitaliste, Paris, Éditions La Découverte, 2005. [↩]Dingdingdong : https://dingdingdong.org/. [↩]Conférence « Of the Dream and of the Earth » dans le cycle « Indigenous Matters, Utopias », 6 mai 2017, théâtre Maria Matos, Lisbonne, Portugal. [↩]Suely Rolnik, « The Spheres of Insurrection: Suggestions for Combating the Pimping of Life », e-flux journal #86, novembre 2017. [↩]

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Mars 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Fenêtre sur la résidence Rester. Étranger. à la Terrasse, 2018

Rester. Étranger. et Violaine Lochu à Nanterre

« Le sens, c’est la transformation, la peur c’est que tout reste pareil ». Les mots sont ouverts pour venir rencontrer le collectif Rester. Étranger à la Terrasse à Nanterre. L’exposition 1968/2018, des métamorphoses à l’œuvre ouvrira le 16 mars prochain et donnera son écho singulier à deux moments de forte transformations sociales et culturelles. Résident à Khiasma depuis 2015, le collectif Rester. Etranger mené par Barbara Manzetti avec Abdellah Ismail, Hassan Abdallah, Hussein Abdallah, Abdulaziz Abdulkarim, Omar Haruone Aboubakr, Masri Omar, Barış Yarsel, Héloïse Pierre-Emmanuel, Hélène Iratchet, Chloé Schmidt, Bartolomeo Terrade et les enfants Eva et Lester produira une œuvre en permanence et en mouvement intitulée Rester. Etranger, mes amis m’adorent, qui se disposera pendant toute la durée de l’exposition à la fois dans la vitrine et la salle principale de La Terrasse, et dans la ville.

Et si pour vous le vernissage est un jour à ne pas manquer, vous aurez le bonheur d’assister à « SHOUT ! », une performance de Violaine Lochu qui commencera à 19h00, le 16 mars !

Écouter Rester. Étranger. sur la r22 Tout-monde

 

Olhe bem as montanhas / Regardez bien les montagnes, film, 2018, Ana Vaz

Ana Vaz ici, ici et ailleurs

Si l’agenda institutionnel annonce que sa résidence à Khiasma est terminée, la route à ses côté se prolonge et défie l’horizon. Alors que le troisième épisode de « The Voyage Out Radio Series: 2222 ∞ 2022 », réalisé avec Nuno da Luz, Ayami Awazuhara et Hiroatsu Suzuki, résonne encore sur la r22 Tout-monde et dans l’exposition virtuelle du Jeu de Paume À propos du Chthulucène et de ses espèces camarades, Ana Vaz continue d’arpenter des mondes en transformations que vous pourrez découvrir à la fondation Gulbenkian à partir du 9 mars lors de l’exposition Talismans (commissariat : Sarina Basta). A l’occasion de celle-ci, Ana Vaz et Olivier Marboeuf ont mené une longue conversation publiée au sein du catalogue. Ils y dialoguent autour de l’idée d’un cinéma de l’ombre, en relation et corporel, un cinéma aux versions multiples, comme autant de talismans.

Et comme une bonne nouvelle peut en cacher un autre, nous avons le plaisir de partager avec vous sa présence au Cinéma du Réel avec la première de « Olhe bem as montanhas / Regardez bien les montagnes » en compétition internationale des Courts Métrages. Le film propose un entrelacement de deux lieux éloignés, le Nord-Pas-de-Calais et l’État brésilien du Minas Gerais où trois siècles d’extraction minière ont marqué très différemment l’environnement et la mémoire.

Et si vous briguez déjà la Corse pour traverser votre été, sachez que le centre d’art d’Oletta vous donnera un avant-goût de son exposition à venir à l’espace Khiasma : The Voyage Out.

Écouter Ana Vaz sur la r22 Tout-monde 

 

Sunstone, film, 2017, Filipa César et Louis Henderson

Louis Henderson & Filipa César

À vos agendas ! Le mois de mars sera dense pour Louis Henderson et Filipa César qui ouvrent le 28 mars, avec « OP-film, une archéologie de l’optique », la prochaine exposition à Khiasma. Alors que dans le lieu se déploiera un ensemble d’artefacts et de films interrogeant l’histoire des technologies optiques de facture militaire et coloniale, Louis Henderson et Filipa César prolongeront la présentation de leurs enquêtes en différents endroits de Paris.

À commencer par la fondation Gulbenkian qui accueillera le duo le 26 mars à 19h00 pour une conférence portant sur le sujet. Un tour de chauffe avant de se retrouver les 29 et 30 mars à La Colonie pour le séminaire expérimental « Black Lens ». Celui-ci interrogera les technologies du visible à l’heure de la géolocalisation et tentera de tracer le contour d’écologies minoritaires pour protéger et partager des savoirs. Une extension du territoire de l’exposition « Op-film » qui réunira entre autres Onyeka Igwe, Jephthé Carmil, Erika Balsom, Margarida Mendes et Rachel O’Reilly.

En parallèle de cette actualité, Les Beaux-Arts de Paris accueilleront ce lundi 5 mars, à 16h00 dans l’amphithéâtre du Mûrier, Louis Henderson pour une présentation de son travail. De son côté, Filipa César partagera la programmation du Cinéma du Réel avec Ana Vaz, pour la première française de son film Spell Reel, projeté le 27 mars dans le cinéma 2 du Centre Pompidou. La projection sera suivie d’une conversation avec Olivier Marboeuf, directeur de l’espace Khiasma, et d’une lecture par l’artiste.

 

Visuel de l’exposition, Julien Creuzet

Mawena Yehouessi et Julien Creuzet à Bétonsalon

« Sur une invi­ta­tion de Julien Creuzet à pro­po­ser peut-être un écho au ressac de ses oeu­vres et de ses mots, j’ai sou­haité acti­ver un cycle de lec­tu­res, conver­sa­tions et per­for­man­ces qui cha­cune à leur manière vien­draient relayer/délayer cette parole : Il y a des his­toi­res d’eau entre nous » nous souffle la voix de Mawena Yehouessi. Intervenue, comme Julien Creuset, au festival Relectures, rassemblement annuel autour de la littérature hors du livre à Khiasma, Mawena Yehouessi poursuivra au fil du mois sa mise en perspective de l’exposition de Julien Creuzet : La pluie a rendu cela pos­si­ble depuis le morne en colère, la mon­ta­gne est restée silen­cieuse. Des impacts de la guerre, des gout­tes mis­sile. Après tout cela, peut-être que le volcan pro­tes­tera à son tour. – Toute la dis­tance de la mer (…). Un programme à retrouver ici : http://www.betonsalon.net/spip.php?article770

Écouter Julien Creuzet et Mawena Yehouessi sur la r22 Tout-monde

 

D’de Kabal & Arnaud Churin, « Orestie, orestie hip hop » Photographie : Christophe Raynaud Delage

D’ de Kabal, Opéra hip hop à la MC93

On se souvient de son concert chaleureux et incisif lors de la fête de clôture de juin dernier à Khiasma et on se réjouit de pouvoir le retrouver sur les planches de la MC93 à Bobigny pour la première de Orestie. Avec cet Opéra, D’ de Kabal et Arnaud Churin réinventent au travers de la culture Hip-Hop l’un des plus anciens mythes antiques grecs, pour en faire sentir toute l’actualité : la place du conflit dans la société et la naissance d’une justice démocratique. Rendez-vous du 7 au 13 mars pour voir la pièce et le 10 mars pour la sortie du livre éponyme écrit par et avec D’de Kabal.


 

Alejandra Riera, Vue partielle, 22 décembre 2007. Photographie correspondant à un passage du film Enquête sur le/notre dehors (Valence-le-Haut) < 2007 – … > à la date du 15 juillet 2012.

Lotte Arndt dans la revue MAY

En octobre dernier, la revue May publiait son 18ème numéro avec un article de Lotte Arndt sur le film d’Alejandra Riera, Enquête sur le/notre dehors. Conjointement à une publication imprimée, ce film répond à une demande initiale qui invitait à outrepasser la stigmatisation d’un quartier, celui de Fontbarlettes situé dans la périphérie de la ville de Valence. Lotte livre ici une analyse qui interroge précisément les manières d’Alejandra Riera d’exhumer des gestes et des pratiques invisibilisées par les représentations dominantes. Un récit niché dans les interstices du béton à lire ici : http://www.mayrevue.com/une-image-que-lon-puisse-habiter/

Pour réécouter Lotte Arndt sur la r22 Tout-monde, c’est ici : https://r22.fr/auteur/lotte-arndt/

 

 

Un exposition personelle de Estefania Penafiel Loaiza à Orthez 

Les photographies, vidéos et installations d’Estefanía Peñafiel Loaiza — présentées à Khiasma dans le cadre des expositions collectives Les propriétés du sol en 2015 et  Excusez-moi de vous avoir dérangés en 2016 — se distinguent par un vocabulaire plastique qui emprunte au bégaiement, au transfert de matières, à l’effacement ou la répétition. Ouverte à partir du 2 mars au centre d’art Image/Imatge, l’exposition errements invitera à la dérive autant qu’à la perte. Pour vous mettre dans le bain, la r22 Tout-monde vous propose de réécouter son Lundi de Phantom enregistré en novembre 2016 à l’espace Khiasma.


 

Photogramme de « De commencements en commencements », film, 2016, Simon Quéheillard

Une conférence-diaporama de Simon Quéheillard à voir et revoir 

Le 10 novembre 2017, Simon Quéheillard, accueilli en résidence et en exposition à l’espace Khiasma en 2012, était l’invité de Cinémas 93 pour la projection de son film De commencements en commencements (Spectre Production, 2016) suivie par la conférence-diaporama Au commencement était le coup de bâton / Burlesque, violence et empathie. La voici en ligne !

Cette conférence-diaporama, d’après le film De commencements en commencements, est issue d’une recherche en cours. Autre nom du cinéma burlesque, Slapstick signifie en anglais coup de bâton. Il se dit d’un genre de comédie impliquant une part de violence physique volontairement exagérée. Aux États-Unis, on dit aussi Knockabout Comedy, qui signifie maltraiter, brutaliser. Cette recherche, au croisement de l’histoire sociale et du cinéma, s’attache à décrire ce que pourrait être une comédie de la maltraitance, elle interroge également la fonction du rire comme brimade sociale.

Écouter Simon Quéheillard sur la r22 Tout-monde

 

Image : Christian Barani

Urbanoscope, une exposition collective à Marseille avec Christian Barani et Emmanuel Adely 

Alliés historique de Khiasma et habitués des premières heures du festival Relectures, Christian Barani, vidéaste et Emmanuel Adely, écrivain, présenteront ensemble, le 19 avril pour l’exposition Urbanoscope  (16 mars – 28 avril) un hommage à un homme inconnu, méconnu… Un hommage à la discrétion et à l’engagement, à l’effacement derrière l’oeuvre. Quelle oeuvre ? Une ville… Presque un monde. Chandigarh. Construite par Pierre Jeanneret pendant quinze ans. Une rencontre à retrouver à Art-Cade à Marseille.

 

The Otolith Group, «The Third Part of the Third Measure», 2017 HD video, 50 minutes. Commissioned by ICA Philadelphia and Sharjah Art Foundation. Courtesy of the artists.

Frondaisons soniques des Lilas à Berlin

Du 23 mars au 6 mai, Savvy accueille We Have Delivered Ourselves From The Tonal, une exposition, un programme de performances, de rencontres et de concerts autour du compositeur afro-américain Julius Eastman (1940 – 1990). Mu par des réflexions au-delà des concepts occidentaux prédominants de tonalité ou d’harmonie, le projet aborde le travail du compositeur, musicien et performeur au delà du cadre entendu par musique minimaliste aujourd’hui, comprenant une acceptation toujours plus large et grossière de celle-ci — i.e. conceptuellement et géo-conceptuellement. En travaillant avec des musiciens, des plasticiens et des chercheurs, Savvy vise a explorer une généalogie non-linéaire de la pratique de Julius Eastman — son poids culturel, politique et social — ainsi que situer son travail à l’intérieur de relations rizhomatiques de pratiques et d’épistémologues musicales.

Un exposition qui trouvera l’un de ses nombreux échos le 29 mars prochain au MK2 Beaubourg avec la projection de The Third Part of the Third Measure, une composition audiovisuelle réalisé par The Otholith Group à partir de l’œuvre de Julius Eastman. Un programme à découvrir en prévision de l’antenne Savvy Funk sur la r22 Tout-monde !

 

Vue de l’exposition « Titre de Travail » au Frac Grand Large

 

Au Frac Nord-Pas-de-Calais, une exposition de Robert Schlicht & Romana Schmalisch

Prolongeant All The Best Labour Power Plant, une pièce audiovisuelle produite par Khiasma en 2016, Robert Schlicht & Romana Schmalisch présentent Titre de travail, une exposition au Frac Grand Large dans le cadre d’une année de programmation consacrée au « Travail ». Cette exposition présente leur nouvelle installation filmique réalisée en partenariat avec Spectre Productions et Pictanovo, dans le cadre d’une résidence avec le Château Coquelle et l’Ecole d’art du Nord-Pas de Calais – Site de Dunkerque. Une nouvelle exploration qui nous plonge dans l’apprentissage du marché du travail, à découvrir jusqu’au 26 août 2018. 

 

Frédéric Mathevet en live, Photographie : Fabrice Pairault

L’Autre Musique, le 16 mars au Cube à Issy-Les-Moulineaux

Ils présentaient leur premier plateau radio, l’Autre Émission, le 2 février dernier à Khiasma, retrouvez le 16 mars l’Autre Musique à Issy-les-Moulineaux pour des performances in situ, du field recording live, des cornemuses géantes, des toupies sonores ou des partitions interactives. Cette soirée de performances et de concerts fait suite aux séminaires ateliers, « Partitions », qui questionnaient la notion de partition par rapport aux nouvelles pratiques du sonore et du musical et, plus largement, en ouvrant cette notion à toutes les formes de créations contemporaines.

Une première soirée riche et hors-norme avec Octave Courtin, Jean-Charles François, Emmanuelle Gibello, Kwangrae Kim, Frédéric Mathevet, Hélène Singer, Nicolas Sidoroff, Alexandra Spence.

Écouter l’Autre Musique sur la r22 Tout-monde

 

Clyde Chabot à l’Île Saint-Denis

Après son ouverture aux Archives Nationales dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine en septembre dernier et avant les éditions en Roumanie et Bosnie, l’installation participative internationale UN MUSÉE (DE THÉÂTRE) ouvrira ses portes le samedi 10 mars prochain pour la Journée Internationale des droits des femmes. L’ouverture aura lieu à la Maison des initiatives et de la citoyenneté de L’Ile Saint-Denis en partenariat avec la Ville de l’Ile Saint-Denis et l’association des femmes de l’île.

UN MUSÉE (DE THÉÂTRE) est une installation théâtrale et photographique conçue par Clyde Chabot, portée par la compagnie théâtrale La Communauté inavouable. Elle s’inspire de la pièce de théâtre Hamlet-Machine de Heiner Müller. Ce texte revisite l’histoire du XXème siècle et notamment celle du rêve communiste et de son effondrement. Ce projet, créé en 2003 en Allemagne, a été présenté à Khiasma en 2010, en France, en Inde, à Taïwan, au Canada, en Suède, en Corée et au Cambodge et a bénéficié du soutien de Via le Monde.

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Article — Jeune Public

Mohamed Bhar :  chant pour la liberté

La Bande au cinéma

En janvier, le ciné-goûter de Khiasma proposait une après-midi festive et conviviale à vivre en famille, d’abord au son du oud de Mohamed Bhar, puis devant le court-métrage Les Souliers de l’Aïd (Sabbat el Aïd) d’Anis Lassoued.

Lors d’un ciné-gouter assez particulier dans le cadre du festival lilasien Culture d’Hivers, qui mettait cette année la Tunisie à l’honneur, nous avons eu le plaisir d’accueillir Mohammed Bhar, une des figures-phares de la chanson engagée tunisienne dans les années 70-80.

Des paroles révolutionnaires des poètes tunisiens, Mouldi Farrouj, Tahar Hammami et Sghaier Ouled Ahmed aux poèmes du penseur et théoricien palestinien Mahmoud Darwich, un dimanche à l’Espace Khiasma, Bahr nous a transporté, aux sons captivants de son oud, dans une histoire collective de lutte et de résistance.

Né en 1957 à Ksour Essef, Mohamed Bhar est un auteur-compositeur-interprète tunisien. Il se produit en solo, accompagné de son oud, et dirige la chorale de l’association Art et culture des deux rives. Par ses chansons et poèmes engagés et son activisme sans relâche, Bhar est depuis la fin des années 70 une figure éminente de la scène artistique tunisienne. Il est également membre fondateur de la FTCR, une fédération constituée de plusieurs associations qui militent pour l’accès au droit et aux soins des migrants.

Vous pouvez réécoutez le concert sur R22 Tou-Monde ici :


La Bande au Cinéma est une programmation pensée pour le jeune public, dont l’objectif est de lui faire découvrir les nombreuses formes de cinéma et d’éveiller son regard : du court, du long, de l’animation, du documentaire, de l’expérimental, du coloré, du poétique, du musical !

L’Espace Khiasma (Les Lilas) et la Maison des Fougères (Paris 20e) vous accueillent chacun une fois par mois pour un après-midi familial et ludique. D’autres lieux nous rejoignent au fil du temps pour un atelier ou une projection. Nous nous fédérons autour d’une même ligne directrice : acquérir une posture active face aux images, savoir les décrypter et se laisser emporter par le cinéma.

Pour toutes les actualités sur notre programmation jeune-public, inscrivez à la newsletter jeune public en écrivant au resa@khiasma.net

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Article — Focus

Au commencement était le coup de bâton

Burlesque, violence et empathie

Le 10 novembre 2017, Simon Quéheillard était l’invité ds Cinémas 93 pour une conférence diaporama d’après le film De commencements en commencements. La voici dans son intégralité au rythme d’une déambulation, le vent du burlesque dans le dos.  

Cette conférence-diaporama, d’après le film De commencements en commencements, est issue d’une recherche en cours. Autre nom du cinéma burlesque, le Slapstick, en anglais, signifie coup de bâton. Il se dit d’un genre de comédie impliquant une part de violence physique volontairement exagérée. Aux États-Unis, on dit aussi Knockabout Comedy, qui signifie maltraiter, brutaliser. Cette recherche, au croisement de l’histoire sociale et du cinéma, s’attache à décrire ce que pourrait être une comédie de la maltraitance, et la fonction du rire comme brimade sociale.

Le film De commencements en commencements se présente comme une fable. C’est l’œuvre initiale, le premier support à partir duquel se base ma réflexion. La conférence est ensuite structurée à partir de 11 diapositives intercalaires entre lesquelles se déroule mon propos. Elles procèdent volontairement d’un matériau hétéroclite : 3 d’entre elles sont du texte ou des citations, 4 sont issues de l’histoire du cinéma, 2 sont journalistiques, 1 graphique et 1 collage-photo.

De Henry Bergson à Bruce Springsteen, de Benny Hill à Clichy-sous-Bois : les diapositives de la conférence sont une illustration (ou incarnation) des différentes histoires que pourrait raconter le film. Ce film (non narratif) n’anticipe pas l’histoire qu’il pourrait raconter. Mais pour autant, toutes les histoires ne sont pas possibles à son sujet.

Le fil conducteur de cette conférence-diaporama se noue à travers la question Burlesque, violence et empathie, et plus précisément à partir de la violence fondatrice, qui est ce qui fonde la présence d’un corps étranger au contact de tout système d’intégration. C’est le « nouveau » comme on dit à l’école, ou encore la pratique du bizutage, la figure du vétéran ou de l’immigré. Une conférence à la rencontre du cinéma et de sciences sociales.

J’aime la parole et sa pratique comme une chose en soi, qui n’est pas non plus la forme dégradée d’un texte. Toujours un peu semi-improvisée (malléable et souple), elle est une manière d’élaborer sa pensée à ciel ouvert. J’ai décidé de ne pas lire un texte, ce qui me libère du format introverti et solitaire de la pratique littéraire.

Extraits du diaporama

Le film De commencements en commencements renoue avec un geste primaire où le personnage s’encastre dans des boîtes en carton.

Le film « De commencements en commencements » renoue avec un geste primaire où le personnage s’encastre dans des boîtes en carton.

 

Double matraque pour Buster Keaton. Le film Cops (1921) présente magistralement le genre Slapstick. Dans une veine tragi-comique, le film décrit une course poursuite avec la police. Il nous mène ainsi de l’exubérance de Benny Hill aux évènements tragique de Clichy-Sous-Bois qui vit la mort de deux jeunes adolescents, en 2005.

 

Slapstick Loi travail, France, 2016.

 

Diagramme du film De commencements en commencements. Il mesure la courbe d’empathie dans la relation au personnage, selon que l’on se place du côté de la moquerie (comique) ou de la représentation de la douleur (tragique). Une troisième zone (non prise en charge ici) est une zone de sortie, de désinvestissement, appelée aussi distanciation.

 

Le chapeau (archétype burlesque), prolongement du corps ou accessoire, est le point de départ d’une gradation, passant du parapluie à la valise (sorte de maison portative), jusqu’au vaste monde.

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Article — Phantom

Lundi de Phantom n°31 : Ismaïl Bahri

Pour le 31ème Lundi de Phantom, Ismail Bahri est revenu à l’espace Khiasma présenter ses dernières recherches tournées à cheval entre l’île d’Ouessant et le désert tunisien.

Près de 5 ans se sont écoulés depuis la première conversation publique d’Ismaïl Bahri à Khiasma. Des moments de partage de ses expériences, de ses doutes et tâtonnements, les premières versions de certaines pièces importantes; d’autres qui ne verront finalement jamais le jour. Tous ces instants fragiles ont contribué à faire des Lundis de Phantom un programme particulier. Depuis, le travail d’Ismaïl s’est déployé et a donné lieu à des expositions de la Biennale de Sharjah au Jeu de Paume entre autres pendant que le film Foyer, né de l’exposition « Sommeils » à Khiasma faisait le tour du monde et récoltait de nombreux prix. Ce fût donc un plaisir particulier d’accueillir de nouveau Ismaïl Bahri en ouverture de la nouvelle année des Lundis de Phantom. Une nouvelle histoire commença, un fil de conversations jamais interrompu se poursuivit en prenant comme point de départ les possibilités d’une tempête.

Vue d’exposition par Romain Goetz

« Des gestes à peine déposées sur un paysage agité »

Phrase sorti d’un carnet de note et projeté dans le fond de l’espace, en attente parmi les fenêtres muettes d’Ismaïl Bahri, elle pose le décor. Il est 18h30, à l’étage se cuisine un lablabi, spécialité tunisienne, que l’odeur de peinture encore fraîche vient légèrement recouvrir au rez-de-chaussée, l’espace d’exposition, d’accueil et de refuge. Une constellation de vidéos-vignettes habille les murs de Khiasma. Elles respirent en silence accompagnées par le souffle des videos-projecteurs.

Ismaïl Bahri a tourné ces images deux semaines auparavant sur l’Île de Ouessant et dans le désert Tunisien. Celles-ci documentent un ensemble de gestes délicats et inquiets exposés au vent. Des brindilles filant de doigts ou freinées par un corps, des mouvement de sables en conversation avec des mouvements de mains et des apparitions soudaines de petites choses qui nous rappellent ça bouge. Chacune des vidéos met en tension le moment d’une rencontre révélée au vent, chaque geste est défini par un tremblement.

Vue d’exposition par Romain Goetz

Au fur et à mesure que la soirée se remplit et que les retrouvailles rythmes les arrivées au son d’un repas partagé, les vidéos disparaissent derrières les silhouettes de la communauté, filant entre les jambes de chacun. Appuyé à l’espace d’exposition, l’espace de recherche et de documentation confié à ExposerPublier, collectif d’artistes et des graphistes en résidence à Khiasma, a pris le pli du compagnonnage avec Ismail Bahri. On y trouve des catalogues, des flyers historiques, des morceaux d’entretiens et des ressources sonores issues de la webradio r22 Tout-monde. Pensé comme un mille-feuille d’archives au présent, cet espace se réagence au rythme de la vie du lieu, laissant présager la construction d’un fond documentaire (livres, films, sons et archives de l’association) à venir consulter sur demande.

Espace de recherche et de documentation (Architecture en cours). Photographie par Romain Goetz

Il est 21h00, les corps se rapprochent et trouvent leurs séants dans l’obscurité, la discussion s’ouvre autour du travail d’Ismaïl, la voici en réécoute :



 

Olivier Marboeuf et Ismaïl Bahri en discussion. Photographie par Romain Goetz

 

 

 

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Février 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Estefania Penafel Loiza, extrait de l’exposition « Détours (la loterie à Babylone) »

Estefania Peñafiel Loaiza et Julien Prévieux au musée Géo-Charles de Grenoble 

À partir du 9 février, et ce pendant une année, Estefania Peñafiel Loaiza — présente à Khiasma au sein expositions collectives « Les propriétés du sol » et 2015 « Excusez-moi de vous avoir dérangés » en 2016 — et Julien Prévieux — « Mandrake a disparu » en 2014 — seront de nouveau réunis pour une exposition collective autour de la représentation du travail. En présence d’autres artistes contemporains, leurs travaux seront mis en perspectives au cœur de pièces issus des collections d’art moderne et contemporain et des archives du musée Géo-Charles ; des collections et archives du musée de la Viscose : objets, outils, machine, photographies et documentation et des affiches en collaboration avec le Centre du Graphisme.Retrouvez plus d’information en cliquant ici. 

Marie Preston, Collection du musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis, 2017

Marie Preston en résidence chez Synesthesie

Alors que l’équipe de la r22 Tout-monde fabrique et bricole des sons avec l’équipe de Synesthésie et les élèves de terminale du Lycée Suger à Saint-denis, Marie Preston poursuit ses expérimentations pédagogique en partenariat avec le centre d’art. En attendant de retrouver un entretien de l’artiste sur la radio par ces mêmes élèves, nous vous proposons de réécouter la voix de Marie Preston en discussion avec Carine Dejean-Drejou et Hélène Cœur autour des projets artistiques collaboratifs. Un moment qui fut nécessaire pour problématiser et mettre un perspectives les interventions dans les lieux socio-culturels et les établissements scolaires.


Autour de ces mêmes questions, retrouvez sur l’atlas sensible un film réalisé par Rafael Medeiros — dans le contexte du cours de Marie Preston « Territoires et expériences : des pratiques artistiques collaboratives » (Université Paris 8) — avec les habitants du quartier des Fougères. Un film à retrouver en cliquant ici

 

ExposerPublier / Benoit Brient

ExposerPublier, Double Trouble avec Marianne Mispelaëre dans la vitrine du Plateau, Paris.

Depuis quelques mois, le collectif d’artistes ExposerPublier marche aux côtés de Khiasma et transforme régulièrement sa première salle en un espace modulable de documentation, témoin de la vie du lieu. Avant de les recroiser aux Lilas, vous pourrez retrouver leurs travaux du 7 février au 4 mars dans la Vitrine de l’Antenne du Frac Île-de-France, aux côté de Marianne Mispelaëre. Vernissage le 7 à partir de 19h00 !

 

Louis Henderson: Evidence of Things Unseen but Heard (Film en cours), 2018, courtesy: Louis Henderson

Un nouveau film de Louis Henderson à voir jusqu’au 1er avril à Berlin 

L’exposition « Untie to Tie : On Riots and Resistance », autour de la question de l’émeute, à la gallerie de l’IFA (Institut Für Auslandsbeziehungen) accueille en ce moment le dernier film de Louis Henderson « Evidence of Things Unseen but Heard ». Celui-ci tisse des liens entre les technologies de surveillances contre les communautés noires de Bristol, la montée de la culture des sound system et le son particulier de cette ville. Filmé dans le quartier de Saint Paul, réfléchissant l’histoire de Bristol qui repose lourdement sur le commerce de l’esclavage et le travail dans les plantations, Louis Henderson ourdi une archéologie sonique à travers des archives du carnaval du quartier et des émeutes de l’année 1980.

Un film à découvrir aux côtés de « Riot », réalisé par John Akomfrah et de « They Been Jealous », le dernier film en date du Karrabing Collective — collectif qui compte parmi ses membres fondateurs l’anthropologue Elizabeth Povinelli, qui sera en discussion au mois de mars à Khiasma Plus d’informations à venir très vite !

Ecoutez John Akomfrah et Louis Henderson sur la r22 Tout-monde 

 

Soutien à Jef Klak ! 

Samedi 10 février, La Générale accueillera la « La Fête à Klak« , une soirée de soutien à la revue Jef Klak, que l’on a retrouvé à plusieurs reprises à Khiasma à mesure que la comptine s’égrene (d’un Lundi des Revues pour Bout d’ficèle à une rencontre avec Vincent Romagny pour Ch’val de course, et l’ensemble de cette histoire, vue depuis le groupe son de la revue, lors du dernier Relectures). Bal folk, concerts et animations à partir de 19h !

« Parce qu’il fait froid et que les ZAD nous filent des fourmis dans les jambes, Parce qu’on vous avait laissé infatigables et ravis après la dernière Fête à Klak en mai 2017 à la Parole Errante, Parce qu’on avait envie de fêter et partager avec vous la folle aventure de « Course à pied », le prochain numéro en cours de préparation… La Générale et Jef Klak vous invitent à la légendaire Fête à Klak, deuxième du nom ! Tandis qu’à Notre-Dame-des-Landes on saute de joie, ici nous danserons follement pour toutes les ZAD et pour notre futur nouveau né, le prometteur ‘Course à pied’. »

Les entrées sont à prix libre et les bénéfices reviennent à la revue.

Retrouvez Jef Klak sur la r22 Tout-monde en cliquant ici. 

 

Extrait de Prendre corps (1986), poème de Gherasim Luca

«Créer une communauté d’expérience» : Entretien avec Patrick Fontana autour de l’atelier Lecture(s) de bouche

Alors qu’il y a un mois, la r22 Tout-monde présentait, non sans joie, la publication du CD « Luca Babel » issu des ateliers Lecture(s) de Bouche menés par Patrick Fontana de 2008 à 2016 avec des apprenants du français (et la participation d’Emmaüs solidarité et Khiasma), Olivier Mouginot, doctorant en didactique du français langue étrangère et des langues du monde, s’entretenait avec ce dernier autour de cette longue et singulière expérience. Un entretien à retrouver ici et à lire en complément des enregistrements sonores proposés par Patrick Fontana.

 

Münster, film réalisé par Martin Le Chevallier, Spectre Production, 2016

Du côté de la production des films Spectre, deux moments importants pour Martin Le Chevallier et Fabrizio Terranova

Martin Le Chevallier développe depuis la fin des années 90, un travail portant un regard critique sur les idéologies et les mythes contemporains. Du 6 au 11 février, le théâtre Nanterre-Amandiers mettra en lumière un ensemble de ses productions, films et pièces sonores au rendez-vous ! Vous pourrez notamment y voir Münster, qui a fait un long et beau chemin depuis ses prémices montrés lors du 7ème Lundi de Phantom en 2013 à Khiasma.

Ailleurs, Donna Haraway : Story Telling For Earthly Survival, le film de Fabrizio Terranova sur la philosophe américaine — que vous avez pu découvrir dans l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » — continue de faire le tour du monde. Parmi ses nombreuses escales, une particulièrement importante se tiendra à Lausanne, au cœur de deux journée d’études, le 7 et le 8 février avec la présence d’Isabelle Stengers.

Écoutez Fabrizio Terranova, invité par Vincent Chevillon dans le cadre de son exposition « Sèmes », sur la r22 Tout-monde.

 

À Lyon, carte blanche à Ismaïl Bahri

Après son dernier Lundi de Phantom remarqué à l’espace Khiasma, Ismail Bahri s’emparera du Cyclorama le jeudi 22 février pour profiter d’une çarte blanche. La soirée est organisée par Météorites, un collectif d’organisation de projection de cinéma à Lyon. En attendant, vous pouvez toujours retrouver Ismail Bahri sur la r22 Tout-monde !

 

Le Grand Camouflage : au Fresnoy, une nouvelle installation d’Ana Vaz créée en résidence à Khiasma

Du 10 février au 22 avril, le Fresnoy accueillera l’installation vidéo Le Grand Camouflage (créée en résidence à Khiasma) dans le cadre de l’exposition Océans : une vision de monde au rythme des vagues sous le commissariat de Steffanie Hessler, et coproduite par TBA-21 Academy et Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains.

Réécoutez les deux premiers épisodes de « The Voyage Out », film sonore réalisé avec Nuno Da Luz (deuxième épisode co-produit par TBA-21) 


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Diaporama — Hors les murs

Utopie, Dystopie, Mazzerati

Luca Wyss

Une résidence de territoire dans le quartier des Fougères – Le Vau, à la frontière du 20ème et de la Seine-Saint-Denis.

De février à mai 2017, à l’invitation de Khiasma, l’artiste Luca Wyss a travaillé sur le quartier des Fougères – Le Vau dans le cadre d’une résidence entre différentes structures de ce territoire : la Maison des Fougères, le Cap de Bonne Espérance, l’Espace Paris Jeunes Mahalia Jackson, la Cabane Fleury et le collège Pierre Mendès-France. Dans chacun de ces lieux, l’artiste a proposé des ateliers avec les différents publics qui les fréquentent. Au début, il s’est agi d’imaginer des récits sur le futur du quartier. Comment sera le quartier dans 20 ans ? Comment serons nous dans 20 ans ? En jouant les ethnologues du futur, les participants se sont interrogés les uns aux autres. Puis, ces histoires on été mises en images (photo, vidéo, dessin, collage…), mais pas par le même groupe qui les a produites : l’artiste a fait circuler les récits d’un lieu à l’autre. Ainsi, par exemple, un groupe de collégiens s’est retrouvé à faire des petits films sur le monde imaginé par des adultes usagers de la psychiatrie du CAP de Bonne Espérance.

Les résultats de ces ateliers ont été exposés dans les structures impliquées lors d’un parcours artistique de restitution festif et convivial le 13 mai. Les glissements se sont poursuivi à cette occasion, car les œuvres n’ont pas été montrées là où elles ont été produites, participant ainsi à la circulation des publics et à son mélange.

Face à la violence sociale présente tout autour de nous, je suis à la recherche des lueurs présentes dans la vie quotidienne ; ces petits gestes, mots, rythmes et actes qui défient l’oppression. Dans ce but, je travaille à partir de la conversation ; enregistrant des entretiens, organisant des espaces de dialogue, examinant les pratiques sociales, partageant des rencontres.

Mes travaux sont des procédures invitant au dialogue. Comme dans la pratique documentaire, j’utilise la réalité comme matière première pour mon travail. Les résultats prennent la forme de performances, d’événements culinaires, de films documentaires et de interventions quotidiennes. Ma recherche m’a amené dans une station radio alternative dans un  Kosovo occupé par l’ONU, à suivre un tournoi de football dans une banlieue d’Alger, à demander l’avenir à des amis sans-papiers à Paris, à interroger mes collègues artistes à propos de leurs jobs alimentaires, à organiser un réseau d’aliments biologiques à Buenos Aires, à voler avec les cerfs-volants d’une favela de Rio de Janeiro…

Je traduis ces moments d’émancipation en récits pour libérer leur possibilité d’être des ponts au-delà de frontières culturelles/territoriales/sociales.

Luca Wyss

Revivez cette résidence avec l’ATLAS SENSIBLE et écoutez les histoires du futur sur la R22 TOUT-MONDE.

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Janvier 2018

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

«Monsieur Toussaint», performance d’après Edouard Glissant jouée par The Living Dead Ensemble, 2017, dans le cadre de la Ghetto Biennale de Port-au-Prince (Haïti).

Monsieur Toussaint : traduction et translation historiques du Living & Dead Ensemble, avec Louis Henderson et Olivier Marboeuf

Après un travail de traduction et d’interprétation en créole haïtien de la pièce Monsieur Toussaint d’Edouard Glissant, The Living & The Dead Ensemble (Mackenson Bijou, Rossi Jacques Casimir, Zakh Turin, James Désiris, James Fleurissaint, Dieuvela Chérestal, Cynthia Maignan, Léonard Jean-Baptiste, Olivier Marboeuf et Louis Henderson) a célébré vendredi 15 décembre l’indépendance d’Haïti au cimetière de Port-au-Prince. Les derniers jours de Toussaint Louverture se sont couchés avec le soleil, laissant comme témoin, Dessalines et Granville rapper l’histoire au son des tambours. C’était l’un des temps forts de la Ghetto Biennale et les mots sont sortis vivants, « faisant des morts des partenaires de luttes ».

Un projet qui donnera notamment lieu à un film dont on aura l’occasion de parler à Khiasma en avril, avec Louis Henderson — dont Khiasma présentait la première exposition personnelle en 2016 avec «Kinesis». D’ici là, découvrez les premières images et impressions du projet dans cet article de la revue Frieze (en anglais).

et des nouvelles de Sunstone, bientôt aux Lilas.

On vous parlait en avril de Sunstone, premier film issu d’une «ciné-conversation» entre les artistes Filipa César et Louis Henderson, deux artistes que le public de Khiasma découvrait en 2015 dans «Les Propriétés du sol». Après trois expositions du film accompagné de l’installation Op-film: An Archaeology of Optics (Biennale de Contour en Belgique, Gasworks à Londres, Temporary Gallery à Cologne), Sunstone, désormais achevé, sera présenté en première au Festival International du Film de Rotterdam (IFFR). Une carrière qui s’ouvre sous les meilleurs auspices pour ce film, récemment classé parmi les meilleurs films de l’année par Erika Balsom, chercheuse et enseignante en cinéma, pour Artforum.

Sunstone, un «op-film» (ou film ‘optique’), nous emmène du phare à l’algorithme, des systèmes de navigation optiques à ceux, informatiques, des systèmes de positionnement par satellite, d’une «occidentalisation» du monde permise par les premiers progrès techniques de navigation à un nouveau système cartographique panoptique qui fait naître de nouvelles formes de surveillance et de contrôle.

Pour les spectateurs français, pas d’inquiétude : un extrait du film est toujours visible du côté de la revue en ligne Ibraaz… en attendant l’ouverture, fin mars 2018, de l’exposition Op-Film: an archeology of optics à l’Espace Khiasma, exposition qui s’accompagnera d’un vaste programme d’événements dans plusieurs lieux parisiens.

 

Faire corps avec le mot, faire corps avec le monde : Luca Babel enfin disponible en intégralité sur la r22 Tout-monde

Paru en 2014 et récompensé du « coup de coeur » de l’Académie Charles Cros, le disque Luca Babel. Parcours dans l’oeuvre de Ghérasim Luca donne à entendre quelques uns des fruits de l’atelier «Lecture(s) de bouche(s)», travail mené de 2007 à 2016 par l’artiste Patrick Fontana et un ensemble de personnes en apprentissage du «Français Langue Etrangère» à l’Atelier Formation de Base de l’association Emmaüs à Paris. Fruit d’une collaboration singulière, de longue haleine, entre l’artiste Patrick Fontana, Khiasma, Emmaüs et de nombreux autres partenaires, Luca Babel est la mémoire de près de dix années de collaborations riches et inattendues et un formidable manifeste pour l’apprentissage d’une langue française poétique et vivante.

La poésie sonore de Ghérasim Luca s’est révélée un outil incroyable pour apprendre le français, s’étant vite imposée aux participants comme un moyen détourné de prendre la langue à bras le corps. Elle a fait naître auprès des femmes et des hommes qui travaillent dans cet atelier un désir toujours vif de s’approprier les mots. Elle assemble, elle éparpille la langue pour en disperser le sens délibérément. Elle happe les mots à travers des mouvements de recomposition et de déconstruction pour les éructer. Éructer est un signe fort du vivant : accrocher le mot, en cracher le sens, en cracher la sonorité.
— Patrick Fontana

Luca Babel. Parcours dans l’oeuvre de Ghérasim Luca (1913-1994) est à écouter en intégralité sur la r22 Tout-Monde.

 

Julien Creuzet, Violaine Lochu : comme des échos de Relectures 17 ce mois-ci en région parisienne

Rassemblés en 2016 au sein de la 17è édition du festival Relectures à Khiasma, les artistes et performers Julien Creuzet et Violaine Lochu seront à l’honneur de plusieurs expositions ouvrant ce mois-ci en Île-de-France. Le premier présente deux expositions jumelles à la Fondation d’entreprise Ricard et à Bétonsalon, ouvrant respectivement les 23 et 24 janvier.
Les deux expositions sont titrées d’après ses poèmes chantés : «Toute la distance de la mer, pour que les filaments à huile des mancenilliers nous arrêtent les battements de cœur. – La pluie a rendu cela possible (…)» à la Fondation Ricard, «La pluie a rendu cela possible depuis le morne en colère, la montagne est restée silencieuse. Des impacts de la guerre, des gouttes missile. Après tout cela, peut-être que le volcan protestera à son tour. – Toute la distance de la mer (…)» à Bétonsalon. Une pratique poétique de l’écriture et du chant sur laquelle il revenait avec Olivier Marboeuf dans un entretien pour la r22 Tout-Monde.



Quelques jours plus tard, à partir du 27 janvier, ce sera au tour de Violaine Lochu de présenter sa première exposition personnelle, «Hypnorama», au Centre d’art contemporain Chanot de Clamart. Suite de ses très nombreuses résidences et présentations de performances en France et à l’étranger, «Hypnorama» constituera une exposition-programme, retour sur le chemin parcouru et ouverture vers de nouvelles directions, Violaine invitant l’artiste Guillaume Constantin à l’accompagner dans la mise en espace de ces projets et s’entourant de musiciens et de théoriciens pour un programme de performances. 

 

 

Animation Research Group et Ismaïl Bahri sur la plateforme Warehouse

Warehouse est une plateforme curatoriale, initiée par super-filme et flatness en 2017, qui explore les pratiques de l’archive et les formes numériques du frottement. On y trouve des essais, des documents, des interviews et des portraits d’artistes.

On y trouve aussi une publication du collectif Animation Research Group, autour du Mundaneum de Paul Otlet et de la question étendu de l’animation. Un article à parcourir accompagné d’une vidéo réalisée lors de leur résidence à l’Espace Khiasma en novembre 2017.

La r22 a d’ailleurs conservé une trace de la discussion issue de cette résidence:

Et comme une bonne nouvelle peut en cacher une autre, on y trouve également un entretien d’Ismaïl Bahri par Pierre Schwarzer autour de son film Foyer. Film que vous pourrez retrouver le 25 janvier à la galerie Selma Feriani à Sidi Bon Saïd, en Tunisie. L’occasion de replonger dans ses travaux avant de le retrouver à l’Espace Khiasma le 29 janvier pour le 31ème Lundi de Phantom. Pour le moment, nous savons que nous marcherons dans ses pas sur l’ile d’Ouessant. Pour le reste, il faudra venir sur place, à partir de 19h30. Comme d’habitude, l’entrée sera libre et un repas sera partagé. Ramenez vos meilleurs plats !

 

Corinne Dardé, Keep Calm au cinéma du Garde-Chasse

Il n’est pas toujours nécessaire de se déplacer aux quatre coins du monde pour suivre les amis et alliés de Khiasma : en janvier, c’est aux Lilas que vous pourrez découvrir Keep Calm, le dernier film de Corinne Dardé, cinéaste lilasienne dont nous présentions le parcours à Khiasma tout récemment.

