A l’occasion de la fin de sa résidence « Lumières sur la ville » à Sevran (93°et de son exposition en octobre dans cette même ville à l’Espace François Mauriac, nous sommes revenus avec Michel Séméniako sur son parcours photographique entre ses célèbres prises de vue nocturnes et l’aventure des images négociées qui construisent aujourd’hui un travail en préoccupation sociale et onirisme.
C’est à un voyage dans le paysage urbain de Sevran (et parfois de communes voisines), que Michel Séméniako a convié onze professionnels de l’aide sociale à l’enfance et onze adolescents en placement familial ou en foyer.
« Lumières sur la ville » est une proposition d’exploration de l’esprit des lieux. Pour que le mouvement du corps accompagne celui de la pensée, Il est indispensable de se soustraire à l’activité urbaine quotidienne, de flâner pour redessiner l’image de la ville, jusqu’à ce qu’elle nous invite à l’habiter. Le photographe a proposé à chaque participant de porter un regard sur la ville, puis de m’accompagner dans la réalisation d’une prise de vue nocturne du lieu de leur choix.
Chaque jeune a imaginé un parcours urbain en cinq images qu’il a réalisé lui-même : lieux de mémoire, lieux de vie (flâneries, rendez-vous, maison, école…), l’un de ces lieux devenant le site de la photographie nocturne.
Les adultes (acteurs sociaux, famille d’accueil) ont été invités à choisir leur propre site de prise de vue nocturne, pour dire leur relation sensible aux lieux d’exercice de leur activité.
La banlieue est stigmatisée, ses habitants sont rejetés vers un au-delà de la ville, un non-lieu déshumanisé. Et pourtant elle palpite d’énergies et de rêves.
Les sites choisis par les protagonistes sont imprégnés de souvenirs, ils sont aussi l’espace privilégié de moments de rencontre, de méditation, de questionnements, d’instants de vie quotidienne.
La nuit, nous parviennent les échos du monde visible, c’est alors l’imaginaire qui en reconfigure les représentations intériorisées dans notre inconscient.
Pour faire image, la lumière est notre pinceau et la nuit notre décor. Durant un temps de pause très long, à l’aide d’une lampe torche dont il colore le faisceau avec des filtres (choisis avec les participants), Michel Séméniako éclaire les espaces et les objets en se déplaçant dans le champ de la prise de vue (tout en restant invisible).
Cette approche plastique, fruit d’une rencontre avec les jeunes et les travailleurs sociaux, est l’aboutissement d’un travail collectif d’interprétation de la ville, de déplacement du réel vers un champ symbolique.