Rendez-vous donc au Théâtre-Cinéma du Garde-Chasse le 26 janvier, à 19h30, pour découvrir le documentaire Keep Calm, qui retrace la création du projet mis en scène par Michel Schweizer présenté dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en juin 2017 au Garde-Chasse.

Après plusieurs ateliers avec le chorégraphe, dix-neuf enfants sont invités а se réunir pour une performance а destination d’un public d’adultes. Dans ce face-а-face, la tribu d’enfants interroge les places de chacun et donne à entendre autrement leur rapport au monde. Le contenu de leur adresse se nourrit des pensées et réflexions aigües que provoque leur fréquentation au public adulte.

 

Ravi Agarwal, Landfill, Trace City Series (en cours), Photographic print, 20 x 24 inches, 2017, Edition of 1/5

François Daireaux & Ravi Agarwal exposent à Gallery Espace, New Delhi

Si avant le 13 janvier, les vents vous ont poussé à New Delhi, vous aurez l’opportunité de rencontrer les œuvres de François Daireaux, habitué du numéro 15 de la rue Chassagnolle (où il présentait notamment en 2015 l’exposition «Soudain, un léger mouvement dans l’ordre naturel des choses»), aux côtés de Ravi Agarwal, militant écologiste, ingénieur et artiste. Les deux protagonistes questionnent ici les relations entre le Corps et la Machine à travers les effets que la globalisation a sur les êtres humains au travail et sur l’environnement.

 

Frank Smith, «Le film de l’impossible», 2017

Frank Smith en Uruguay et à New York 

Au mois de décembre, la galerie Steven Kasher présentait une exposition solo de l’artiste Debi Cornwall, Welcome to Camp America, Inside Guantánamo Bay. Si vous y êtes passé, vous avez pu, dans l’atmosphère troublante de cette enquête sur la base américaine implantée а Cuba, entendre une pièce sonore de Frank Smith, écrivain que Khiasma accueillait en résidence en 2015 avec les Archives de Pierrefitte.

Autrement, il faudra aller en Uruguay, à l’espace Este Arte, pour voir son Film de l’impossible. Et si toute cette actualité se passe trop loin de vous, il y a toujours la r22 Tout-monde pour découvrir et redécouvrir son travail.


 

 

SMITH & Antonin Tri Hoang, «Saturnium» (2017).

«Le conte permet de jouer une nouvelle réalité» : SMITH, invitée de Marie Richeux sur France Culture

Fin novembre, SMITH et Matthieu Barbin présentaient TRAUM (Le Paradoxe de V.), pièce chorégraphique produite par Khiasma et extension du film TRAUM, réalisé en 2016. Alors que certaines de ses oeuvres sont actuellement présentées dans l’exposition «La respiration des yeux dans le cadre» au Cultuurcentrum de Bruges, SMITH était l’invitée il y a quelques jours de Marie Richeux sur France Culture.

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Article — Phantom

Lundi de Phantom n°30 : João Vieira Torres

« Aurora »

Lundi 20 novembre 2017, pour le 30ème Lundi de Phantom, João Vieira Torres nous emmènait sur les traces d’Aurora, sa grand-mère disparue, sage-femme et guérisseuse pendant plus de quarante ans dans le Sertão profond du Nordeste brésilien. Retour sur cette traversée.

Dans Aurora, le personnage de João, hanté par des apparitions et des voix et devenu lui-même un fantôme après son exil en Europe, décide de revenir dans cette région désertique où l’évangélisme gagne du terrain. Lors de ce parcours initiatique où il ne sait ce qu’il cherche, il fera de nombreuses rencontres et chacun souhaitera lui transmettre des histoires, souvent tragiques, de femmes disparues. Il devra transporter malgré lui ce terrible héritage jusqu’à une destination mystérieuse.   La figure d’Aurora planait déjà sur le précédent film de João Vieira Torres, Les Enfants fantômes. Il poursuit avec Aurora une écriture qui glisse du documentaire à la fiction. Pour cette soirée à l’Espace Khiasma, il a partagé certains de ses films précédents et des rushs de son film en cours, anthropologie participative et fable fantastique.  

Extraits des films de João Vieira Torres. Photographie par Romain Goetz.

Alors que la cuisine habituelle s’activait dans les recoin de Khiasma, João a accepté de répondre à quelques questions. Un préambule pour un travail en mouvement. Peux-tu raconter l’origine de ce projet de film, Aurora ? Tout part d’un rêve, je crois, d’une histoire de fantômes et d’un appel au retour qui prend une forme magique.

Oui, tout part d’un rêve, dans lequel je racontais à ma mère, en français – langue qu’elle ne parle pas – l’histoire de ce film-ci. Je lui disais que j’allais partir à la recherche des enfants que ma grand-mère paternelle avait aidés à naître. Elle avait fait office de sage-femme pendant plus de quarante ans dans le Sertão profond de Bahia. Ce n’était pas sa profession : elle était agricultrice et faisait cela par vocation. Elle ne savait ni lire, ni écrire. Par ses mains, de nombreux enfants sont venus au monde, aucun d’eux n’est mort lors de l’accouchement. On dit aussi que ses prières éteignaient le feu des saisons sèches. Elle avait le don du feu et de la vie.

Je ne l’ai pas connue. Nous nous sommes rencontrés il y a plus de trente ans, j’avais quelques jours. Je n’ai aucun souvenir direct d’elle mais j’ai beaucoup de souvenirs qui m’ont été rapportés et sont devenus miens. Elle est morte un an après ma naissance en priant dans un bus qui l’amenait nous voir de Juazeiro à Recife. Mon père devait la retrouver à la gare. Il n’a trouvé que ses valises. Son corps était déjà parti à la morgue. L’inconnu qui s’est aperçu de son décès, son compagnon de voyage, la regardait depuis un moment, étonné de sa quiétude, un chapelet à la main qui tenait une perle. Il a touché son bras, l’a appelée délicatement et, comme elle ne répondait pas, il a pris son pouls, mais celui-ci s’était arrêté. Il a mis un petit miroir sous ses narines. Aucun souffle n’embuait le verre. Pour ne pas effrayer les autres passagers, il a discrètement communiqué le décès au seul conducteur. Ils n’étaient plus très loin de Recife.

Après cet ultime voyage, ma grand-mère est revenue en rêve visiter ma mère qui, lorsqu’elle était encore en vie, n’avait jamais voulu lui demander sa bénédiction comme le faisaient ses autres belles-filles. En voyant en rêve sa belle-mère décédée, ma mère, morte de peur, n’a pas hésité à lui demander pour la première fois sa bénédiction. Ce à quoi ma grand-mère a répondu en riant et en lui disant : «N’aie pas peur ma fille, je ne te veux pas de mal, que Dieu te bénisse. »

Ainsi ce film est celui de mon retour dans le Sertão da Bahia, après vingt-six années d’absence. Mais ce n’est ni une quête d’origines, ni un retour vers le passé, même si son point de départ est un appel de ce passé-là, le rêve que j’ai fait au moment même où je recevais la nationalité française et m’éloignais plus que jamais du Brésil et du Sertão.

Dans mon rêve, ma mère me demandait si je n’aurais pas peur des fantômes. Je répondais que, s’il y avait des fantômes, au moins je ne serais pas seul. Je lui disais que, dans ce film, j’allais « chercher l’Aurora », mais que ce que j’allais trouver serait probablement beaucoup plus sombre.

Tu as déjà essayé une première fois de revenir sur les traces de ta grand-mère avec le film Les Enfants fantômes ? Déjà la question de la hantise était là, mais tu l’abordais d’une autre manière.

Le verbe « hanter », en portugais, se dit « assombrar » qui vient du mot « sombra » : l’« ombre » en français. « Assombrar » voudrait dire « jeter une ombre sur quelque chose ». Mes ancêtres paternels viennent d’une région semi-désertique. Je me suis toujours demandé pourquoi les maisons – des petites fermes au milieu de la brousse – y avaient de si petites fenêtres. Il fait sombre dans ces maisons. L’ombre, c’est là où se crée la vie quand, dehors, le trop de lumière brûle.

Quand j’étais petit, les fantômes me visitaient rarement le jour. C’était dans la nuit, quand tous dormaient et que les portes des chambres étaient fermées à clef, que je les entendais. Parfois, leur ombre était si opaque que dans le noir, je croyais les voir. Je n’étais pas seul : il y avait quelque chose autour de moi, en moi. Mais c’est là que je me sentais le plus seul, parce qu’il n’y avait que moi qu’ils visitaient. Je ne pouvais partager leur présence avec personne d’autre. Et chaque famille a ses fantômes. Chacun a les siens. Des présences, des histoires, qui nous appartiennent, qu’on le veuille ou non, sans forcément les avoir vécues dans sa chair, à la première personne.

Les Enfants fantômes a été un premier pas vers cette tentative d’éclairer l’une de ces histoires, quelques-uns de ces fantômes et de leur parcours, dont j’ai hérité. Qu’est-ce qu’on peut faire de ce legs, parfois difficile à porter et qui nous poursuit ?

J’ai voulu travailler sur l’idée d’une mémoire héritée, impossible, d’une mémoire formée comme dans une autogenèse. Pour cela, j’ai fait appel, lors d’un workshop, à des personnes de tous horizons qui, comme moi et peut-être toi-même, avaient des souvenirs qui, en principe ne pouvaient pas s’être directement gravés en leur mémoire : je leur ai en effet demandé d’écrire les souvenirs qu’ils avaient de leur naissance.

Par la suite, je me suis rendu compte que toutes ces histoires de naissance avaient de nombreux points communs, mais surtout celui-ci : la présence de la mort. Comme si, dans toute histoire de naissance, un autre devait partir, tout en laissant quelque part une ombre, en « assombrissant » celui qui naît.

Inspiré par la réflexion de Walter Benjamin sur la figure du conteur, j’ai demandé à ce que chaque personne raconte son histoire à une autre dans le groupe qui ne la connaissait pas et, dans un deuxième temps, que cette autre personne raconte à son tour l’histoire, à la première personne et d’une manière qui permette à l’histoire d’être continuée. Chacun écouterait alors sa propre histoire de la bouche d’un autre, en une forme de mise à distance, et l’autre, qui auparavant ne la connaissait pas, s’approprierait cette histoire pour la transmettre au groupe.

Les Enfants fantômes part de deux lieux communs difficiles à éviter, naître et mourir, thèmes trop lourds pour être évoqués sans pathos. C’est pourquoi ma propre histoire, contée dans le film, ne pouvait se déployer qu’en s’articulant avec les souvenirs de ces autres personnes, même s’ils étaient de manière factuelle étrangers aux miens. Cependant, entre les leurs et les miens, il y avait un air de famille. Comme a pu le montrer Georges Perec, les souvenirs d’autrui peuvent être plus proches de moi, m’être plus familiers, que les miens. Les souvenirs de ces personnes avaient le pouvoir d’invoquer —comme on invoque des esprits— mes propres souvenir et les miens les leurs. Pour autant, le propos de ce film n’était pas autobiographique. Il s’agissait plutôt de construire une « biographie déguisée », qui faisait appel à notre mémoire à travers une autre mémoire, « à côté » de la nôtre bien qu’elle ne soit pas la nôtre…

Pour tes recherches, tu as d’abord travaillé sur de la collecte de récits, des enregistrements de longs entretiens auprès des membres de la famille élargie d’Aurora. Comment imagines-tu travailler cette matière énorme et très largement dramatique qui est littéralement hantée par la violence faite aux femmes et, je dirais même, hantée par la transmission de la violence comme élément structurel de l’éducation et de la production des corps ?

Il s’agit bien là du motif de ce « Lundi fantôme » car, pour le moment, j’ai quelques hypothèses mais pas de réponse définitive.

En effet, lorsque je suis allé à la recherche des enfants que ma grand-mère avait aidés à naître, j’ai entendu de multiples histoires, la tradition orale étant encore très présente dans la culture de cette région. Mais je me suis confronté très rapidement à certaines histoires qui se répétaient de bouche en bouche, sans que je demande à les entendre. Dans ce tamis du temps et des mémoires, cinq histoires de femmes liées à Aurora revenaient constamment. Des histoires tragiques, liées à la condition de ces femmes et à la dureté de la vie dans la région à travers plus ou moins un siècle. Dans chacune de ces histoires, les questions de race, de genre, de statut social, de religiosité étaient déterminantes. Il faudra les mettre en lumière, mais sans réduire les histoires de ces femmes à de simples illustrations de ces questions politiques, sans pour autant les traiter comme des faits divers.

La forme fictionnelle me semble la plus pertinente pour évoquer ces histoires sans les désincarner et aborder pleinement les questions politiques qu’elles posent. Mettre en lumière juste ce qu’il faut pour que malgré tout il y ai encore de la pénombre, de l’énigme ? Comment créer l’environnement propice pour entendre ceux qui n’ont plus de voix mais qui continuent à nous parler ?

Jusqu’à présent ton travail s’intéressait au geste du cinéma anthropologique en essayant de le repenser peut-être à partir de la perspective des Suds, mais aussi comme un espace pour être ensemble, proches, une forme de rituel. Avec Aurora, tu t’attaques à un récit personnel, familial mais que tu essayes au contraire de mettre à distance sous la forme d’une fable comme une manière de ne pas représenter ce monde dont tu ne te sens pas proche et qui ne t’a jamais accepté.


Toute l’anthropologie est hantée par les histoires personnelles que l’anthropologue classique a essayé sans cesse de mettre à distance, s’efforçant de recréer une forme d’objectivité. Or sans ce film, je ne serais probablement jamais revenu là d’où viennent mes ancêtres. Sans l’appel des fantômes, il n’y aurait pas de film. Sans ce film, je ne me serais pas rendu compte que moi-même j’étais un fantôme pour ceux qui ne m’avaient plus vu.

Ce film n’est pas celui d’une quête d’origines. Je ne prétends pas non plus faire un film anthropologique. Mais si ce film avait un caractère anthropologique – je dirais d’ « auto-anthropologie » –, celui-ci résiderait dans le fait que je me laisse affecter par les situations, par les êtres, les vivants et les morts, à la manière que décrit Jeanne Favret-Saada. Je me laisse aussi guider par l’énigme, par ces rêves et ces fantômes, comme a pu le faire Vinciane Despret dans son livre, Au Bonheur des morts.

Sur les traces d’Aurora. Photographie par Romain Goetz.

Quand on voit tes premières images de la région du Sertão brésilien, on est frappé par la puissance évocatrice de ce paysage aride, son côté western.
Pourtant tu me disais que tu ne voulais pas te cantonner à cette image réelle mais à la fois attendue de ce territoire. Comment penses-tu t’y prendre ? As-tu envie, à partir du périple de ton personnage depuis la côte urbanisée à cette campagne désertique, de raconter quelque chose des bouleversements du Brésil contemporain ?

Le film, à certains égards, prendra un aspect documentaire, mais sera sûrement en partie joué par des acteurs, dont l’un incarnera mon personnage, un jeune homme parti loin de son pays depuis de nombreuses années, qui commencera par faire des rêves et être hanté par des présences énigmatiques qui le feront aller là où précisément il ne voulait pas revenir.

Il est guidé au début par ses rêves, ces présences qui le font rencontrer d’autres présences, incarnées comme lui, qui le font s’ouvrir à d’autres énigmes, entendre et vivre d’autres histoires. Ce jeune homme est guidé dans le paysage et, tout en étant hanté par des présences du passé, il est amené à rencontrer des gens, à visiter des lieux dans le présent de cette région du Brésil d’aujourd’hui, dans le moment très sombre qu’elle traverse.

Je ne crois pas pouvoir faire un film « sur » ce moment très grave, tragique, de l’histoire du Brésil. Mais le film en sera traversé. Mes films ne sont pas sur des sujets (personnes ou thèmes), en tout cas je ne le souhaite pas. Je préfère faire avec des sujets. Comme Douglas Sirk a dit : « on ne peut pas faire des films sur quelque chose, on peut seulement faire des films avec quelque chose, avec des gens, avec de la lumière, avec des fleurs, avec des miroirs, avec du sang, avec toutes ces choses insensées qui en valent la peine. »

Un autre fil qui n’est pas toujours clairement nommé mais qui traverse, j’ai envie de dire dans l’ombre et en silence, le film est la question de la peau, de la couleur de la peau. Un récit de la pureté occidentale souillée par les métissages souvent inavouables avec les noirs et les indigènes. Et donc la manière dont certaines pratiques qui sont un peu dissimulées reprennent de l’importance dans des moments d’urgence, à travers la figure d’Aurora, l’accoucheuse / guérisseuse qui est une sorte de cousine des sorcières et une figure dépositaire d’un savoir particulier, d’un geste de soin et de relation au monde.

Aurora avait appris les secrets des herbes et du corps des femmes de sa belle-mère, Victoria, mon arrière-grand-mère indienne, capturée par des vachers, emmenée de force, encore jeune fille, loin de son peuple, dans une ferme.

Il est évident qu’à travers le personnage d’Aurora, entre autres, et notamment l’histoire de l’arrivée de sa famille dans la région, la question du colonialisme et du racisme est très présente. Mais il s’agit aussi d’une histoire de métissage, où l’on voit des populations marginalisées, dans une région pauvre où les services médicaux étaient précaires voire inexistants, tirer parti de leur proximité d’avec la nature qui les entourait, en s’appuyant sur des savoirs qui ne viennent pas de nulle part : leur culture populaire, avant d’être brésilienne, était en partie celle des Amérindiens, mais aussi celle des hommes et des femmes amenés d’Afrique en esclavage.

Et en effet, le fait qu’Aurora fût une femme, quand les autorités médicales de l’époque étaient très masculines, ajoute à son caractère de bonne sorcière. A ce propos, une des histoires les plus racontées par les témoins de la vie d’Aurora est celle de sa deuxième fille, l’une des représentantes de la première génération à avoir migré de la brousse vers la ville, et qui est morte dans une maternité, frappée peut-être par l’ironie du destin et sans doute par la médiocrité des services publics de santé.

Le souvenir d’Aurora invite aussi à s’intéresser à la question de la spiritualité chez ses descendants et ses nombreux « enfants d’accouchement ». On dit que, dans son art, elle utilisait deux adjuvants principaux : de l’huile d’olive et des prières. Comment évoquer cet héritage spirituel, notamment face à la montée en puissance des églises évangélistes et la grande dévalorisation qu’elles véhiculent de tout ce qui peut provenir des cultures non chrétiennes, à travers notamment leur diabolisation de l’héritage cultuel afro-brésilien et amérindien ? Beaucoup des enfants que ma grand-mère a aidés à naître sont en effet passés de la pratique d’un christianisme métissé à celle de l’évangélisme.

Comment envisages-tu la suite aujourd’hui de cette écriture complexe ?


J’envisage ce film non comme un parcours initiatique, mais un retour, un parcours ré-initiatique. J’ai déjà accompli plusieurs cycles de repérage ; il reste maintenant à conduire tout un travail de fictionnalisation de ces rencontres. Une re-mise en scène, avec un fil rouge composé d’énigmes par lesquelles le personnage sera porté d’un point à un autre, suivant un principe de sérendipité.

Autel de lecture de João Vieira Torres. Photographie par Romain Goetz.

 

Pour vous replonger totalement dans la soirée, la r22 Tout-monde a enregistré Joao Vieira Torres performer la voix off de son film Aurora. 

Une lecture suivie d’une discussion avec Olivier Marboeuf et la communauté de personnes présentes pour ce nouveau rendez-vous de la fabrique Phantom.

 

Préparation du repas partagé dans la cuisine de Khiasma

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Édito — Phantom

Plateforme 2017-2018

En 2017-2018, l’Espace Khiasma continue d’être transformé par son programme Plateforme, initié il y a désormais un an et qui progressivement installe à Khiasma un espace collectif de discussion, de recherche, d’expérimentation et de production qui se fabrique au quotidien avec une diversité d’acteurs – artistes, étudiants, habitants, curateurs, chercheurs ou miliants – pour des rencontres aux formats variés. Un travail au temps long, dont cette édition du magazine vous proposera quelques instantanés.

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Édito — Phantom

Relectures 18

La 18è édition du festival Relectures vient de s’achever de belle manière et, à travers celle-ci, une certaine idée de Plateforme, le nouveau programme de Khiasma, s’est encore affirmée. De la recherche, des auteurs, des artistes, des alliés et des oeuvres , des repas et rencontres qui prennent le temps, des conversations qui prennent la nuit. Un lieu porté progressivement par une communauté qui l’élargit et le réinvente sans cesse. Retrouvez, dans ces pages, quelques bribes visuelles et sonores de ces moments partagés.

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Son — Festival Relectures

Jef Klak le son

diffusions sonores et conversations

Pour Relectures, le groupe sonore de Jef Klak propose de refaire le chemin en compagnie du public: Marabout , Bout d’ficelle, Selle de Ch’val et Ch’val de course. Une traversée des numéros de Jef Klak par le son, c’est l’occasion de revivre les questions posées, les fonctionnements tâtonnés, en faisant part des expérimentations, écueils et réflexions dans la fabrique du commun et la création en collectif.

« Perdus qui aiment se perdre / belle épine / vaste foin ». En 2013 naît le collectif Jef Klak. Une envie forte et commune de se déplacer, d’aller chercher du politique là où on ne pensait pas en trouver. Visiter les anti-zones, explorer les mirages, les interstices et les zones grises.

« Devenir commun / Faire fou / Hors des sentiers où l’on marche ». Jef Klak taille dans la matière du réel pour trouver prise, mêle poétique et politique, enquête et fiction. Jef Klak, c’est « Monsieur et Madame tout le monde » en flamand, c’est aussi un collectif, un site internet, une revue et un disque de créations sonores. Les textes, images et sons s’y frottent et s’y rencontrent au rythme de la comptine « Trois p’tits chats ».

Photographies : Romain Gœtz


 

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Son — Festival Relectures

Histoire de la littérature récente

par Radio Brouhaha

Dans la dernière ligne droite du festival Relectures 2018, Radio Brouhaha revenait à Khiasma pour explorer avec Olivier Cadiot les « histoires de la littérature récente ».

 

 

 

Alors que notre imaginaire littéraire évolue, le besoin d’écrire une autre histoire littéraire, alternative, se fait sentir. Ce besoin réunit le travail d’Olivier Cadiot et celui d’un certain nombre de jeunes écrivains et chercheurs de l’Université Paris 8. Alors que les deux volumes de l’Histoire de la littérature récente ne cessent de revenir sur la nécessité d’une transmission, cette émission se propose d’en expérimenter les conditions, en articulant et confrontant plusieurs histoires alternatives de la littérature.

Une émission proposée et présentée par Lionel Ruffel. Avec Olivier Cadiot, Claire Finch, Camille Cornu, Benoît Toqué, Nicolas Attal, Agnès Blesch, Sylvia Chassaing et Johan Faerber

En réécoute ici :

Photographies : Romain Gœtz

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Son — Festival Relectures

Pratiques du hacking

espace de recherche en plein vent

Les « Pratiques du hacking » réunissent un groupe de recherche autour du hacking comme forme emblématique de notre époque. Émanant de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne, elles questionnent depuis 2016 les pratiques artistiques irriguées par l’esprit hacker qui frappe toutes les strates de notre société.

Sous la forme d’une conversation ouverte et à l’appui de documents, une partie des membres du groupe  traverse les recherches passées et en cours, présente quelques pistes de travail et partage publiquement ses interrogations sur ce que Pascal Nicolas-le Strat a appelé la « recherche de plein vent »*.

Cette soirée était appréhendée comme une étape particulière de travail où la recherche s’envisage hors du terrain habituel du chercheur, à découvert et hors sol. Entre autres questions qui apparaissaient au gré des échanges : la situation paradoxale que les Pratiques du hacking soulèvent dans le cadre institutionnel de l’école, l’écart entre les attentes de la recherche et ce que les membres du groupe cherchent déjà en tant qu’artistes et praticiens de la théorie, et les horizons incertains où toute recherche de plein vent nous mène nécessairement.

Pour cette soirée, le groupe de recherche invitait David-Olivier Lartigaud, professeur spécialisé en théorie et pratiques numériques à l’ESAD Saint-Étienne et à l’ENSBA Lyon. En 2015, il a été co-commissaire avec Samuel Vermeil de l’exposition « A-T-T-E-N-T-I-O-N » à la Biennale Internationale Design Saint-Étienne et co-commissaire en 2013 avec François Brument de l’exposition « Singularité » pour cette même biennale. Il a dirigé l’ouvrage ART++ paru aux éditions HYX (Orléans) en 2011 et Objectiver (éditions Cité du Design-ESADSE) en 2017. Il est docteur en Art et Sciences de l’Art (Esthétique) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Pour écouter l’enregistrement de la rencontre :

Le groupe «Pratiques du hacking» regroupe Pierre Akrich, Fabrice Gallis, Tamara Lang, Karine Lebrun, John Lejeune, Jan Middelbos, Julie Morel et Stephen Wright. Seront présents à Khiasma : Karine Lebrun (artiste, enseignante EESAB site de Quimper et coordinatrice des « Pratiques du hacking »), Tamara Lang (étudiante EESAB site de Quimper), Pierre Akrich (artiste), Jan Middelbos (artiste, ouvrier-technicien de plateau et doctorant en esthétique).

Photographies: Romain Gœtz

**Pascal Nicolas-Le Strat, Une recherche de plein vent, http://www.pnls.fabriquesdesociologie.net/une-recherche-de-plein-vent/, mis en ligne le 16 novembre 2014.

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Son — Festival Relectures

Hommage à Jean-Paul Curnier

Banquet Littéraire

Au cœur de l’été, Khiasma perdait l’un de ses plus précieux alliés, une voix chaleureuse mais sans concession, une pensée joyeuse et sauvage. Jean-Paul Curnier a cessé de penser dans la lisière et de tirer des flèches en plein cœur.  

Lors de sa résidence d’écriture à Khiasma en 2014 où il s’amusait à voyager aux origines diverses de la démocratie, saluant l’organisation anarchiste des pirates et la sauvagerie américaine, renvoyant au passage les Grecs à leurs contradictions, il avait éclairé des sentiers rarement débattus. Tout cela en musique, comme il se doit.

Impossible de penser lui rendre hommage aujourd’hui sans une belle table agrémentée de rhum et d’une humeur de fête. Durant cette soirée, des voix amies traversaient des textes, histoires, aventures et musiques qu’il a peuplés de sa présence si particulière. Parmi elles : Christophe Fiat, Gaëlle Obiégly, Alphonse Clarou, Marine Baudrillard, Laurent Malone, Alexis Forestier, Olivier Marboeuf, Jean-Pierre Ostende…

(Photographies : Matthieu Gauchet)


 


0. Objet sonore non identifié – Chanson 
Jean-Paul Curnier– Miam Miam Glou Glou : 0’16 – 1’30
1. Olivier Marboeuf – Mot d’accueil : 1’30 – 4’00
2. Extrait radio r22 – Résidence de Jean-Paul Curnier à Khiasma : 4’00 – 9’52
3. Jean-Pierre Ostende – Lecture de « La Piraterie dans l’âme » de Jean-Paul Curnier : 10’02 – 26’17
4. Christian Milovanoff – Lecture :  26’54 – 42’35
5. Objet sonore non identifié – Chanson Jean-Paul Curnier– Je m’examine : 42’36 – 44’12
6. Gaëlle Obliegly – Lecture de « Narrateur des plaines » de Gianni Celati : 44’40 – 51’28
7. Objet sonore non identifié – Jean-Paul Curnier – Gilet Jaune : 51’29 – 54’00
8. Alphonse Clarou – Lecture de « Arles Catastrophe lente » de Jean-Paul Curnier : 54’37 – 60’59
9. Objet sonore non identifié – Jean-Paul Curnier – Petit Moulin : 60’59 – 63’04
10. Laurent Malone – Projection – Extrait d’un projet avec le collectif Pérou à Arles : 63’24 – 73’26
11. Rodolphe Burger – Lecture et vidéo : 73’56 – 86’55
12. Christophe Fiat – Extrait musical et récit : 87’06 – 91’41
13. Alexis Forestier – Chant, texte et musique : 92’04 – 107’26
14. Melocoton de Colette Magny – écoute proposée par Pauline Curnier-Jardin : 108’30 – 110’10

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Son — Festival Relectures

Lectures Verticales

avec F. Breteau, C. Alexandrakis, P. Artières, A-J. Chaton

En réécoute sur la R22 Tout-Monde, les deux soirées de lectures consacrées à des oeuvres issues du catalogue des editions Verticales, chacune suivie d’une discussion avec Olivier Marboeuf.

Photographies : Romain Gœtz

 

 

 

Lectures Verticales I : Fleur Breteau et Constantin Alexabdrakis

Deux nouveautés de deux petits nouveaux chez les Éditions Verticales. Deux regards décalés, drôles et incisifs sur les identités contemporaines. Deux tentatives de garder le cap au cœur d’un monde qui doucement tangue et prend l’eau. Deux lectures autour de l’art de trouver son chemin en se perdant quand même un peu.

« L’Amour, accessoires » de Fleur Breteau
Dans ce récit documentaire, Fleur Breteau nous fait découvrir un lovestore de l’intérieur. Avec sa bienveillante ironie, elle alterne portraits de clients, mode d’emploi de sextoys et chronique de sa propre existence où surgit la figure d’une sulfureuse arrière grand-tante. On est touché par le regard acéré et vivifiant, jamais impudique, de cette femme qui a le goût des autres et abhorre la « pensée sexuelle unique ».


Fleur Breteau

« Deux fois né » de Constantin Alexandrakis
Ce récit autobiographique part d’un malentendu. Courant 2011, Constantin Alexandrakis apprend que son père, prétendument mort, n’a tout simplement jamais su qu’il avait un fils. Cette révélation le conduit à Athènes, sur les traces du « Géniteur », un sexagénaire peu coopératif sinon fuyant. L’enquête généalogique se mue peu à peu en quête existentielle. En chemin, l’auteur aura évoqué son initiation à la mythologie antique et au grec moderne, ses crises de démangeaison, l’obtention d’un CAP de charpentier, mais aussi la visite d’un dispensaire autogéré à Thessalonique, un séjour sur l’île rebelle d’Ikaria et les liens hallucinatoires du peyotl mexicain avec l’art de la mètis chère à Ulysse.


Conversation avec Olivier Marboeuf :

Olivier Marboeuf, Constantin Alexandrakis et Fleur Breteau

Lectures Verticales II : Philippe Artière et Anne-James Chaton

Deux orfèvres du fragment, deux livres rares des Éditions Verticales. Deux manières de découper le temps, de fabriquer de l’Histoire et des histoires, de l’anonyme et du commun, l’imaginaire d’une époque.

« Miettes » de Philippe Artières
« Relire trente-cinq ans après leur parution les petites annonces de ‘Sandwich’ – l’éphémère supplément de Libération –, y chercher les miettes de l’année 1980, c’est ce que j’ai entrepris de faire, ciseaux à la main. Découper une colonne, fureter dans une double page, éplucher de bout en bout une rubrique ou procéder par collages subjectifs. Autant d’expériences de lecture qui ont fait naître ce recueil protéiforme. Aux petites annonces s’ajoutent des bulletins météo ou des relevés sismiques de la même période. À travers ces événements de faible intensité, je fais le pari rêveur de revisiter un segment de notre histoire si proche et si lointaine. En captant le grain le plus fin de ce qui s’est passé et qui toujours échappe. En enregistrant ce petit rien qui fait pourtant l’épaisseur de nos vies. »

Philippe Artières  

« Elle regarde passer les gens » d’Anne-James Chaton
« Elle reproche aux habitants de l’immeuble de l’espionner. Elle révèle des matières. Elle fait surgir des formes. Elle façonne des idées. Elle se fait tout voler. […] Elle doit fuir. Elle retournera à Paris. Elle y a des amis. Elle part pour la Suisse. Elle est arrêtée à la frontière. Elle n’a pas de papiers. […] Elle est de retour à New York. Elle danse. Elle parle. Elle choque. Elle a dû écourter son programme. Elle fait le bilan. Elle a perdu beaucoup d’argent. […] Elle soupçonne quelque chose. Elle ne lui fait pas confiance. Elle se méfie de cette Mary. Elle tourne autour de John. Elle lui plaît. Elle n’est pas la seule. »

Derrière ce «Elle» à identités multiples se cachent treize destins de femmes ayant marqué l’imaginaire du XXe siècle. Les vies de ces célébrités anonymes, saisies au plus près de leur quotidien, se chevauchent en une biographie sans temps mort qui réinvente l’épopée de notre modernité.

Anne-James Chaton


Conversation avec Olivier Marboeuf :


 

Anne-James Chaton, Philippe Artières et Olivier Marboeuf

Photographies : Romain Gœtz

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Son — Festival Relectures

Longue Nuit Blanche

12H - 12H

Au cœur du festival RELECTURES, la Nuit Blanche a pris la forme d’une occupation de 24 heures de l’Espace Khiasma du samedi 7 ou dimanche 8 octobre, de midi à midi, en compagnie du collectif π-node et de nombreux invités qui ont peuplé de performances, lectures, conversations et lives, un voyage sur les ondes radio hertziennes du proche au lointain.

Ce temps fort a accordé différentes propositions à l’Espace Khiasma, mais aussi dans ses alentours à partir de radio mobiles hertziennes conçues par π-node : des dérives psycho-géographiques locales, des conversations et des performances associant des questions post-coloniales, de genre, de formes de vie minoritaires et des propositions live attachées à la parole, la radio et la matérialité du son. Voici un aperçu de ce qui s’est dit, joué, écouté, échangé…

Photographies: Romain Gœtz

 

Pour ouvrir le bal, ce sont les voix de Louise Buléon Kayser et Aminata Labor qui nous présentaient le groupe de discussion « La Permanence », problématisant ainsi la question raciale dans le milieu de la danse.

Aminata Labor et Louise Buléon Kayser


 

Par la suite Sophia Djitli, performeuse et poétesse, Yasmina Kebbab, doctorante d’anthropologie et militante, Olivier Marboeuf, performer, curateur, producteur, et Béatrice Rettig, artiste et militante, ont ensemble réfléchit à défaire les genres de l’intervention :

« La radio un très bon moyen de donner un support réflexif à la construction des situations relationnelles, de façon plus sensible que d’habitude, puisque son dispositif donne une matérialité à la construction des situations relationnelles et permet justement de défaire les genres de l’intervention et de passer à des registres de parole très différents les uns des autres : la conférence, l’entretien, le récit, etc. Et de là, comment on peut faire varier tous ces genres et modifier les situations relationnelles pour arriver à quelque chose qui prend d’autres sens politiques que ceux auxquels on a affaire tout le temps. »

Sophia Djitli, Yasmina Kebbab, Olivier Marboeuf et Béatrice Rettig

Poursuivant le chemin du 7 au 8 octobre, quelque part entre midi et midi, Magali Daniaux et Cédric Pigot.

Magali Daniaux, The Diluted Hours

«Avec The Diluted Hours, nous sommes plongés dans le cœur/corps sismique de l’intentionnalité des artistes : la mutation symbolico-esthétique d’une science-fiction fantastique qui se fait le démiurge du naufrage de notre temps. Annonce prophétique de la catastrophe qui loin de la morbidité irradie le spectre d’une imagination des possibles de nos luttes futures. Mais là où il y a danger croît aussi ce que sauve. La dissection de nos maux se fait le miroir d’un corps neuf dont nous nous devrons d’être les architectes insolents.» Philippe Boisnard

Cédric Pigot, The Diluted Hours

Puis Charles-Henri Despeignes pour un storytelling perdu dans la nuit; un collage, « réalisé dans l’urgence, en échos à celle qu’il y a à prendre la parole et à agir face à cette Marche forcée, en échos à l’instinct nécessaire au corps-à-corps. Il ne témoigne pas d’une perfection sonore mais d’un geste brut et instinctif. Ici, l’ensemble des sons proviennent des internets, du monde entier, car dans ce monde globalisé, l’effet papillon est une réalité, une totalité. »

 

Toujours dans la nuit, avec les lectures du collectif Blacks to the Future, on entendait : l’une des meilleures version performée du poème « Passionnément » de Ghérasim Luca par Nadir Khanfour, un potentiel début de thèse autour de l’afrofuturisme par Mawena Yehouessi, des poèmes sensuels de Tarek Lakhrissi ou encore parmi d’autres, les mots acérés de Casey et de La Rumeur lu par Josèfa Ntjam. Une ronde de mots pour en beauté traverser le changement horaire. 

Mawena Yehouessi

Nadir Khanfour

 

Nous avons ensuite écouté Audrey Carmes et Alice Peynaud, guidées par Henri Michaux et Rainer Maria Rilke dans leur errance à travers le Gévaudan, de jour comme de nuit.


 

Plus tard dans la nuit, Dragon, une pièce sonore d’Arié Bensabat et Deborah Gutmann, où une dessinatrice tombe amoureuse de son modèle.


Ainsi qu’une lecture de « Journal de la fille qui cherche Egon Bondy » par Emma Loriaut-Clauss accompagnée par Julien Clauss au synthétiseur modulaire.

Emma Loriaut-Clauss et Julien Clauss

Enfin au petit matin, pour les rescapés de cette longue nuit blanche, Farewell Over Tears, adieu sur une performance musicale de Marin Esteban, avec sa guitare sous delay.

Les radio mobiles hertziennes conçues par π-node ont permis tout au long de cette nuit blanche d’investir les rues et plusieurs lieux emblématiques des Lilas :

 

 

 

 

 

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Son — Événements

Animation Research Group

«Répertoires animés» et autres projets

L’ARG (Animation Research Group) est un collectif travaillant à la mise en place de méthodologies et de protocoles autour de l’ « expanded animation » : une réinvention du concept d’animation comme mode performatif de perception et de création d’images et de récits, transversal à tout medium, genre et support, au-delà de la définition générique de « film d’animation ».  

Né au sein de l’Erg (école de recherche graphique) à Bruxelles, au cours d’un workshop tenu par la philosophe Catherine Perret et l’artiste Alexander Schellow, il rassemble des membres aux pratiques hétérogènes et travaille en collaboration avec différentes institutions et associations, en particulier en France et en Belgique (e.a. : erg, Mundaneum, A/R, Khiasma, Sarma).

 

Photographies: Romain Gœtz

Les pratiques collectives de l’ARG prennent la forme tantôt de workshops, tantôt de créations communes d’œuvres et de textes théoriques.

Actuellement, avec le projet Répertoires animés mené en collaboration avec le Mundaneum de Mons, l’ARG se confronte en particulier à l’archive et au document comme matières premières d’une recherche autour du réagencement performatif de l’image et de la mémoire. Cela fait un certain temps que le projet visionnaire du Mundaneum de Paul Otlet – bibliographe et collectionneur visionnaire du 20e siècle – a été réinscrit dans l’histoire comme antécédent d’internet, réinvesti du titre de « google ante-litteram ». Cependant, la vision d’un centre de documentation universel éducatif et social, accessible à tous sans élitisme intellectuel, technologique ou social, capable de tisser des liens évolutifs, toujours en voie de construction, entre des ressources hétérogènes, constituant ainsi « un véritable cerveau mécanique et collectif », nous semble préconiser et ouvrir des possibles bien plus larges et prometteurs que la simple préfiguration d’un moteur de recherche et de son quasi-monopole de l’internet aujourd’hui.

Du 6 au 10 novembre, l’ARG était en résidence à Khiasma et y travaillait à une proposition d’installation dans l’espace de ses recherches, sous la forme d’une « constellation mouvante » de différents éléments, dont l’agencement et la dramaturgie ont évolué jour après jour : performances et projections de films de certains des membres et d’auteurs invités ; exposition de traces du projet Répertoires animés et création sur place de nouveaux processus de travail, points de départ pour une discussion en mille-feuille autour des questions d’héritages, de mémoires, de documents et de leur activations. 

ARG est un collectif constitué de : Alexander Schellow, Myriam Raccah, Olivia Molnar, Nicolas Wouters, Anton Henne, Xavier Gorgol, Jules Urban.

Photographies: Romain Gœtz

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Son — Phantom

Lundi de Phantom n°29 : Jérémy Gravayat

Atlas

Pour le 29è Lundi de Phantom, Jérémy Gravayat présente son projet Atlas, enquête qu’il mène depuis cinq ans sur l’histoire et l’actualité des bidonvilles de Seine-Saint-Denis. Recueil de témoignages, recherches d’archives, publication d’un journal, activités militantes et tournage d’un film composent les diverses étapes de ce cheminement au long cours, en compagnie d’habitants.

21h00, le ventre plein d’un repas convivial et la salle pleine d’un public attentif, Jérémy Gravayat, dans l’ombre de la régie, étends le territoire de ses derniers rushs en voix off, en direct.

PLATZ LA CHAPELLE  –  SILENCE  /  PLATZ GARE SAINT DENIS  –  SILENCE

Vous vous dites le bidonville, le campement, le terrain. / Nous on dit le Platz. Ça veut dire la place, en allemand.

PANO COURNEUVE  –  APRÈS AUTOUROUTE

Saint-Denis, Stains, Aubervilliers, Bobigny, Drancy, La Courneuve

Toute la banlieue / Je pourrai m’y déplacer les yeux fermés / J’ai dormi partout / Je connais toutes les rues / Je connais les terrains vagues / Les maisons vides / Les usines qui jettent la ferraille / Les policiers, les gardiens, les vigiles / J’ai des amis du monde entier / Mais pas beaucoup de français

AUTOROUTE NUIT

Lecture de Jérémy Gravayat. Photographie par Romain Goetz.

Les recherches autour d’Atlas portent sur l’histoire et l’actualité des bidonvilles sur ce territoire, en reliant les trajectoires d’habitants ayant connu ces conditions de vie dans les années soixante à celles de personnes les connaissant toujours aujourd’hui. Au travers de ces récits et de leur mise en lien, tenter de faire apparaître une relecture habitante des « politiques de la ville » menées en banlieue nord de Paris, depuis l’édification des grands ensembles jusqu’aux projets du Grand Paris. Et raconter les dizaines d’années de combats menés par ceux qui ont tenté d’accéder au droit au logement.

Sur ce chemin sinueux, nous avons commencé par remiser la camera au placard. Nous avons enregistré de nombreux récits oraux, prélevé des photographies et des documents dans des fonds d’archives locaux. Nous avons rassemblé ces éléments dans un grand livre-journal, que nous avons distribué partout dans les quartiers. Nous nous sommes également penchés sur les méthodes expérimentales de militants des années soixante, pour finalement accompagner pendant de longs mois des familles roumaines dans leurs luttes de relogement, après l’expulsion de leur bidonville à l’été 2015. Au fil du temps, nous sommes devenus amis, et quand leurs conditions d’existences ce sont stabilisées dans des maisons occupées, nous leur avons proposé de faire un film ensemble.

— Jérémy Gravayat

Bidonville de Saint-Denis. Image extraite d’«Atlas» de Jérémy Gravayat.

Pour écouter l’enregistrement de la rencontre : 

Pour retrouver l’entretien de Jérémy Gravayat par Boris Monneau pour À bras le corps, c’est ici : 171027_lundi_phantom_29

Vous pouvez également retrouver Planches, clous, marteaux, l’un des films de Jérémy Gravayat  projeté lors de la soirée sur vimeo via la revue Dérives.

Photographie par Romain Goetz.

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Décembre 2017

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

 

Frédéric Dumond, «bridge kassim salai, erased»

Frédéric Dumond sur la route

En 2015, pour la 17ème édition du festival Relectures, Frédéric Dumond remplissait l’espace Khiasma d’un peuple de langues en perpétuelles négociations. Un poème fleuve en devenir, commencé en 2011 sous le nom de « Glossolalie », destiné à être écrit dans les quelque 7000 langues du mondes. En suivant le prolongement de cette épopée, l’auteur est désormais embarqué dans le projet « Unventer », une collecte de faits de langue autour du monde, un inventaire, et l’invention d’un chemin inédit d’une langue à une autre. « Unventer » a pour objet de capter et de recueillir des éléments linguistiques de tous ordres (sonores, visuels, informels, etc. ) de manière à constituer un récit intime et extime du monde à travers ses langues et ses expressions.

 

 

Dingdingdong dans votre bibliothèque

Il vous attend dans les meilleures librairies depuis un mois : « Le chemin des possibles – La maladie de Huntington entre les mains de ses usagers », dernière publication de l’Institut Dingdongdong écrite par Valérie Pihet et Emilie Hermant, fait partie des ouvrages nécessaires pour garder la tête haute ! Si vous en doutez, la résidence d’Alice Rivières, figure inévitable du projet, à Khiasma, vous convaincra. Résidence à réécouter ici — https://r22.fr/programme/mutando/ — Avec Isabelle Stengers, Bruno Latour, Vinciane Despret, Fabrizio Terranova, Didier Debaise, Katrin Solhdju, Fabien Siouffi, Paul Sztulman, Stéphanie Soudain, REV France (Réseaux des entendeurs de voix), Geneviève Peigné, Emilie Hermant et Valérie Pihet.

À noter également que le tournage d’Absolute Beginners, documentaire de Ddd réalisé par Fabrizio Terranova sur les débutants de la maladie de Huntington, a commencé…

 

Elsa Wolliaston et Roser Montlló Guberna, Sisters © Christophe Raynaud de Lage

Elsa Wolliaston sur scène

Le 1er décembre 2015, Matthieu Dibelius partageait l’une de ses performances à l’espace Khiasma avec la danseuse, chorégraphe et pédagogue Elsa Wolliaston. Deux ans plus tard, jour pour jour, vous pourrez la retrouver studio Le Regard du Cygne (30 et 1er décembre), aux côtés de Roser Montlló Guberna, pour l’une de ses rares apparitions sur scène.

Arriver ensemble / prendre cet espace et le partager / convier nos fantômes / ceux qui nous poussent et qui nous portent / converser avec nos danses / nos histoires /dans les différentes langues / celles qu’on parle / celles qu’on ne parle pas / danser ces langues…

 

 

Alexander Schellow, photogramme du film « A biography »

Alexander Schellow, tournée de son film A biography

A biography, le dernier film d’Alexander Schellow, délicat portrait dansant d’une femme atteinte d’Alzheimer, poursuit sa tournée. Si vous n’avez pu venir à l’Espace Khiasma lors de sa projection à l’issue de la résidence de l’Animation Research Group et que vous préférez les bords de mers, c’est peut-être l’occasion de rattraper le coche. « A biography » sera montré le 1er décembre à 18h30 à Aix en Provence pour le Festival Tous Courts. Ainsi qu’au festival ANIMASIVO au Mexique le 2 décembre, où Alexander a été invité à présenter son travail, avec également la projection de son film TIRANA.

 

 

Candice Lin, détail de A Hard White Body (Un corps blanc exquis), 2017, porcelaine. Courtesy de l’artiste.

Lotte Arndt, co-comissaire de l’exposition de Candice Lin à Bétonsalon

Lotte Arndt co-commissione avec Lucas Morin l’actuelle exposition de Bétonsalon : Candice Lin : A Hard White Body (Un corps blanc exquis). Avec celle-ci, l’artiste fait réson­ner deux his­toi­res dont l’entre­la­ce­ment ne relève d’aucune évidence. L’écrivain et pen­seur poli­ti­que noir amé­ri­cain exilé en France James Baldwin (1924-1987) et la bota­niste française Jeanne Baret (1740-1807), pre­mière femme à avoir navi­gué autour du globe lors du voyage de Bougainville.

Une proposition enrichie par un cycle de rencontre que vous pourrez retrouver sur la R22 Tout-monde avec des noms connus du public de Khiasma. La prochaine en date se déroulera le 2 décembre à partir dès 15h avec Samir Boumedienne, Teresa Castro et Laura Huertas Millán autour de la magie amoureuse et des fables végétales.

À noter que Lotte, qui avait participé à l’organisation de la journée d’étude «Dépasser les lignes de division» en juin 2016 à Khiasma, a également a fait partie de l’organisation du récent colloque « La revue critique et culturelle dans le monde » le 16 et 17 novembre dernier. En prolongement de celui-ci, l’installation vidéo « Sismographie des luttes : Vers une histoire globale des revues critiques et culturelles. » est visible jusqu’au 9 février à la Galerie Colbert, salle Roberto Longhi, Institut national d’histoire de l’art.

 

 

Erik Bullot, Le Film et son double 

Alors qu’il était directeur du programme de recherche Documents et Art contemporain à l’EESI d’Angoulême, Erik Bullot accompagné le post-diplôme de l’artiste Louis Henderson, intervenant ainsi à l’Espace Khiasma dans le cadre de son exposition «Kinesis» en juin 2016.

En octobre, Erik Bullot a publié Le film et son double – Boniment, ventriloquie, performativité, aux Presses du réel, qui explore l’hypothèse du cinéma performatif, à savoir la façon dont le cinéma peut s’actualiser en dehors de son dispositif technologique traditionnel. Un essai présenté fin octobre au Centre Pompidou par le biais, notamment, d’un film de 2012 de Filipa César (dont Khiasma présentait le film Mined Soil en 2015 dans «Les Propriétés du sol»), Cacheu.

 

 

Artwork : Mawena Yehouessi – Black(s) to the Future.

Afrocentricités à La Colonie

Le colloque «Afrocentricités : histoires, philosophie et pratiques sociales» avait lieu le 21 novembre à La Colonie, organisé par Nadia Yala Kisukidi (Université Paris 8/ CIPh), Pauline Guedj (NYU (New York), Lyon 2), Matthieu Renault (Université Paris 8) et Amzat Boukari. Il sera bientôt disponible sur les ondes du Tout-monde avec des voix familières des murs de Khiasma. Avec entre autres Nadia Yala Kisukidi (Université Paris 8/ Ciph), Amzat Boukari Yabara (EHESS/France), Stéphane Douailler (Université Paris 8/France), Achille Mbembe (Wiser Institute/Afrique du Sud), Frieda Ekotto (Université du Michigan/USA), Maboula Soumahoro (Université de Tours/ France), Pauline Guedj (Université de Lyon 2/NYU), Felwine Sarr (Université Gason Berger St Louis/ Sénégal), Sarah Fila-Bakabadio (Université Paris 13).

 

 

Vincent Chevillon, Scrimshaws, installation, 2017

Vincent Chevillon dans le Grand Est

Partie prenante d’une exposition collective («Les propriétés du sol», 2015) puis individuelle («SÈMES», 2016) à Khiasma, Vincent Chevillon continue aujourd’hui ses recherches au sein du programme Speap, programme d’expérimentation en arts politiques de Sciences Po. Si vous passez dans la région Grand-Est, c’est le moment de découvrir son travail. Du 1er décembre 2017 au 7 janvier 2018, une des ses pièces sera montrée à la Kunsthalle de Mulhouse dans le cadre de l’exposition collective « Sols, murs, fêlures ». Puis du 2 décembre 2017 au 25 février 2018, au CEEAC pour l’exposition « Donner Formes ». Le  15 décembre à 11h sera inaugurée la sculpture Intermède sur le parvis des tours « Blacks swans » sur la presqu’île Malraux de Strasbourg.

Et si vous ne pouvez pas vous rendre à l’une de ces ouvertures, il vous reste la possibilité de vous plonger dans le projet en ligne Archipels de Vincent, dont les premières versions étaient montrées à Khiasma dans l’exposition «SÈMES», et qui poursuit son chemin et accueille désormais de nouveaux résidents.

Réécoutez la présentation du projet à ses débuts en 2015 :

 

 

Maison de Joseph Bernes, orpailleur de Wacapou (Guyane) en 1986, extrait de la présentation du projet de Mathieu Abonnenc

Matthieu Abonnenc, finaliste du prix SAM 

Présent à Khiasma en 2013 pour l’exposition « Rendez-vous : Sortie de mon corps », Matthieu Abonnenc est aujourd’hui finaliste du prix SAM 2017. Le projet de Mathieu Abonnenc consiste à réaliser un film de fiction dont le décor se situerait à la frontière entre le Suriname et la Guyane. A travers le périple de deux hommes voguant en pirogue sur une rivière surinamaise puis s’enfonçant dans une forêt du Haut-Maroni (Guyane), Mathieu Abonnenc souhaite rendre compte des différentes « strates historiques » de ce territoire.

Rendez-vous le 14 décembre au Palais de Tokyo pour l’annonce des résultats.

 

Violaine Lochu au MAC/VAL

Le 19 décembre à 14h30, Violaine Lochu présentera au MAC/VAL (Vitry-sur-Seine) sa performance E.V.E – Empathic Virtual Entity, réalisée avec le concours de Céline Regnard (maquillage) et Mari Hardy (conseils textiles) en clôture du projet d’atelier Me, Myself and I, réalisé avec des collégiens cet été. Réservation obligatoire à contact@violainelochu.fr. 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | Novembre 2017

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

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Katia Kameli, détail de l’installation Stream of Stories, exposition What Language Do You Speak, Stranger?, 2016, The Mosaic Rooms, Londres.

Un nouveau chapitre du Stream of Stories de Katia Kameli au Plateau

Invitée de deux Lundis de Phantom à Khiasma cette année, Katia Kameli occupera en novembre la vitrine du Plateau (Paris 19e), le temps d’une installation et d’un projet participatif, poursuite de son projet Stream of Stories, qui explore les origines orientales et le long processus de transmission et de traduction des fables de La Fontaine.

« À partir d’un texte clé de la littérature française, la fable Les Animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine, nous réaliserons des costumes, une scénographie et une interprétation théâtrale et/ou dansée qui feront l’objet d’un film. Cette oeuvre collective questionnera les notions de traduction et d’interprétation. Nous constituerons ensemble un nouveau chapitre de Stream of Stories, recherche que je mène sur les origines orientales des Fables de La Fontaine. »

L’occupation de la vitrine s’étend du 2 au au 26 novembre (vernissage le 8), et le projet participatif sera présenté lors d’une soirée le 20 novembre, à 19h30. 

 

Climat Général, de Claire Malrieux, exposé au Collège des Bernardins

En 2015, l’exposition «À dessein. Métis et techne» présentait à Khiasma le travail dessiné de Claire Malrieux et Constantin Alexandrakis. Alors que ce dernier est revenu à Khiasma il y a quelques jours à l’occasion de la sortie de son premier roman aux éditions Verticales, Claire Malrieux présente actuellement au Collège des Bernardins (Paris 5e) une version de sa pièce Climat Général, dont on vous parlait déjà en juin lors de sa présentation à l’Hyperpavilion de Venise. Une boucle bouclée depuis sa présentation des dessins préparatoires de cette pièce, il y a deux ans, rue Chassagnolle.

Exposition Climat Général, de Claire Malrieux, Commissariat Philippe Riss-Schmidt, au Collège des Bernardins. ©Vinciane Lebrun-Verguethen/voyez-vous

 

« À propos du Chthulucène et de ses espèces camarades » : l’espace virtuel du Jeu de Paume expose Ana Vaz et Nuno da Luz

Dans son dernier livre, Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene (2016, non traduit), Donna Haraway, biologiste et philosophe des sciences, propose le concept de Chthulucène comme un outil pour apprendre « à vivre et à mourir sur une planète endommagée ». Pour une exposition présentée jusqu’au printemps prochain dans « l’espace virtuel » du Jeu de Paume, la curatrice Maria Ptqk invite Ana Vaz et Nuno da Luz à réaliser un nouvel épisode de la pièce radiophonique du projet “The Voyage Out”, recherche autour des nouvelles formes et dimensions de vie nées des cataclysmes écologiques qui ont suivi la catastrophe de Fukushima. Série radiophonique qu’Ana Vaz poursuit dans le cadre de sa résidence à Khiasma cette année, et que vous pouvez déjà écouter sur la r22 Tout-monde.

Dans le même temps, le 11 novembre, A Idade da Pedra («L’Âge de pierre»), film d’Ana Vaz de 2013, sera projeté à la Tate Modern de Londres en prélude de A Idade da Terra («L’Âge de la terre», 1980), dernier film du cinéaste Glauber Rocha, dans le cadre d’un programme de cinéma brésilien mettant en dialogue le mouvement Tropicália et ses résonnances contemporaines. («Tropicalia and beyond: dialogues in Brazilian film history», du 9 au 12 novembre)

Ana Vaz, «A Idade da Pedra» (2013).

 

Golden Hello, première parution des nouvelles éditions Jou d’Eric Arlix

Auteur avec Jean-Charles Massera du Guide du démocrate, développé au cours d’une résidence à Khiasma en 2010, Eric Arlix a fondé cette année les éditions Jou, dont le premier titre, Golden Hello, vient de paraître en octobre — texte qui faisait l’objet, un peu plus tôt cette année, d’un concert-lecture, d’abord présenté à la Maison de la poésie, mis en musique par Serge Teyssot-Gay et Christian Vialard.

 

Tepantar, de Pierre Michelon, à découvrir à la biennale Movimenta

Après sa première en mars au festival Cinéma du Réel (Paris), Tepantar (horizon), dernier film de Pierre Michelon, sera présenté du 4 au 18 novembre dans le cadre de la première édition de la biennale Movimenta, à Nice, consacrée à l’image en mouvement. Un songe documentaire enchevêtrant les paroles de Marguerite Duras, Oedipe et Guy Hocquenguem, signé d’un régulier de Khiasma depuis la présentation de son film précédent Un petit morceau de bois, en cours (Lundi de Phantom n°11, mars 2014) puis achevé (dans l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés», fin 2016).

Pierre Michelon, «Tepantar», 2016.

 

De Soulèvements à Levantes — toujours avec Ismaïl Bahri et Estefania Peñafiel Loaiza

Événement de l’automne dernier à Paris, l’exposition Soulèvements, une proposition de Georges Didi-Huberman, a ouvert il y a quelques jours à São Paulo, au SESC. On y découvre toujours une version installée de Film à blanc, pièce d’Ismaïl Bahri conçue lors de sa résidence à Khiasma en 2013-2014, ainsi que les premières images du projet d’Estefania Peñafiel Loaizaet ils vont dans l’espace qu’embrasse ton regard, enquête filmique au long cours autour du Centre de rétention administrative de Vincennes, sur les traces d’un incendie peu documenté survenu en juin 2008, lorsque se révoltèrent des sans papiers qui y étaient retenus. Un travail qu’elle présentait à Khiasma fin 2016, à l’occasion du Lundi de Phantom n°22.

 

Lundi de Phantom n°22 avec Estefania Peñafiel Loaiza à l’Espace Khiasma, novembre 2016.

 

Transmission from the Liberated Zones, transmission émise par Filipa César depuis la fondation Kadist

Ouverte mi-octobre à la fondation Kadist (Paris 18e), l’exposition «State (in) Concepts» est présentée par iLiana Fokianaki, fondatrice de State of Concept, espace d’art à but non lucratif installé à Athènes depuis 2013. Conçue comme une rétrospective du programme proposé ces quatre dernières années à Athènes, l’exposition présentée à Kadist rassemble des oeuvres des artistes Margarita Bofiliou, Laure Prouvost & Jonas Staal, Alexandros Tzannis, Zbynek Baladrán, Keren Cytter, Cao Fei, Basim Magdy et Filipa César, que les visiteurs de Khiasma découvrait en 2015 dans l’exposition «Les Propriétés du sol» avec son film Mined Soil (2015), et qui présente ici Transmission from the Liberated Zones (2016). Suite de la réflexion qu’amorçait Mined Soil autour de la lutte de décolonisation de la Guinée-Bissau menée par Amilcar Cabral et les échos de cette lutte aujourd’hui, Filipa César, pour agencer documents et témoignages, aller et venir du passé au présent, met ici en scène un jeune narrateur dont le corps et la voix deviennent les outils d’un voyage temporel.

Filipa César, «Transmission from the Liberated Zones» (2016).

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | septembre 2017

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

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Hommage à Jean-Paul Curnier

L’écrivain et philosophe Jean-Paul Curnier nous a quittés le 5 août dernier. C’est une très triste et douloureuse nouvelle. Nous perdons une très belle pensée qui va nous manquer, abrasive à souhait, une flèche créative, un regard dans les angles morts. Nous perdons un pirate, un indien, un ami, un compagnon, un homme intègre. Il nous manquera comme ses éclats de rire et de voix dont il a rempli Khiasma pendant une résidence d’écriture qu’il a peuplé de toute sa présence, de sa générosité. Nous n’oublierons pas tous ces mots, Jean-Paul, et nous tâcherons de leur faire honneur dans les combats à venir. Bien à toi, mon cher ami et merci pour tous ces cadeaux.
(Olivier Marboeuf)

 

«Radio Brouhaha», trois émissions littéraires orchestrées par Lionel Ruffel et Elitza Gueorguieva au Centre Pompidou et en direct sur la r22 Tout-monde !

Début 2016, Khiasma accueillait le lancement de l’essai de Lionel Ruffel, Brouhaha. Les mondes du contemporain (Verdier) lors d’une soirée festive rythmée par de nombreux invités. Début 2017, c’était avec ses étudiants du Master de création littéraire de l’Université Paris 8 qu’il s’installait plusieurs jours à Khiasma pour l’atelier «Publier Tarnac», premiers jalons du type de collaborations élargies et au long cours que Khiasma met en place avec le programme «Plateforme». Une collaboration qui s’intensifiera encore en cette rentrée, du côté de la r22 Tout-monde cette fois, alors que Lionel Ruffel animera trois émissions de radio en public au Centre Pompidou, à l’invitation de la première édition du festival Extra !, festival de littératures hors-livre.

Trois émissions que vous pourrez en effet écouter en direct sur la r22 Tout-monde — premières diffusions en live sur la webradio des arts et du commun !

Au programme,
Mercredi 6 septembre, 17-19h : « La littérature hors livre : une nouvelle vie littéraire » — avec Alain Vaillant, Olivia Rosenthal, Chloé Maillet et Louise Hervé, Magali Nachtergael.
Jeudi 7 septembre, 17-19h : « La littérature hors livre : sur scène, au salon ou à l’écran » — avec Roger Chartier, Francois Bon, Elitza Gueorguieva, Emmanuelle Pireyre, David Desrimais
Dimanche 10 septembre, 17-19h : « La littérature hors livre : périphérique ou centrale ? » — avec Claire Finch, Olivier Marboeuf, collectif chôSe, Antoine Pietrobelli, Elom 20ce 


 

Les Choeurs politiques de Frank Smith publiés aux éditions de l’Attente

— Comment, comment dans l’ordre des discours enfin prendre la parole ?
— Ne demande pas d’entrée de jeu, et ne t’explique pas, et rends-toi compte que tu n’as rien à dire, et ordonne, invente un problème avant de creuser une solution, et fabrique, oui, tes propres questions, et surtout ne pratique pas d’objections, sors de tout ça, c’est facile, et ne pense pas en termes d’histoire, le passé, le futur, c’est pas grave, et ne fais pas comme si, et ne classifie rien, et n’imite pas le chat ou le chien, et ne fais pas de châteaux en Espagne, et ne te confie à personne, on est là.

Fruits d’une résidence de Frank Smith avec Khiasma en 2014-2015, ses Choeurs politiques sont parus le mois dernier aux éditions de l’Attente. En septembre, découvrez Le Film des questions, projeté le 17 septembre au Centre Pompidou.

 

La plateforme Archipels de Vincent Chevillon présentée à Montréal

Développée en résidence à Khiasma puis présentée dans l’exposition «SEMES» en 2016, la plateforme archipels.org de Vincent Chevillon est présentée dès aujourd’hui et jusqu’au 7 octobre à Montréal, dans le cadre de l’exposition collective «Les Grands Voyageurs», deuxième volet d’un projet développé conjointement par l’association Diagonale (Montréal) et Mains d’Oeuvres (Saint-Ouen).

Capture d’écran de la plateforme archipels.org de Vincent Chevillon

 

«Invitation without exhibition», une exposition collective avec Simon Quéheillard 

Jusqu’au 21 octobre, Simon Quéheillard, dont Khiasma présentait en 2012 l’exposition «Ma plaque sensible» participe à l’exposition «Invitation without exhibition» qui rassemble onze artistes à la galerie Martine Aboucaya (Paris).

Il y présente sa première vidéo, Ce que j’ai sous les yeux (2003), un film sur le révélateur photographique à base de flaques d’eau. Ce que j’ai sous les yeux nous montre des flaques d’eau comme instrument de perception à travers le principe du révélateur photographique. De l’eau est versée au sol à l’aide d’une bouteille. L’eau s’immobilise, l’image se gèle, la mayonnaise prend. Apparaît la couleur. Flaques-contexte, flaques- méthode d’observation, flaque à retardement, flaque de l’augure, flaques-objets, flaque-barre, flaques-taches, les flaques mesurent le monde.

 

Dernières semaines pour visiter l’exposition monographique d’Ismaïl Bahri au Jeu de Paume

Instruments, l’exposition monographique d’Ismaïl Bahri au Jeu de Paume, est visible jusqu’au 24 septembre. L’exposition aura donné un large écho (voir par exemple, du côté de Télérama ou de la revue Esprit) à cette oeuvre singulière dont Khiasma constituait un des points de passage en 2013-2014, au fil d’une année de résidence riche de nombreuses soirées de présentations publiques (dont la r22 Tout-monde publiait cet été des enregistrements inédits) et conclue par l’exposition «sommeils». 

 

Une programmation de Filipa César, Nuno Lisboa et Olivier Marboeuf au festival Doc’s Kingdom (Portugal)

En cours actuellement à Arcos de Valdevez (Portugal), le festival Doc’s Kingdom propose cette année une programmation signée Filipa César (dont le film Mined Soil était présenté dans l’exposition «Les Propriétés du sol» en 2015 à Khiasma), Nuno Lisboa et Olivier Marboeuf (directeur de Khiasma). Une sélection aux accents forcément familiers pour les habitués de la rue Chassagnolle puisqu’elle comprend notamment des films de Louis Henderson, Jamika Ajalon, the Otolith group ou Silvia Maglioni & Graeme Thomson.

 

Une riche actualité pour Louis Henderson en Allemagne

Alors que paraissent actuellement sur la r22 Tout-monde les archives de l’exposition «Kinesis» que Louis Henderson présentait à Khiasma l’an dernier, le travail du cinéaste britannique sera largement présenté outre-Rhin en septembre. D’abord à Berlin, dans le cadre de l’exposition Tell it to the Stones – The work of Danièle Huillet and Jean-Marie Straub, où il présentera pour la première fois une version en cours d’un nouveau projet tourné à Haïti : Ouvertures: Je bâtis à roches mon langage. Dans le même temps, à Cologne, la Temporary Gallery présente le film Sunstone, réalisé en collaboration avec Filipa César et dont on vous parlait récemment lors de sa première présentation à Gasworks (Londres). Enfin, à Leipzig, son film All That is Solid, présenté à Khiasma en 2015 dans l’exposition «Les Propriétés du sol», est à voir dans l’exposition «Chinafrika» à la Galerie für Zeitgenössische Kunst.

Louis Henderson, «All That is Solid» (2014).

 

Weekend afrofuturiste avec «Black(s) to the Future» !

Mi-septembre au Petit Bain (Paris), la seconde édition du festival «Black(s) to the Future» sera – entre bien d’autres choses ! – l’occasion de voir ou revoir des vidéos de Jamika Ajalon (que vous retrouverez également en live avec son groupe The Argonauts), Julien Creuzet, Alejandra Riera ou Pierre Michelon. Olivier Marboeuf y sera également l’invité d’une discussion avec la philosophe Nadia Kisukidi modérée par Nadir Khanfour. Un festival dont vous retrouverez des échostrès bientôt sur la r22 Tout-monde.

 

«Un questionnement de l’individu face à la violence du monde» : un long entretien avec Frédéric Nauczyciel paru cet été

Au fil d’un long entretien paru en juillet sur le site ma culture, Frédéric Nauczyciel revient sur son parcours et les étapes qui menèrent à l’installation La Peau Vive, présentée au printemps dernier dans la chapelle du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, dans le cadre du programme «Chapelle Vidéo», et accompagnée par Khiasma. 

 

Ana Vaz primée au festival Mediacity

En résidence cette année à Khiasma, l’artiste Ana Vaz a été distinguée au festival Media City de Windsor (Canada), recevant le deuxième prix pour ses films Há Terra! (exposé à Khiasma fin 2016 pour «Excusez-moi de vous avoir dérangés») et Amérika: Bahía de las Flechas, film de 2016 dévoilé à Khiasma au mois de mai lors du Lundi de Phantom n°27.

Ana Vaz, «Amérika: Bahía de las Flechas» (2016).

 

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Diaporama — Jeune Public

Dans l’œil du Jaguar

Atelier pour un cinéma multi-perspective

Comme extension de sa résidence à Khiasma, l’artiste brésilienne Ana Vaz a animé un atelier d’éducation à l’image dédié au jeune public qui s’est déroulé en juillet dernier.

Dans l’œil du Jaguar, film en trois actes, est le fruit de cinq jours d’immersion dans l’univers animiste d’Ana Vaz. Accompagnée par l’artiste Nuno da Luz, la cinéaste a permis aux jeunes participant.e.s d’expérimenter différentes techniques cinématographiques tout en questionnant le regard qu’ils portent sur leur environnement.

Treize enfants habitant les Lilas, Romainville et le 20e arrondissement de Paris ont donc fabriqué collectivement un ensemble sensible d’images et de sons faisant écho à la pluralité des points de vues et des représentations du monde. Durant cette semaine riche en échanges et en apprentissages, les enfants ont fabriqué des masques, élaboré un scénario, capté des sons, etc. Et comme on le voit sur les photos extraites de la vidéo finale, le casting était varié… un tigre, des espionnes, Jupiter, un homme invisible, une chenille, un robot de l’an 3000 et bien d’autres !

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Édito — Jeune Public

Excusez-moi de vous avoir dérangés

Quelle est cette figure intempestive qui vient ennuyer le jour ? Qui surgit de l’ombre pour semer la discorde et déranger les endormis ? À l’automne 2016, l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés : narrateurs intempestifs du passé-présent-futur» faisait flotter à Khiasma un air de supreptice subversion, à saisir dans cette 16è édition de notre magazine en ligne.

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Article — Jeune Public

Ecouter l’espace

Expérimentations sonores et en mouvement pour une classe de CE2

Sur une invitation de Khiasma, les artistes Hélène Coeur et Milena Gilabert ont investi la classe de CE2 de Camille Bedel, à l’école le Vau, proposant aux élèves une expérience artistique collective, qui s’est déployée à la fois dans la classe et en dehors. Ensemble, elles ont invité les enfants à traverser les sons comme des matières d’une palette en mouvement.

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Cette expérience n’était pas une première. L’école le Vau, située à la limite entre Paris 20e et la Seine-St-Denis nous avait déjà ouvert ses portes à plusieurs reprises pour développer des projets avec les élèves : prises de sons, photos, explorations du quartier, etc.

Cette fois-ci, nous avons proposé aux enfants et à l’école de ressentir l’environnement à partir de l’écoute. Explorer l’environnement, c’est écouter et arpenter les lieux : école, quartier et environnements quotidiens (parcs, maisons, etc). On explore également l’écoute à partir de son propre corps dans l’espace :  se placer pour écouter, placer un micro, produire des sons, dessiner des sons.

Hélène Coeur et Milena Gilabert ont lancé une série d’expériences à partir de données et problématiques simples, comme trouver le silence et l’immobilité, comparer les intensités sonores et les amplitudes de mouvements, trouver des analogies entre la temporalité et le trajet, etc.
Les enfants ont enrichi les expérimentations de leurs remarques et ont produit, à l’issue de chaque séance un compte-rendu sonore de l’atelier, que vous pouvez écouter sur la Radio web R22 Tout-Monde. Découvrez les onze séances en un clic ! 

Au cours de cette année, plusieurs sorties ont mené à une collecte de sons, écrits, croquis et photos. Ces bribes, ces traces, ces fragments de mots, de sons, et de sensations, ont ensuite été déposés dans une « cartographie sensible », consultable par tous. Consultez sans attendre l’Atlas Sensible !

L’arrivée du printemps nous a permis de multiplier les explorations du quartier. On l’a écouté, ressenti, éffleuré, apprivoisé. La découverte sonore et corporelle s’est poursuivie à l’Espace Khiasma le 23 mai 2017 avec un atelier mené par le contrebassiste Marco Quaresimin.

Pour conclure le projet, toute la classe de CE2 a donné rendez-vous aux familles et aux curieux le lundi 12 juin 2017 à l’Espace Khiasma. A cette occasion, ils ont donné à voir leur travail (présenté dans l’exposition « Ici et Ailleurs » tout au long du mois de juin) et nous ont proposé une expérimentation partagée.

Un projet soutenu par la Fondation de France.

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Article — Événements

Les projets artistiques collaboratifs

Rencontre-débat

Le 14 juin 2017, Khiasma invitait Marie Preston, Hélène Cœur et Carine Dejean-Drejou pour une conversation autour des projets artistiques collaboratifs et leur accueil dans les lieux socio-culturels et les établissements scolaires.

Dans le cadre de l’exposition Ici & Ailleurs, Khiasma a organisé une rencontre questionnant les projets artistiques collaboratifs. Quels sont les apports, les enjeux et les limites de ces partenariats ? A partir de quand peut-on considérer que l’on a collaboré ? C’est autour de ces deux questions que s’est structurée une discussion riche en échanges de points de vue entre artistes, intervenant.e.s, professionnel.le.s de la culture et enseignant.e.s.

Modérée par Marie Preston, artiste et maîtresse de conférence à l’Université Paris 8 sur les pratiques artistiques collaboratives, Hélène Cœur, artiste intervenant régulièrement dans des projets collaboratifs et Carine Dejean-Dreujou, professeure coordonnatrice ULIS TFCM au collège Pierre Mendès France (Paris 20e), cette rencontre a – entre autres – croisé les regards de Simon Quéheillard, Luca Wyss (dont le dernier projet artistique était présenté dans l’exposition Ici & Ailleurs) et Olivier Marboeuf.

(Photos : Matthieu Gauchet)

 

L’intégralité de la discussion a été enregistrée et est à découvrir sur la webradio R22.

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Diaporama — Événements

Clôture de saison | 25 juin 2017

Retour sur une fête haute en couleurs

Dimanche 25 juin, Khiasma fêtait la fin de sa saison 2016-2017 avec une grande journée et soirée de festivités !

Dernier jour de l’exposition Ici & Ailleurs, brocante Balipa, ciné-goûter, repas partagé, performances et concerts… ce dimanche-là, les raisons pour investir la rue Chassagnolle étaient nombreuses. Et cette année, même le temps était avec nous !

Un immense merci à tous les artistes qui ont ébloui cette belle journée : Ragnhild May et Kristoffer Raasted, 11h Jeanne, KoHndo, DJ Nejo et les MCs de l’Espace Paris Jeunes Mahalia Jackson et d’ailleurs, et, last but not least, D’ de Kabal. Et bien-sûr, merci à vous d’avoir été aussi nombreux !

Pour ceux qui ont raté ces moments de partage, retrouvez les extraits des lives de Ragnhild May, Kristoffer Raasted et D’ de Kabal sur la R22 Tout-monde :




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Diaporama — Jeune Public

«Ici & Ailleurs»

Revisitez en images l'exposition de «La Bande»

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Édito — Jeune Public

Ici & Ailleurs

Tout le mois de juin, Khiasma fait place à l’exposition Ici et Ailleurs, présentation d’une année d’actions artistiques et d’éducation à l’image menées avec les habitants et scolaires du territoire proche, en collaboration avec les deux autres espaces de rencontre, de création et de réflexion de l’est parisien que sont la Maison des Fougères (Paris 20e) et la Cabane Fleury (Paris 20e), qui avec Khiasma forment «La Bande».

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Article — Jeune Public

La Montagne des devenirs, saison 1 !

Ateliers de courts-métrages autour de la science-fiction

La Montagne des devenirs est un projet collaboratif porté par Khiasma, le cinéma du Garde Chasse (Les Lilas) et le Trianon (Romainville).

Pour sa première saison, La Montagne des devenirs s’est intéressée à la science-fiction. De la construction d’un récit d’un monde futur aux techniques cinématographiques utilisées pour le représenter, enfants et adolescents ont été amenés à écrire une histoire, concevoir des décors, mettre en scène, tourner et faire des trucages. Les différents ateliers menés durant le premier semestre de l’année 2016 ont abouti à la réalisation de 6 courts-métrages.

Du 22 au 25 février 2016, 14 adolescents des Lilas, de Romainville et de Noisy le Sec se sont mis dans la peau de producteurs de cinéma, en quête d’inspiration. Encadrés par Jean-Baptiste Fave, Katja Gendrin, Cécile Hadj-Hassan et Swann Perisse, une partie de ce groupe a mis en scène la réalisation d’une « recette » de film de science-fiction, tandis que le reste des participants s’est réapproprié des scènes de films culte, tout en les modifiant quelque peu au passage…


Les branchés/débranchés a été réalisé entre le 29 février et le 2 mars 2016, par 16 enfants du Nord-Est parisien. Animé par Jean-Baptiste Fave, Cécile Hadj-Hassan, Olivier Marboeuf et Nadège Roulet, les enfants ont été invités à s’inspirer d’une thématique science-fictionnelle bien connue… l’invasion extra-terrestre.


L’atelier adolescents des vacances de Pâques 2016, encadré par Jean-Baptiste Fave, Cécile Hadj-Hassan, Esther Poryles et Swann Persisse, s’est appuyé sur la découverte de films abordant la science-fiction mais aussi de l’utilisation de YouTube en tant que nouveau média d’expression. Les adolescents ont été amenés à réfléchir aux différentes formes de vidéos et à en concevoir deux : Le devoir de SF et C’est quoi la science-fiction ?


Du 25 au 28 avril, un groupe de 21 enfants ont scénarisé et tourné le court-métrage L’invasion des moustiques géants, avec l’aide de Jean-Baptiste Fave, Cécile Hadj-Hassan, Nadège Roulet, Esther Kouyaté.

Restez connectés via Facebook.
Pour tout demande d’information, écrivez à l’adresse : mediation@khiasma.net

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Article — Jeune Public

#humanoïde

Comment aborder la thématique de "La Clique" sous forme de récit?

Le projet « #humanoïde » propose aux jeunes des Lilas une exploration de formes narratives à travers la photographie.  

Dans une société où la frontière entre le monde virtuel et le monde réel paraît de plus en plus poreuse les jeunes évoluent avec ces codes numériques, les assimilent, les digèrent rapidement et les transforment. Ayant plus facilement accès à du matériel photographique avec les smartphones, ou reflex, les jeunes peuvent ainsi développer rapidement les nombreuses techniques et réaliser des photos, vidéos et captations sonores de qualité. Aujourd’hui, nous retrouvons des passionnés de photos et de vidéos, des jeunes amateurs qui possèdent déjà un don particulier et leur propre style.

De ce flux continu d’images auxquelles nous nous habituons, voyons alors ce qu’il peut en éclore si l’on en fait matière à réflexion.

Le projet « #humanoïde » s’articule sur la création de photo en noir et blanc à l’aide d’un appareil photographique argentique  jetable où chacun-e réalise une série de photographies autour du sujet de « la clique ». L’idée étant que chaque participant-e utilise et apprivoise cet outil afin de réaliser des photos sur des temps personnels avec pour finalité, une restitution des travaux sous forme d’exposition à l’Espace Khiasma. Le projet s’est articulé du mois de mars au mois de juin 2017 selon plusieurs étapes.

Étape 1

Échange autour de la photographie et plus particulièrement la photo de rue, sous forme de jeux participatifs: photo-langage, post-it et inscription de mots clefs sur les murs.. « Pourquoi cette photo et que m’évoque t-elle? »,  » qu’est ce qu’une clique? »

Étape 2

Une fois les photos développées, c’est sous forme de carnets de bord et récits intimistes qu’illes ont travaillé leurs photos : tri, montage, superposition, collage, customisation…

Étape 3

Installation des œuvres in situ à l’Espace Khiasma dans le cadre de l’exposition « ICI & AILLEURS » regroupant l’ensemble des projets scolaires et participatifs de l’année 2016-2017.

Étape 4

Le mardi 20 juin,  vernissage du projet « #humanoïde » et des œuvres installées telle une composition narrative cryptée mêlant image, écriture, symbole, dessin et installation d’objet.

 

 

 

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés | juin 2017

Ils sont passés par Khiasma, découvrez leur actualité.

Ils sont nos amis et alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Ismaïl Bahri au Jeu de Paume !
«Instruments» est le nom de l’exposition d’Ismaïl Bahri qui ouvre très prochainement au Jeu de Paume. Après «Sondes» (Eglise de Chelles) et «Sommeils» (Espace Khiasma), l’artiste poursuit ici une écologie de captation de réel à partir de dispositifs d’une grande simplicité. On retrouvera au sein de cette exposition qui rassemble une large part de ses travaux récents, des films qui ont peuplé l’histoire de Khiasma (Dénouement et Films présenté au sein de l’exposition «Mandrake a disparu» en 2013) où qui y ont trouvé un sol fertile. C’est le cas de Foyer, film devenu depuis l’un des plus montrés de l’artiste, qui après une large diffusion en festival vient d’entrer dans les collections du Mac/Val. Le public de Khiasma qui s’était plongé dans l’installation radicale et nocturne de «Sommeils» pourra ainsi découvrir le chemin parcouru depuis la résidence de l’artiste à Khiasma en 2014 et relire au sein du Magazine les conversations qui l’ont peuplée.

Ismaïl Bahri, «Revers».

 

Tshela Tendu et Vincent Meessen, «Patterns for (Re)cognition» à BOZAR (Bruxelles)
Après voir exposé à KIOSK à Gand (2013) et à la Kunsthalle Basel (2015), Vincent Meessen dévoile cet été la troisième version de Patterns for (Re)cognition à BOZAR. Dans cette expo-dans-l’expo, l’artiste se penche sur une lacune de l’historiographie de l’art moderne en Belgique et au Congo. En tant qu’artiste et commissaire, il crée un dispositif composé de structures modulaires, de films 16 mm, d’objets rituels et d’une installation sonore. Tous ces éléments replacent les aquarelles abstraites de Tshela Tendu (Congo, vers 1880-1950) dans un patrimoine moderniste élargi et partagé. Bien que ce peintre congolais ait été exposé à Bruxelles, Paris, Rome et Genève au début des années 30, son œuvre est, à tort, tombée dans l’oubli. En se focalisant sur l’œuvre abstraite de ce pionnier congolais, cette exposition contribue au regain d’intérêt dont Tshela Tendu jouit progressivement en Europe.
Vincent Meessen a réalisé sa première exposition solo en France à Khiasma en 2011, «My Last Life».

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Filipa César au MoMA et à Art Basel
Spell Reel est le premier long-métrage de Filipa César. Il retrace l’aventure du cinéma mobile qu’elle a développé en Guinée-Bissau pour partager avec la population des films méconnus des premières heures du cinéma de ce pays. De la campagne guinéenne à Berlin en passant par Paris, ces films, accompagnés et commentés par des cinéastes de l’époque, agissent comme les antidotes à la crise mondiale en proposant une nouvelle ciné-géographie des luttes. Spell Reel est aussi la matrice de plusieurs films précédents de l’artiste dont Mined Soil, présenté à Khiasma en 2015 dans le cadre de l’exposition «Les Propriétés du sol».
Après une première à la Berlinale et un voyage en Argentine, Speel Reel sera présenté durant une semaine au MoMA fin juin et dans le cadre d’un programme de projections d’Art Basel en compagnie de Mined Soil.

 

Frédéric Nauczyciel et Olivier Marboeuf reviennent sur La Peau vive sur la r22 Tout-monde
Nous avons plusieurs fois eu l’occasion de parler dans ces pages de l’installation de Frédéric Nauczyciel pour Chapelle vidéo, La Peau Vive. Quelques jours avant que l’exposition ne se ferme à la fin de mai, l’artiste s’est entretenu avec Olivier Marboeuf dans l’espace de la chapelle du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis. Un entretien au long cours pour traverser un projet qui redessine le travail de Frédéric Nauczyciel. 

 

Un 26è Côté Court à Pantin
Le festival «Côté Court» s’ouvre cette semaine à Pantin. Au milieu des quelque 300 films présentés pour cette 26è édition, aux côtés de Frank Smith qui présentera Le Film des visages samedi 10 juin, le festival invite cette année Simon Quéheillard, qui présentera son film burlesque justement tourné dans les rues du Nord-Est parisien, De commencements en commencements.

Tournage du film de Simon Quéheillard, «De commencements en commencements» (2016).

 

Climat Général de Claire Malrieux s’expose à Venise
Alors que la 57è édition de la biennale s’est ouverte à Venise, rendez-vous à l’Hyperpavilion pour découvrir la série «Climat général» de Claire Malrieux, animation dont des dessins préparatoires avaient été présentés à Khiasma en 2015, lors de l’exposition «A dessein».
Et ce n’est pas tout, puisque parmi la dizaine d’artistes qui composent cette vaste expo collective qui s’intéresse à la présence des technologies numériques dans les pratiques artistiques contemporaines, on retrouve également Julien Prévieux, dont on présentait le travail rue Chassagnolle dès 2013, lors de l’expo «Mandrake a disparu» !

Claire Malrieux, «Climat général», vue d’installation à l’Hyperpavilion de Venise.

 

Badr El Hammami rejoint le nouveau programme Moving frontiers de l’ENSAPC
Exposé à Khiasma en 2013 dans Mandrake a disparu, l’artiste marocain Badr El Hammami participera l’an prochain au nouveau programme postmaster de recherche artistique Moving frontiers – do and undo (faire et défaire) de l’Ecole d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC).

L’occasion de relire un entretien avec l’artiste réalisé récemment par Elsa Guily pour le site Contemporary &, autour du projet Thabrate, dont la r22 Tout-monde avait pu publier certains matériaux sonores.


Badr El Hammami, «Thabrate».


 

Dui Ma? de François Daireaux projeté à Sète
En 2015, François Daireaux transformait l’Espace Khiasma en une vaste installation vidéo dans «Soudain, un léger mouvement dans l’ordre naturel des choses». Réalisé cette même année Son film Dui Ma ? sera projeté à Sète par l’association Passeurs d’oeuvres contemporaines. Une plongée dans le dévastateur « développement » de la Chine contemporaine.

François Daireaux, «Dui Ma ?» (2015)

 

TRAUM : après Paris, le dernier film de Smith présenté à Berlin
En juin, deuxième volet des Rencontres Internationales Paris-Berlin. Présenté en février à la Gaîté Lyrique, TRAUM, nouveau film de Smith dont Khiasma coproduit le volet chorégraphique, sera présenté au public berlinois entre le 13 et le 18 juin à la Haus der Kulturen der Welt.

Smith, «TRAUM» (2016).

 

 

«Rendre l’oreille» : plusieurs de nos alliés conviés à Strasbourg par l’association Vie
Alors qu’elle anime, de longue date, une des antennes de la r22 Tout-monde, l’association Vie organise à Strasbourg, du 3 au 17 juin, l’exposition «Rendre l’oreille» au Syndicat potentiel. Une exposition collective qui réunira, parmi d’autres, les oeuvres et voix de Vincent Chevillon, Penny Siopis, Frank Smith et Françoise Vergès.

Vincent Chevillon, «Bitter Crop». Vue d’installation de l’exposition «SEMES» à l’Espace Khiasma, 2016.

 

A Digne-les-Bains, Till Roeskens présente deux nouveaux projets issus de sa résidence au Centre d’art le Cairn

Depuis 2010, où il signait avec Marie Bouts l’exposition «Pistes» à l’Espace Khiasma, l’artiste-explorateur Till Roeskens est devenu un habitué de la rue Chassagnolle. En résidence cette année au centre d’art CAIRN (« Centre d’art informel de recherche sur la nature »), à Digne-les-Bains, dans les Alpes de Haute-Provence, et poussé par son intérêt personnel pour le pastoralisme, l’artiste a rencontré plusieurs bergers de la Vallée de la Haute Bléone. Deux de ces rencontres ont débouché sur deux projets distincts et complémentaires qu’il exposera à partir du 23 juin : le «Sentier de Marcel» et la «Carte de Charlie».

 

Alexander Schellow invité de la Nuit de l’instant à Marseille
A Marseille, la «Nuit de l’instant» est un parcours urbain autour de la photographie et de l’image animée organisé le weekend du 9-10 juin. Aux côtés d’autres artistes français et internationaux, comme Emilie Pitoiset ou Jeremy Deller, l’occasion notamment de découvrir A Biography, dernier film d’Alexander Schellow, dont nous présentions des oeuvres en 2013 dans «Mandrake a disparu».

Alexander Schellow, «A Biography» (2016).

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Article — Jeune Public

«Segtaab Map»

Une immersion créative au-delà des frontières

Segtaab Map est un workshop créé par Khiasma qui s’inscrit dans la programmation de la Quinzaine culturelle organisée par le collège Pierre Mendès-France du 20ème arrondissement de Paris. Pour l’occasion, 40 élèves de troisième (14 – 15 ans) ont investi l’espace et l’ont transformé en véritable laboratoire artistique. Une plongée dans le rap comme un outil d’énonciation et de revendication personnelle et sociale dans un Burkina Faso à l’aune de l’insurrection de 2014.

En partant du film Segtaab Rap Au Pays des hommes intègres réalisé en 2013 par La Fleuj, la séance, pensée et menée avec le réalisateur, s’est articulée sur une période de 2 heures autour d’installations visuelles et sonores, de fragments d’images et de musiques en lien avec le contexte du film. Construit comme un atelier participatif et collectif, les élèves ont pu se répartir dans l’espace pour s’approprier différents outils leur permettant d’interpréter ce qu’illes ont vu et entendu.

Segtaab Rap – qui signifie « le rap de la rencontre » en langue mooré – renvoie directement à la définition du mot « Khiasma » signifiant « croisement » en grec. L’action du film se passe à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) devenant le point d’intersection géographique où des rappeurs de différentes nationalités ont été interviewés un an avant l’insurrection populaire de 2014.

A partir du concept de « carte sensible / mind map », l’idée était de créer une situation d’expression visant à développer l’imaginaire, évoquer des références communes (identité, centre d’intérêts…) et susciter des émotions à travers différents médiums mis à disposition. Les vidéos et les éléments audiovisuels (image, scène, plan, lumière, couleur, musique, rap, ambiance), nous ont permis de diviser l’activité en deux temps forts :

> Déambulation dans l’espace – vidéo / sons (20 min)

Découverte du film, d’extraits de reportages sur l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso ainsi que des clips musicaux des différents rappeurs d’Afrique de l’Ouest.

> Ateliers participatifs (45 minutes)

3 groupes de 8 élèves répartis sur 3 ateliers.

► Atelier Ecriture

A travers un « mind mapping imagé » reprenant des éléments du film, chaque membre du groupe a imaginé un pré-scénario de clip en inventant un rappeur imaginaire, son pays d’origine, sa langue, un lieu et la thématique de son texte.

► Atelier Image

A l’aide de photos et poster imprimés en lien avec les vidéos d’insurrection au Burkina Faso et le film, le deuxième groupe a constitué une création plastique sous forme de collage, découpage, dessin… Un mini studio photo a été mis en place afin de se mettre en scène avec des objets.

► Atelier Son

Avec des zooms, le troisième groupe a réalisé des prises de sons : bruits ambiants, impressions et commentaires.

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Son — Hors les murs

«La Peau vive»

Entretien avec Frédéric Nauczyciel pour son installation à Chapelle Vidéo

Dans l’espace de son installation «La Peau vive», présentée dans la chapelle du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis dans le cadre du programme «Chapelle Vidéo», l’artiste Frédéric Nauczyciel s’entretient longuement avec Olivier Marboeuf sur ce projet, aboutissement de plusieurs années de travail à Baltimore et en Seine-Saint-Denis et de collaborations avec les communautés noire et transgenre de ces deux territoires. Un projet dont il avait d’abord dévoilé les premières images à Khiasma il y a deux ans, en 2015.

La peau est ce qui nous sépare et nous protège de la ville. Sa plasticité – sa fermeté et sa souplesse – évoque une manière d’être dans la ville, un état toujours changeant, fluide, jamais figé. En réponse à l’invitation de Chapelle Vidéo, programme d’art vidéo du Département de Seine-Saint-Denis, Frédéric Nauczyciel investit la chapelle du musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis et présente La Peau vive, une installation qui invite des performers et le public à s’emparer de l’espace muséal, qui mixe chorégraphies, récits de vie, mises en abime de l’image de soi. Disséminés dans la chapelle de l’ancien carmel, huit et un écrans -le neuvième, central, de 6 m de large – composent un rythme propre, construisant un musée intime éphémère où l’histoire de corps affleure à même la peau comme les êtres affleurent à la surface de la ville.


Frédéric Nauczyciel est un artiste visuel français qui travaille entre la France et les Etats-Unis. Nourri par la danse et le cinéma, il réalise des photographies, des films et des installations. Il fait appel à l’expérience de la performance pour produire des « images vivantes ». Son œuvre aborde l’expérience physique de la ville, la traversée du centre à la périphérie, les variations entre le masculin et le féminin, ou encore l’image de soi et de l’autre. Il transpose dans le lieu de l’art des langues performatives, telles que portées par le Voguing* les Marching Band ou la langue des signes. Ce faisant, il réinvestit les clivages entre culture savante et culture populaire, il souligne la sophistication des expressions urbaines, révèle leur portée politique. Ses productions sont présentées en France (Mac/Val Vitry, Musée de la Chasse à Paris, Rencontres Internationales de Photographie d’Arles, aux Rencontres Internationales Paris / Berlin, Centre Pompidou Paris) et aux Etats-Unis (FotoFest Intenational Houston, Julie Menerret Contemporary New York). Il figure dans la collection du Fonds National d’Art Contemporain (Public # Ceux qui nous regardent, Le temps devant et The Fire Flies, Baltimore) et dans la Collection départementale d’art contemporain de la Seine-Saint-Denis (A Baroque Ball). En 2017, il est accompagné par l’Espace Khiasma et est artiste associé à la Cité Internationale des Arts à Paris.

Perfomance de D’ de Kabal dans l’espace de «La Peau Vive».

Que reste-t-il lorsque l’on n’a que soi-même à offrir, son corps dans la ville, alors que c’est cette ville qui l’a façonné ? La peau devient ce qui nous en sépare et nous en protège, tout autant qu’elle nous y abandonne. Sa plasticité – sa fermeté comme sa souplesse – fait écho à une fluidité urbaine. Elle évoque un état toujours changeant, jamais figé, nécessaire pour habiter la ville. La Peau vive présente un ensemble de films réalisés par Frédéric Nauczyciel entre 2012 et 2016, lors de plusieurs voyages à Baltimore, dans l’état du Maryland aux Etats-Unis, et d’une résidence de deux années en Seine-Saint-Denis. L’installation relie ainsi les ghettos noirs d’une des villes nord-américaines les plus ségrégées à la périphérie parisienne à travers les membres des communautés transgenres noires des deux territoires -avec lesquels il collabore depuis plusieurs années- ainsi que des artistes, tels le slameur D’ de Kabal, ou encore le performeur Jean-Luc Verna. En les amenant à filmer eux-mêmes leurs tatouages, leurs scarifications, leur peau, face à la caméra, Frédéric Nauczyciel, tel un répétiteur, les invite à sampler une partie de leur histoire. A travers leur gestuelle, le choix du parcours de leur corps devant la caméra, du cadre ou de la mise au point, ils racontent leur manière d’être à la ville, d’(y) apparaître – c’est à dire leur manière de réinventer sa géographie, de faire de la périphérie le centre. Ces corps en mouvement donnent à voir les variations possibles du masculin au féminin. Ils traduisent une forme d’urbanité où ce qui est populaire contient une élégance et où le ghetto offre un horizon et une flamboyance.

Performance de Honeysha Khan dans l’espace de «La Peau Vive».

Disséminés dans la chapelle, huit et un neuvième écran – central, de 6 m de large, opérant un ré-échantillonnage de l’ensemble – donnent corps aux corps, aux peaux vives, aux tatouages. Par un traitement ralenti, l’image se meut et déjoue les perceptions, le film devient trompe l’œil baroque – et évoque le perpétuel inachèvement de nos perceptions, de nous-mêmes ou des autres. Chacun des films porte en lui la promesse d’un solo, qui peut être dansé par un autre. Durant l’exposition, des performeurs viendront mettre en mouvement l’installation vidéo par leur présence vive, en ré-interprétant des bribes de film par la danse ou en réalisant en public des séances de filmage en direct. Ce faisant, l’installation propose de construire un espace au sein duquel les visiteurs font l’expérience du corps de l’autre ; un espace qui laisse les corps en transformation libres de toute assignation. L’installation s’ouvre sur Casper Ebony, à Baltimore, qui se filme. L’attention du performeur face à la caméra et à son image transcende tout narcissisme : du regard nait le mouvement. Ailleurs, Kory Blacksjuan Revlon, en filmant les tatouages qu’il a sous les yeux, tourne son regard vers nous. C’est aussi à cette expérience du regard que La Peau vive nous invite.

Performance de Diva Ivy Balenciaga dans l’espace de «La Peau Vive».

Exposition organisée par le département de la Seine-Saint-Denis et la ville de Saint-Denis avec le soutien du Dicréam (CNC) et du Centquatre, Paris. La Peau Vive a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, qui lui a apporté son soutien.

Avec Baltimore Lisa Revlon, Legendary Father, David Revlon, Dale Blackheart, Kory Blacksjuan Revlon, Sin Toyer, Casper Ebony, Darryl Loudboi, Ismâïl Ibn Conner, James Conley III, Cameron Lavone Deshelids, Justin Mcclary Paris Honeysha Khan, Ari de B, Lionel Abenaqui, D’ de Kabal, Jean-Luc Verna, Benoit Oget, Musique et voix Abdu ali Phoebe Jean D’de Kabal House of HMU, performeurs Vinii Revlon, Diva Ivy Balenciaga, Dale Blackheart, Honeysha Khan, Ari de B, Julie Burton, assistante Équipe technique Eponine Momanceau et Daniela Mileykovsky, cheffes opérateur, Fanny Weinzaepflen, mixeuse son, Xavier Sirven, monteur, Jean Coudsi, étalonneur, Alan Purene, régisseur installation vidéo Programmation Nathalie Lafforgue, Marion Debillon, Julien Trésor Presse Valentine Umansky

[Texte écrit pour l’exposition La Peau Vive]

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Son — Phantom

Lundi de Phantom n°26 : Katia Kameli

Après Liv Schulman en mars, c’était au tour de l’artiste et cinéaste Katia Kameli de se prêter au jeu d’un Lundi de Phantom. Enregistrée à Khiasma le 24 avril 2017, conversation avec l’artiste et Olivier Marboeuf.

Jeux de paroles et d’images, questions de traduction et de relecture, l’œuvre de Katia Kameli est faite de circulation de récits, de courants d’histoires, passant d’un corps à un autre pour donner à entendre des fables anciennes autant que des voix contemporaines, des contes populaires et des films imaginaires qui tissent entre la Marrakech et Bollywood, Marseille et Alger une vaste géographie émotionnelle.

Projections et conversation traversent un choix d’œuvres clefs du parcours de l’artiste, pour en dessiner quelques-uns des motifs les plus prégnants. 

Katia Kameli est une artiste pluridisciplinaire. Elle vit à Paris. Elle est diplômée d’un DNSEP à l’École Nationale des Beaux-Arts de Bourges et d’un post-diplôme, le College-Invisible, dirigé par Paul Devautour à l’École Supérieure d’Arts de Marseille.
En 2007-2008, elle est lauréate du programme Cultures France, Paris-New York, et part en résidence à Location One (NY). Son travail a trouvé une visibilité et une reconnaissance sur la scène artistique et cinématographique nationale et internationale, et a été montré dans des expositions personnelles : What Language Do You Speak Stranger, The Mosaic Rooms, London (2016); Futur, Artconnexion, Lille (2016); Taymour Grahne Gallery, New York (2014); 7 Acts of Love in 7 days of Boredom, Transpalette, Bourges (2012) ; et des expositions collectives : Cher(e)s Ami(e)s, Centre Pompidou, Paris (2016); Made in Algeria, Mucem, Marseille (2016); Entry Prohibited to Foreigners, Havre Magasinet, Boden, Sweden (2015); Where we’re at, Bozar, Bruxelles (2014); Lubumbashi Biennale, Congo (2013); Pour un Monde Durable, Fondation Calouste Gulbenkian, Portugal (2013); Le Pont, MAC Marseille (2013); Dak’art, Biennale de Dakar (2012); Higher Atlas, Biennale de Marrakech (2012); et La Biennale de Bamako, Mali (2011).

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Son — Phantom

Lundi de Phantom n°25 : Liv Schulman

Conversation avec Liv Schulman autour de sa mini-série «Que faire ?»

Enregistrée à Khiasma le 27 mars 2017, conversation avec l’artiste Liv Schulman, accompagnée d’Émilie Renard (directrice de La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec) et Olivier Marboeuf.

Cette conversation ponctuée de projections traverse la résidence de l’artiste Liv Schulman, intitulée Que faire ?, à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, qui se déroule du 2 septembre 2016 au 1er avril 2017. Que faire ? consiste à créer une mini-série télévisée de 3 épisodes. Cette série se développe autour de séances de thérapie collective pour des scénaristes souffrant du syndrome de la page blanche. Liv Schulman fait de Noisy-le-Sec le terrain de cette fiction et y intègre les habitants, l’activité et les lieux de la ville, autour des notions d’inspiration et de créativité au travail. À cette occasion l’artiste revisite également certaines de ses œuvres précédentes qui s’intéressent de manière caustique aux contraintes et aux conventions du langage issues de l’art, de l’économie et du champ social.


Olivier Marboeuf, Liv Schulman et Emilie Renard.

Liv Schulman (née en 1985) vit à Paris et Buenos Aires (Argentine). Elle est diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et du Post-Diplôme de l’Ecole nationale des beaux-arts de Lyon.

https://livschulman.com/

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Son — Événements

«Le Ventre des femmes»

Françoise Vergès présentait son dernier ouvrage à Khiasma

Sorti en mars aux éditions Albin Michel, Le Ventre des femmes, dernier livre de l’historienne et politologue Françoise Vergès revient sur le scandale des avortements et stérilisations pratiqués sans consentement à la Réunion à la fin des années 1960. Un retour sur un angle mort de l’histoire par lequel elle développe sa vision d’un féminisme décolonial. Photos : Matthieu Gauchet.

Dans les années 1960-1970, l’État français encourage l’avortement et la contraception dans les départements d’outre-mer alors même qu’il les interdit en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités ? Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l’État français prône le contrôle des naissances et l’organisation de l’émigration ; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l’espace de la République, provoquant un repli progressif sur l’Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient. Françoise Vergès s’interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s’appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l’auteure entend faire la lumière sur l’histoire mutilée de ces femmes d’outre-mer, héritage douloureux d’un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd’hui.

Après la lecture d’un passage par Olivier Marboeuf, auteur et directeur de Khiasma, puis une analyse de Seloua Luste Boulbina, chercheuse associée au Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP – Université Denis Diderot Paris), Françoise Vergès trace les grandes lignes de sa recherche. 

 

Cette présentation fut suivie d’un vif échange entre Françoise Vergès et le public de Khiasma. 

Lecture d’Olivier Marboeuf. Photo : Matthieu Gauchet.

 

 

Seloua Luste Boulbina. Photo : Matthieu Gauchet.

 

Françoise Vergès. Photo : Matthieu Gauchet.

 

Photo : Matthieu Gauchet.

 

Françoise Vergès est titulaire de la Chaire « Global South(s) » au Collège d’études mondiales, Fondation Maison des Sciences de l’Homme, Paris. Elle est notamment l’auteure d’Entretiens avec Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai (2005), de La Mémoire enchaînée (2006), et de L’Homme prédateur (2011).

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés

Sélection mai 2017

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La Peau vive : Frédéric Nauczyciel invité du programme «Chapelle Vidéo» 

Depuis le 23 mars, Frédéric Nauczyciel présente l’installation La Peau Vive dans la chapelle du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour la 10è édition du programme «Chapelle Vidéo» du département de la Seine-Saint-Denis.

Le performer D’ de Kabal dans l’installation de Frédéric Nauczyciel dans la chapelle du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

La Peau vive présente un ensemble de films réalisés entre 2012 et 2016, lors de séjours répétés à Baltimore, aux États-Unis, et d’une résidence de deux ans en Seine-Saint-Denis. Frédéric Nauczyciel a invité dans le studio des complices de plusieurs années, issus de la communauté noire transgenre des deux territoires, et d’autres artistes, tous engagés dans des pratiques performatives – voguing, waaking, krump, art performance, slam… Tous sont reliés par un désir puissant d’inventer leur identité et par une appartenance revendiquée aux marges, réelles et symboliques. Il leur a proposé de filmer eux-mêmes leurs tatouages, leurs scarifications, leur peau ; et ce faisant, face à la caméra, d’échantillonner une partie de leur histoire.

L’installation qui se déploie dans la Chapelle du musée de Saint-Denis a été imaginée pour accueillir la présence vive de certains des protagonistes, qui rejouent ce qui est à l’origine des films : un parcours du corps face caméra. Ainsi, les samedis 20 mai à 18h et 27 mai à 16h, D’ de Kabal et Honeysha Khan se filmeront exceptionnellement en direct et en public. L’écran central de l’installation devient ainsi le réceptacle de nouvelles images, construites à vue.

Et pour retracer la pratique et l’univers de Frédéric Nauczyciel, invité du 17è Lundi de Phantom à Khiasma (2015), retrouvez cet entretien entre Frédéric Nauczyciel et Olivier Marboeuf publié dans le magazine de Khiasma.

Frédéric Nauczyciel était également dernièrement l’invité de l’émission «Ping Pong» sur France Culture pour présenter La Peau vive

 

À Londres, une archéologie de l’optique par Filipa César et Louis Henderson

On vous en parlait le mois dernier : fin avril a ouvert, au centre d’art Gasworks (Londres), l’exposition Op-Film: An Archaeology of Optics de Filipa César et Louis Henderson, artistes que le public de Khiasma découvrait en 2015 dans l’exposition collective «Les Propriétés du sol», puis dans l’exposition solo de Louis Henderson, «Kinesis», en 2016.

Présenté une première fois début mars au programme de la 8è Biennale Contour de Malines/Mechelen, le film Sunstone est un premier film issu d’une «ciné-conversation» entre les deux artistes. Un «op-film» (ou «film optique»), Sunstone nous emmène du phare à l’algorithme, des systèmes de navigation optiques à ceux, informatiques, des systèmes de positionnement par satellite, d’une «occidentalisation» du monde permise par les premiers progrès techniques de navigation à un nouveau système cartographique panoptique qui fait naître de nouvelles formes de surveillance et de contrôle. 

Dès maintenant, vous pouvez découvrir ici un premier extrait du film, et les vues de l’installation londonienne ci-dessous.

Vue de l’exposition «Op-film: an archaeology of optics» de Filipa César et Louis Henderson, présentée au centre d’art Gasworks, Londres. Photo : Andy Keate.

Vue de l’exposition «Op-film: an archaeology of optics» de Filipa César et Louis Henderson, présentée au centre d’art Gasworks, Londres. Photo : Andy Keate.

Vue de l’exposition «Op-film: an archaeology of optics» de Filipa César et Louis Henderson, présentée au centre d’art Gasworks, Londres. Photo : Andy Keate.

 

Un goût de «Relectures» au festival «La Voix est libre» !

Ils nous avaient offert des moments parmi les plus intenses du dernier festival Relectures à Khiasma : en mai, Fantazio et Violaine Lochu sont tous deux à l’affiche du festival musical La Voix est libre, qui vient de s’ouvrir. Le 9 mai, Violaine et son groupe Animal K seront au Cirque électrique de la Porte des Lilas avec de nombreux autres invités. Le lendemain, c’est Fantazio que vous retrouverez au côtés de Théo Ceccaldi et Francesco Pastacaldi à la Marbrerie de Montreuil !

 

L’exposition Tous des sang-mêlés ouvre au Mac/Val

Ouverte fin avril au Mac/Val, l’exposition «Tous des sang-mêlés» présente le travail de pas moins de 50 artistes de toutes générations et origines, travaillant autour des questions d’identité. L’occasion de retrouver ou découvrir de nombreuses démarches qui déplacent et redessinent le paysage artistique contemporain, comme celles de Sammy Baloji, Lawrence Abu Hamdan ou Kapwani Kiwanga, mais aussi certaines que vous aurez découvertes à Khiasma : Matthieu Klebeye Abonnenc (exposition «Rendez-vous : sortie de mon corps», 2013), Violaine Lochu ou Katia Kameli, invitée du tout dernier Lundi de Phantom et qui participe également actuellement à l’exposition «Afriques Capitales» de la Villette.

 

Un entretien avec Françoise Vergès dans Libération

Fin mars, Françoise Vergès était à Khiasma pour présenter et discuter de son dernier livre, Le Ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme (Albin Michel). Une soirée riche autour d’un ouvrage qui suscite beaucoup d’intérêt et réactions. En avril, Françoise Vergès présentait ainsi sa vision singulière d’un féminisme déconolonial dans un entretien à Liberation.

 

Pauline Curnier Jardin, Younès Rahmoun et Franck Leibovici présentés à la Biennale de Venise

Le 13 mai à Venise s’ouvrira la 57è édition de la biennale d’art contemporain. En parallèle des pavillons nationaux, l’exposition collective réalisée par la commissaire d’exposition Christine Macel présentera, entre autres, les travaux de trois artistes passés par Khiasma : Younès Rahmoun, qui participait en 2015 à l’exposition «Les Propriétés du sol», Pauline Curnier Jardin (exposition «Tout, est ce que nous avons toujours voulu» en 2014) et Franck Leibovici, dont Khiasma accueillait une soirée de son projet Des formes de vie fin 2012.

« Montagne-Terre-Pierre » de Younès Rahmoun, dans l’exposition «Les Propriétés du sol», 2015. Image : Matthieu Gauchet.

 

Rester.Etranger. : la résidence de Barbara Manzetti se poursuit à l’extérieur de la Ménagerie de Verre

Sur la r22, de nouveaux chapitres pour l’antenne «Rester. Étranger». Le projet, qui vient de recevoir le soutien de la FNAGP, se poursuit à l’extérieur de la Ménagerie et incorpore pour sa dernière séquence les voix de Rita et Lucie – 19 ans aujourd’hui – qui interrogent leur identité métissée au détour du récit d’une rencontre. «19 ans aujourd’hui», cinquième séquence d’une série développée collectivement autour de Barbara Manzetti, à retrouver en intégralité sur la r22 Tout-Monde.

 

Une Biographie, le dernier film d’Alexander Schellow dévoilé en France

Après avoir été présentée aux Lilas en 2013 dans l’exposition «Mandrake a disparu», l’oeuvre de l’artiste berlinois Alexander Schellow avait fait l’objet d’une exposition sur le stand de Khiasma à la foire Art Brussels l’an dernier, où Khiasma était invité parmi les espaces « non-profit ». Fin avril, Alexander présentait son dernier film, Une Biographie, au festival de l’Association française du cinéma d’animation organisé à Bruz, en périphérie de Rennes. Une Biographie est la trace de rencontres, plusieurs années durant, avec une femme souffrant de la maladie d’Alzheimer au point de n’avoir plus conscience de sa propre personne et de son expérience. Dans son style caractéristique, le travail de Schellow, animation de dessins photoréalistes effectués purement de mémoire, met en tension le caractère évanescent du souvenir. 

 

Violaine Lochu, invitée des «Carnets de la création» de France Culture

Si la R22 Tout-Monde reste le meilleur endroit où écouter le travail de Violaine Lochu – plus de 50 pièces sonores en réécoute !–, il n’est pas pour autant le seul : il y a quelques jours, Violaine était l’invitée d’Aude Lavigne sur France Culture pour «Les Carnets de la création».

 

John Akomfrah reçoit le prix Artes Mundi et présente actuellement The Unfinished Conversation à la Tate Modern

Passé par la rue Chassagnolle l’an dernier lors du colloque «Dépasser les lignes de division. Féminisme transnational et cultural studies», le cinéaste britannique John Akomfrah vient de recevoir le prestigieux prix Artes Mundi, qui récompense des pratiques artistiques qui prennent à bras le corps la question de la condition humaine, les réalités sociales et l’expérience vécue. Il présente d’ailleurs actuellement, à la Tate Modern, l’installation vidéo The Unfinished Conversation, version multi-écrans de The Stuart Hall Project, film qu’il a consacré au penseur Stuart Hall et qu’il avait présenté lors d’une Séance Phantom au MK2 Beaubourg à la veille du colloque de juin dernier à Khiasma. 

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Diaporama — Jeune Public

Réalisation de clips de comédies musicales

un projet mené avec une classe de Paul Langevin

Projet d’éducation à l’image mené avec la classe de CE1 de Vesna Jevremovic de l’école Paul Langevin des Lilas.

Depuis le mois de février les élèves travaillent sur ce projet né d’une envie de leur professeure de travailler sur le cinéma et plus précisément sur les comédies musicales. Après discussion avec l’équipe des publics, nous avons décidé de faire des clips musicaux de scènes : La Chanson d’Emilie Jolie et du Grand Oiseau dans Emilie Jolie et la chanson « Sing’ing in the rain » du film Chantons sous la pluie.

Ce projet est une bonne occasion pour les enfants de se familiariser avec les étapes de création d’un film mais aussi avec le matériel audiovisuel. Quand la moitié de la classe joue les acteurs et actrices l’autre moitié est en charge de la partie technique. Et pour être sur que chacun-e passe devant et derrière la caméra, on échange les rôles entre les deux scènes. Les enfants techniciens et techniciennes ont donc pu être ingénieur du son, cameraman, réalisateur, scripte, costumière, chef du décor… Merci d’ailleurs à Lenny et Malik pour avoir pris les photos que vous découvrez ci-dessus !

L’équipe des publics de Khiasma s’est rendue en classe pour discuter du projet avec les élèves puis c’est la classe qui est venue pour filmer dans l’Espace Khiasma le premier clip, celui d’Emilie Jolie. Nous tournerons prochainement la scène de Chantons sous la pluie à Khiasma également et vous pourrez découvrir les films lors d’une projection spéciale au mois de juin à Khiasma !

 

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Article — Amis, artistes & alliés

Amis, artistes et alliés

Sélection avril 2017

Ils sont nos alliés et amis, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Un nouveau film collaboratif de Louis Henderson et Filipa César au coeur d’une exposition à Gasworks, Londres
Présenté une première fois début mars au programme de la 8è Biennale Contour de Malines/Mechelen, le film Sunstone est un premier film issu d’une «ciné-conversation» entre les artistes Filipa César et Louis Henderson, que le public de Khiasma découvrait en 2015 dans «Les Propriétés du sol».  Un «op-film» (ou film ‘optique’), Sunstone nous emmène du phare à l’algorithme, des systèmes de navigation optiques à ceux, informatiques, des systèmes de positionnement par satellite, d’une «occidentalisation» du monde permise par les premiers progrès techniques de navigation à un nouveau système cartographique panoptique qui fait naître de nouvelles formes de surveillance et de contrôle. 

Après cette première en Belgique, le film fera l’objet d’une installation exposée à Gasworks, à Londres, dans l’exposition Op-Film: An Archaeology of Optics qui ouvrira ses portes à la fin du mois.

Dès maintenant, découvrez ici un premier extrait du film. Et retrouvez également cet entretien avec Louis Henderson, récemment publié sur le site Berlin Art Link (en anglais) à l’occasion de la présentation de The Sea is History à la Transmédiale de Berlin.

 

«Morceaux de vie» aux Archives : lecture d’un témoignage recueilli par Frank Smith au cours de sa résidence avec Khiasma
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, une lecture de Garance Clavel d’un témoignage de femme recueilli par Frank Smith lors de sa résidence en 2015 à Khiasma et aux Archives de Pierrefitte, venait clore une journée d’étude aux Archives nationales de Paris. Un texte fort, recueilli, accueilli dans les rais de l’écriture de Frank Smith, l’histoire d’une femme, d’une vie, d’une femme qui voulait dire une bonne fois pour toute sa vie, telle qu’elle est, pas facile, fragile, banalement tragique, la dire pour ses enfants, pour ceux qui viennent.

Donna Haraway : Story Telling for Earthly Survival de Fabrizio Terranova projeté à la Tate Modern
Alors que Donna Haraway participe actuellement à nombre de rencontres publiques en Europe, le récent documentaire de Fabrizio Terranova consacré à l’atypique penseuse américaine, présenté en avant-première l’automne dernier à Khiasma, enchaîne les projections. Après Amsterdam et Bruxelles, fin mars, c’est à la Tate Modern de Londres que le film sera montré et suivi d’un échange entre Donna Haraway et Fabrizio Terranova. C’était à Khiasma l’an dernier… et c’est «sold out» à la Tate depuis des semaines !

Des visages familiers à la Biennale de Sharjah
Depuis le début de l’année, la 13è édition de la biennale de Sharjah (Emirats arabes unis) se déploie en plusieurs lieux et moments. Après un projet à Dakar en début d’année sur le thème de l’eau, pensé par l’artiste Kader Attia et qui a vu intervenir les artistes et curateurs Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros (qui présentaient l’an dernier à Khiasma un extrait de leur projet Les Impatients au sein de l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés»), l’exposition centrale de Sharjah s’est ouverte en mars et se poursuit jusqu’en juin. On y retrouvera Ismaïl Bahri, qui y présente la pièce Revers réalisée l’an dernier, ainsi que The Otolith Group, collectif britannique dont nous avions reçu à Khiasma un des membres fondateurs, Kodwo Eshun, lors d’une des soirées de l’exposition-programme «Kinesis» de Louis Henderson.

Ismaïl Bahri, «Revers» (2016)

 

Le développement de la plateforme archipels de Vincent Chevillon soutenu par la Scam
En développement depuis 2015, la plateforme archipels de Vincent Chevillon, présente dans son exposition SÈMES l’an dernier à Khiasma, a récemment reçu la bourse «Brouillon d’un rêve» de la Scam. Déjà accessible en ligne dans une version en cours de développement, archipels est un outil de recherche autant qu’un espace à parcourir, un atlas mnémosyne warburgien au travail pour recréer une attention autour du document et provoquer les liens de sérendipité menant d’un document à un autre, d’une recherche à une autre.

Vue d’une table de la plateforme «archipels».

 

Après la R22, les Superformers de Violaine Lochu en live à la Galerie de Noisy-le-Sec
Peuplant la R22 Tout-Monde depuis le début du mois de mars, les Superformers réunis par Violaine Lochu contribuent à la réflexion que mène l’artiste sur la notion de «performance», mise au travail lors d’ateliers hebdomadaires avec les personnes fréquentant la Maison des solidarités de Noisy-le-Sec. Héroïsme du quotidien et singularités ordinaires s’expriment dans les courtes pièces réalisées pour la R22 Tout-Monde, et s’incarneront à Noisy-le-Sec au cours de deux événements les samedi 1er et 8 avril : performance collective d’abord à la salle Joséphine Baker, puis de Violaine Lochu à la Galerie le 8.
Et l’on retrouvera par ailleurs Violaine Lochu le 4 avril, en discussion avec Antoine Idier à la galerie Michel Journiac, après une conférence-performance dans le cadre de l’exposition «L’Exercice du ressort».



 

Barbara Manzetti, «Rester. Étranger»
L’artiste-chorégraphe-écrivaine ne s’arrête pas de dérouler les bandes de papier, de délier la langue, de retourner les mots, les cartes, de retourner au début de la parole, en permanence. Tu comprends ? redevient une question nécessaire, une invitation à sortir d’une impossibilité, d’une ignorance ; réciproquement apprendre, travailler la langue pour entendre des voix, répéter, articuler. Ainsi sont-elles musicales ces voix invitées et accueillies, et Barbara Manzetti les enregistre, les monte et les partage sur la R22 Tout-Monde accompagnant sa résidence débuté à la Ménagerie de Verre en janvier 2017.

«La douleur c’est quand tu es profondément triste et blessé moralement. Tu comprends MORALEMENT ? Le sentiment d’humiliation est ce que tu ressens quand on ne te respecte pas. Le verbe HUMILIER. Conjugué au présent. J’humilie. Tu humilies. Au futur. Ils ne nous humilieront plus. Les émotions. Les émotions passent. Bouleversé c’est quand ton émotion est  trop forte et qu’intérieurement tu es versé. Ramassé en boule.» Venez. Restez #1, Barbara Manzetti, antenne Rester. Étranger (ressource : http://rester-etranger.fr/).

Artists’ talk de Graeme Thomson & Silvia Maglioni au Centre d’art contemporain Chanot
Dans le cadre de l’exposition And if… Just if… de Petra Koehle et Nicolas Vermot-Petit-Outhenin au Centre d’art contemporain Chanot (Clamart), Graeme Thomson et Silvia Maglioni sont invités à proposer un artists’ talk, le 22 avril, en écho au travail de Koehle et Vermot-Petit-Outhenin. Une présentation « où il sera question de s’envoler, tournoyer, piquer, explorer le devenir oiseaux à travers et au-delà le langage et la musique. »
Et alors que les deux artistes poursuivent leur résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers, ils alimentent en continu le blog consacré à ce projet, Common Infra/ctions.

Vue de l’exposition de Petra Koehle et Nicolas Vermot Petit-Outhenin «Docking Station», Aargauer Kunthaus, 2014.

 

 

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Article — Jeune Public

La Montagne des devenirs

Les derniers courts-métrages bientôt au cinéma

D’une volonté commune de travailler une approche différente du cinéma, Khiasma, le cinéma du Garde-Chasse et le cinéma le Trianon (Romainville) créent en 2015 « La montagne des devenirs ».

Les films réalisés pendant les vacances de février seront projetés au cinéma en mai et juin, découvrez les trailers et les dates ci-dessous :

Trailer du film La Nouvelle réalisé du 6 au 10 février avec des enfants de 7 à 11 ans
Le film sera projeté le week-end du 3-4 juin au Théâtre-Cinéma du Garde-Chasse aux Lilas.

Trailer du film J’AIME RÊVE réalisé du 13 au 17 février avec des enfants de 12 à 18 ans
Le film sera projeté le 17 mai à 19h au cinéma Le Trianon (Romainville) dans le cadre du concours de court-métrage Les Jeunes font aussi leur cinéma. Plus d’information sur la séance ici.
– Pensez à réserver vos places ! –

Suivez nous sur Facebook pour rester informé-e !

Ce projet a pour objectif de favoriser, autour de la découverte et de la création de films, les échanges entre personnes de différents quartiers et de communes voisines.
Du scénario au montage, toutes les étapes sont expérimentées. Les réalisations sont montrées dans les cinémas partenaires en avant-première d’un long métrage, lors d’une soirée spéciale.

La Montagne des devenirs propose ateliers, projections et manifestations pour toutes les tranches d’âge ; les rendez-vous sont partagés entre les trois lieux.
Pour plus d’informations, consultez la page du site dédiée au projet

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Article — Événements

«Publier Tarnac»

Restitution d'un atelier du Master de création littéraire de l'université Paris 8

Dans le cadre de son programme Plateforme, mis en place à partir de 2017, Khiasma devient un lieu d’expérimentation et de création autant que d’exposition et de diffusion. Pour la première ouverture publique de Plateforme, le 3 mars, Khiasma a ainsi accueilli la restitution d’un atelier mené par les étudiants du Master Création littéraire de l’université de Paris 8 Saint-Denis. Du 23 au 26 janvier, les étudiants s’étaient en effet réunis dans l’espace de la rue Chassagnolle pour penser ensemble la thématique des fictions politiques et pour saisir de nouvelles formes de publication «hors-livre», autour d’un thème proposé par Lionel Ruffel : «Publier Tarnac».

Dans son ouvrage Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gauche (Amsterdam, 2009), Yves Citton décrit les mécanismes qui dédoublent le hard power du pouvoir contemporain – qui interdit, ordonne ou contraint – d’un soft power qui insinue, suggère et stimule. Constatant les processus de scénarisation à l’oeuvre qui conduisent la conduite de chacun, un storytelling accaparé par des idéologies réactionnaires, il appelle à un effort de contre-scénarisation, observant qu’« il est non seulement inévitable mais souvent salutaire de ‘se raconter des histoires’ ».

Les étudiants de Lionel Ruffel du Master de création littéraire de l’Université Paris 8 Saint-Denis se sont ainsi retrouvés une semaine en immersion dans l’Espace Khiasma, tels les personnages du Décaméron de Boccace, pour réfléchir aux flux médiatiques et imaginer, en opposition à ceux-ci, des contre-fictions au présent faites de textes et poèmes, lectures, vidéos et pièces sonores, présentés lors d’une soirée de restitution publique le 3 mars 2017. Autant de tentatives d’envisager une littérature « hors-livre » et d’étendre une idée de la publication aux différents gestes du « rendre public ».

Retour sur cette semaine d’atelier et sur les expérimentations qui en ont découlé.

 

Vues de l’Espace Khiasma lors des quatre jours d’atelier, fin janvier.

 

« La société du spectacle » doit moins faire l’objet de lamentations que d’efforts de contre-scénarisation. Les dernières décennies se caractérisent en effet par l’incapacité des forces politiques « de gauche » à (se) raconter des histoires convaincantes. Pour des raisons qu’on tentera de comprendre, la « droite » (sécuritaire, néolibérale, xénophobe) est parvenue à répandre un ensemble ouvert mais relativement cohérent d’histoires, d’images, de faits divers, d’informations, de statistiques, de slogans, de peurs, de réflexes et d’objets de débats qui se nourrissent mutuellement au sein d’un même « imaginaire de droite ». La (douce) force de cet imaginaire a été telle qu’il a rapidement colonisé les discours de nombreux dirigeants de partis se revendiquant pourtant officiellement de « la gauche ». (…)

En parlant (à tort) de « fin des idéologies », que ce soit pour s’en féliciter ou pour regretter la belle époque des grands antagonismes binaires et structurants, on rate la spécificité de ce qu’il est aujourd’hui urgent de construire ensemble : non pas tant un système d’idées, cohérent et totalisant, fermement ancré dans la rigueur du concept, rassurant les esprits inquiets par sa prétention d’avoir réponse à tout (une idéologie), mais bien plutôt un bricolage hétéroclite d’images fragmentaires, de métaphores douteuses, d’interprétations discutables, d’intuitions vagues, de sentiments obscurs, d’espoirs fous, de récits décadrés et de mythes interrompus, qui prennent ensemble la consistance d’un imaginaire, moins du fait de leur cohérence logique que de par le jeu de résonances communes qui traversent leur hétérogénéité pour affermir leur fragilité singulière.

— Yves Citton, Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gauche. Amsterdam, 2009.

 

L’immonde — Radio Parasites — Comité Bien Nuisible
de Nicolas A., Leïla D., Millie D. et Valérian G.

Vue de l’installation à l’Espace Khiasma lors de la soirée de restitution, le 3 mars 2017.

Nous avons travaillé sur la notion de « parasites » à travers trois médias : journal, radio, vidéo.

L’immonde (papier et numérique)

Virus éditoriaux, parasites poétiques, vermine verbale.
L’immonde est un journal d’infaux et d’intox.
www.journal-limmonde.tumblr.com

 

Paroles de parasites (radio)


http://www.khiasma.net/khiasma/wp-content/uploads/Radio-Parasites-audio-Khiasma.mp3

Ils sont là. Vous les côtoyez sans les voir, les jugez sans les connaître, les rejetez sans les comprendre. Notre émission Paroles de Parasites vous propose d’écouter la voix de ceux qui n’en ont pas. Le message de ceux qui n’en ont pas.

 

Comité Bien Nuisible (vidéo, affiches et tracts)

Le comité bien nuisible est une communauté de termites, de rats, de loups, de mauvaises herbes, de champignons, de virus, de bactéries et d’espèces considérées comme nuisibles par les mythologies de la mythocratie.

Le monde est une fable, la terre est un mythe. Monde-fable, terre-mythe.

 

 

L’affaire Jean-Petit (installation)
Une création de Stéphanie Arc, Camille Bonvalet, Lucie Rico, Alexandra Sollogoub et Guillaume Wavelet

http://www.khiasma.net/khiasma/wp-content/uploads/MIX-V1-MASTER-CREA.mp3

L’affaire Jean-Petit est la fiction multimédia d’un montage médiatique autour d’un fait divers. Nous avons imaginé l’histoire de Jean Petit, conducteur de bus à Cagolin, petite ville du Sud de la France. Le 26 octobre 2016, en début d’après-midi, l’autocar scolaire qu’il conduit se retrouve en travers de la Nationale 98 et provoque l’arrêt de la circulation. Il bloque ainsi l’arrivée d’un car de migrants en provenance de la Jungle de Calais, démantelée deux jours auparavant, qui devaient être hébergés dans un Centre d’accueil et d’orientation (CAO) voisin. Dès le lendemain, la vice-présidente de l’association Var Terre d’Asile, Magalie Durac, l’accuse publiquement d’avoir empêché l’arrivée des migrants à Cagolin de façon préméditée. Plusieurs associations de défense du droit d’asile, telles qu’Amnesty International et la Cimade, déposent une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Marc-Étienne Lansade, le maire FN de Cagolin, signataire de la charte “Ma commune sans migrants”, prend alors la défense de Jean Petit, par ailleurs proche par sa famille des réseaux d’extrême droite : le maire estime en effet qu’il « a agi dans l’intérêt de ses concitoyens ». S’en suivent des manifestations publiques opposant de manière violente pro et anti. Parce que Jean Petit décide de garder le silence, nul ne connaît ses motivations. Très vite, les médias s’emparent du fait divers, qui fait l’objet d’une récupération par l’ensemble du spectre politique. Des opinions divergentes s’expriment sur tous les supports de communication : un maire Front national publie une tribune sur le site de sa commune, des sympathisants anonymes d’extrême droite et d’extrême gauche s’insurgent sur Facebook, des intellectuels analysent l’affaire sur leur blog, des responsables politiques s’expriment à la radio et à la télévision, etc. Afin de souligner la disproportion du montage médiatique et l’aberration de la récupération politique, qui ont constitué «l’affaire Tarnac», le dénouement de l’histoire montre qu’il s’agit en réalité d’un “non-événement” : si l’autobus a bloqué la route, c’est en raison d’un accident de moteur.

En introduisant des éléments du réel dans cette fiction – tels que la charte “Ma commune sans migrant” lancée par Steeve Briois, maire de Hénin-Beaumont, en octobre 2016, ou des citations d’hommes et de femmes politiques dans des cas proches de l’affaire Jean Petit, notre travail tient de la fiction documentaire. Il s’agit en effet de potentialiser notre perception du réel, de l’augmenter, en mimant ici le processus d’emballement politico-médiatique.

Notre projet consiste en un ensemble de documents audiovisuels et textuels : flash-infos radiophoniques et page Wikipédia retraçant l’affaire, recueil de citations politiques, vidéos détournant des discours anti-migrants, manifeste politique “Ma commune avec migrants” et, sur Internet, comptes Twitter et commentaires sur YouTube, etc. Nous l’avons mis en espace à Khiasma en mars 2017 via une installation mêlant affichage, bande-son, projections vidéo et ordinateurs en libre accès : au centre de la pièce une table, sur laquelle se trouvent quelques feuilles couvertes de notes manuscrites, des verres vides, un micro, des stylos, comme si un débat venait d’y avoir lieu.

 

Qui vient ?
de Perrine Baron, Caroline Boulord et Mathilde Forget

Vue d’installation du projet «Qui vient ?» lors de la soirée de restitution d’atelier, le 8 mars.

 

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Lien vers le pdf de la publication

 

 

Il neige sur Tarnac (ciné-poème, 13’46)
de Anna Mezey, Diane Moquet, Samuel Poisson, Woosung Sohn, Anne-Lise Solanilla et Stéphanie Vivier

Chaque fois que nous parlons, chaque fois que nous regardons, chaque fois que nous nous souvenons, et de la même manière chaque fois que nous imaginons, nous nous servons de cet objet qui s’appelle une loupe. C’est un objet très ancien qui sert à faire le point, à agrandir, à zoomer, à grossir, à remarquer, à compartimenter, quelquefois à cibler quelque chose en occultant le reste. C’est un objet très utile mais c’est aussi un objet dangereux, car il peut mettre le feu ou rendre aveugle.

Au moment de la publication de L’Insurrection qui vient aux Etats-Unis, à l’été 2009, Glenn Beck, commentateur et animateur de la chaine Fox News, contribue à la propagation d’un feu médiatique autour de l’affaire dite de « Tarnac ». Sur l’écran, derrière le présentateur, sont diffusées des images de voitures incendiées et de pompiers luttant contre les flammes.

Filant la métaphore de l’incendie, nous nous sommes mis en route à travers une forêt imaginaire et, nous inspirant des dix jeunes gens du Décameron fuyant Florence ravagée par la peste, nous avons élu domicile dans une cabane, sur des hauteurs. De là, observant les fumées de l’incendie, nous allions à notre tour prendre le temps de raconter nos propres histoires.

Depuis notre refuge, nous avons inventé, mis en place et appliqué des stratégies pour nous protéger, pour surveiller, pour détourner ou contenir le feu, faisant écho dans nos différentes actions aux « contre-fictions vraies » d’Yves Citton, faisant silence sur Glenn Beck, pour que redevienne audible le bruit de nos pas dans la neige.

 

Présentation de l’atelier, lectures… Retraversez la soirée de restitution sur la r22 Tout-monde : 

 

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Son — Événements

Morceaux de vie

Une lecture par Garance Clavel d'un texte de Frank Smith, poursuite de sa résidence à Khiasma

Le 8 mars 2017, journée dédiée aux droits des femmes, les mots anonymes recueillis par Frank Smith, parcours de vie d’une femme qui voulait se raconter, ont existé le temps d’une lecture par Garance Clavel aux Musée des Archives Nationales (Paris IIIè). Une récit établi par Frank Smith depuis sa résidence entre Khiasma et les Archives Nationales de Pierrefite-sur-Seine en 2014-2015.

« Dans l’écriture, il n’y va pas de la manifestation ou de l’exaltation du geste d’écrire; il ne s’agit pas de l’épinglage d’un sujet dans un langage; il est question de l’ouverture d’un espace où le sujet écrivant ne cesse de disparaître », dit Michel Foucault, au cours d’une conférence consacrée à la notion d’auteur en 1970 à l’université de Buffalo, New York.
Je ne suis pas l’auteur des lignes que Garance Clavel va vous lire. À la limite, je ne les ai pas écrites, elles se sont écrites. Quelqu’un a parlé, et je dis qu’importe que quelqu’un ait parlé.




« Dans cette indifférence, je crois qu’il faut reconnaître un des principes éthiques fondamentaux de l’écriture contemporaine. » poursuit Foucault.
Je dis que l’écriture n’est jamais un résultat en soi. Je dis que l’écriture doit s’affranchir du thème de l’expression, qu’elle est toujours un dehors, en dehors.
C’est fort de cette conviction qu’un Bureau d’écrivain public a pu naître au sein des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, au cours d’une résidence au sein de l’espace Khiasma il y deux ans, avec le concours du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Garance Clavel

C’est parce que l’écriture qui nous fonde est toujours expérimentée à ses limites qu’a pu naître ce texte, porté par le témoignage d’une jeune femme. Une jeune femme qui voulait faire le récit de sa vie matérielle pour se réconcilier avec ses deux filles.
« Il est question de l’ouverture d’un espace où le sujet écrivant ne cesse de disparaître. » Je dis oui et je dis merci à cette jeune femme dont je me dois de taire le nom, qui s’est confiée et qui a eu confiance elle-même, de même que je dis merci à Olivier Marboeuf et Sébastien Zaegel, de Khiasma, ainsi qu’à Anne Rousseau des Archives nationales, qui ont pu rendre cette transcription possible.

 

 

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Article — Artistes en résidence

Antenne Arc & Flèche

Une résidence d'Ana Vaz

En 2017, l’artiste brésilienne Ana Vaz s’installera à l’Espace Khiasma pour un an d’une résidence élargie, touchant à l’intégralité des activités de Khiasma.

Le Jaguar Bleu

En 2017, l’artiste visuelle brésilienne Ana Vaz sera en résidence à l’Espace Khiasma autour de sa trilogie Le Jaguar bleu, qui prend comme motif et symbole des îles à la fois réelles et imaginées pour fabuler de nouvelles formes de relations dans un monde hanté par l’imminence d’une ruine écologique.
 Comment penser, représenter, fabuler, la fin d’un Monde ou plus précisément d’une certaine conception du monde héritée de la modernité occidentale ? La crise écologique globale marque une limite et nous sommes aujourd’hui bien incapables de la saisir autrement que comme une catastrophe, alors qu’elle est aussi une chance de construire un nouveau rapport à la Terre et aux autres espèces vivantes ou technologiques.

Présente au sein de l’exposition collective « Excusez-moi de vous avoir dérangés », Ana Vaz a participé à plusieurs rencontres à l’Espace Khiasma en 2015-2016, dont des soirées dédiées à la revue Coyote et à la présentation d’une performance visuelle et sonore avec Nuno da Luz autour des premiers matériaux de son prochain film tourné au Japon (voir, au sujet de cette performance, le compte-rendu de Mathis Berchery dans ces pages).

Ana Vaz et Nuno da Luz, «The Voyage Out», performance réalisée lors du Lundi de Phantom n°23 à l’Espace Khiasma, le 5 décembre 2016. Photo : Matthieu Gauchet.

 

La résidence d’Ana Vaz à l’Espace Khiasma se composera de plusieurs modules :

Espace atelier expérimental.
Mise en espace de ses images filmées et présentation publique d’étapes du récit qu’elle souhaite tisser à partir d’un voyage dans la jungle amazonienne. Deux Lundis de Phantom seront consacrés en 2017 à ses films en cours.

Rencontres – conférences
Des rencontres et conférences avec des chercheurs et artistes qui accompagnent et nourrissent sa démarche. Où l’on parlera de cinéma, de peau, de vision animale et cybernétique, de corps à la limite de la conscience.

Ateliers et workshops : L’oeil e(s)t le jaguar
Ateliers mensuels avec des écoliers en vue de la fabrication d’un film expérimental autour de la vision animale du monde. Workshops avec des collégiens et lycéens autour des représentations visuelles du monde.

Programme régulier de projections de films expérimentaux

Webradio R22 Tout-Monde
Développement d’un programme radio, journal de bord de la résidence sur l’Antenne Arc & Flèche (pièces sonores, entretiens, lectures et performances).


Biographie

Ana Vaz (b. 1986, Brasília) est une artiste et cinéaste dont les films et autres dérivés spéculent sur les relations entre le soi et l’autre, le mythe et l’histoire à partir d’une cosmologie de signes, références et perspectives. Assemblages de matériaux trouvés ou tournés, ses films combinent ethnographie et spéculation en explorant les frictions et fictions imprimées dans les relations d’environnements cultivés ou sauvages avec leurs habitants multiples. Formée au Royal Melbourne Institute of Technology et au Fresnoy Studio National des Arts Contemporains, Ana a égalementété membre du programme SPEAP (SciencesPo École des Arts Politiques), un projet conçu et dirigé par Bruno Latour. Les présentations récentes de son travail incluent le New York Film Festival – Projections, TIFF Wavelenghts, CPH:DOX, Videobrasil, Courtisane, Cinéma du Réel et Lux Salon. En 2015, elle a reçu le prix du Kazuko Trust Award Fund présenté par la Film Society du Lincoln Centre en reconnaissance de l’excellence artistique et l’innovation dans son travail autour de l’image en mouvement. Son travail a aussi été montré dans le cadre d’expositions individuelless et collectives comme la Biennal of Young Art du Moscow, le Dhaka Art Summit, Ludlow 67 (New York), Videobrasil (São Paulo) et Bildmuseet (Umeå).

www.vimeo.com/anavaz

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Édito — Artistes en résidence

Plateforme

En 2017, Khiasma met en place son nouveau programme Plateforme. Basé sur le développement d’une communauté au travail, Plateforme transforme l’Espace Khiasma en un espace de recherche et d’expérimentations pour des rencontres aux formats variés. Artistes, étudiants, habitants, curateurs, chercheurs, acteurs associatifs, collectifs viendront progressivement occuper un même lieu et partager les antennes de la webradio R22 Tout-Monde qui tissera les voix multiples de cette aventure.

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Article — Focus

Amis, artistes et alliés

Sélection mars 2017

Ils sont nos alliés et amis, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

«Vers la Tendresse» d’Alice Diop primé aux Césars !
Développé au cours d’une résidence à Khiasma en 2014-2015, le film d’Alice Diop Vers la tendresse (2016) vient de remporter le César du meilleur court-métrage (ex-aequo avec Maman(s) de Maïmouna Doukhouré). C’est avec une grande fierté que nous savourons avec elle ce prix qui vient aussi couronner ce travail d’accompagnement mené au moment où l’oeuvre est encore fragile, invisible, dans le précieux instant du doute, et partagée avec le public. C’est un long travail qui commence dans l’ombre bienveillante. Cela demande du temps et réclame de la mémoire. On se rappelle avec émotion l’écoute des premiers témoignages des jeunes qui allaient devenir les figures de son film. Bravo Alice, merci pour cette magnifique aventure !

«Vers la tendresse» d’Alice Diop.

 

Frédéric Nauczyciel au Centquatre et invité du programme «Chapelle Vidéo»
Importante actualité ce mois-ci pour Frédéric Nauczyciel, lui qui avait présenté son travail à Khiasma en 2015 lors du Lundi de Phantom n°17. Dès le 17 mars, son installation The Fire Flies, Baltimore/Paris sera présentée dans la nef du Centquatre dans le cadre du programme «Séquence Danse» (attention, jusqu’au 9 avril seulement !). Puis à partir du 23 mars, c’est au musée d’art et d’histoire de Saint-Denis qu’on le retrouvera, dans le cadre du programme «Chapelle Vidéo» pour lequel il présente La Peau Vive, en clôture de sa résidence menée en Seine-Saint-Denis de 2014 à 2016. Ces deux installations sont en accès libre – et en attendant leur ouverture, on ne saurait que vous recommander la lecture du long entretien entre Frédéric Nauczyciel et Olivier Marboeuf en 2014, dans le magazine de Khiasma.

«La Peau vive», de Frédéric Nauczyciel.

 

«Tepantar» de Pierre Michelon en compétition au Cinéma du Réel
Les habitués de Khiasma avaient pu suivre à plusieurs occasions l’évolution du projet de film de Pierre Michelon, Un petit morceau de bois, d’abord présenté dans une version de travail lors du Lundi de Phantom n°11 en 2014, puis exposé dans sa version finale dans l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés» fin 2016. Dans le cadre de cette exposition, Pierre Michelon s’était d’ailleurs prêté au jeu d’un nouveau Lundi de Phantom, en novembre, présentant un projet encore à l’état de recherche, Vanmélé. C’est entre ces deux projets que s’inscrit Tepantar, fable documentaire qu’il vient de terminer et qui vient d’être sélectionnée par le festival du Cinéma du Réel pour concourir dans la catégorie court-métrage lors de sa prochaine édition, fin mars. Première mondiale le 24 mars !

«Tepantar» de Pierre Michelon (2017).

 

«Le Ventre des femmes» : parution du nouvel ouvrage de Françoise Vergès
Familière du public de Khiasma, Françoise Vergès publie ce mois-ci un nouvel ouvrage, Le Ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme (Albin Michel), dans lequel elle revient sur les avortements pratiqués dans les départements d’outre-mer dans les années 1960-1970, pratique encouragée par l’Etat français, parfois pratiquée sans consentement, alors même que l’avortement est encore interdit en métropole. Françoise Vergès sera à Khiasma le 22 mars pour présenter cet ouvrage et en lire des extraits. Et en attendant, vous pouvez toujours écouter ces précédentes interventions sur la R22 Tout-Monde !

 

Une séance Phantom hors-les-murs à Bordeaux dédiée à Simon Quéheillard
«Trois films dédiés à l’art de la catastrophe et à la poétique des machines» : mardi 7 mars, Simon Quéheillard présentera, en compagnie d’Olivier Marboeuf, trois films couts au cinéma Utopia de Bordeaux. Au programme, Le travail du piétonMaître-vent, et De commencements en commencements.

 

Le «carnet» d’Ismaïl Bahri à retrouver sur le site du Jeu de Paume
En préparation de son exposition personnelle au Jeu de Paume qui ouvrira en juin, Ismaïl Bahri tient un carnet dans les pages du magazine en ligne du Jeu de Paume… L’occasion de prolonger la lecture du 9è numéro du magazine de Khiasma, qui avait largement documenté l’exposition d’Ismaïl Bahri à Khiasma, sommeils, fin 2014.

 

Julien Creuzet invité de la R22 Tout-Monde
Invité du dernier festival Relectures à Khiasma, où il présentait la performance Ciel Ara, Julien Creuzet était l’artiste invité du tout premier journal sonore de la R22 Tout-Monde. A cette occasion, il s’est entretenu avec Olivier Marboeuf sur la place de la voix, du chant et de la musique dans sa pratique.

 

L’installation Sanctuary de Carlos Casas à la Tate Modern
En 2014, l’artiste et cinéaste espagnol Carlos Casas était l’invité du 12è Lundi de Phantom. Il y présentait son ambitieux projet Cemetery, film sur un mythique cimetière des éléphants au Sri Lanka. De ce projet est né l’installation Sanctuary, expérience de cinéma immersif réalisée avec l’artiste et musicien Chris Watson et l’ingénieur Tony Myatt. Présentée en septembre dernier à la fondation Cartier, elle sera à nouveau déployée à la fin du mois de mars, cette fois-ci à la Tate Modern de Londres, dans le cadre d’une soirée de l’exposition-programme «Tate Live», dix jours et six nuits d’installations et de performances dans le nouvel espace des ‘Tanks’.

«Cemetery» de Carlos Casas.

Spell Reel, premier long-métrage de Filipa César
Après plusieurs films courts très remarqués, parmi lesquels Mined Soil qui figurait dans l’exposition «Les Propriétés du sol», présentée à Khiasma fin 2015, la cinéaste portugaise Filipa César présentait le mois dernier Spell Reel, son premier long-métrage, lors de la dernière Berlinale, festival international du film de Berlin, dans la sélection « Forum », consacrée aux nouveaux cinémas. Suite de la réflexion qu’amorçait Mined Soil autour de la lutte de décolonisation de la Guinée-Bissau menée par Amilcar Cabral et les échos de cette lutte dans le présent, Spell Reel suit le déploiement à travers la Guinée-Bissau d’un cinéma mobile montrant aux habitants des images inédites de la lutte pour l’indépendance, tournées dans les années 60-70 et exhumées en 2011. Une archive au travail pour produire le présent.
Après cette première mondiale, c’est en Afrique que le film démarre son parcours ce mois-ci, au festival IREP de Lagos, au Nigéria, dans le cadre d’une édition intitulée «Archiving Africa».
Et pour ceux qui n’auraient pas encore pu le découvrir, son film récent Transmission from the Liberated Zones (2016) sera présenté le dimanche 19 mars aux Rencontres internationales Paris/Berlin.

«Spell Reel», un film collectif assemblé par Filipa César.


Fabrizio Terranova et Donna Haraway à Bruxelles le 30 mars
Le public lilasien a eu le privilège de découvrir en avant-première le dernier film de Fabrizio Terranova consacré à la penseuse américaine Donna Haraway, Story Telling for Earthly Survival, pièce centrale de l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés». Depuis, le film ne cesse de faire le tour du monde, et le mois de mars ne fait pas exception : Barcelone, Riga, Berlin… mais surtout Amsterdam et Bruxelles, où Donna Haraway se rendra à la fin du mois pour des rencontres publiques. Au musée Stedelijk d’Amsterdam, elle échangera avec la philosophe Rosi Braidotti à la veille d’une projection du film, puis à Bruxelles c’est avec le réalisateur Fabrizio Terranova qu’elle discutera à l’issue d’une projection le 30 mars à Bozar !

«Donna Haraway : Story Telling for Earthly Survival» de Fabrizio Terranova dans l’exposition «Excusez-moi de vous avoir dérangés» à l’Espace Khiasma.

 

All That is Solid, de Louis Henderson, exposé pour le prix Loop Discover
Exposé à Khiasma fin 2015 lors de l’exposition «Les propriétés du sol», le film de Louis Henderson All That is Solid figure dans l’exposition itinérante du prix Loop Discover, pour lequel il a été nommé en 2016. Il est donc à découvrir ce mois-ci en Catalogne, au centre d’art contemporain La Sala en périphérie de Barcelone, ainsi qu’à Vienne, au Q21. 

 

Barbara Manzetti, «Rester.étranger.» à la Ménagerie de Verre
En 2011, en résidence à Khiasma, Barbara Manzetti avait quotidiennement occupé les espaces d’exposition pour y développer un travail d’écriture in situ, «Epouser Stephen King». En résidence à La Ménagerie de Verre en 2017, Barbara Manzetti pose les bases d’un nouveau projet en collectif avec Tanguy Nédelec et Barbara Coffy. Danseuse et chorégraphe de formation, Manzetti s’attache à figurer le mouvement d’un corps sans présence, que l’écriture soit un chemin, un parcours ou sa trace, un récit d’un trajet, d’une arrivée, d’une entrée dans la langue, le français, « on fait cours de français ». Une rencontre sans visage, des voix sans corps. Apprendre pour rester, réapprendre, « jardiner », toujours étranger.

 

Frédéric Mathevet en live à la galerie Planète rouge
Compagnon de route régulier de Khiasma et de la R22 Tout-Monde, Frédéric Mathevet avait notamment été en résidence à l’école Le Vau avec les artistes Hélène Coeur et Célio Paillard en 2014 (résidence durant laquelle ils avaient notamment imaginé avec des élèves de CE2-CM2 le jeu du «Pahou-Wahou» !), puis était revenu l’année suivante pour un Lundi des revues consacré à la revue L’Autre musique. Du 11 au 16 mars, la galerie Planète rouge (Paris 7è) propose une exposition consacrée à la catastrophe de Fukushima, 6 ans après celle-ci. L’occasion pour Mathevet de remettre en jeu, lors d’un live vendredi 16 mars à 19h, sa contribution au projet Fukushima Open Sounds, mené par Dominique Balaÿ. 

 

Violaine Lochu au festival Locus Métropole de Mulhouse
Habituée de Khiasma, où sa dernière apparition date du festival Relectures 17, Violaine Lochu sera ce mois-ci l’invitée du festival de performances Locus Métropole à la Kunsthalle de Mulhouse, où elle présentera sa performance parlée et chantée T(h)race

 

«TRAUM (Le paradoxe de V.)» : une performance de SMITH et Matthieu Barbin, produite par Khiasma, présentée à Bourges
Produite par Khiasma, TRAUM (Le paradoxe de V.) est une pièce chorégraphique inspirée du film TRAUM, réalisé en 2016 par Dorothée Smith et présenté en fin d’année dernière au Transpalette de Bourges. C’est cette fois-ci au Nadir que sera présentée cette performance, mercredi 8 mars. Le film TRAUM, lui, sera présenté jeudi 16 mars à la Gaîté Lyrique dans le cadre des Rencontres internationales Paris/Berlin.

«TRAUM, le paradoxe de V.», de SMITH et Matthieu Barbin.

 

En mars, la littérature «Hors Limites» en Seine-Saint-Denis
En Seine-Saint-Denis, l’événement littéraire du mois de mars c’est évidemment le festival Hors Limites : deux semaines de littérature et une avalanche de rencontres de tous formats déployées dans les bibliothèques du département et des lieux partenaires. Entre têtes d’affiches et propositions originales, on pourra suivre les étudiants du Master création littéraire de Paris 8 qui, après leur atelier mené à Khiasma en janvier 2017, s’associeront à Pierre Senges pour dresser une «Encyclopédie des sports imaginaires», mais aussi Charles Robinson, passé par Khiasma au cours de sa résidence aux Lilas en 2014, et Sylvain Pattieu, venu à Khiasma l’an dernier dans le cadre du festival pour un Lundi des revues consacré à la revue La Moitié du Fourbi à laquelle il contribue. Partenaire du festival, la R22 Tout-Monde accueillera des sons choisis du festival sur l’antenne Hors Limites.

 

Estefanía Peñafiel Loaiza et Julien Prévieux dans une exposition hors-les-murs du Frac Basse Normandie
Second volet d’un cycle intitulé «Scripts & Partitions» organisé sous le commissariat d’Audrey Illouz, le FRAC Basse-Normandie organise hors-ses-murs l’exposition «Codes Sources», à Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados. Parmi les artistes qui composent cette exposition collective, on retrouvera notamment Estefanía Peñafiel Loaiza (dont les travaux avaient été exposés à Khiasma en 2015 dans «Les Propriétés du sol» puis en 2016 dans «Excusez-moi de vous avoir dérangés») et Julien Prévieux, qui participait en 2013 à l’exposition «Mandrake a disparu». Ouverture le 21 mars.

 

Fantazio au festival Banlieues Bleues
Sa Confédération républicaine avait ouvert la dernière édition du festival Relectures. Le 22 mars, Fantazio présentera une nouvelle création réalisée avec Théo Ceccaldi, Péplum, dans le cadre du festival Banlieues Bleues, à la Dynamo de Pantin. 

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Article — Focus

Antenne Dingdingdong

Le Huntingtonland continue de s'explorer à Khiasma

Dans la continuité de la résidence d’Alice Rivières à Khiasma en 2015-2016 autour du projet «Mutando», le collectif Dingdingdong, composé de chercheurs et d’artistes, s’installera rue Chassagnolle à partir de mars 2017 pour y développer ses projets, ateliers et rencontres autour de la maladie de Huntington.

Le Huntingtonland continue de s’explorer à Khiasma grâce à l’ouverture d’une antenne Dingdingdong à partir de mars 2017 !
Qu’est-ce que le Huntingtonland ? C’est l’univers des métamorphoses auquel nous invite la maladie de Huntington (une maladie rare, génétique, neuroévolutive, qui transforme ceux qu’elle touche corps et âme). Devenez métamorphile et suivez les aventures d’Alice Rivières, mutante, et de toute l’équipe Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington.

Une partie du collectif Dingdingdong au travail, été 2016.

Parmi les chantiers d’expérimentation qui s’ouvrent à Khiasma :
Des ateliers avec un groupe de personnes débutants la maladie, les Absolute Beginners, qui travaillent à traduire pour eux-mêmes et pour les autres (malades et entourants) les façons invisibles, délicates, énigmatiques, dont la maladie commence à s’exprimer. Premier atelier le 18 février 2017 avec Valérie Pihet, Alice Rivières et le réalisateur Fabrizio Terranova qui créé une vidéo avec les Absolute Beginners.
– La Radio Dingdingdong sur la R22 Tout-Monde, qui transmettra régulièrement des nouvelles de nos explorations.
Des expérimentations en réalité virtuelle avec l’antenne Fabbula.
«Allô allô, ici la terre !», ateliers pour enfants et jeunes qui grandissent dans une famille touchée par Huntington.
Des rencontres publiques et des performances…

Programme à découvrir bientôt !
Et en attendant, (re)découvrez le programme MUTANDO, résidence d’écrivain d’Alice Rivières à Khiasma, sur la R22 Tout-Monde…

Qu’est-ce que Dingdingdong ?

« Dingdingdong est le nom d’un projet ambitieux de recherche en sciences humaines, en arts et en littérature sur la maladie de Huntington.

Né durant l’hiver 2011-2012, ce projet rassemble des personnes intimement concernées par la maladie de Huntington, des chercheurs et des artistes au sein d’un même collectif, tous animés par la conviction qu’il est devenu crucial de faire de cette maladie l’occasion d’une authentique aventure de connaissance.

Cette aventure concerne les malades et leurs proches, la médecine bien sûr, mais aussi la philosophie, la littérature et les arts, indispensables lorsqu’il s’agit de créer de nouvelles manières de regarder, de décrire et de raconter un phénomène aussi complexe et multiple que la maladie de Huntington. Plus généralement, cette aventure concerne chacun d’entre nous, qui sommes susceptibles un jour de faire face à l’expérience si spéciale de la maladie, qu’elle soit ou non génétique.

Le souci principal de Dingdingdong est de faire participer les « usagers » de cette maladie – personnes à risque, porteurs, malades et proches, mais aussi soignants dans le sens très large du mot – au savoir qui est constitué sur celle-ci. L’objectif étant de créer une définition partagée, « co-produite », de la maladie de Huntington, une description de toutes ses profondeurs, inconnues, subtilités, subjectivités, qui soit une proposition alternative au destin tragique prédéterminé qui est aujourd’hui le plus souvent érigé comme le seul avenir possible des porteurs et des malades. »

« L’enjeu de Dingdingdong est de mettre en place un dispositif de production de connaissances articulant le recueil de témoignages à l’élaboration de nouvelles propositions pragmatiques, dans le but d’aider les usagers – porteurs, malades, proches, soignants – à vivre honorablement leur maladie de Huntington. Une telle ambition contraint à inventer une forme inédite de collaboration entre usagers, chercheurs (médecine, philosophie, sociologie, histoire…) et artistes (plasticiens, écrivains, vidéastes, chorégraphes…), pour réussir la mission que nous nous donnons : explorer la maladie comme une planète inconnue et trouver les formes narratives à la hauteur pour bien raconter, chemin faisant, cette aventure. »

Qu’est-ce que MUTANDO ?

La résidence « MUTANDO », réalisée en 2015-2016; se présentait comme le déploiement d’un projet d’écriture ambitieux et innovant à l’intérieur même de l’espace Khiasma, devenu chambre d’échos de la collectivité des voix habitant le « personnage conceptuel » d’Alice Rivières. Catalyseur spéculatif pour la narration d’autres possibles de ce « devenir hungtintonien », c’est à travers elle que le collectif Dingdingdong (Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington) fictionne d’autres rapports au monde, à la pensée et aux savoirs. Construisant, depuis l’expérience de la maladie et avec les usagers , artistes, médecins et chercheurs qui le composent, autant de « savoirs situés », il accompagne Alice Rivières dans « la longue marche de sa métamorphose neuroévolutionnaire » à mesure des multiples récits dont elle fait l’objet (Manifeste, notes de voyage, vidéo, spectacle, jeux vidéo…), et nourrit l’écriture de Mutando : roman huntingtonien d’auto-science-fiction, où Alice Rivières cherche à trouver une langue adéquate au corps mutant qui est le sien.
En réécoute sur la R22 Tout-Monde !



Dingdingdong–Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington a été fondé par Valérie Pihet et Emilie Hermant en 2012. L’Institut est composé de : Vincent Bergerat (artiste), Liisa Cervières (artiste), Anne Collod (chorégraphe), Alexandra Compain-Tissier (artiste), Didier Debaise (philosophe), Vinciane Despret (philosophe et psychologue), Cassiopée Guitteny (philosophe), Emilie Hache (philosophe), Emilie Hermant (écrivain), Bruno Latour (philosophe et sociologue), Anne-Laure Morin (juriste), Valérie Pihet (curatrice et coordinatrice du projet), Fabien Siouffi (jeux vidéos et réseaux sociaux), Katrin Solhdju (historienne), Stéphanie Soudrain (artiste), Isabelle Stengers (philosophe, marraine de Dingdingdong), Fabrizio Terranova (artiste), Sophie Toporkoff (directrice artistique), Katia Youssov (neurologue).

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Article — Focus

Feedback into The Voyage Out (Ana Vaz)

comme un récit d'après la performance

Le 05/12/2016 à Khiasma, Ana Vaz a fait part d’une performance singulière avec Nuno Da Luz, une expérience de montage live d’un film en train de se faire, une étape dans le courant de ses recherches et de ses expérimentations cinématographiques. Aussi cette rencontre a-t-elle marqué le premier temps d’un compagnonnage entre Ana Vaz et Khiasma au fil de l’année 2017.

En direct, Ana Vaz et Nuno Da Luz échafaudent un récit fantasmé qui s’invente en images  ; une fiction qui voudrait habiter l’espace de l’œil à l’objet, du désir au réel. Le régal est dans le montage d’un pont de Niijima* à Fukushima, un voyage rêvé et son impossibilité, entre disparition et découverte.

Une voix (Ana Vaz) lit des données, dit venir du futur pour expliquer le présent. La parole flotte, puis se perd : « Do you hear me ? »
On tenait dans l’éther des mots sortis du vide, on planait dans l’espace d’une fiction langagière. Une fois lâché le lien, les gestes des monteurs assis devant l’écran sont les stigmates du présent qui s’affirme malgré les intentions fictionnelles. Ainsi l’on chute, on revient au réel, mais pour y passer seulement. On bute sur le sol et on glisse à l’écran, emportés par le son qui ne nous lâchera plus, enrobés dans l’atmosphère d’un voyage. Le voyage débute ici, comme une chute.
Le parole évaporée, les images s’organisent, affichent des moments, des lieux, des rencontres, exposent les vues d’un regard tiré du sol, flottant, patient, se laissant porter par les mouvements opportuns qui lui viennent, apparaissent sur son trajet.

La caméra cherche. Le son fait des vagues. Ensemble ils figurent.
Et l’on est pris dans un plongeon à répétition. La vision est floue, déjà loin le dauphin, immense l’abeille, étourdissant le craquettement, curieuse l’action, répété le geste, variées les échelles. Ce sont des impressions rendues, des visions captées depuis des points changeants, suspendus, des lieux mémorisés qui, tissés, nous livrent le reflet d’un territoire visité, mis en parallèle au présent.

Ce sont des vues. Ce sont des prises et des reprises.
Un film fait de mouvements, les siens propres et ceux qu’il montre, qu’il répète parfois. Fiction d’un regard vivant qui s’attarde, d’une vision directe qui insiste. Mais vous n’étiez pas présent ?
Les cadres énoncent des perspectives, des impressions, évoquent des figures, en évinçant le sujet. On est face à l’incapacité de notre présence sur le lieu du fantasme, dans l’espace du voyage. L’incapacité aussi d’être cet autre que l’on aperçoit, cet autre qui gigote, nage, remue, creuse, glisse, plante, joue, vole, reste, passe, attend, se tient, là-bas. On est coincé devant l’écran, derrière le temps passé ailleurs, loin sans nous. Le lieu nous manque mais images et sons durent et fabriquent un monde en direct, un naturel cinématographique.

Ana Vaz nous annonçait que nos outils seraient cassés, qu’il faudrait réapprendre à toucher, reprendre contact avec le sol. Elle nous montre comme nous sommes immobiles ici, quand l’image, elle, ne cesse de bouger, et que le cadre surprend à se trouver mouvant parmi les choses, les états, les gestes. Comme si comprendre son environnement, c’était accepter de se laisser surprendre par une chute en un point suivi d’un rebond, indépendant de toute préméditation, sans l’autorité d’un sujet ancré comme une espèce de repère fixe ; se laisser porter, non pas s’agripper.
Ainsi les choses ne sont pas désignées, c’est l’espace entre qui est interrogé. Comment cela fonctionne-t-il ensemble ? Comme cela se pense-t-il ?

 

Mathis Berchery

*Niijima est une île volcanique apparue en novembre 2013 au large de Tokyo (Japon).

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Article — Expositions

Lundi de Phantom n°24 : Kantuta Quirós & Aliocha Imhoff

Les Impatients

Pour ce 24è Lundi de Phantom, dernier rendez-vous de l’exposition Excusez-moi de vous avoir dérangés, Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós, fondateurs de la plateforme curatoriale le peuple qui manque, ont présenté leur projet Les Impatients. (Photographies : Matthieu Gauchet)

Face à une crise de l’avenir qui est aussi, nécessairement, une crise du récit, Les Impatients sont ceux qui, en divers endroits du monde, oeuvrent à un mouvement de reconstruction face à une histoire qui semble arrêtée, pour « construire ce qui pourrait être, et déconstruire ce qui se présente comme étant ».

Un fragment du premier épisode de ce projet, basé à Chicago, était montré dans l’exposition Excusez-moi de vous avoir dérangés. Narrateurs intempestifs du présent-passé-futur. Ce Lundi de Phantom fut l’occasion de découvrir l’ensemble du projet et d’en discuter avec ses auteurs.

« On a pu décrire nos temps comme ceux des années d’hiver – une ère de glaciation des possibilités. Face à cette crise de l’avenir que traverse notre début de 21ème siècle, les Impatients sont ceux qui œuvrent à un mouvement de reconstruction de l’avenir, des avenirs. Ils sont ceux qui portent en eux cette impatience à l’égard d’une Histoire qui semble désormais immobile, arrêtée.

Depuis cette crise du futur, cette série surgit alors, pour nous, de l’urgence de retrouver des possibilités pour l’avenir. Nous partons en quête de traces, d’indices d’avenirs possibles que nous collectons et rassemblons. Ces salves d’avenir, dont de nombreux artistes et penseurs témoignent aujourd’hui, nous cherchons à les coudre ensemble. Nous pensons cette enquête en rhapsodes – le rhapsode, cet arpenteur qui va de ville de ville, pour dire les poèmes des autres, ce chercheur, cet agent de liaison qui, au sens premier du mot, a soucis de coudre, de lier les espaces les uns aux autres, continûment, jusqu’aux limites du monde habité.

Chaque épisode démarre ainsi depuis un chronotope, un espace-temps particulier, depuis lequel s’invente une pensée temporelle singulière. Les corps que nous filmons à Chicago, à Detroit, à Dakar, à Paris, à Leipzig et bientôt en Haïti, à Lagos, incarnent des cristaux de temps, loin de la fiction de ce temps homogène de la globalisation, de ce fantasme d’une simultanéité globale.

Nous filmons à Chicago, à Detroit où les ruines crépusculaires de la crise des subprimes et les blessures infligées aux vies noires sont contredites par les imaginations afrofuturistes et le mouvement des Black Live Matters. Nous filmons à Dakar, à Lagos (Nollywood), où se dessinent les frémissements d’un autre avenir pour l’Afrique. Nous filmons à Leipzig où a commencé historiquement le mouvement qui allait conduire à la chute du mur de Berlin. Nous filmons à Paris, pendant Nuit Debout où l’on a défait les calendriers et où a ressurgi, telle une épiphanie, cette joie commune de retrouver une possibilité du politique. »

— KQ & AI

L’épisode 1 (Chicago/Detroit) a été développé dans le cadre de la Méthode Room à Chicago, résidence dirigée par Guillaume Désanges à la Rebuild Foundation, fondée par l’artiste Theaster Gates – avec le soutien de l’Institut Français, les Services Culturels de Ambassade de France aux Etats-Unis et le Théâtre de la Ville.

Featuring Steven Shaviro, Krista Franklin, Amir George, Devin Cain, Devin King & Caroline Picard, Ytasha L. Womack, Joshua Rios, Ellen Rothenberg, Michelle Wright. Textes de Camille de Toledo, Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós.
D’autres épisodes sont en cours de tournage, montage et développement (Paris, Dakar, Leipzig, Lagos, Port-au-Prince).

L’ensemble du film est soutenu par la Commission Mécénat de la FNAGP.

Production : Spectre / Phantom

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Vidéo — Expositions

Lundi de Phantom n°23: Ana Vaz

The Voyage Out (avec Nuno da Luz)

https://vimeo.com/193116469

Les Lundis de Phantom sont des temps privilégiés de présentation, de rencontre et de discussion autour d’un projet filmique en cours dont sont présentés des extraits. Ce 23ème a été l’occasion d’échanger avec Ana Vaz et Nuno Da Luz autour d’un film en train de se faire : The Voyage Out.

The Voyage Out, performance, 40min, Ana Vaz and Nuno da Luz.

C’est une année à plusieurs lunes, là-bas les carcasses des vieilles usines forment maintenant une terre pour les êtres qui poussent grâce au jus mutant de la force polluante. Malgré la radioactivité et les températures élevées, ces nouvelles créatures prospèrent. Champs de fleurs naissantes, petits rassemblements d’abeilles survivantes, espèces végétales résistantes et œufs d’un nouveau genre reposent sur notre rive, nous engageant à creuser et à chercher le sens d’une vie si inattendue. Des centaines d’années se sont écoulées depuis la naissance de l’île. Avec l’avènement de la Grande Vague, tous nos satellites de communication, nos outils et nos tablettes se sont cassés et maintenant ce qu’il nous reste est le toucher et quelques derniers ustensiles pour appréhender ce monde. Nous travaillons à nous relier avec le bout des doigts, à apprendre à toucher à nouveau, loin des systèmes de technologies tactiles et maintenant directement sur les corps, les objets et les surfaces avec lesquelles nous cherchons à évoluer, à nous transformer. C’est par le toucher que nous comprenons, même si ce n’est que partiellement. Aussi, nous devons être toujours en mouvement afin de mieux voir, sentir, relier. Comme le proverbe Igbo nous l’enseigne: on ne reste pas au même endroit pour regarder une danse des masques.

 

Née en 1986 à Brasilia, Ana Vaz est une artiste et cinéaste dont les films et le travail spéculent sur les relations entre le soi et l’autre, le mythe et l’histoire au travers d’une cosmologie de signes, références et perspectives. Des assemblages de matériau filmé et trouvé, ses films combinent ethnographie et spéculation dans l’exploration des frictions et fictions inscrites dans les environnements naturels comme bâtis. Diplômée du Royal Melbourne Institute of Technology et du Fresnoy-Studio National des Arts Contemporains, Ana Vaz fut également membre de SPEAP (SciencesPo School of Political Arts), un projet conçu et mené par Bruno Latour. Son travail est régulièrement projeté partout dans le monde : New York Film Festival, TIFF Wavelengths, CPH:DOX, Videobrasil, Courtisane, Cinéma du Réel, Lux Salon. En 2015, elle reçoit le Kazuko Trust Award présenté par la Film Society du Lincoln Center en reconnaissance de l’excellence artistique et de l’innovation de son travail filmique.

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Article — Expositions

Lundi de Phantom n°21 : Pierre Michelon

Vanmélé, atlas cinématographique de la décolonisation, telle qu'elle n'a pas pu être, telle qu'elle n'est pas encore

Les Lundis de Phantom sont des temps privilégiés de présentation, de rencontre et de discussion autour d’un projet filmique en cours dont sont présentés des extraits. Ce 21ème Lundi de Phantom fut l’occasion de traverser des œuvres récentes de Pierre Michelon autour des récits des déportés coloniaux, rassemblées au sein de la plate-forme audiovisuelle en ligne qu’il développe actuellement, Vanmélé. (Photographies : Matthieu Gauchet)

« De Guyane française, de Kanaky, d’Algérie ou de France des voix s’élèvent, celles des condamné.e.s politiques déporté.e.s par la puissance coloniale face à laquelle ils ou elles tentaient de faire front. Une histoire méconnue se dévoile et se construit : elle mêle des espaces géographiques et des destins multiples ; des idéologies et des contextes de luttes qui se rencontrent, s’associent ou s’opposent ; des correspondances clandestines, acheminées ou non ; des « travaux » forcés, des évasions ou des disparitions. C’est un passé commun, un passé traduit et pluriel. C’est écrire ou parler l’histoire de la violence. C’est le dessus-dessous des paysages, c’est le cri des archives, le cri des anticolonialistes et des morceaux de bois.

Réunir ces récits et ces voix formerait une fable politique intitulée : vanmélé*.

Notre fable se construira avec celles et ceux qui se souviennent. Quelques enfants de condamné.e.s, quand ils le peuvent, quand ils le veulent, évoquent la mémoire de leurs parents déportés ; d’autres militant.e.s parlent de leurs luttes au présent de l’indicatif, depuis la « postcolonie », depuis « l’outre-mer ». Cette fable serait le montage d’un film inachevable, ce serait un film qui prononcerait — conditionnel — une histoire des décolonisations, telles qu’elles n’ont pas pu être, telles qu’elles ne sont pas encore. »

Pierre Michelon

*Vanmélé est un mot de langue créole guyanais que l’on ne peut traduire par « étranger » mais par une poétique qui déjoue le xénophone : celui ou celle que les vents ont apporté.e, ont constitué.e.

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Son — Expositions

Lundi de Phantom n°22 : Estefanía Peñafiel Loaiza

et ils vont dans l'espace qu'embrasse ton regard

Les Lundis de Phantom sont des temps privilégiés de présentation, de rencontre et de discussion autour d’un projet filmique en cours, dont sont présentés des extraits.

La venue d’Estefanía Peñafiel Loaiza a été l’occasion d’aborder l’oeuvre vidéo qui était présentée à Khiasma au sein de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés. Narrateurs intempestifs du présent-passé-futur », Compte à rebours, mais surtout de dévoiler et discuter de son projet actuel, et ils vont dans l’espace qu’embrasse ton regard, enquête filmique au long cours autour du Centre de Rétention Administrative de Vincennes, sur les traces d’un incendie peu documenté survenu en juin 2008, lorsque se révoltèrent des sans papiers qui y étaient retenus.


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Diaporama — Expositions

Excusez-moi de vous avoir dérangés

Traversez l'exposition en images

Revisitez l’exposition qui a réuni, à l’Espace Khiasma, Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós (le peuple qui manque), Pierre Michelon, Estefanía Peñafiel Loaiza, Fabrizio Terranova et Ana Vaz. Photos : Matthieu Gauchet.

Quelle est cette figure intempestive qui vient ennuyer le jour ? Qui surgit de l’ombre pour semer la discorde et déranger les endormis ? Qui veille la nuit et déchire les calendriers, invente des mots, refait les batailles dans d’autres lieux ? Qui imite les bêtes sauvages ? Qui parle trop fort et pose son visage sale sur les fenêtres de la demeure du maître? Qui bouscule l’Histoire et s’amuse de chapitres ignorés? Qui êtes vous messieurs dames pour me parler comme ça ? Aimez les mauvaises compagnies et les huiles sur le feu, aimez les continents ainsi déposés en désordre sur un flot de pétrole, aimez et sortez de votre corps, amis, ennemis, aimez sans fin !

Autour de la figure de Donna Haraway et du film que lui consacre Fabrizio Terranova, Excusez-moi de vous avoir dérangés tisse dans un jeu de ficelle l’espace de nouveaux récits au travers des voix de narrateurs qui interrompent le flux de l’histoire, dérangent l’ordre des choses et les hiérarchies de la parole. Trouble-fêtes qui s’autorisent à tresser le temps, à mastiquer le passé, à trafiquer le futur dans le présent de corps vibrants, hybrides et dérangeants, traversés par les paradoxes d’une histoire commune et d’un futur qui se devra de l’être.

Commissariat, textes et scénographies : Olivier Marboeuf
Vernissage : jeudi 20 octobre à 18H30

Avec le soutien de Spectre Productions, Graphoui Asbl et le Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles (CBA)

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Son — Expositions

Récit 6 : avec Dominique Lebrun

À partir d’histoires de naufragés, nous observerons comment se jouent, se rejouent et/ou se délitent les fondements d’une société nouvelle.

Juriste, journaliste et écrivain voyageur, Dominique Le Brun est auteur de plusieurs anthologies autour de la littérature de voyage et des récits maritimes.

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Son — Expositions

Récit 5 : avec Thomas Lasbouygues

Lors du dernier weekend de l’exposition, deux « récits » ont clos celle-ci. Dans le premier, autour du film “Making of Elina” de Thomas Lasbouyges et de la plateforme archipels.org de Vincent Chevillon, les deux artistes ont discuté de la création de mondes possibles.

Thomas Lasbouygues est artiste et cinéaste.


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Son — Expositions

Récit 3 : avec Fabrizio Terranova

Troisième « récit » : Fabrizio Terranova revient sur la notion de l’appât qui fait de la narration spéculative une prise politique tout autre que la fiction. Rencontre suivie d’une performance sonore de François Bianco.

Fabrizio Terranova est cinéaste et enseignant. Il dirige le Master Narrations Spéculatives à l’Ecole de Recherche Graphique de Bruxelles.


Depuis octobre 2013, Vincent Chevillon développe SEMES, un projet itinérant en plusieurs points géographiques. Initié au travers de l’océan Atlantique à bord d’un voilier, ce projet se développe aujourd’hui en Europe au cours de résidences et de voyages. Pour cette exposition monographique à l’Espace Khiasma, il joue sur l’agencement et le déplacement de particules de sens, des sèmes. Composée de récits, d’images, de sculptures ouvragées tout autant que d’objets trouvés ou de collections privées, son installation évoluera au fil de quatre séquences comme le rituel répété de mise en espace d’une carte mentale, provoquant sans cesse de nouvelles lectures, accidents et syncrétismes. Manière pour l’artiste de rendre compte d’une pratique de dérive hantée par l’imaginaire des grands récits d’explorateurs autant que par les fantômes obsédants de l’histoire coloniale.

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Article — Expositions

« L’Histoire, telle qu’écrite par les Vainqueurs »

Un texte de Krista Franklin

Ses mots crèvent l’écran dans le premier fragment des Impatients, projet qu’Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros dévoilent dans l’exposition Excusez-moi de vous avoir dérangés. Retrouvez le texte de la poète américaine Krista Franklin, écrit spécialement pour le film avant de paraître dans la revue américaine The Offing.

Le monde brûle. Ecoutez Minnie Riperton sur cassette. Tous les disques sont en flammes. Les archives, en cendres. Du sang coule dans les caniveaux. Une fille noire portant une paire d’Air Jordans de 85 descend la rue en lévitation. Elle tient à la main un exemplaire de The Red Record qu’elle a transcrit à la main, une copie du Book of Eli dans son sac à dos. Tous les immeubles sont condamnés, un identique X rouge sur leur Troisième Œil. La maison où vivait Muddy Waters est décrépie. La maison d’édition Johnson est dépouillée et évidée comme une femme de mauvaise vie. Les invisibles clôtures qui séparent les quartiers sont électriques. Howlin’ Wolf grogne depuis la bouche d’un jeune de 17 ans sur la 71ème rue, squattant l’épave du vaisseau-mère de Sun Ra, marmonnant I’ll feel better if you understand. You won’t listen to me. Black Youth Project 100 est planquée dans une effigie architecturale, construite psychiquement, de la maison où Fred Hampton fut assassiné. Dans leurs rangs, un transgenre de 14 ans peint, de mémoire, avec ses doigts, des fresques AfriCobra sur les murs, muni de paquets de Kool-Aid et d’eau en bouteille pillés. Un amas d’adolescents à capuche récitent à l’unison des vers de poèmes de Gwendolyn Brooks, à tue-tête, sur le porche. Se remémorant, entre scintillements et sanglots. Un Chief Keef fraîchement tondu file à bord d’un buggy tout-terrain sur un terrain vague qu’il a créé de ses propres mains. Les quartiers nord sont cernés par le Chicago Police Department en tenue antiémeute. Les gens blancs n’ont pas vu le soleil depuis des décennies.

Ca, c’est Chicago tel qu’on le connaît, le connaissait, le connaît, le connaissait. Le temps est une illusion. Selon le corps dans lequel on vit, l’histoire est glissante comme la mémoire. Elle n’est qu’une série de cercles concentriques. La question est, à quel endroit nous connectons-nous ? Et quand ? Imaginez votre mitochondrie comme une liste de noms dans un registre de comptabilité d’esclavagiste, ou un problème de maths en camp d’internement. Pensez votre corps comme une archive de travailleurs sans-papiers, ou comme cinq générations gâtées par les profits de la guerre. Figurez-vous être un butin, un butin ambulant, la descendance profane de poètes et de meurtriers de masse, le colonisé et le colon entremêlés dans votre structure cellulaire comme un rosier sauvage poussant autour d’un treillis pourri. Qu’en est-il alors de l’histoire ? Imaginez le corps – votre corps – comme un recueil encyclopédique de 1000 années d’expériences. Au milieu d’un tome que vous n’avez pas encore ouvert se trouvent deux pages face-à-face ; une histoire des matraqués sur la première, et le matraqueur sur la seconde. Tout cela ne participe que d’une seule histoire. Le Livre des Morts, Le Livre de la Vie lovés l’un contre l’autre comme des enfants endormis. Ils rêvent des rêves, coulant dans votre sang.

Quel côté choisissez-vous ? Et si vous n’avez pas à choisir ? Ces trous de ver que l’on nomme Histoire et Temps sont la chronique de mensonges quasi-bibliques fondés sur des faits scientifiques. Que se passe-t-il si l’on enveloppe tout cela de nos bras ? Les Morts, les Vivants, les À Venir, tous le même espace-temps. Les Bons, les Brutes, les Truands, les Pécheurs et les Saints, tous réunis en nous à cet instant, là, maintenant. Et si je vous regardais dans le blanc des yeux et vous disais, « Vous êtes le réfugié de guerre et le belliciste. L’enclavé et l’astronaute. » Et alors ? De toute manière, tous les livres d’histoire sont en train de pourrir, empilés sur le sol froid d’une école fermée, et l’Américain moyen ne pourrait vous dire quelle information a fait la Une la semaine passée, sans parler de comprendre l’importance psycho-sociologique d’abaisser et bruler tous les drapeaux confédérés que ce pays ait fabriqués et brandis. La pièce se partage entre hausseurs-d’épaules et émoticons-en-colère. Dieu bénisse l’Amérique.

Voici ce que nous croyons : le terrain vague est le compost du Maintenant. Le Futur est déjà ici, rampant, titubant comme un soulard dans les ruelles du temps, marchant tel un érudit, courant entre les ombres, son pantalon aussi bas que celui d’un as de la gâchette. La dernière frontière est entre vos deux oreilles. C’est une dystopie post-apocalyptique ou une utopique béatitude, selon où vous vous placez. Nous pouvons nous tenir debout au soleil ou nous accroupir dans la pénombre ; quoi qu’il en soit, la décision nous revient.

Nous sommes de grands révélateurs. Notre ADN contient les squelettes enfermés dans le placard de l’histoire ; notre pied gauche est esclave, notre pied droit négrier. Ces nuages d’électrons à haute énergie ne sont pas des objets statiques. Rien n’est statique. Nous existons dans un continuum temporel constamment en mouvement, en transformation. Nul besoin pour nous de réinventer la roue ou reforger les armes. La lune et le soleil continuent leur éternelle partie. Nous sommes des phénomènes naturels pris dans une bataille impie avec notre Mère. Le temps n’est pas une ligne, c’est une série de cercles concentriques. C’est également une illusion façonnée pour nous faire envisager le concept de progrès comme un exercice intellectuel. Le progrès est un mirage. Le seul univers que nous contrôlons est celui situé entre nos oreilles.

Nos ancêtres dirent, Nous ne prendrons pas nos têtes enflées comme un signe de véritable gloire car les ombres se tarissent le soir venu. Il nous demandèrent, ÊTES-VOUS CLAIR OU TRÈS SOMBRE ? Nous savons que cette question ne porte pas sur la chair. Nous ne nous soucions pas de l’histoire car nous regardons l’histoire dans les yeux chaque matin en nous brossant les dents. Nous déversons des flots d’histoire dans nos toilettes en tirant la chasse d’eau, en vomissons quelques morceaux lorsque nous buvons trop de gin. L’histoire digère notre déjeuner. Nous mouchons notre nez de l’histoire. En ce moment même, l’histoire inspire et expire, autant agent secret que spectateur innocent.

Nous croyons que les murs sont témoins. Comme le sont les arbres, et les lampadaires qui longe l’Interstate 94. Même des boîtes bleues, aveugles et clignotantes, portent nos histoires.

Texte anglais : The Offing

Traduction : Kieran Jessel

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Article — Focus

Amis, artistes et alliés / décembre 2016

Vous les avez découverts à Khiasma, suivez leur actualité

Ils sont nos alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

Alexander Schellow, "A_Biography", 2016.

Alexander Schellow, « A_Biography », 2016.

Alexander Schellow, Penny Siopis et John Akomfrah à la Biennale de Taipei

Placée sous le signe des « archives du présent » et des « généalogies du futur », la 10è édition de la Biennale de Taipei rassemble, aux côtés de Francis Alÿs, Tacita Dean ou Santu Mofokeng, plusieurs artistes familiers du public de Khiasma.

Présenté aux Lilas en 2013 lors de l’exposition Mandrake a disparu, l’artiste allemand Alexander Schellow y présente son film A_Biography (2016). A_Biography est la trace de rencontres, plusieurs années durant, avec une femme souffrant de la maladie d’Alzheimer au point ne pouvoir avoir conscience de sa propre personne et de son expérience. Dans son style caractéristique, le travail de Schellow, animation de dessins photoréalistes effectués purement de mémoire, met en tension le caractère évanescent du souvenir.

Exposée à Khiasma en 2012 lors du premier mouvement du cycle d’expositions Les Nouveaux Mondes et les Anciens, la cinéaste sud-africaine Penny Siopis présente son film The New Parthenon (2016), traversant l’histoire de la Grèce au travers des microhistoires de films amateurs 8mm retrouvés.

L’artiste anglais John Akomfrah, lui, y présente son long-métrage documentaire de 2013 The Stuart Hall Project. L’été dernier, au lendemain d’une présentation du film au MK2 Beaubourg pour une Séance Phantom, John Akomfrah était intervenu à Khiasma, dans le cadre de la journée d’étude Dépasser les lignes de division, consacrée aux liens entre Stuart Hall et le féminisme, pour y témoigner de son expérience aux côtés de Hall, une des figures intellectuelles britanniques du 20è siècle… Une parole que vous retrouverez très bientôt sur la R22 Tout-Monde.

 

 

Exposition "Fragments" à la galerie Les Filles du Calvaire. A gauche, la série "Le Cap" de Catherine Poncin.

Catherine Poncin à la Galerie Les Filles du Calvaire

Comme Penny Siopis, les visiteurs de la rue Chassagnolle avaient pu découvrir le travail de Catherine Poncin en 2012, à l’occasion de l’exposition Les Nouveaux Mondes et les anciens. Retrouvez la aujourd’hui dans l’exposition collective Fragments, qui vient d’ouvrir à la Galerie Les Filles du Calvaire (Paris), et qui met à l’honneur une sélection d’artistes qui exploitent la fragmentation de l’image.

 

 

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Violaine Lochu, « Songline », performance à Khiasma dans le cadre du festival Relectures 17, octobre 2016.

Violaine Lochu à la Galerie de Noisy-le-Sec

Après avoir clôturé en beauté la dernière édition du festival Relectures avec SonglineViolaine Lochu participe actuellement à l’exposition Tes Mains dans mes chaussures à la Galerie de Noisy-le-Sec. S’étirant sur toute la saison 2016-2017, cette exposition collective ouverte à l’automne évoluera jusqu’à l’été, dans une lente et constante métamorphose.

 

 

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Fabrizio Terranova, « Donna Haraway: Story Telling for Earthly Survival », 2016.

Fabrizio Terranova au festival de Turin et à Paris

Pièce maîtresse de l’exposition Excusez-moi de vous avoir dérangés, dévoilée en avant première à l’Espace Khiasma, le dernier film de Fabrizio TerranovaDonna Haraway: Story Telling for Earthly Survival, débute sa carrière en festival de la plus belle des manières avec une projection au festival de Turin. Mais le public parisien n’est pas en reste : le 8 décembre, Fabrizio Terranova sera à Paris pour présenter son film au public du MK2 Beaubourg, lors d’une Séance Phantom spéciale.

 

 

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Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós, « Les Impatients » (projet en cours).

Les Impatients de Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff distingué par la FNAGP

Autre oeuvre qui compose l’exposition actuelle, le projet Les Impatients de Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós vient de recevoir le soutien de la commission mécénat de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques (FNAGP). Ce n’est actuellement qu’un fragment du premier épisode de cette série, déployé à Chicago et Detroit, qui est exposé à Khiasma. Pour dévoiler l’ampleur de cette série à venir, Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff, fondateurs de la plateforme curatoriale le peuple qui manque, seront à Khiasma lundi 12 décembre pour un Lundi de Phantom consacré au projet des Impatients.

 

 

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Silvia Maglioni & Graeme Thomson, « Common Infra/ctions map », 2016.

Silvia Maglioni & Graeme Thomson en résidence aux Labos d’Aubervilliers

Eux aussi, fin 2013, s’étaient prêtés au jeu d’un Lundi de Phantom : Silvia Maglioni et Graeme Thomson sont actuellement en résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers où ils développent leur projet Common Infra/ctions. Entre micro-installations, ateliers et événements qui ponctueront cette résidence, vous pouvez suivre les avancées de ce travail via un blog dédié.

 

 

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Till Roeskens, « Plan de situation Consolat-Mirabeau », 2012.

Till Roeskens à la Maréchalerie

Depuis 2010, où il signait avec Marie Bouts l’installation Pistes à l’Espace Khiasma, Till Roeskens est devenu un régulier de la rue Chassagnolle. Son travail s’expose aujourd’hui de l’autre côté de Paris, à la Maréchalerie de Versailles, dans l’expostion Sur des territoires fluides. Vous pourrez d’ailleurs l’y retrouver mercredi 7 décembre, en conversation avec Laura Amarcegui et Olivier Marboeuf. Mais sans bouger de chez vous, vous pouvez aussi vous replonger dès maintenant dans cet entretien de 2013, (ponctué d’une vidéo) sur le film Un Archipel de Roeskens et Bouts, publié dans le magazine de Khiasma.

 

 

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Exposition « Données à voir », La Terrasse – espace d’art de Nanterre, 2016.

Claire Malrieux et Julien Prévieux à La Terrasse

Présentés à Khiasma respectivement en 2015 (A dessein) et en 2013 (Mandrake a disparu), Claire Malrieux et Julien Prévieux participent tous deux à l’exposition actuelle de la Terrasse, espace d’art de Nanterre, « Données à voir ».

 

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Diaporama — Jeune Public

La Montagne des devenirs, saison 2 !

Ateliers de courts-métrages musicaux

Pour la deuxième saison de La Montagne des devenirs, place aux films musicaux avec 4 courts-métrages !

Après une première année consacrée à la science-fiction et YouTube, La Montagne des devenirs s’est tournée vers le film musical et le clip vidéo, reliant ainsi de nouveau deux mondes. Le premier, inscrit dans l’histoire du spectacle et du cinéma, et le second dans celui de la télévision mais surtout aujourd’hui dans le flux d’Internet. Les ateliers de la Toussaint (du 24 au 27 octobre 2016) ont permis à 11 enfants des Lilas, de Romainville et des villes limitrophes de se concentrer sur les liens entre la musique et l’image. Encadrés par des professionnels de l’image, Ingrid Seyman, Juliette Sarre et Jean-Baptiste Fave, les participants ont réinterprété leurs extraits préférés tout en gardant le son de l’œuvre originale. Ils ont sélectionné les films 42nd street, Mariage Royal, Mary Poppins et Chorus line pour créer The Musical Hat, un chapeau qui traverse le temps et l’image.

Du 6 au 10 février 2017, ces intervenants ont encadrés une second atelier enfants qui a donné La Nouvelle, court-métrage musical mettant en scène l’arrivée d’une nouvelle élève dans une école.

Du 13 au 17 février, un groupe d’adolescents des Lilas et de Bagnolet ont réalisé le clip musical J’aime Rêve, avec l’aide de Moussa Nzonzi, le réalisateur Kostia Testut et Jean-Baptiste Fave.

RDV sur la Lune, dernier court-métrage de la saison 2 de La Montagne des devenirs a été scénarisé et réalisé lors de l’atelier enfants des vacances de Pâques (du 3 au 5 avril 2017). Cette fois-ci, c’est presque toute l’équipe de Khiasma qui a animé ces séances, avec Hélène Jenny, Cécile Hadj-Hassan, Esther Poryles et Clément Lemaître, avec l’aide de Jean-Baptiste Fave.

Après avoir été projetés au Théâtre-Cinéma du Garde-Chasse (Les Lilas) en mai et au cinéma Le Trianon (Romainville) eu mois de juin, ces 4 courts-métrages ont été présentés en continu aux visiteurs de l’exposition ICI & AILLEURS.

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Pour tout demande d’information, écrivez à l’adresse : mediation@khiasma.net

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Article — Festival Relectures

Glossolalie 2011-(…)

Traversée linguistique et poétique, guidée par Frédéric Dumond

Relectures 17 : jeudi 6 octobre.   En deuxième partie de soirée, après qu’Emmanuel Adely nous ait lu « Je paie », c’est Frédéric Dumond qui a investi de ses mots l’Espace Khiasma. Il a livré l’état d’un projet d’écriture au long court, un poème qui parcourt les langues du monde, qui voudrait les réunir toutes.

 

Avec Glossolalie 2011-(…), Frédéric Dumond nous invite à une traversée linguistique et poétique, croisant les territoires et les époques le long d’un poème fleuve baigné des singularités sémiotiques de la langue, des langues, de leurs nuances, de leurs intentions propres, des représentations qu’elles recouvrent. Ainsi Dumond dit-il son poème par fragments plurivoques, par bribes traduites en arrière-plan : des indices qui nous rappellent l’effondrement de Babel et la vanité d’une autorité universaliste, qui nous guident à travers la nécessité commune et plurielle de nommer une chose. Les langues sont des pistes sur lesquelles glisse une pensée, dérivant de l’une à l’autre ; pensée vivante parce qu’elle refuse de se figer.

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On est dans le silence pour commencer, dans la pénombre, un spot seulement, que viennent bientôt rejoindre les premières lettres blanches projetées, les premiers mots couchés qui défilent dans un coin, mystérieuses phrases qui paraissent se répéter autrement, une régulière reprise. Ainsi cela défile en bas à gauche, puis apparaissent des bribes de textes, comme des évènements, des apostrophes, les courtes séquences qui composent le poème multilingue, le traduisent sur l’écran. Au devant, Frédéric Dumond s’échauffe par quelques sons et positions, puis commence la traversée et la dictée.

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Qui réussit à s’empêcher de lire ? Qui ne cherche pas le ou les sens que recouvrent ces sons inconnus, étrangers, parfois étranges car inhabituels, inouïs ? Qui ne voit pas, entre les paroles prononcées, dites, et leur forme écrite, traduite, le corps du poète comme un signe égal (=) ? Ou environ égal (≈) ?! Car ce que la durée et le contenu de cette performance nous invite à penser, c’est la multitude, la pluralité et la diversité des langues, oui, mais aussi de leur significations, de leurs symboliques, de leurs nuances, la singularité de chacun des regards portés sur le monde qu’elles évoquent et expriment.
Ce sont là des versions, des ouvertures sur des possibles interprétations, sur une échappée de l’habitude, de l’approprié vers une dépropriation, un lâcher-prise d’une pensée contrôlée, organisée autour et par une langue. Frédéric Dumond confie que les intentions particulières à chaque langue lui échappent, qu’ils s’approprient les idiomes, les étirent pour s’insérer comme il peut, comme il poétise. Là se trouve la question. Mais qu’est ce que cela veut dire ? La pensée sursaute ainsi. Elle est secouée, attachée toutefois à ces fragments épars, ces petits cailloux qui tracent son cheminement et sur lesquels elle rebondit, sans s’arrêter, poursuit sa route, sa répétition, autrement, ailleurs.

Mathis Berchery

 

Lien vers le site de l’artiste : http://fredericdumond.free.fr/actu/spip.php?article250

Lien vers l’application « glossolalie »: https://itunes.apple.com/fr/app/glossolalie/id888315383?mt=8

 

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Article — Jeune Public

Vacances à Khiasma

Accueil des centres de loisirs pour la Toussaint

Pour les vacances de la Toussaint, plusieurs centres de loisirs nous ont rendu visite ! Jean-Jack Salles aux Lilas, Jean Jaurès à Bagnolet et Jean Jaurès-Pierre Brossolette au Pré-Saint-Gervais sont venus à Khiasma pour participer à des ateliers conçus par notre équipe de médiation.

Un total de 45 enfants entre 4 et 9 ans ont été accueillis.
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Certains ont découvert les totems des Amérindiens et confectionné leurs propres mâts totémiques modèle réduit en découpage-collage et dessin.
Certains ont pris en main des appareils-photos numériques et se sont mis en scène dans des flipbooks.
Certains ont appréhendé la notion de portrait et d’autoportrait à travers la réalisation de masques à l’image de leurs camarades.
Certains ont réalisé des animations en stop motion à partir de décors et personnages faits-main…

…Et tous ont dégusté boissons et goûter avant de quitter Khiasma.
Nous remercions chaleureusement les équipes des 3 centres cités ci-dessus pour leur participation enthousiaste !

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Article — Focus

Amis, Artistes et Alliés # 2

Sélection novembre 2016

Ils sont nos alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

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Image extraite du film « De commencements en commencements » de Simon Quéheillard © Spectre Productions

Simon Quéheillard
Entre burlesque et entropie urbaine, le dernier film de Simon Quéheillard, De commencements en commencements a bénéficié du soutien de Khiasma lors de son tournage au long cours dans les rues des Lilas et de Bagnolet. Il poursuit avec entrain son très beau parcours entre festival, projections en salle de cinéma et présentation dans des lieux d’art.
Ce mois-ci, on pourra le voir le 4 novembre à Pierrefitte-sur-seine dans le cadre d’une programmation de Cinémas 93 et à Annecy, à la Galerie ARt by FRIENDS, au sein d’un programme réalisé par Images Passages.
A (re)découvrir également sur la webradio R22 Tout-Monde, un beau dialogue entre Simon Quéheillard et Ismaïl Bahri enregistré à l’occasion de l’exposition de ce dernier à l’Espace Khiasma (sommeils).

 

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Image extraite du film « Donna Haraway : Storytelling for Earthly Survival » de Fabrizio Terranova © Graphoui, CBA, Rien à Voir, Spectre Productions

Fabrizio Terranova
Alors que le public parisien peut enfin découvrir à l’Espace Khiasma son film sur et avec Donna Haraway (Donna Haraway : Story telling for Earthly Survival) dans le cadre de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés », celui sera aussi visible ce mois-ci dans le cadre des Rencontres Bandits Mages le 13 novembre, à la Cinémathèque de Bruxelles pour le Brussels Art Festival le 19 et enfin au Festival International du film de Turin le 21.

 

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Image extraite de FOYER d’Ismaïl Bahri (2016) © Spectre Productions

Ismaïl Bahri
Toujours en cours, l’exposition Soulèvements au Jeu de Paume vous permettra de découvrir filmer à blanc, un dispositif multi-écran d’Ismaïl Bahri conçu à partir d’une œuvre réalisée en résidence à l’Espace Khiasma. Le film Foyer est visible pour sa part en ligne sur Mubi jusqu’au 18 novembre. On pourra aussi voir le film ce mois-ci dans le cadre du Maghreb des films au Cinema le Saint-André des Arts (Paris) le lundi 28 octobre à 18H30 et lors de la 4e édition des Rencontres Internationales des cinémas arabes (Marseille) au début décembre.
Retrouvez Ismaïl Bahri sur la R22 Tout-Monde 

 

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Image extraite du film « Ha terra! » d’Ana Vaz (2016) © Spectre Productions

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Vue de l’installation du film Ha terra ! dans le cadre de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » (Espace Khiasma du 21 octobre au 17 décembre 2016)

Ana Vaz
Ha terra !, le dernier film d’Ana Vaz présent au sein de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » à l’Espace Khiasma actuellement, n’en finit plus de faire le tour du monde. Il sera en festival ce mois-ci en Allemagne (Kassel Dokfest), en Espagne (L’Alternativa Barcelona) et au Brésil (8ème Semana dos Realizadores et Frontdoc)

 

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Image extrait du film Tepentar (horizon) de Pierre Michelon (en cours)

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Vue de l’installation du film « Un petit morceau de bois » de Pierre Michelon au sein de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » (Espace Khiasma du 21 octobre au 17 décembre 2016)

Pierre Michelon
Pierre Michelon qui présente actuellement à Khiasma le film Un petit morceau de bois dévoilera, Vanmélé, son vaste projet de cartographie décoloniale lors d’un prochain Lundi de Phantom, le 14 novembre à 20H00 à l’Espace Khiasma tandis que Tepentar, son nouveau film, sera présenté dans une version en cours le 13 novembre dans le cadre des Rencontres Bandits Mages à Bourges.

 

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Image extraite du film Black Code/Code Noir de Louis Henderson (2015) © Spectre Productions

Louis Henderson
Alors que son dernier film, The Sea is History vient de faire sa première mondiale à Doclisboa (Portugal), le film précédent de Louis Henderson, Black Code / Code Noir fait encore parler de lui. Il sera présenté dans le cadre de l’exposition Situations du 17 au 27 novembre au Fotomuseum de Winterthur (Suisse) ainsi que dans la cadre du festival Ethnographie et Cinema de Grenoble (15-20 novembre).
All That is Solid, réalisé en 2014 sera pour sa part projeté le 13 novembre prochain dans le cadre du programme A World in Hyperlinks du festival Internationale Kurzfilmtage Winterthur (Suisse)

Programme de workshops critiques autour du film Black Code / Code Noir, les Black Code Sessions s’installeront après l’Espace Khiasma aux Lilas et l’Akademie der Künste der Welt à Cologne, à Rennes pour trois jours du 17 au 19 novembre. L’évènement sera coproduit par Le PHAKT – Centre Culturel Colombier, l’EESAB (École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne) et KHIASMA (Les Lilas – Paris) – dans le cadre de Pratiques du hacking – ligne de recherche de l’EESAB conduite par Karine Lebrun et d’un programme développé en collaboration avec Spectre Productions (avec le soutien du DICREAM).
Réservez vos places !

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Vue de l’installation du film « Les Impatients » (fragment) dans le cadre de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » à l’Espace Khiasma du 21 octobre au 17 décembre.

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Les potentiels du temps (Manuella Editions, 2016)

Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós (le peuple qui manque)
Double actualité pour Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós qui s’attaquent à la question des futurs possibles avec deux gestes artistiques forts : un film, Les Impatients, dont ils présentent actuellement à Khiasma un premier fragment et un livre où, accompagnés de l’écrivain Camille de Toledo, ils explorent Les potentiels du temps contre l’idéologie mélancolique de la fin du monde.

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Estefania Peñafiel Loaiza
Alors qu’elle présente une nouvelle installation au sein de l’exposition Soulèvements au Jeu de Paume, Estefania Peñafiel Loaiza sera l’invitée des Lundis de Phantom, exceptionnellement un mercredi, le 30 Novembre, pour nous parler de sa recherche actuelle autour du centre de rétention de Vincennes.

 

 

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Diaporama — Hors les murs

Projet éducatif en milieu scolaire

Écouter l'espace - expérimentations sonores et en mouvement pour une classe de CE2

« Atlas sensible »
Écouter l’espace – expérimentations sonores et en mouvement pour une classe de CE2

Après avoir passé une première année dans la classe de Camille à l’école Le Vau (Paris 20e), Khiasma revient sur les bancs de l’école et propose de prolonger les expériences artistiques menées avec les élèves.
Cette année, nous invitons les enfants et l’école à ressentir l’environnement à partir de l’écoute.
Explorer l’environnement, c’est écouter et arpenter les lieux : école, quartier et environnements quotidiens (parcs, maisons, etc). On explore également l’écoute à partir de son propre corps dans l’espace :  se placer pour écouter, placer un micro, produire des sons, dessiner des sons.

Le binôme d’artistes lance une série d’expériences à partir de données et problématiques simples, comme trouver le silence et l’immobilité, comparer les intensités sonores et les amplitudes de mouvements, trouver des analogies entre la temporalité et le trajet, etc.
Les enfants pourront enrichir les expérimentations de leurs remarques, ils seront encouragés à produire un compte rendu audio de chacune séance que vous pourrez écouter sur la Radio R22.

Au cours de cette année, plusieurs explorations du quartier mèneront à une collecte de sons, écrits, croquis et photos.
Deux intervenantes « complices de l’écoute » sont a l’œuvre : Hélène Cœur, spécialiste du son, et Milena Gilabert, danseuse. Ensemble, elles invitent les enfants à traverser les sons comme des matières d’une palette en mouvement.

Ces bribes, ces traces, ces fragments de mots, de sons, et de sensations, seront déposés dans une « cartographie sensible », consultable par tous.
Ces matériaux donneront également lieu à un « objet à partager » avec les autres enfants de l’école, les parents et les enseignants.

Projet soutenu par la Fondation de France.

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Article — Focus

Amis, artistes et alliés

sélection octobre 2016

Ils sont nos alliés, sont passés par Khiasma et continuent de faire de belles choses ailleurs. Découvrez leur actualité.

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la petite boîte contient 12 images sur plaques au bromure d’argent : des souvenirs de famille lors d’une visite à l’exposition coloniale de 1931 qui s’est tenue, en grand partie, dans le bois de Vincennes et dont on ne trouve aujourd’hui presque aucun vestige.

Estefania Peñafiel Loaiza
Estefania Peñafiel Loaiza a réalisé deux nouvelles pièces pour la vaste exposition « Soulèvements » proposée par Georges Didi-Huberman  qui ouvrira ses portes au Jeu de Paume le 18 octobre prochain. Réflexion sur les luttes invisibles du centre de rétention de Vincennes, elle documente la genèse et la réalisation de ces deux vidéos dans le Magazine du Jeu de Paume
Elle sera également de retour à Khiasma au sein de l’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » (vernissage jeudi 20 octobre à 18H30) avec l’œuvre Cuenta regresiva où elle relit à l’envers les 18 constitutions de son pays d’origine, l’Equateur.

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Ismaïl Bahri, Revers, 2016: Incorporated, Ateliers de Rennes

Ismaïl Bahri
Lui aussi présent au sein de l’exposition « Soulèvements » où il présente une pièce réalisée lors de sa résidence à l’Espace Khiasma, Ismaïl prépare actuellement une exposition monographique au Jeu de Paume pour 2017 qu’il documente sous la forme d’un carnet dans la Magazine du Jeu de Paume. On peut également voir deux de ses pièces à La Criée dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Rennes (Incorporated, curateur François Piron).
 Pendant ce temps, FOYER, son film produit par Spectre productions, poursuit sa très belle aventure en festival. Après le FID Marseille et Toronto, il sera présenté les 8 et 9 octobre au New York Film Festival avant de connaître les honneurs d’un mois de diffusion sur la chaîne de cinéma en ligne MUBI

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De commencements en commencements (2016) © Simon Quéheillard / Spectre Productions

Simon Quéheillard
Rien n’arrête plus le marcheur de son film « De commencements en commencements » qui sera présenté au festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris le 13 octobre à 20h aux Voûtes (Paris 13ème) au sein du programme Absurdisme, puis dans le cadre d’un programme du FID Marseille à la FIAC. Simon Quéheillard sera également à l’honneur au sein des Séances Phantom au MK2 Beaubourg avec un programme de trois films qui propose de traverser une ligne burlesque de son travail, ode à l’entropie urbaine.

 

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The Sea is History © Louis Henderson (Spectre Productions 2016)

Louis Henderson
Black Code / Code Noir continue de nourrir le débat plus d’un an après sa première diffusion. On retrouvera le film en octobre à Paris notamment, en compétition au festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris le 13 octobre à 22H
Initiées à l’Espace Khiasma dans le cadre de l’exposition Kinesis de Louis Henderson, les Black Code Sessions, série de workshops développés à partir du film Black Code / Code Noir, feront  étape à l’Akademie der Künste der Welt de Cologne les 12 et 13 octobre prochain. Avant de s’installer entre les Beaux Arts et Phakt pour une troisième session rennaise les 17,18 et 19 novembre prochain.
Egalement issu de l’exposition Kinesis, le nouveau film de Louis Henderson The sea is History prendra également son envol en octobre entre une présentation in progress au BFI London Film Festival et une première mondiale à Festival international de Cinema DocLisboa (Lisbonne – Portugal).

 

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Ha terra! © Ana Vaz (Spectre Productions 2016)

Ana Vaz
Alors qu’elle avait rendu une visite remarquée à l’Espace Khiasma en novembre 2015 avec le collectif Coyotte , l’actualité d’Ana Vaz est très dense cet automne. Le festival Curto Circuito à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne organise une première rétrospective de ses films à partir du 5 octobre. Ha terra ! Le dernier en date (prix du corps métrage au Cinéma du Réel 2016) sera à l’honneur à Londres, New York, Madrid, Paris et l’une des pièces maîtresse de la prochaine exposition à l’Espace Khiasma, « Excusez-moi de vous avoir dérangés » (du 21 octobre au 17 décembre).

 

 

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Diaporama — Jeune Public

Les Enfants du Patrimoine

Deux classes à Khiasma pour les Journées du Patrimoine

La manifestation Les Enfants du Patrimoine se déroule le vendredi précédant le weekend des Journées du Patrimoine. C’est l’occasion pour les scolaires de découvrir en groupe leur patrimoine et toute sa diversité. L’Espace Khiasma fait partie des 280 lieux participants en Île-de-France à recevoir des classes pour leur présenter le lieu et proposer une activité ludique pour réfléchir ensemble aux enjeux qui entourent le patrimoine culturel et social.

Cette année, le thème des Journées du Patrimoine était « Patrimoine et Citoyenneté ». Nous avons reçu deux classes à cette occasion : une de CM1-CM2 le matin et une de 4e l’après-midi.

Chaque visite a commencé par une présentation du lieu et de l’équipe afin que les enfants puissent comprendre l’organisation d’un centre d’art contemporain. Ensuite nous avons présenté aux groupes la notion de patrimoine et deux grandes familles qui le composent : le patrimoine naturel et le patrimoine culturel. Ensuite une activité ludique, adaptée aux niveaux des classes, a permis à tous et toutes d’approfondir ces notions.

Enfin, les deux groupes ont pu pleinement investir les lieux en réalisant de grandes fresques sur les murs de Khiasma à partir de ce qu’ils avaient appris lors des différents échanges.

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Article — Festival Relectures

Relectures 17 : Histoires, Géographies

Revivez le meilleur du festival en images et en sons

La 17è édition du festival Relectures s’est ouverte jeudi 29 septembre à l’Espace Khiasma. Intitulée Histoires, Géographies, cette édition propose d’imaginer l’art du récit comme un geste cartographique, un espace où se rencontrent géographies intimes et histoires collectives, espaces physique et numérique. Réalisée dans des conditions difficiles, la dix-septième édition de RELECTURES n’a cependant pas manqué de panache avec un public comme toujours au rendez-vous. Une cartographie métisse d’un monde qui change en échangeant à retrouver sur la R22 Tout-Monde.

Photos : Matthieu Gauchet

 

Relectures 17 s'ouvre à Limeni, avec le premier "Oralieu" d'Alexis Fichet.

Relectures 17 s’ouvre à Limeni, avec le premier « Oralieu » d’Alexis Fichet.

 

Ces quatre premiers jours du festival auront vu Alexis Fichet réunir pour la première fois ses quatre performances "Oralieu", proposées au rythme d'une par soir. Depuis quatre lieux aux quatre coins du globe, Alexis Fichet nous emmène dans un voyage immobile, entre considérations scientifiques, traits d'humour et réflexions philosophiques, esquissant comme une métaphysique de l'anthropocène.

Ces quatre premiers jours du festival auront vu Alexis Fichet réunir pour la première fois ses quatre performances « Oralieu », proposées au rythme d’une par soir. Depuis quatre lieux aux quatre coins du globe, Alexis Fichet nous emmène dans un voyage immobile, entre considérations scientifiques, traits d’humour et réflexions philosophiques, esquissant comme une métaphysique de l’anthropocène.


Retrouvez les trois Oralieu suivants (Planguenoual, Magenta et Conakry) en réécoute sur la R22 Tout-Monde.

Jeudi 29 septembre : Fantazio en pleine "Confédération républicaine".

Jeudi 29 septembre : Fantazio en pleine « Confédération républicaine ».


Le public de Khiasma est au rendez-vous pour ouvrir, ensemble, cette dix-septième édition.

Le public de Khiasma est au rendez-vous pour ouvrir, ensemble, cette dix-septième édition.

 

Vendredi 30 septembre : écoute de "Hymnes", pièce sonore composée par Nicolas Richard avec un atelier d'apprenants de langue française.

Vendredi 30 septembre : écoute de « Hymnes », pièce sonore composée par Nicolas Richard avec un atelier d’apprenants de langue française.



La pièce sonore de Patrick Fontana est en écoute chaque soir dans la librairie du festival.

La pièce sonore de Patrick Fontana est en écoute chaque soir dans la librairie du festival.

 

Après l'écoute de la pièce sonore "Hymnes", composée par Patrick Fontana d'après un texte de Nicolas Richard, ce dernier nous interprète une version étendue de son texte.

Après l’écoute de la pièce sonore « Hymnes », composée par Patrick Fontana d’après un texte de Nicolas Richard, ce dernier nous interprète une version étendue de son texte.


 

Samedi 1er octobre : un atelier de reportage dessiné mène de jeunes reporters à la rencontre des habitants et commerçants des Lilas.

Samedi 1er octobre : porté par la journaliste Ingrid Seyman et l’illustratrice Maïté Dubois, un atelier de reportage dessiné mène de jeunes reporters à la rencontre des habitants et commerçants des Lilas.

 

Le journalisme, un métier de terrain !

Le journalisme, un métier de terrain !

 

Deux jeunes reporters en pleine interview.

Deux jeunes reporters en pleine interview.

 

De retour à Khiasma vient le moment de la réalisation du reportage dessiné !

De retour à Khiasma vient le moment de la réalisation du reportage dessiné !

 

Pendant ce temps là, dans le cadre du festival "Les sciences dans la ville" organisé par l'Université populaire de Bagnolet, Olivier Marboeuf nous emmène dans une visite architecturale aux environs de l'échangeur de Bagnolet.

Pendant ce temps là, dans le cadre du festival « Les sciences dans la ville » organisé par l’Université populaire de Bagnolet, Olivier Marboeuf nous emmène dans une visite architecturale aux environs de l’échangeur de Bagnolet. Un parcours à suivre, rue par rue, sur l’Atlas Sensible ! http://atlas-sensible.net/lignes/manuel-du-voyageur-impenitent-87

 

 

Un parcours décalé à travers un espace urbain en mouvement, à l'architecture foisonnante et erratique.

Un parcours décalé à travers un espace urbain en mouvement, à l’architecture foisonnante et erratique.

 

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Un parcours en réécoute sur la r22, et à suivre rue par rue sur l’Atlas Sensible !


Samedi 1er octobre : pour la Nuit blanche, Olivier Marboeuf rouvre son épopée "L'an 2005" avec une lecture intitulée "Que sont mes amis devenus ?".

Samedi 1er octobre : pour la Nuit blanche, Olivier Marboeuf rouvre son épopée « L’an 2005 » avec une lecture intitulée « Que sont mes amis devenus ? ».


 

Durant tout le festival, découvrez les dessins de Patrick Fontana, "En redevenant sauvages et féroces", dans la librairie du festival.

Durant tout le festival, découvrez la série de dessins de Patrick Fontana, « En redevenant sauvages et féroces », dans la librairie du festival.

 

La librairie de Relectures vous propose une sélection d'ouvrages sur le thème de cette 17è édition.

La librairie de Relectures vous propose une sélection d’ouvrages sur le thème de cette 17è édition.

 

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Dimanche 2 octobre : pour Relectures, le ciné-goûter mensuel de Khiasma se met au parfum de cette édition avec la projection du film d’aventures « L’île de Black Mor ». Après la séance, petits et grands savourent les gâteaux apportés par les participants pour le traditionnel goûter partagé !

 

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Un moment tant récréatif que studieux, les jeunes cinéphiles – et leurs parents ! – retraversant l’univers du film grâce à un livret d’activités conçu par notre équipe de médiation.

 

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La fin de l’après-midi venue, Alexis Fichet nous emmène à Conakry pour son quatrième et dernier « Oralieu ».


 

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Comme toujours, les performances et lectures du festival donnent lieu à de nombreux temps d’échange informels entre les artistes et le public.

 

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À 18h, l’écrivain Olivier Hodasava nous raconte l’incroyable périple littéraire qu’il mène chaque jour, depuis plus de six ans, sur son blog, « Dreamlands Virtual Tour ».

 

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Inlassablement, Olivier Hodasava voyage virtuellement via le dispositif « Street View » de la carte Google Maps. Sur son blog, il présente chaque jour un endroit du monde ainsi découvert et le décrit, proche ou lointain, étonnant ou anodin.


 

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La soirée se clôt par une lecture de Karine Lebrun. Intervenue en juin à Khiasma dans le cadre de l’exposition « Kinesis » de Louis Henderson pour évoquer la mort de Michael Brown, jeune adolescent noir tué par la police en 2014 à Ferguson, elle augmente cette fois son texte du portrait d’un jeune hacker, « C. ».

 

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Elle aborde notamment le phénomène « If they gunned me down » (« Si c’était moi qu’ils abattaient »). Dénonçant l’utilisation par de nombreux médias, pour illustrer la mort de Michael Brown, de photographies suggérant une prétendue appartenance de l’adolescent à un gang, d’innombrables jeunes internautes mettent en ligne des diptyques montrant leurs identités multiples, dans des situations socialement valorisées (en uniforme au travail, à l’armée ou à l’école, en famille, etc.) mais aussi dans des instants informels de leur vie de tous les jours, posant ainsi la question : « Si c’était moi qu’ils abattaient, quelle image utiliseraient-ils ? »


 

Mardi 4 octobre. Après un jour de relâche bien mérité, Relectures reprend à la Maison des Fougères avec une conférence de Vincent Piolet revenant sur la naissance du hip-hop français dans les années 1980, travail qu'il a consigné dans un livre paru aux éditions Le Mot et le Reste, "Regarde ta jeunesse dans les yeux".

Mardi 4 octobre. Après un jour de relâche bien mérité, Relectures reprend à la Maison des Fougères avec une conférence de Vincent Piolet revenant sur la naissance du hip-hop français dans les années 1980, travail qu’il a consigné dans un livre paru aux éditions Le Mot et le Reste, « Regarde ta jeunesse dans les yeux ».

 

La soirée de poursuit à l'Espace Khiasma avec la performance de Jamika Ajalon, "Alien(s)kin".

La soirée de poursuit à l’Espace Khiasma avec la performance de Jamika Ajalon, « Alien(s)kin ». Dans la lignée d’un James Baldwin qui écrivait que « nous sommes tous androgynes », Jamika Ajalon, dans une performance audiovisuelle parlée et chantée, transcende les multiples marges – femme, noire, homosexuelle – dans laquelle on voudrait la retenir.


 

Mercredi 6 octobre : Julien Creuzet, "Ciel Ara".

Le mercredi 6 octobre c’est Julien Creuzet que nous avons accueilli pour sa performance « Ciel Ara ». Entre rituel et récit colonial, l’artiste pluridisciplinaire nous entraine dans un voyage aux Caraïbes.

 

Jeudi 7 octobre : Emmanuel Adely, "Éléments pour les années 00".

La soirée du jeudi 7 octobre voit se succéder deux écrivains pour lesquels l’oralité fait partie intégrante du travail du texte, comme autant de manières de façonner, de faire parler la langue. Dans sa lecture « Éléments pour les années 00 », Emmanuel Adely retrace, entre autobiographie prosaïque et détails du monde, les quinze années venues après la supposée « fin de l’Histoire ».


 

Frédéric Dumond

Frédéric Dumond lui succède par une interprétation de son poème « Glossolalie ». Projet hors-normes entrepris en 2011, « Glossolalie » est un poème toujours en écriture, qui se déploie déjà à travers une soixantaine de langues, et qui est amené à parcourir, un jour, les 7000 langues de cette planète. (Photo : Pascal Pietri). Cliquez ici pour lire l’article qui lui est consacré dans notre magazine.


 

Jeudi 7 octobre

 

 

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Vendredi 7 octobre : la soirée est consacrée au film d’Alejandra Riera, « Enquête sur le/notre dehors (Valence-le-Haut) « .

 

Avant d'entamer une discussion autour du film, une soupe conviviale est servie à l'issue de la projection.

Avant d’entamer une discussion autour du film, une soupe conviviale est servie à l’issue de la projection.

 

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Une discussion s’engage entre intervenants du film, penseurs, artistes et membres du public.

 

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Samedi 8 octobre : Hafida Jemni et Philippe di Folco ouvrent la dernière journée de Relectures 17 par une conférence retraçant le parcours du poète sonore Bernard Heidsieck, et la genèse de son oeuvre emblématique, « Vaduz ».


 

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Dans le même temps, un atelier organisé par la Cabane Fleury propose aux plus jeunes de mettre en pratique le protocole du poème « Vaduz » ! Une grande carte de l’ensemble du square Fleury, préparée par Mélanie Yvon, s’apprête ainsi à consigner les observations des jeunes explorateurs…

 

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Lieux remarquables ou intimes, faune, flore, amis… Par groupes, les participants couvrent chaque recoin du square.

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Une fois achevées, les cartes individuelles viennent s’associent pour révéler, enfin, tout ce qui se trouve tout autour de la Cabane Fleury…

 

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À Khiasma, la dernière soirée de Relectures s’articule autour des « lignes d’erre », déplacements d’enfants autistes que Fernand Deligny et des éducateurs reportent consciencieusement sur le papier, formant une cartographie particulière de l’espace fondée sur le déplacement. Le critique d’art Julien Zerbone commence par retracer le parcours atypique de Deligny pour resituer le contexte de création des « lignes d’erre ».


 

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La soirée se termine avec Violaine Lochu, qui propose une version live de sa pièce sonore « Songline », composée à l’occasion des parcours « Lignes d’erre » organisés par Khiasma au printemps, et qui évoque l’environnement sonore d’une pérégrination pedestre à travers la Seine-Saint-Denis.

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Comme toujours, et attendant une prochaine édition, c’est sur la R22 Tout-Monde que se (re)vit le festival Relectures…

RELECTURES est un festival de littératures contemporaines et de performance. Il bénéficie du soutien de la Région Île-de-France, du département de la Seine-Saint-Denis et du Centre National du Livre.
En collaboration avec le Centre Pompidou, La Maison des Fougères, La Cabane Fleury et la Bibliothèque André Malraux des Lilas.

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Diaporama — Hors les murs

Un mois de septembre sur « la bande »…

L’Espace Khiasma se lance dans une nouvelle saison d’événements : expositions, débats et rencontres prendront place derrière la petite porte rouge de la rue Chassagnolle. Khiasma c’est aussi des projets artistiques participatifs sur les territoires avoisinants, dans le 20e arrondissement de Paris et en Seine-St-Denis. Les habitants ont l’opportunité de prendre part à une aventure artistique mais aussi de réfléchir ensemble aux problématiques et mutations vécues sur ce territoire, tout en expérimentant de nouvelles formes de participation et de prises de décisions.

Au mois de septembre, plusieurs événements ont été organisés collectivement sur la « bande est 20e ».
Dans le quartier Fougères – Le Vau, on aime penser que l’union fait la force ! Nombreux sont donc les événements qui sont co-organisés par les structures du quartier, et qui font participer l’ensemble des acteurs de ce territoire.

Mi-septembre, la grande fête de quartier annuelle a rassemblé les habitants, jeunes et moins jeunes, autour d’un repas partagé, d’animations artistiques et sportives. Musique et bonne ambiance étaient au rendez-vous ! Une belle journée pour fêter la rentrée, sous un soleil timide mais bien présent.

Samedi 24 septembre, vous avez été nombreux à venir découvrir le spectacle « Koulé Colori » de la Cie « Les Griottes Voyageuses » à la Cabane Fleury (Paris, 20e), en partenariat avec La Maison des Fougères et l’association Dulala. Des contes plurilingues pour faire voyager toute la famille à l’occasion de la Journée européenne des langues !

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Édito — Hors les murs

Relectures 17

« Histoires, géographies » : la 17è édition du festival Relectures est à vivre, à l’Espace Khiasma et dans des lieux partenaires, du 29 septembre au 8 octobre !

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Diaporama — Hors les murs

L’ÉTÉ À LA CABANE FLEURY

Retour sur les temps forts de la belle saison et évènements à venir

Depuis ce printemps, un nouvel espace collectif s’ajoute au paysage culturel et associatif de la Bande, au sud de la Porte des Lilas, entre le Bd. des Maréchaux et le périphérique.

La Cabane Fleury est un projet porté par trois associations : Bellastock, Khiasma, et Pépins production, qui ont choisi de mettre en commun leurs envies et leurs savoir-faire pour développer un équipement partagé au cœur du square Emmanuel Fleury, dans le XXème arrondissement de Paris. Il s’agit d’un espace en constante évolution. Il se construit petit à petit à travers des ateliers et des chantiers participatifs. Elle accueille aussi différentes activités et évènements. Retour sur les principaux temps forts de cette saison qui se termine.

ÉVÈNEMENTS À VENIR :

DIMANCHE 11 SEPTEMBRE – 16h : atelier de conception de l’espace de convivialité de la Cabane (le dernier avant le début du chantier !) – avec Bellastock.

SAMEDI 17 SEPTEMBRE – 11h > 18h : FÊTE DES ASSOCIATIONS DU 20ème, rue des Pyrénées (du Pavillon du Carré Baudouin jusqu’à la place des Rigoles). La Cabane Fleury y sera, venez nous y rencontrer !

DIMANCHE 18 SEPTEMBRE > à partir de 12h30 : FÊTE DU QUARTIER DES FOUGÈRES. À deux pas de la Cabane !

MERCREDI 21 SEPTEMBRE – 15h : ATELIER D’ART VÉGÉTAL – pour enfants – avec Virginie Guyard

SAMEDI 24 SEPTEMBRE – 15h : KOULÉ COLORI, spectacle jeune public, de la Cie. Les Griottes Voyageuses. >>> évènement Facebook

 

INFORMATIONS ET INSCRIPTION À LA NEWSLETTER : contact@cabane-fleury.org / 0180060834

Vous pouvez aussi suivre les actualités de la Cabane Fleury sa PAGE FACEBOOK.

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Son — Expositions

Récit 4 : Avec Françoise Vergès

Au fil des semaines, Vincent Chevillon revisite l’accrochage de l’exposition SEMES… et à chaque accrochage son récit. En ouverture de ce quatrième accrochage, c’est Françoise Vergès qui est venue se prêter à l’exercice, nous menant sur le fascinant terrain de la botanique coloniale…


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Son — Expositions

RÉCIT 2 : « EN CHANTIER », AVEC JEREMY GRAVAYAT

Le second « récit » de l’exposition SEMES de Vincent Chevillon est EN CHANTIER. Pour inaugurer ce second acte, Vincent Chevillon a invité Jérémy Gravayat à échanger sur les enjeux de la mise en récit de collectes de matériaux documentaires. Comment s’agencent les documents entre les nécessités de la transmission, de l’acte politique et celles du geste artistique ?

Documents exhumés, étudiés, confrontés, assemblés, décontextualisés, confrontés, détournés, pratiqués : ce sont deux manières distinctes de travailler le document qui dialoguent entre Jérémy Gravayat et Vincent Chevillon. Un riche échange enregistré en public à Khiasma, samedi 2 avril 2015.

Cinéaste, Jérémy Gravayat réalise des films questionnant certaines réalités de l’exil contemporain et des quartiers populaires. Quotidien d’une réfugiée bosniaque, migrants de Sangatte, Palestiniens des territoires occupés, sans papiers et travailleurs immigrés de l’agglomération Lyonnaise.


 

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Rencontre organisée dans le cadre du programme « Réfléchir la création » de l’association À bras le corps. Le projet « Réfléchir la création » est soutenu par Arcadi.

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Diaporama — Expositions

« Kinesis »

Revisitez l'exposition de Louis Henderson à Khiasma

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Article — Expositions

« Archaeology of Afrofuturism »

Parties 1, 2 & 3

Pour l’exposition Kinesis, Louis Henderson met en partage une collection de vidéos retraçant, en musique, une histoire de l’afrofuturisme. Réalisées sur Youtube, ces playlists sont accessibles partout.

Louis Henderson, « An archaeology of afrofuturism, parts 1, 2 and 3. »

 

 

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Article — Expositions

Black Code/Code Noir

The Algorithm as Necropolitical Control

“These words come from the night, from the darkness of the night sky – a darkness of opacity so great that no light of reason can penetrate its surface.  Indeed, dark feelings for dark times. Yet perhaps we will see in this darkness…  

Le Code noir ou Édit […] Louis XV, 1727, conservé à la BnF

Image extraite du film « Black Code/Code Noir » de Louis Henderson, 2015.

…a better archetype of knowledge than the worn-out metaphor of ‘enlightenment.’”[1]  Let us consider the night sky’s serene cosmology made up of a multitude of stars as a multiperpespectival resistance to the “Sun King of Western reason”.  Rather than follow the single ray of divine knowledge sent to light the dark corners of the world, we will turn our eyes to the archipelagos in the heavens, to share with them an infinite amount of points of view, and that in their brilliance as stars refuse to become transparent.  We respect their right to opacity.

More beautiful than the day, peaceful by all means, the star-studded, pensive and soft night is a better model of knowledge than the sun-struck, cruel, exclusive, eye- hurting, ideologically-prone and opinion-ridden light of day. [2]

Here I will speak of two stars in particular, two stars of an enormous and gravely growing constellation, two stars that became strong lights sadly far too early for their time – they will not burn out into oblivion, they will not be forgotten.

On August the 9th 2014 Michael Brown, a black 18 year old, was shot and killed by a white police officer in the state of Missouri, United States of America.  Less than two weeks later in the same state, merely a few miles from the site of the death of Brown, white police officers shot and killed another young black man; Kajieme Powell.  In the space of 10 days police officers had put to death two young black bodies in the scorching summer sun of the Americas.  No one was found guilty of murder, the police officers were considered to be acting accordingly to the situation. Yet 12 bullets were fired into Brown’s body, who was unarmed and had his arms in the air in surrender, and 9 bullets were fired into Powell’s as he lay injured on the floor.

Both of the murders were recorded on mobile phones (the aftermath in Brown’s case, the actual murder in Powell’s) and posted onto Youtube, this is where I first discovered the murder of Kajieme Powell for example.  Both of these events also led to the creation of certain online social network pages – the internet became the space for the archiving and remembrance of these terribly sad tragedies, and it became the space where people could form groups together, to self organise in order to share their upset and pain. However, online social networks require offline social movements, and thus the people of Missouri protested their rage for nights on end and cars and buildings blazed until a thick smoke covered the horizon eventually blocking out the sunrise.

And amidst all this smoke and tears and rage a line came to me again and again.  “There are no stories in the riots, only the ghosts of other stories.”[3]

Which stories and which ghosts haunt such difficult times? These times in which black bodies are brought to death by the system that is apparently in place to protect them. What forms of thinking could preside over these actions that control the social body through death?  Biopolitics in this contemporary moment has become necropolitics – the power and the capacity to dictate who may live and who must die as the ultimate expression of sovereignty, a sovereignty that transcends the rule of law in the name of “public good” – necropolitics as the state of exception.  Or perhaps, necropolitical control as the pre-emptive state of exception that suspends the legal, civil and human rights that ‘law’ is supposed to protect.

This contemporary necropolitical moment can also be defined by the computational becoming of the forces of law and order – the real and physical mutation of law into code through computer algorithms that interpret Big Data[4] on crime (in the United States in particular, policing has been prepared for big data much more than any other US civic organisation). It is certainly not surprising to say that code is related to law. Code is in its dictionary definition “a systematic collection or digest of the laws of a country.”[5]  However, as Wendy Chun points out, what is surprising is that software is code and thus seemingly law.  We now have code that is written to execute demands in a piece of software that govern over people’s lives and deaths, such as the software being developed by Microsoft to enable crime prediction, and hence prevention, in the United States.

Computer code in its executability, its ability to execute orders via algorithmic structures, becomes seemingly axiomatic, that is, these algorithmic, self-contained orders are taken as being self-evident, unquestionable, undeniable. The code that makes the interface function is largely not understood by the people using the software, and thus any action on behalf of the computer is taken to be a correct order. The information that big data collects and the way in which an algorithm “makes sense” of that data is conceived of as pure reason, as enlightened truth. The actions of the Law interfaced through software thus become axiomatic.

And this I believe is very dangerous.  Law – as software, as code – presented as axiomatic, suggests that it cannot be decoded, unwritten or challenged because, to reiterate a point, an axiom is a premise so evident as to be accepted without controversy.  The computer’s algorithms are to be believed due to their perfectly ordered self control, so neat and efficient as to be unmistakeably correct.

Today, in many Smart Cities around the world we face the present reality of what Gilles Deleuze (rather prophetically) described in 1992 as the society of control “…the societies of control operate with machines of a third type, computers” he states, and furthermore, “…the numerical language of control is made of codes that mark access to information or reject it. We no longer find ourselves dealing with the mass/individual pair. Individuals have become “dividuals”, and masses, samples, data, markets, or “banks”.[6]  This is the society of control – the human being turned into data and thus profit – a form of machinic capture that harks back perhaps to the plantation system. This is a thesis developed by Christopher Taylor in a recent article written for the New Enquiry – where he argues that   both the plantation and the algorithmic Smart City work on similar terms in that they accumulate capital out of human subjects without using the traditional calculations of surplus value through wage labour and commodity production.  Thus, argues Christopher Taylor, “We need a “political theory of capture more than an economic theory of value”[7] to understand what he terms Plantation neoliberalism.

Here is a suggestion: the algorithm as law in a society of control brings us back to the plantation system, both in terms of post-fordist forms of capitalism and of forms of social control (which are of course inextricably linked). To come back closer to where we began, I argue therefore that algorithmic policing in present day USA brings us to the necropolitical control of the slave plantation systems of the Americas, and to begin working towards an answer of which ghosts haunt this present I will suggest that it was the ghosts of slaves that haunted the riots in Ferguson. And in light of the fact that the first slaves to arrive in the state of Missouri were all brought from Saint-Domingue, I will say that the slaves that haunted the riots in Ferguson all came with a heritage from Haiti, this point will get thickened further on.

Achille Mbembe reminds us in his vital text, Necropolitics, that it was perhaps in the slave plantations that the first ‘modern’ experiments with necropolitical control began:

The violent tenor of the slave’s life is manifested through the overseer’s disposition to behave in a cruel and intemperate manner and in the spectacle of pain inflicted on the slave’s body. Violence, here, becomes an element in manners, like whipping or taking of the slave’s life itself: an act of caprice and pure destruction aimed at instilling terror.  Slave life, in many ways, is a form of death-in-life.”[8]

Death-in-life could be perhaps the contemporary condition of black Americans faced with violent policing today. I need not remind everyone here of the sheer quantity of deaths of black Americans we have heard of recently in the news – a number so apparently incalculable that the Guardian decided to start a database of police shootings in the USA, a project called The Counted, whose findings so far show that, statistically black Americans are more than twice as likely to be unarmed when killed during encounters with police as white Americans.

This remembering of the slave plantation in the present is not simply being done to imply that police officers are akin to plantation overseers and that perversely they are justified in their “right to kill”.  But rather, I aim to show that in treating algorithms and code as material, historicised and political objects we can on the one hand, begin to understand that they are in fact written by human beings with a particular agenda based on old fashioned, heteropatriarchal, racist, capitalist ideals (which are all nonetheless ‘hidden’ behind the interface of software), and on the other hand this illusion of axiomatic power is something that can be and indeed must be resisted, challenged and decoded – it can be hacked. As, and I quote from a chapter of Deleuze and Guattari’s A Thousand Plateaus called Apparatus of Capture; “…it is of the nature of axiomatics to come up against so-called undecidable propositions, to confront necessarily higher powers that it cannot master.”[9]

Thus returning to the slave plantation not only brings us back to a form of originary necropolitics, but it can also bring us back to the first instances of an assertion of agency on the part of the slave through rebellion, escape and the use of certain necessarily “higher powers” that the slave owners could not master. In order to develop this further I will here need to do an archaeological uncovering of the codes that regulated plantation life in the Americas of the 17th century.

Necropolitics as a legal form of state governance in the Americas was first put into place in the French colony of Saint-Domingue under the guise of Louis XVI’s Le Code Noir: a document that legalised slavery and organised the treatment of slaves on the island. It included decrees that configured slaves’ rights of marriage, of giving birth, of being educated and instructed in the Catholic faith, whilst at the same time legalising the torture, mutilation and if deemed necessary, the death of slaves. Le Code Noir was a document that encoded this notion of ‘death-in-life’ as legal framework.  It was a series of carefully designed instructions that had to be followed in order for a desired outcome: the growth of capital.  In this sense, it works much like an algorithm. Le Code Noir was in fact an originary form of algorithmic governance based on the axiomatic propositions of enlightenment thought.

Yet – the enlightenment defenders will say, it was precisely these thinkers who placed themselves philosophically alongside an opposition to the idea of slavery, and it was these thinkers who asserted universal human rights and resistance to oppression, these thinkers that aroused revolution in the bodies of mankind.  “Man is born free, and everywhere he is in chains. One man thinks himself the master of others, but remains more of a slave than they are…”[10] writes Jean-Jacques Rousseau, the patron saint of the French Revolution – whilst at the same time excluding from his text, and thus repressing from consciousness, the millions of really existing, European-owned slaves in the French colonies at that time. This is a grave and deeply troubling emission that the philosopher Louis Sala-Molins has called “racist” and “revolting”.[11] Sala-Molins has in fact conducted a large work, made up of a series of books, that attempts to re-read the enlightenment project through the lens of the Code Noir, and in doing so he reveals the flawed hypocrisy at the basis of the thought behind the French Revolution. Wonderfully alluded to also in the Black Jacobins by C.L.R James where he cites from A Socialist History of the French Revolution by Jean Jaurès: “What sad irony in human history! The fortunes created at Bordeaux, at Nantes, by the slave trade, gave to the bourgeoisie that pride which needed liberty and contributed to human emancipation.”[12]

The same goes for the American colonial revolutionaries fighting against the British Crown a decade before the French Revolution.  The establishment of the United States of America is based on the Declaration of Independence, and asserts the universal “natural rights” of life, liberty and happiness, and that all men are created equal. This text, that became a founding principle for France’s own Declaration of Rights of Man And Citizen, was drafted by Thomas Jefferson; an owner of slaves and plantations himself. Again, a troubling and strangely paradoxical situation that reveals much behind the development of ‘modern’ thought and the ontological understanding of the status of black Americans. What becomes clear through these investigations into the paradoxical indignation with slavery in thought whilst emitting or ‘forgetting’ slavery in practice, is that the ontological status of the slave, and thus the black American, for the ruling white elite is one of a non-human that does not take part in the social body.

This fact becomes consolidated through the introduction of the Black Code Laws in the southern states of the United States of America just after the civil war and the abolition of slavery. These were laws, based on the same premises of Le Code Noir that designed and organised the lives and deaths of freed black slaves. The Black Codes, or Jim Crow Laws as they became to be known, were the rules that restricted black Americans from certain types of work and from certain places and positions in society – in effect constraining their freedom and keeping them within the low wage labour system of the plantation. Today the plantation has been replaced with the judiciary system and we find ourselves with what Angela Davis has termed, The Prison-Industrial-Complex; the overlapping interests of government and industry that use surveillance, policing, and imprisonment as solutions to economic, social and political problems.

This hypocrisy, on behalf of enlightenment thought and the French and American Revolutions, negates any claims to liberatory and revolutionary thought or action – because slavery in their systems of thought has never actually been abolished. The only actual instance of successful revolution on these terms was the Haitian Revolution, a revolution that confronted face on the ideals of the enlightenment colonial program. The slaves of San Domingue upturned the French Colony, abolished slavery and created the first free black state in the Americas, subsequently named Haiti – the original Taíno name of the island before Columbus first arrived. What is particularly important about the slave community of Saint-Domingue that rose up against their colonial oppressors, is that in organising themselves initially they had turned to ancient animist rituals. Voodoo was used in this instance as a force to bring people together, to create a society against the state, and to form a revolutionary resistance that could bring on the processes of decolonisation. The Haitian revolution famously started with a voodoo sacrifice in the woods of Bois Cayman, in which the blood of a sacred pig was drunk by the revolutionaries.

We can perhaps understand animism as an ontological positioning that can undo traditional Western metaphysical binary oppositions – proposing instead an understanding of the multiplicity of possible shared perspectives on life that include all beings in a worldly cosmology. This is exactly its confrontation with the ontological distinctions that tried to justify European colonialism and slavery. Now, in relation to new technologies, Wendy Chun makes a very interesting proposition[13] – that in recent times, knowing how to program software has been posited as a form of enlightenment knowledge. The world of computer programmers, once seen as a murky, mysterious place of black magic, ruled by the “grand wizards” of technology, has now become visibly clear and liberated through knowledge of how to code, thus opening up the way for democratic self-governance through open source software. So perhaps coding can be seen as something akin to enlightenment modes of thinking, but as Wendy Chun points out, this should not be seen as a positive fact, an interrogation needs to be made into how “knowing” software does not simply enable us to fight domination.

In fact, enlightened knowledge of software has perhaps embedded us deeper into systems of domination. The practice of biometric capture and algorithmic data analysis can be compared to the enlightenment projects of exploring and studying the “dark” unknown corners of the world – to try and illuminate the opacity of the other based on series of codes that try to imprint a universal ontology across the globe.

Chun proposes instead a rethinking, a reusing of source code as re-source code, and to bring out code’s power as a form of animistic fetish.  She claims that code “…is a medium in the full sense of the word. As a medium, it channels the ghost that we imagine runs the machine – that we see as we don’t see – when we gaze at our screen’s ghostly images.”[14]  Understood this way code can be seen as having a power of movement not restricted to the paths set by the algorithm, code can become deviant, a trickster that diverts the order of things and upsets cybernetic society’s aims at social programmability. Thus with animism we can always reverse-engineer an algorithm. Chun states: “Code as animistic fetish means that computer execution deviates from the so-called source…in other words, code, may be the source of things other than the machine execution it is “supposed” to engender.”[15] And here the word execution should be announced in all of its meanings.

 

Therefore as a final proposition I say: if modern policing uses algorithmic codes as ways to justify machinic executions of human bodies that brings us back in time to the necropolitics of the Caribbean slave plantation, can we not unwrite these codes to deviate from their algorithmic course?  Can we create a hack that will bring us back instead to the radical politics of the Haitian Revolution as the first instance of the Black Code’s hacking and as a beginning of the decolonisation of thought?  Indeed, as Louis Sala-Molins asks: How is thinking possible after San-Domingue?

To work towards this I say we must reclaim these codes as we reclaim animism. And this reclamation, as suggested by Isabelle Stengers, goes “…against the insistent poisoned passion of dismembering and demystifying, it affirms that which they all require in order not to enslave us: that we are not alone in the world.”[16]

 

[1] Pasquinelli, Matteo. “On Solar Databases and the Exogenesis of Light.” Eflux Journal, Vol. 65, 2015. 1.

[2] Serres, Michel. Cited in: Pasquinelli, Matteo. “On Solar Databases and the Exogenesis of Light.” Eflux Journal, Vol. 65, 2015. 1.

[3] This is a sentence spoken throughout the film Handsworth Songs (1986) by the Black Audio Film Collective

[4] Big data is a broad term for data sets so large or complex that traditional data processing applications are inadequate. www.en.wikipedia.org/wiki/Big_data

[5] Oxford English Dictionary Online. www.oed.com

[6] Deleuze, Gilles. “Postscript on the Societies of Control.” October, Vol. 59, 1992. 3 – 7.

[7] Taylor, Christopher. “Plantation Neoliberalism”, The New Inquiry, June 2014, www.thenewinquiry.com/essays/plantation-neoliberalism/

[8] Mbembe, Achilles. “Necropolitics.” Public Culture, Vol. 15. Durham NC: Duke University Press, 2003. 11- 40.

[9] Deleuze, Gilles, and Felix Guattari. A Thousand Plateaus: Capitalism and Schizophrenia. Trans. Brian Massumi. London: Continuum, 1987. 461.

[10] Rousseau, Jean-Jacques. “On the Social Contract”, in The Basic Political Writings, trans. and ed. Donald Cress, Indianapolis: Hackett Publishing, 1988. 141.

[11] Sala-Molins, Louis. cited in Buck-Morss, Susan. “Hegel and Haiti”, in Critical Inquiry, Vol. 26, No. 4. Chicago: University of Chicago Press, 2000. 831

[12] Jaurès, Jean. cited in James, C.L.R. The Black Jacobins. 4th ed. London: Penguin Books, 2001. 39

[13] Found in: Chun, Wendy. “On ‘Sourcery’, or Code as Fetish.” Configurations, Volume 16, Number 3, Baltimore MA: John Hopkins University Press, 2008.

[14] Ibid. 301.

[15] Ibid. 313

[16] Stengers, Isabelle. “Reclaiming Animism”, Eflux Journal, Vol. 36, 2012. 09.

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Édito — Expositions

κίνησις

Kinesis : du grec ancien κίνησις. 1. Mouvement, particul. mouvement de la danse 2. fig. agitation, trouble, soulèvement.

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Article — Expositions

The Sea Is History

Un poème de Derek Walcott

Tourné en République dominicaine et à Haiti, le film de Louis Henderson « The Sea is History », présenté dans l’exposition Kinesis, est une adaptation du poème éponyme du poète caribéen Derek Walcott (1930-2017).

Image extraite du film "The Sea is History" de Louis Henderson, 2016.

Image extraite du film « The Sea is History » de Louis Henderson, 2016.

La mer est l’Histoire
de Derek Walcott

Où sont vos monuments, vos batailles, vos martyrs ?
Où est votre mémoire tribale ? Messieurs,
dans ce gris coffre-fort. La mer. La mer
les a enfermés. La mer est l’Histoire


D’abord, il y eut le bouillonnant pétrole,
son tohu-bohu ;
puis, lumière au bout d’un tunnel,

le fanal d’une caravelle,
et ce fut la Genèse.
Puis il y eut les cris des parqués,
la merde, les gémissements :

l’Exode.
Os soudé à l’os par le corail,
mosaïque
couverte par la bénédiction de l’ombre du requin,

ce fut l’Arche d’alliance.
Puis surgirent des cordes pincées
du soleil au fond de la mer

les harpes plaintives de l’esclavage babylonien
tandis que les blancs cauris s’inscrustaient en chaînes
aux poignets des femmes noyées

et ce furent les bracelets d’ivoire
du Cantique de Salomon,
mais l’océan tournait toujours des pages vides,

attendant l’Histoire.
Puis vinrent les hommes aux yeux aussi lourds que des ancres,
naufragés sans tombeau,

brigands qui grillaient le bétail,
laissant des côtes noircies, commes des palmes sur le rivage,
puis il y eut la panse féroce, écumante

du raz de marée avalant Port-Royal,
et ce fut Jonas,
mais où est votre Renaissance ?

Monsieur, elle est enfermée dans ces sables marins
là-bas au large du socle tourmenté du récif
où sombraient les vaisseaux ;

mettez ces lunettes de plongée, je vous guiderai moi-même.
Là tout est subtil et sous-marin,
à travers des colonnades de corail,

passé les fenêtres gothiques des gorgones
jusqu’au lieu où le rugueux mérou, à l’oeil d’onyx,
cille, alourdi par ses joyaux, ainsi qu’une reine chauve ;

ces grottes nervurées tapissées de bernacles
piquetées comme la pierre
sont nos cathédrales,

et la fournaise avant les ouragans :
Gomorrhe. Os broyés par les moulins à vent
en engrais et farine de maïs,

et ce furent les Lamentations —
seulement les Lamentations,
ce n’était pas l’Histoire ;

puis surgirent, écume sur la lèvre tarie de la rivière,
les chaumes bruns des villages
débordant et se coagulant en villes,

avec au soir les choeurs de moucherons
et au-dessus d’eux les clochers
perçant le flanc de Dieu

au couchant de Son Fils, et ce fut le Nouveau Testament.

Puis vinrent les soeurs blanches applaudissant
à l’avancée des vagues,
et ce fut l’Emancipation —

jubilation, O jubilation —
vite évanouie
comme sèche au soleil la dentelle de la mer,

mais ce n’était pas l’Histoire,
seulement la foi,
et alors chaque rocher explosa en nation ;

alors vint le synode des mouches,
alors vint le héron sectaire,
alors vint la grosse grenouille beuglant en quête de suffrage,

les lucioles aux brillantes idées,
les chauve-souris comme des ambassadeurs en jet,
les mantes, comme des policiers kaki,

les chenilles fourrées des juges
examinant chaque cas de près ;
alors dans les oreilles sombres des fougères

dans le rire de sel des rochers
aux flaques marines, s’éleva le bruit
comme une rumeur sans écho

de l’Histoire, son vrai commencement.

 

Première parution dans The Star-Apple Kingdom (1979).
Traduit par Claire Malroux dans Le royaume du fruit-étoile (éditions Circé, 1992).
Si vous souhaitez lire le poème dans sa langue originale, passez le site en anglais (bouton « EN » en haut à gauche de cette page).

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Article — Jeune Public

Voyage à Khiasma

Les enfants racontent SÈMES

L’Espace Khiasma appartient aussi aux enfants. Toute l’année, des classes de primaires et maternelles sont accueillies dans l’espace d’exposition pour des visites-ateliers. Au mois de mars, ce sont les classes de CM1 et CM2 de l’école Jean Charcot à Romainville qui sont venues découvrir SÈMES, l’exposition monographique de Vincent Chevillon.

L’expédition des élèves a débuté par une randonnée, depuis leur école Jean Charcot à Romainville, pour accoster en début de matinée à l’Espace Khiasma aux Lilas. Ici, ils ont pu découvrir le travail de Vincent Chevillon, en pénétrant d’abord par l’entrée presque secrète de la sombre réserve, puis en prenant le large pour s’aventurer vers les plus grands espaces du territoire de l’exposition.

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Après une discussion sur les différents lieux de l’art, les élèves accompagnés de l’équipe de médiation, ont pu examiner de plus près les œuvres et approfondir leurs découvertes à travers un parcours-jeu les invitant à réfléchir sur leur ressenti dans l’espace d’exposition.

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Les explorateurs ont ensuite réalisé une mise en récit de leur voyage à l’Espace Khiasma et dans l’exposition de Vincent Chevillon sous forme de carnet de voyage.

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Les carnets ont été illustrés parfois d’après nature…

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… et parfois à partir d’une inspiration plus libre !

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Les élèves n’hésitent pas à s’approprier les oeuvres et à en livrer leur propre interprétation.

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Certains composent même des poèmes.

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Son — Expositions

Récit 1 : « Noir Atlantique », avec Jocelyn Bonnerave

NOIR ATLANTIQUE est le premier « récit » inaugurant l’acte 1 de l’exposition SEMES de Vincent Chevillon. Ayant invité l’écrivain, performeur et anthropologue Jocelyn Bonnerave à explorer l’exposition comme un objet d’étude anthropologique, ce seront les principes fondamentaux d’une « sociologie animiste » en germe qui émaneront de cette fameuse « réserve ».

Espace muséographique qui dérobe aux regards, lieu du penser/classer mais aussi du refoulement, de la cargaison, de l’appropriation inavouable, atelier pour l’artiste, laboratoire ou cale de bateau : c’est au cœur de cette écologie de l’ombre que s’agenceront les différentes combinaisons des futurs « actes » de l’exposition, mais où l’on peut imaginer également une « vie sociale » des objets. Où ces derniers prendraient la parole lorsque les hommes ne sont pas là. Une contre-forme de l’exposition, à la façon dont l’océan atlantique serait une contre-forme centrale des continents périphériques et, selon l’hypothèse de Paul Gilroy, formerait un continent résiduel d’où serait né, du fond des cales, le peuple de la Caraïbe.

 

Aussi, NOIR ATLANTIQUE rejoint le programme « contre-feu » sur la webradio r22 Tout-monde. Un programme radiophonique au plus près des évènements qui « tiennent lieu » à l’Espace Khiasma. Un programme qui touche au langage, à ce qui se dit en marge des œuvres, traitant du déplacement que peut opérer le commentaire dans ce que l’on voit lorsqu’on ne le considère pas comme un problème, mais plutôt comme une piste supplémentaire. Une piste au sens d’un montage sonore — couche additionnelle dans le régime sensible, et non, comme on est souvent porté à le penser et à le pratiquer, comme une intrusion d’un langage obsédé par la compréhension. Ainsi, le programme « contre-feu » se demande pourquoi le commentaire ne serait pas l’objet, au contraire, d’un trouble ?


 

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Édito — Expositions

SÈMES

À l’occasion de l’exposition de Vincent Chevillon, SÈMES, Khiasma rouvre les pages de son Magazine. Dans sa proposition, SÈMES instaure un espace versatile, mouvant — lieu d’exposition, mais aussi lieu de réflexion et d’échange dans lequel l’artiste recevra, au fil des semaines, une série d’invités pour arpenter les nombreux espaces qu’ouvrent les récits, images, sculptures et objets dont l’artiste travaille l’agencement. Textes, sons, images, vidéos : jusqu’au terme de l’exposition, à la fin du mois de mai, cette 11è édition du Magazine collectera les traces de ces imaginaires convoqués.

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Entretien — Expositions

Vincent Chevillon : SÈMES — Acte 1

Entretien avec Olivier Marboeuf

À l’occasion de son exposition personnelle à l’Espace Khiasma, Vincent Chevillon s’entretiendra avec Olivier Marboeuf en marge de chacun des quatre actes qui constitueront l’exposition, et pour lesquels l’accrochage sera à chaque fois repensé. Dans cette première conversation, Vincent Chevillon revient sur son travail de collecte, de façonnage et d’assemblage, et détaille son rapport à l’archive.

Olivier Marboeuf : L’exposition SEMES est une manière de rassembler une large partie des travaux que tu as réalisé sur une période récente. Cependant, en mêlant sculptures et films, collections, documents, objets trouvés ou détournés, tu déplaces l’idée d’une présentation monographique. Ce qui fait œuvre ici se joue ainsi entre les objets, dans la mise à l’épreuve d’une modalité de relation qui relève de la contamination, de l’empiètement. Je dirais que l’ordre des choses n’est pas pacifié, stable. Les œuvres sont installées dans l’espace comme les indices sur une scène de crime, mais l’enquête n’est pas résolue, et le sens pas fermé.

Vincent Chevillon : J’aime les rébus. Je fonctionne par jeu des kyrielles. Chaque objet que je récolte, chaque image collectée, toute la matière que j’accumule se présente comme un ensemble dont il faut recoller les fragments. Les objets, les images, les récits que je réalise, que je collecte, s’associent et énoncent alors une charade. Son interprétation est multiple. J’en sculpte la teneur jusqu’à ressentir un sentiment ambigu, une « inquiétante étrangeté » qui se confondrait avec l’évidence d’une vérité, une clé.

Vincent Chevillon, « Sonde 10 » et « The Gate » (vue d’exposition)

L’exposition me fait penser à un monde en relation au sens d’Edouard Glissant, c’est-à-dire à une situation qui n’est pas tout à fait sous contrôle, qui a une dimension entropique – une mondialité, plutôt qu’une globalisation, c’est-à-dire un phénomène éruptif plutôt qu’un système. On sent d’ailleurs que ta proposition relève à la fois d’une volonté de prise, dans la manière d’ouvrager les pièces notamment ou de classifier les artefacts (atlas, réserve, collection) et d’un autre côté d’une déprise dans tes agencements, d’une tentative de trouver quelque chose qui ne peut apparaître sans un espace indéfini, sans une contre- forme qui va être investie d’un sens potentiellement variable.

Je suis à la fois fasciné, écœuré, et tendrement amusé par l’illusion des compartiments – tout dépend de l’impact sur le réel que cela engage. Fasciné par la richesse formelle que toute classification propose. Une paire de lunettes pour partitionner le monde et à la fois une coupe dans le réel qui ouvre des espaces, des accouplements. J’observe dans le désordre. Je noue, contrains. Je déforme mes certitudes. L’espace Atlas au sein d’archipels.org illustre en quelque sorte mon fonctionnement, et la manière dont je développe des espaces. Le processus de mise en forme s’arrête au moment où ce que je pensais au préalable s’effondre, et où se lève un voile.

L’espace de l’exposition est immobile et mouvant à la fois comme peut l’être le sol d’un bateau sur l’Atlantique ; situation hypothétique qui me semble avoir une potentialité narrative particulière si l’on imagine, à la suite de Paul Gilroy, l’Atlantique comme un territoire plus signifiant qu’un simple espace de transit entre les grands récits continentaux, un espace où se fondent des peuples, des philosophies particulières en relation avec une expérience particulière – limite, tragique. Aussi, le récit semble à son tour en être affecté, le sens dérive, la racine laisse place à la source et un autre régime de raconter agence les faits. La fable devient une méthode pour faire avec la dérive, faire avec l’ordre imprévisible que produit le chaos, prendre acte de l’hybridation des formes, de la créolisation des histoires. La manière de mettre en scène le temps de l’exposition semble ainsi solliciter un autre narrateur que la figure héroïque des grandes expéditions et lui préférer une communauté de voix qui viendront, à tour de rôle, rejouer la scène que tu installes à Khiasma.

C’est amusant que tu parles de récits héroïques. Une chose me dérangeait beaucoup lorsque je préparais le projet SEMES, ce pèlerinage dans le corps atlantique : limiter l’étendue des espaces à parcourir à une expérience personnelle. Je souhaite que toute personne puisse projeter des imaginaires à partir de mes propositions, c’est pour moi une manière d’ouvrir de nouveaux espaces de circulation, d’espérer des lieux d’échanges.

Raising Cairn

Vincent Chevillon, « Raising Cairn » (détail).

Tu vas offrir pendant deux mois différentes combinaisons d’objets sortis de l’ombre de la réserve. Cette réserve m’intéresse particulièrement. Elle pose en premier lieu la question de la muséographie : ce qui est donné à voir et ce qui est soustrait au regard, et ainsi l’idée d’un espace de l’ombre où quelque chose se passe que l’on ne voit pas, un espace où les objets ont une vie propre entre eux, une espèce de sociologie animiste, une histoire autre que celle de l’exposition où on attribue un espace défini aux choses. En entrant dans l’exposition par la réserve, on y pénètre par l’espace du secret qui est à la fois celui de l’inconscient, de ce qui n’est pas encore dicible, tout en étant d’évidence aussi la cale, la cargaison. La réserve serait ainsi la contre-forme de l’exercice du pouvoir de montrer, l’espace du vol, de l’appropriation inavouable, l’espace morbide du refoulé et de la violence, mais aussi celui d’un potentiel secret où peut se refonder paradoxalement quelque chose d’autre, une altérité au cœur de l’écologie de l’ombre. On retrouve d’ailleurs dans des pièces très différentes de ton travail une certaine inclination pour l’espace qu’on ne voit pas, qui est hors-champ – hors d’atteinte – et que tu places parfois au cœur même de tes images, mais aussi de tes sculptures qui évoquent des coffres, des espaces construits par/pour la soustraction.

La réserve comme l’atelier sont des laboratoires. Il s’y passe beaucoup de choses lorsque l’on est absent. Dans l’obscurité se forge la profondeur, dans le hors-champ des pistes à suivre, des traces à laisser pour ceux qui suivent. Je retrouve souvent dans mes créations un oeil aveugle, une béance impudique, extatique. Angle mort de la conscience. Beaucoup d’objets que je réalise ou que je collectionne sont des contenants (graines, sondes, photographies, éprouvettes, flacons). Nous n’avons que rarement accès à leur contenu, mais j’y accorde une grande importance. Dans le premier espace de l’exposition, la réserve, le backstage, il y a une vitrine éclairée de derrière. C’est un espace introductif comme le serait une maquette, une esquisse. Pour ce premier «acte», la première séquence de l’exposition, il présente des graines, des photographies de femmes au jardin, et une sculpture, (S)trombe, qui teinte fortement cette vitrine d’un caractère voyeuriste.

Une autre chose qui m’intrigue particulièrement, c’est la manière dont tu fabriques avec tes formes un espace temporel indéfini. On navigue au milieu d’objets qui ont à la fois une dimension archéologique et une dimension futuriste ou utopique; des sondes, des urnes – des outils prospectifs tout autant que des espaces de conservation.

Il n’y pas d’Histoire univoque qui tienne face à la multitude de voix qui la prononcent. La modernité n’est pas uniquement une volonté expansionniste et prospective, elle ouvre des brèches, invente des espaces, des époques. Elle m’autorise des glissements, des métissages et des métamorphoses. Les sondes sont des intermédiaires, des objets- frontières entre des mondes hypothétiques et l’espace physique du lieu où elles s’installent. Les fusées, comme les fétiches, opèrent de cette manière, et les objets que j’ai intitulé « sondes » en découlent. Je n’ai jamais voulu en faire une série, ce sont des modules. Le mouvement guide ma pensée, l’incertitude des trajectoires également, pour cela j’opère des accouplements vers des nouveaux mondes, reflets sarcastiques de nos certitudes.

Branles et corps morts

Vincent Chevillon, « Branles et corps morts » (détail).

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Entretien — Phantom

Lundi de Phantom n°17 : Frédéric Nauczyciel

Entretien avec Olivier Marboeuf

En marge de son Lundi de Phantom, Frédéric Nauczyciel parle de son approche particulière de la scène du voguing et de la manière dont il joue avec ses codes en les déplaçant vers la scène de l’art. Transgression et retournement des stéréotypes, réflexions sur l’image et narrations dansées flamboyantes. Il découvre également les enjeux de ses travaux plus récents autour du corps tatoué.

Quand et comment es-tu entré en contact avec la scène du Voguing à Baltimore ? Peux-tu nous parler un peu de cette scène, de son origine.

Je suis allé à Baltimore sur les traces d’Omar, le personnage de la série télévisée culte « The Wire » [« Sur écoute »], un homme du ghetto noir, qui vole la drogue aux dealers. Omar définit sa propre justice selon son propre code de l’honneur et en refusant les codes de la société ou ceux des gangs, il acquiert une forme d’invincibilité. Ce personnage a réellement existé à Baltimore, à ceci près que David Simon et Ed Burns, qui ont écrit la série, en font un homme homosexuel. Il redéfinit ainsi les conventions et les frontières symboliques. Il crée sa propre géographie dans la ville qu’elle soit physique, urbaine ou mentale ; sa propre géographie des comportements.
Il ne se tient jamais là où on l’attend et l’on ne sait littéralement jamais par quelle rue il va arriver. En refusant les assignations, Omar cesse de se fondre dans la norme établie sensée protéger et dans le même temps, contrôler. Il s’agit d’une posture selon moi politique, qui répond aux nouvelles réalités urbaines ; une forme nouvelle de dissimulation active, en rupture avec le diktat de la visibilité, qui m’évoque le fait qu’il doit exister, aux Etats-Unis comme en Europe, des gens qui cherchent à se redéfinir et redéfinir les territoires qu’ils habitent. Une posture proche de ce qu’on appelle la Banjee Realness : le fait de performer l’attitude du ghetto de certains noirs et latinos américains homosexuels qui refusent la visibilité contrainte. C’est un double mouvement, à la fois d’une dissimulation et dans le même temps, d’une affirmation de leur culture d’appartenance. Je reconnais dans le personnage d’Omar la Banjee Realness réinventée, popularisée, sortie de l’underground. Nous sommes 2011 et je viens d’obtenir une bourse Programme Hors les Murs avec l’intention de me rendre à New York, Chicago, Atlanta pour développer un projet autour de l’attitude banjee. J’avais en tête d’y trouver les clés d’une banlieue parisienne débarrassée de certains clichés qui voudraient que la périphérie ne génère aucun centre, aucune forme de création, aucun avenir. En découvrant « The Wire », je décide sur un coup de tête de me rendre à Baltimore, pour y comprendre les origines du personnage d’Omar : et je rencontre accidentellement les vogueurs de la ville.

Le voguing est une danse performative des communautés homosexuelles et transgenres noires américaines des ghettos, née à Harlem dans les années 60/70 au moment de l’avènement de la formule moderne de Vogue Magazine. C’est une danse performative en ce que des hommes s’approprient les poses des femmes blanches en couverture du magazine Vogue. La question des origines est entourée de mythes construits par la communauté elle-même ou ses chroniqueurs, parce qu’elle véhicule une charge imaginaire très puissante. Nous sommes aux Etats-Unis, pays jeune qui cultive son storytelling. On raconte que certains détenus homosexuels ou travestis performaient ces poses dans les prisons de New York, pour retrouver une forme de fierceness (férocité, entre fierté et bravoure).

Le voguing atteint son premier climax dans les années 80 et trouve une première visibilité grand public dans les années 90 avec le film de Jennie Livingstone « Paris is Burning » et le tube de Madonna « Vogue ». Il se répand le long de la côte est, puis vers la côte ouest, dans les villes noires comme Philadelphie, Washington DC et Baltimore, Atlanta, en Caroline du Nord et du Sud, puis de la Californie… Il retourne dans l’underground puis trouve son second climax avec l’arrivée d’internet qui permet sa diffusion dans tous les Etats-Unis, l’Europe, le Japon, la Russie… et en particulier Paris.

J’arrive à Baltimore pour me rendre compte qu’il existe une Ballroom scene (ainsi que l’on dénomme la communauté du voguing) extrêmement puissante, active, qui n’a rien à voir avec la scène médiatisée de New York. A Baltimore, ville ghetto qui ne connaît pas vraiment de gentrification, le voguing y reste real (authentique) et, comme me l’a fait remarquer Chantal Regnault, photographe des origines, il peut y rappeler la scène new yorkaise des années 90 par le contexte social, urbain, économique dans lequel il continue de s’y développer.

Quand ils ne sont pas en train de performer, flamboyants, costumés, les vogueurs de Baltimore sont Omar. Plus précisément, c’est la somme, la réunion de chacun d’entre eux qui compose la figure d’Omar, figure symbolique, emblématique, iconique et moderne de la masculinité en milieu urbain. Et je comprends que la Banjee Realness fait partie des ramifications et des évolutions du voguing sous l’influence des nouvelles cultures urbaines, du Hip Hop, du RnB…

Tu découvres plus tard la scène du Voguing parisien. Quelles sont les influences de la scène américaine et les spécificités de cette scène, ses liens avec la danse – contemporaine, urbaine – et avec les questions identitaires qui se formulent différemment à Paris et dans sa banlieue qu’aux Etats-Unis ?

Pour ma part, j’avais l’intuition en regardant « The Wire » que Baltimore agissait comme une métaphore des enclaves périphériques parisiennes. En me rendant à Baltimore, je me lance un défi, une commande passée à moi-même : représenter les possibles de la « banlieue » française, lovés dans les replis encore ignorés de son histoire récente, postcoloniale ; créer des images qui troubleraient notre vision européenne de l’urbain par une sorte de torsion de l’intérieur. Cette posture politique de l’anti visibilité, cette manière organique en perpétuel mouvement d’habiter le monde, m’intéresse artistiquement.

Je reviens de Baltimore avec une installation vidéo présentée au Mac/Val, musée d’Art contemporain de Vitry en 2012, qui immerge le spectateur dans l’univers particulier du voguing de Baltimore. C’est là qu’apparaît à Paris une toute jeune Ballroom scene en construction, unifiée par le désir et l’obstination de sa figure tutélaire, Lasseindra Ninja.

La ballroom scene parisienne est majoritairement antillaise, peut être parce que l’expérience antillaise a des parallèles avec l’expérience afro américaine – en opposition à l’expérience afropéenne en France. Une communauté qui trouve dans le voguing une possible représentation d’elle-même, largement négligée par la société française. Cela explique à mes yeux que la scène du voguing parisienne soit la seule scène européenne majoritairement noire.

Etre noir et gay à Paris est une expérience très différente de celle vécue aux États-Unis : la société française est moins libérale et permet malgré tout l’accès à l’éducation, aux transports publics, aussi compliqués soient ils, aux hôpitaux. On est moins exposé à la drogue dure ou à la violence. D’un autre côté, la République tend à moins reconnaître les communautés et leur donne moins de visibilité collective avec l’absence d’une politique d’action positive. Il n’existe pas, par exemple, de relation entre la Ballroom et les associations LGBT parisiennes – alors qu’aux Etats-Unis, les grands balls sont souvent soutenus, organisés ou financés par toutes sortes d’organisations LGBT, trouvant là l’occasion de faire de la prévention, de lancer des campagnes d’information ou d’apporter leur soutien aux populations fragilisées. Les balls parisiens, en revanche, sont plus ouverts au public extérieur à la communauté.

Depuis les premiers balls parisiens, la scène devient plus organisée, les apparitions plus sophistiqués, avec un plus grand sens du spectacle, des costumes, un plus grand respect de soi et des autres : l’un des enjeux du voguing, à ce titre, est d’offrir à la communauté un espace de reconnaissance en dehors des espaces de représentation mainstream. Il y a une prise en charge par la communauté, d’une forme de représentation sans attente d’une reconnaissance du majoritaire.

Lorsqu’avec le Mac/Val nous avons invité Marquis Revlon, Kory Revlon et Dale Blackheart, trois des  vogueurs de Baltimore avec lesquels je travaille le plus étroitement, la petite scène parisienne était prête. C’était une question de timing, que je n’avais certainement anticipée. Lasseindra Ninja construisait la scène depuis plusieurs années et mon installation vidéo ainsi que le workshop ont soudainement donné à la communauté une visibilité – et un espace – au moment exact où elle commence à se constituer comme telle. Les vogueurs de Paris se sont approprié l’espace de l’installation, confirmant (ou annonçant) du même coup un changement radical dans la prise en charge des représentations minoritaires.

Même avec leurs différences, je reconnaissais entre les vogueurs de Baltimore et de Paris des points communs, dans leur manière d’habiter ou de circuler dans la ville. Les américains ont aimé paris immédiatement – son urbanité et ses périphéries. Ces analogies expliquent certainement pourquoi je me suis senti immédiatement chez moi à Baltimore, et pourquoi le travail, parti de cette ville sans qualité, est revenu naturellement, sans effort, à Paris et en Seine-Saint-Denis.

On a l’impression qu’avec cette pratique se construit une nouvelle forme d’exposition et d’affirmation des identités sexuelles minoritaires à partir d’un jeu de codification hérité du monde du spectacle. Une forme de réappropriation par l’underground de la production de masse dans un mouvement de pillage inversé, en quelque sorte.

La ballroom scene est un microcosme de jeunes gens qui ne performent pas devant un public, mais qui performent pour eux-mêmes face à leurs pairs. Les défis qu’ils se lancent ont pour but d’apprendre à être le meilleur. Le fait de défier l’autre est une manière de se dépasser soi-même. C’est un apprentissage initiatique qui permet de se tenir debout dans la société américaine. C’est un apprentissage initiatique qui pousse à être de plus en plus soi-même, à se débarrasser de ses incertitudes et en même temps à n’être jamais figé dans ses certitudes. Cela oblige à aller au-delà de ses propres limites et d’aller au plus près de soi-même. Si être au plus près de soi-même c’est être une femme, alors c’est envisager les conséquences que cela peut avoir. On ne s’arrête pas au seuil de la transsexualité.

Le voguing, dans sa capacité d’invention à l’intérieur de frontières et de contraintes, de limites très fortes, dans sa capacité à se vivifier continuellement, à se réinventer, est un langage performatif qui crée en permanence du sens. Les règles du voguing sont codifiées à l’extrême puisqu’elles doivent prendre en compte une variation infinie de situations et d’expressions du genre, de l’extrême féminin à l’extrême masculin. Chaque situation nouvelle, chaque expression nouvelle de soi enrichie et complexifie les règles et les catégories de la communauté. Tout l’enjeu est de déplacer ces règles, ces frontières. Voire de les rompre : en transgressant les règles pour faire surgir une chose à laquelle personne n’avait jamais pensé – dans son personnage, son alter ego, ou dans sa performance, dans sa bravoure, dans ce qu’on appelle la fierceness – la férocité – un vogueur va devenir légendaire. Parce qu’il fait avancer la communauté toute entière. Être légendaire c’est, dans le même temps, exister aux yeux de la communauté et à ses propres yeux. En existant à ses propres yeux, paradoxe merveilleux, il n’a plus rien à prouver et il peut devenir ce qu’il veut, où il le veut, quand il le veut. Il peut dépasser les limites de la communauté, aller dans le monde. Ce qui est aussi très beau dans le fait d’être légendaire, c’est que lui seul le sait. L’une des attitudes d’être légendaire, c’est de ne jamais le dire, de ne jamais s’en vanter, puisque, de toute façon, il est légendaire. C’est, à mon sens, le degré ultime de la performativité et cela peut faire art.

Dans le même sens un Ball est un dispositif, il fait création. Chaque Ball est différent, chaque Ball déploie le même dispositif créatif. Etant unique dans la communauté, devant inventer sans cesse, chaque voguer est seul et tous. En ce sens, un Ball ou le voguing n’emprunte pas aux codes du spectacle, mais plutôt à ceux de l’art performance.

En revanche, les vogueurs s’inspirent de tout, de toutes les formes de danse, du spectacles, des comédies musicales, des références de l’art – souvent à travers la manière dont des artistes de la scène musicale, de Beyoncé à Rihanna, se sont eux-mêmes approprié d’autres territoires artistiques : on pense à Lady Gaga réactualisant Leigh Bowery à travers les créations d’Alexander Mac Queen. Le premier ball auquel j’ai assisté  avait pour thème le Cygne noir du film de Darren Aronofski, « Black Swan » et rendait hommage à Natalie Portman.

Ton travail procède lui-même d’un déplacement d’un espace de la danse plutôt communautaire vers le champ des arts visuels, des centres d’arts et des musées. Peux-tu préciser les enjeux de ce déplacement et ses modalités ?

C’est exactement ce qui s’est passé, au Mac/Val : j’ai ramené un film qui était une installation vidéo, une projection sur trois murs à l’intérieur d’une pièce fermée qui rappelle un ballroom. A l’intérieur de l’installation vidéo le dernier jour de l’exposition, les vogueurs parisiens ont commencé à performer devant le public du musée en lui demandant d’être juge de leurs battles [compétitions]. D’un seul coup, de Baltimore à Vitry, se constituait une mise en abîme qui s’adressait non pas à eux-mêmes, mais au public du MAC/VAL qui venait voir une exposition d’art contemporain dans un lieu d’art contemporain. Leur présence transformait l’installation, le lieu d’exposition, non pas en lieu de démonstration mais en lieu d’expérience partagée.

C’était pour moi un manifeste. La performativité était elle-même inscrite dans la manière de mettre les images en scène. Elle joue au niveau inconscient pour provoquer des états émotionnels chez le regardeur, qui ne soient pas que dans la mise en scène contenue dans l’image, mais aussi dans la façon dont l’image est restituée.

L’idée, alors naissante et aujourd’hui de plus en plus affirmée chez moi, était de proposer aux vogueurs, lorsque je les ai rencontrés, de produire des images non documentaires afin d’éviter une réappropriation ou un exotisme. Les temps ne sont plus les mêmes et les communautés prennent de plus en plus en charge leur propre documentation, en particulier à travers les réseaux sociaux (Facebook, YouTube…).

Il s’agit donc pour moi, de convier les vogueurs dans un espace d’art, de création, comme un studio de tournage ou de danse, parce que l’espace de l’art est libre de toute assignation. L’artiste a le privilège de pouvoir traverser les lignes de partage. C’est ainsi, qu’avant de photographier les vogueurs de Baltimore dans leurs arrière-cours si particulières à cette ville, je les ai conviés dans le studio du photographe. C’est ce va-et-vient qui permet d’introduire une plus grande réflexivité dans la production des images.

Après le Mac/Val, il me fallait aller plus loin, et j’ai volontairement abandonné le médium photographique pour un temps afin d’interroger la forme performative et produire des images qui puissent être pertinentes pour tous. A ce tournant du travail, il m’était nécessaire de creuser une forme qui donne plus de place à la vidéo et la danse ; de trouver, à partir de la performance, une extension à mon travail visuel. Cela nécessitait de rompre avec le paradigme documentaire inhérent aux prises de vue photographiques.

J’ai ainsi crée une house virtuelle, conceptuelle, comme une house (maison) de voguing, regroupant des membres d’une maisonnée reliés par une affinité, ici artistique, avec des vogueurs de Paris et de Baltimore. Au centre de cette  expérience menée par un photographe extérieur à la communauté, se tenait, puissante et critique, la question du regard émerveillant. Pendant plus d’un an, j’ai renoncé au travail d’enregistrement et de documentation. Je désirais à la fois évacuer la mise en distance qu’impose la caméra ; et rompre avec la relation photographe / sujet.

La house, surnommée House of HMU, a été accueillie en résidence par le Centre Pompidou au sein du Studio 13/16, destiné aux adolescents et jeunes adultes. Il a alors fédéré une partie de la scène parisienne, une vingtaine de personnes, et Dale Blackheart de Baltimore. Le contrat passé était particulier : les ateliers, ouverts trois fois par semaine au public du Centre Pompidou, seraient aussi destinés à ceux qui allaient les animer. Une fois les portes du studio fermées au public, nous travaillions aux répétitions de performances et au tournage de deux films, présentés ici ce soir.
La ballroom scene est un monde en soi, avec une incroyable capacité à se transformer et se régénérer, à s’approprier toute production culturelle extérieure. C’est un monde qui dépasse les sous-cultures communautaires noires ou LGBT, mais une culture en soi, hybride, organique, toujours en mouvement d’elle-même. En cinquante ans, cette culture est devenue sophistiquée, étrange, savante et en ce sens : baroque.

C’est l’objet même du film « A Baroque Ball » qui réunit 14 performeurs. Il s’y joue les règles du voguing, dans des  battles à deux, sur une interprétation baroque d’un concerto de Bach. J’y introduis la notion de cour, du politique et de la liberté contrainte du baroque. A dessein, les costumes et maquillages restent inachevés. Deux versions se succèdent, l’une sophistiquée, où les vogueurs s’appliquent à répondre au dispositif ; la seconde, envisagée comme une blague, perd en pureté et gagne en énergie, celle du shade, cette manière particulière de tancer l’autre tout en établissant une connivence avec le reste de l’audience, les pairs. La première version serait savante, la seconde, shade.

M-AGAINST-THE-WORLD
La vidéo «M. against the world» met en scène dans un régime à la fois poétique et explicite le corps comme objet sexuel. Je trouve qu’on entre ici sur un terrain ambivalent dont j’aimerais que tu parles : le dépassement de la représentation du corps noir uniquement comme objet sexuel en ressaisissant cependant un vocabulaire de l’exhibition pour le distribuer autrement. Un mouvement de lutte qui assumerait et même consommerait le stéréotype.

«  M. Against the World » déjoue la question du regard émerveillant et du narcissisme dans un mouvement de regards à trois. Les commentateurs au micro regardent et soutiennent le performeur ; le performeur s’adresse au public par l’entremise de la caméra, placée à son aplomb. Il s’agit tant de déjouer le narcissisme du performeur, que d’interroger la position du regardeur face à une danse, sexuelle, issue des clubs de striptease. Les contraintes y sont fortes : les regards caméras, le cadre, les figures imposées servent à donner une structure à l’improvisation.

La caméra à l’aplomb du performeur, dont l’image est restituée au même niveau que les deux plans serrés sur les commentateurs, introduit ainsi à la fois une distanciation du regard par les motifs visuels répétitifs ainsi créés par le retournement à 90 degrés ; et une stylisation de la performance sexualisée et narcissique. Les clichés liés à la féminité et à la sexualité sont exacerbés par les chants des deux commentateurs : l’un est américain (Dale Blackheart, Baltimore) – qui fait appel aux motifs habituels de la scène et aux mots imagés parfois très sexuels des chants destinés à soutenir le performeur ; l’autre est antillais (Diva Ivy, Paris) – qui fait parfois appel à des références créoles que partage également le performeur (Honeysha Khan, Paris).

En effet, il s’agit avec ce solo accompagné, de contenir la charge sexuelle et narcissique, dans un mouvement de regards à trois, réflexif, non objectivant. Le titre « M. Against the World » fait référence au titre du morceau musical qui nous a servi pendant les répétitions, « Me Against The World », tout droit issu de la bibliothèque de sons qu’Archie Burnett, maître de la House Dance américaine, utilise lors de ses workshops. Le « Me » narcissique et réflexif, est devenu « M. » en référence à Marie Magdeleine, femme pécheresse qui oint de parfum le corps du Christ. Un autre retournement qui nous a amusé et qui nous a simplement servi d’inspiration pour construire d’autres figures, comme le « M » des jambes repliées du performeur dans certaines des figures au sol, ou le Christ en croix inversé du performeur reprenant ses forces.

Ainsi beaucoup de strates de sens se superposent, comme souvent dans mes images, pour ouvrir le sens : la créolité, la sexualité, la danse minimaliste américaine, l’histoire de l’art pictural et religieux, le voguing, le baroque, le regard, la féminité, sont autant de pistes possibles qui tâchent de ne pas prendre le corps noir et le corps sexuel au pied de la lettre. Le film, composé de trois séquences ici projetés sur un même plan simultané, peut être éclaté en plusieurs projections ou diffusions (écrans ou petits moniteurs), en séquences simultanées ou l’une après l’autre, dans une proximité ou séparées dans des espaces différents – chacune des séquences proposant un champ et hors champs aux autres séquences. Ainsi que tu le dis : un champ et un hors champ de désir.

Avec Skin, tu ouvres une autre direction. Ce n’est plus la danse le seul véhicule du récit mais aussi la peau et le tatouage qui prennent en charge la narration. D’ailleurs, progressivement tes protagnoistes se filment eux-même comme si tu cherchais à construire un dispositif où ils auto-produisent leur propre définition d’eux-mêmes, enjeu politique s’il en est.

Dorénavant, la vogue scene est invitée au Carreau du Temple ou bientôt au Palais de Tokyo. La communauté prend en charge sa visibilité. Je souhaite de mon côté, ouvrir d’autres espaces de production d’images.
« Skin » est une pièce au croisement du film et de la danse. J’invite les protagonistes, vogueurs et performeurs américains et français, à se filmer eux-mêmes, pour décrire leurs tatouages. Ce poème d’images, vivant, vient du mouvement que nous répétons ensemble face à la caméra afin qu’ils puissent en maîtriser la facture. Le film produit, étiré et lent, aura la même fluidité nécessaire à la traversée des lignes de partages, évoquera le constant changement de la persona. Il jouera sur un narcissisme transcendé, déprogrammé par le travail chorégraphique. Chaque film porte en soi un solo, dansé par un autre, où le performeur endosse, prend en charge la peau de l’autre, pouvant possiblement évoquer l’altérité.Le dispositif trouve aussi des déploiements live, où le processus de travail est donné à voir au public, tout en produisant un film pris de l’intérieur – une version actuellement en répétition réunit l’artiste français Jean-Luc Verna et Dale Blackheart.
Ainsi du tatouage et de la peau nait le film et la danse. Une forme de composition, en fait, très parallèle au sample en musique, agissant comme un prélèvement de peau – et d’histoire intime.
Je tâche d’activer ce que j’appelle un espace transgenre, en ce que le genre est une chose qui se performe, toujours mouvante, toujours en mouvement d’elle-même. Un espace qui invente sa géographie, un espace d’invention de soi, au croisement de l’image et du corps, des langages performatifs et visuels. Un espace de mise en commun d’une expérience, d’une présence.

En partant à Baltimore en 2011, j’avais emporté avec moi le livre de Georges Didi-Huberman, « La Survivance des Lucioles », à propos de Pasolini et des cultures populaires. Quelques lignes ont profondément fait écho à ma traversée, auxquelles je ne cesse de revenir : «  Le cours de l’expérience a chuté, mais il ne tient qu’à nous, dans chaque situation particulière, d’élever cette chute à la dignité, à la «beauté nouvelle» d’une chorégraphie, d’une invention de formes. »

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Vidéo — Expositions

Sommeils

La bande annonce de l'exposition par Ismaïl Bahri

http://vimeo.com/110502925

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Article — Expositions

Les images veillent autour de moi

Lettre de Simon Quéheillard à Ismaïl Bahri

Samedi 29 Novembre 2014 à 18H, la troisième rencontre dans le cadre de l’exposition sommeils est consacrée à un dialogue entre Ismaïl Bahri et l’artiste Simon Quéheillard autour de son ouvrage en cours Une méthode de dispersion. Les images veillent autour de moi, la lettre de Simon Quéheillard inaugure la discussion en amont de la rencontre.

Paris, le mardi 4 novembre 2014.

Cher Ismaïl,

de retour au pays natal, nous recevons aujourd’hui de toi ces cartes (postales) filmées de Tunisie. Dans cette salle, où domine l’obscurité, jamais la myopie n’aura été si grande. Les images projetées, dorénavant étendues à l’échelle d’un mur, ont toute l’apparence d’une tapisserie. Des tapisseries dans une chambre obscure. Dans cette chambre noire de la salle d’exposition, les images se succèdent par périodes. Périodes de lumière et d’obscurité, elles se présentent à nous comme « un feu tournant à éclipses », auxquelles succèdent quelques éclats, certains beaucoup plus vifs, d’autres plus courts ou plus fréquents. Où la fréquence est celle d’un vent, agitant ce petit rectangle de carton disposé devant la lentille. Entre ici et ailleurs, il détermine ce mouvement permanent. Images d’une terre éloignée vue d’ici. Signaux d’un phare en vue de terre, la Tunisie. Cette salle obscure où nous nous trouvons, dans la simulation d’un mécanisme. D’un battement de paupière, le regard traverse l’océan. Une traversée nocturne. Tant que domine l’obscurité, on ne perçoit que le grain de sa propre rétine. La mer et le ciel confondus forment un grand mur noir. Vision rapprochée d’un espace sans fond, sans limite ni contour. Après un moment, l’immensité se laisse percevoir. Et l’horizon se dessine entre les différentes teintes obscures. Passant du proche au lointain, de la rétine au paysage.

je te laisse une lumière tu éteindras

Ce vers de Claude Royet-Journoud, à la simplicité déconcertante et absolue, décrit une situation de veille dans la pénombre. Phase à laquelle succède le sommeil, retraçant mot à mot la trajectoire de ton exposition. Les images obstruées se voilent et se dévoilent à l’infini. Aussi le trajet parcouru se perpétue sans cesse à chaque tentative. Voyage que tu as entrepris. D’un continent à l’autre, incessamment refaire le trajet. Deux blocs d’espaces contigus, où l’on se tient sur le seuil. Ils se dépaysent l’un l’autre. La chambre & le paysage.

  Images comme ça pourrait être le nom de ce voyage. Voir comme ça vient. Sans but, faire en sorte de ne pas vouloir. Comment trahir ses propres intentions ? Les images font ce qu’il faut quand elles ne le font pas. Jack Spicer définissait le poème comme « ne pas vraiment vouloir ne pas dire ce que tu n’as pas envie de dire ». Ce qui deviendrait pour toi (à l’attention du caméraman-reporter) : « ne pas vraiment vouloir ne pas voir ce que tu n’as pas envie de montrer ». Au delà du vertige de cette triple négation, nous pourrions traduire par « ne pas vouloir ce que tu as envie de montrer ». Ou encore : « vouloir voir ce que tu n’as pas envie de montrer ». Vouloir, c’est partir en Tunisie. Ne pas vouloir, c’est obstruer la lentille d’un petit rectangle de carton. Alors le sommeil nous permettrait-il de surmonter cela.

Que puis-je voir malgré moi ? Que voit-on malgré tout ? Et que reste-t-il de ce que tu ne vois pas ? Détournant le regard de son but, une œillère se tient devant l’objectif. « Recouvrant ainsi une partie des yeux ou du champ de vision de l’animal. » La vision bornée est celle d’un handicap. Un système de blocage. Pour commencer, le sommeil ignore, de ce que nous vivons, les choses les plus immédiates. Tourner le dos à ce qui fait face. Une œillère pour se détacher. Au plus proche de la rétine. Pour ne pas assigner le regard à un but, une image se trahit. Comme on perçoit le halo d’une bougie, détournant le regard de la flamme. On ne regarde pas le halo d’une bougie. Vues de dos, des images circulent, tout autour, en bordure. Tapisserie dans leur principe, décrivant « des espaces qui ne soient pas chargés d’intention »1

Des images de fond, plus fortes que tout, personne ne les regarde. Et de l’autre côté, pendant que ça défile, des gens qui parlent tous dans le noir, avec les mains. « L’océan n’a pas l’intention d’être écouté. »2 Sans but, il se brise sur le rivage. Les images veillent et ne sont pas remarquables. Leur flot sous-jacent. Elles circulent partout sans jamais se lasser. Un arrière-pays. Ne plus pouvoir s’endormir sans le bruit des vagues.

Tu es retourné là-bas pour que les images nous reviennent de ce pays. Tu divagues, cher ami. Images bloquées. L’obstruction nous éloigne. Pas tant une série d’amorces comme je le croyais, la rétention demeure plus forte que la possibilité ou l’envie de voir. Pas tant une amorce, qu’un reste. Une lueur dans la pénombre. Ce qui reste dans la retenue, le retard. Des images de seconde main. Rappeler la mémoire au seuil de l’endormissement. Mémoire dont tu confies au vent le soin de prendre en charge les images. Tu es bien secondé dans ton entreprise. Un courant d’air dans la tête traverse ton cerveau.

Images de seconde main. Vieux stock délavé. Faire briller la mémoire dans la perte. Un filament, une image. Tu es parti ? Quand reviendras-tu ? C’est toujours la dernière fois pour des yeux qui clignent.

La Méditerranée, dite « mer du milieu ». Franchir par l’obturateur un passage. Pas tant d’une image à l’autre (entre deux noirs), qu’entre deux pays, deux espaces. Dans la fermeture, l’espace s’accomplit. Chambre noire d’un arrière-pays. Espérer dans la fermeture une image.

Et pendant que ça défile, on se fatigue bien trop, quand l’œil en permanence bute sur le cache. Des images qui n’ont pas l’intention d’être vues. Comme n’importe quoi d’autre d’ailleurs, qui existe comme ça. L’occasion, tout compte fait, de voir ce dont on se fout, d’abord. Une vache ou l’océan. Des images enfin pour ceux qui n’en veulent pas. Et pour l’heure, l’occasion d’un témoignage. Parmi d’autres sommeils, une enseignante, pratiquante de la méthode Korczakienne3, atteste ici de ses bienfaits [Gisèle Jamet, Sur les docks, France Culture, émission du 25 avril 2013.]

« Un élève qui ne voulait pas travailler, par exemple, qui n’était pas intéressé, s’il voulait se mettre au fond de la classe et dormir, ça ne me gênait pas. Si c’était accepté par les autres élèves, il n’y a aucun problème à ce qu’il puisse se reposer en classe, il a le droit d’être fatigué, pas intéressé, c’est son droit. Petit à petit, ce qui se dit en classe (car on ne dort pas tout le temps), finit par avoir un intérêt, d’autant plus intéressant qu’on n’est pas obligé d’écouter. Donc on n’est pas captif. Et à la fin de l’année, il m’a offert son cahier d’histoire-géo ».

A bientôt.

Emmanuel Van der Meulen, catalogue de l’exposition Enten-Eller. [↩]Jack Spicer, C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça.
 [↩]du nom du célèbre pédagogue polonais [↩]

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Article — Jeune Public

La Bande au cinéma

Les ateliers d'éducation à l'image

Les 29, 30 et 31 octobre l’Espace Khiasma, la Maison des Fougères et le Musée Commun ont invité l’artiste Juliette Agnel à réaliser une série d’ateliers, à destination du jeune public,  sur l’apparition des images.  

La Bande au cinéma est une programmation en réseau qui associe Khiasma, la Maison des Fougères, le Musée Commun. Elle est conçue spécialement pour le jeune public. Une fois par mois, une projection est organisée dans chaque structure de La Bande, et propose au public non seulement un film pour le jeune public, mais également une activité d’éducation à l’image à faire en famille après le film, et un goûter participatif.

Les films proposés sont différents dans chaque lieu et permettent donc une offre plus large. Le côté convivial de ces après midis est certainement une des raisons de la fréquentation importante de ces événements. On constate donc que le programme La Bande au cinéma est un levier majeur pour une rencontre entre les familles d’un territoire mais aussi un outil approfondi d’éducation à l’image et d’apprentissage du regard critique. La programmation jeune public, organisée en réseau entre l’Espace Khiasma, le Musée Commun et la Maison des Fougères depuis maintenant un an, a montré à quel point le médium cinématographique était un vecteur puissant de socialisation, de rencontre et de circulation pour les publics des structures de la Bande.

Des ateliers d’éducation à l’image sont également organisés en commun à l’occasion des vacances scolaires. Ils sont voulus comme des lieux d’expérimentation pour les enfants. De nombreux procédés d’animation d’images et de création autour de la question du film leurs sont présentés afin de leur donner les capacités de s’exprimer à travers la réalisation de petits films et l’apprentissage de techniques.

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Atelier camera obscura
le mercredi 29 octobre 2014, à l’Espace Khiasma.

A travers cet atelier, les enfants ont réalisé une camera obscura. Ce fut l’occasion de découvrir les débuts de la photographie et les éléments de base qui la constituent : le temps et la lumière. Mais avant de concevoir cette camera obsucra, le groupe a pu faire l’expérience de se retrouver à l’intérieur de la boîte noire et de découvrir les images qui apparaissent de l’extérieur, dans une camera obscura grandeur nature, construite pour l’occasion. Les enfants ont pu garder des traces de ces expériences grâce à des appareils photographiques mis à leur disposition.

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Atelier pixilation autoportrait
jeudi 30 octobre 2014, à la Maison des Fougères.

L’atelier à la Maison des Fougères proposait de réaliser de petites séquences de pixilation, sans rapport forcé avec le quartier, mais plutôt sur le personnage, avec la création d’un petit scénario.
Il a donc été proposé aux enfants de réaliser des petites scènes décrivant une action en mouvement, ces actions ont été réalisées à l’intérieure de la Maison des Fougères et dans ses alentours comme au Parc Léon Frapié, selon le choix des participants.
En groupe, les enfants ont pu apprécier différents rôles au sein de ce processus, en étant à la fois des sujets photographiés et des photographes.

Atelier carte postale animée
vendredi 31 ocotbre 2014, au Musée Commun.

L’objectif proposé par Juliette Agnel dans l’atelier au Musée Commun était de photographier de manière continue le mouvement créé par la ville, en se positionnant en petits groupes dans des espaces du quartier St Blaise, avec un trépied et un appareil photo.
Les participants, déguisés en fantômes à l’occasion d’Halloween ont pu apparaître et disparaître dans l’image animée, faisant ainsi référence à Méliès et questionnant le montage.
L’équipe d’encadrement a pu, à l’issue de ce temps de prises de vues, récolter les images et réaliser un montage rapide afin que chaque participant puisse voir ses images animées.

 

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Article — Expositions

Ismaïl Bahri : «sommeils»

Journal Phantom n°7

Cher Olivier,

Voilà, sommeils a pris corps. Ce projet aboutit finalement à un objet particulier au vu des diverses expériences menées ces derniers mois. Jusqu’à la dernière minute, il a fallu faire des choix. sommeils propose une mise en veille de l’état d’exposition. L’image y est sous-exposée, retenue et sa luminosité assombrie. Le recours à la parole, que j’ai décidé cet été, dans les derniers mois du travail, a aussi été un élément important tant le son fut jusqu’ici absent. Je t’écris quelques pistes de réflexions, en préparation de la rencontre de samedi prochain. Mais tout cela reste frais et je n’ai pas envie de trop écrire et de trop en dire. Pour l’instant, j’ai besoin de poser et de penser quelques mots, quelques éléments de ce qui me reste à mûrir. J’aimerais poser des questions aussi en prévision de samedi.

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chambre noire / caméra
Pénétrer les premières salles c’est entrer à l’intérieur de la caméra, dans une chambre noire qui semble se diffracter en un prisme qui, de temps à autre, s’ouvre et laisse filtrer les images. La dernière salle propose la chose inverse : ce sont des voix et divers points de vue extérieurs qui se recentrent autour de la caméra. Un des fils rouges du travail a été de faire de l’exposition une opération de projection : de donner l’impression que ma caméra se projette à l’échelle de l’Espace Khiasma. L’espace devient la caméra.


courant d’air
Dans l’exposition, le courant d’air est ce fil invisible qui traverse l’espace et relie les vidéos. Il en est aussi l’activateur mécanique : c’est le vent qui actionne l’ouverture et la fermeture des obturateurs, entrainant dans son sillage la lumière des images.

sondes
L’espace de sommeils se recouvre d’ombre. L’obscurité est ici pensée comme l’antre d’où tout peut surgir. Antre à pénétrer à tâtons, en exercice de reconnaissance. L’inconfort dans lesquels nous plonge l’obscurité est important à mes yeux car il conditionne un rapport d’accommodation à ce qui nous entoure.

 

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dehors
J’ai l’impression que cette exposition est un négatif du dehors. Le dehors y est pensé en creux, depuis l’endroit du retrait. D’habitude, j’évoque le réel en évoquant le dehors. Mais je crois que je confonds les deux et que ce point reste confus en moi. Je ne sais pas précisément ce que veut dire le réel que tu évoques souvent. Le dehors semble mieux me correspondre dans ce cas précis. Les variations atmosphériques du dehors. L’espace social du dehors. Le dehors en contrepoint du confiné, de la chambre, de la boîte, de l’intérieur de la caméra. Le dehors un peu magique aussi : celui inversé que projette la camera obscura.

 

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Tunisie
J’ai le sentiment que la dissimulation en œuvre dans sommeils peut être vue comme une grande opération de sonde. Sonder le dehors par un contact à distance. Approcher un mystère, quelque chose qui surgit pour mieux fuir. Il ne s’agit pas de n’importe quel dehors évidemment. sommeils borde un horizon dissimulé : la Tunisie. Par ses lumières et ses voix, la Tunisie est au centre de l’exposition mais en creux. Elle reste tapie dans l’ombre. Ce motif central se manifeste en marge mais s’infiltre en lumières et en voix. Il s’agit moins d’exposer un motif que la façon qu’à ce dernier de se manifester.

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feuille
Comme ce fut le cas pour Orientations, filmer revient à sonder les termes d’une juste distance. Le rapport aux choses se fait par touches en passant par l’intermédiaire d’un objet (encre dans Orientations, feuille de papier dans sommeils). Et il me semble que le cache en papier formalise le contact à distance et son tremblement ses mouvements d’accommodation. La feuille, à l’image, devient faille. Elle se fait liant, pellicule, surface de contact qui accompagne le regard dans l’espace filmé. Mais ce mouvement de balancier relie tout autant qu’il coupe ce qui par le film tendrait à faire bloc, continuité ou masse, ce qui dans le film peut devenir autoritaire ou totalisant : un panoptique, une vue d’ensemble, un horizon, une affirmation sans retrait possible. Je ne sais pas encore dans quelle mesure, mais je crois que je me suis empêché de fixer tout état de fait.

tâtons
Il est important pour moi que sommeils se tâtonne, que l’exposition se parcoure par touches. L’obscurité empêche de porter un regard d’assurance, de porter une vision d’ensemble.

sommeils et sondes
C’est notamment sur ce point que l’exposition sommeils dialogue avec sondes aux Eglises de Chelles. sondes explore, mais d’une toute autre manière, la question de l’accommodation. L’opération de sonde et de toucher à distance y est fondamentale à travers notamment les rapports d’échelles de distances et de luminosité. Au contraire de sommeils, sondes est inondée de la lumière naturelle parvenant des vitraux. Un mur a été construit au milieu de la première église pour devenir écran. Cet écran est double : il permet d’accueillir une projection vidéo et d’éclipser la partie centrale de l’église. Par un saut d’échelle, ce mur imposant et massif contraste avec l’installation Coulée douce qui se trouve dans la seconde église. Dans cette installation, un fil à coudre noir est dévidé sur une hauteur de dix mètre en courbe vers le sol. Un goutte-à-goutte s’écoule le long de ce fil. Imperceptible, cette installation induit une autre forme d’acuité aux choses en reportant l’attention autour de phénomènes de toute petite échelle. J’ai été étonné de voir les visiteurs s’amasser autour de ce presque rien, autour de la flaque d’eau en train de se former et d’observer la chose durant de longues minutes. Le rapport d’acuité et d’accommodation aux détails passe ici par une forme de contemplation qui m’a renvoyé à celui de certains spectateurs bordant l’écran blanc, à l’écoute des voix dans sommeils.

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voix
Filmer en appelle à une déprise recourant au vent et à la parole des autres. Je filme en faisant du vent un complice. Le vent porte aussi la voix des personnes croisées durant le travail. Ces personnes, par leurs mots, deviennent les intercesseurs de l’exposition. A leur manière, ils la bordent et l’entourent. A leur insu, ils l’accompagnent et l’habitent en paroles.

foyer
La caméra devient un « foyer » (je reprends ton terme que je trouve très beau). Aussitôt plantée dans le paysage, elle se transforme en un point autour duquel on s’arrête pour parler.

illusion
Les voix sont énigmatiques, comme serties d’ombre. Elles sont d’autant plus précieuses qu’elles émanent de personnes qui ont assisté à l’expérience. La parole décrit et met en lumière ce qui est dissimulé au spectateur, ce qui se trame de l’autre côté de la feuille de papier, en revers d’écran. Elle vient révéler les indices d’un envers dérobé, dessiner l’entour de l’image fabriquée jusqu’à ce que, par elle, infuse le présent d’un endroit (celui où s’est déroulée l’expérience). En même temps qu’elle en dit long sur le contexte de la scène, la parole tend à dévoiler la machinerie de l’exposition. Mais en épuise-t-elle pour autant l’illusion ?

 

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intercesseurs
Pénétrer l’architecture obscure de sommeils, c’est zoomer dans l’encre d’Orientations : aller là où apparaissent les images.
sommeils déploie l’expérience d’Orientations en développant notamment la question de l’intercesseur. Comme dans Orientations le passant devient l’intercesseur du dispositif de captation. Je viens de relire notre échange du FIDmarseille et c’est frappant d’y retrouver les germes de sommeils. Dans sommeils, les intercesseurs sont multiples et proposent chacun un point de vue différent sur une même chose et sur une même expérience. Cet élément de multiplicité, à l’image des multiples fenêtres qui apparaissent dans l’exposition, est très important et le choix des différents dialogues a été difficile à faire. J’ai opté pour ceux qui me paraissaient apporter des points de vies différents, voire contradictoires. Et pour ceux qui évoquent, l’expérience en cours et l’objet caméra.

Je me demande quel lien peut-il y a voir entre intercesseur et médiateur ? Ces voix deviennent-elles les médiateurs de l’exposition ?