Comme un lundi : «Retours»
Il y a une éternité déjà, en 2011 exactement, Khiasma accueillait «My Last Life», première exposition monographique en France de l’artiste belge Vincent Meessen en forme de récit spéculatif autour du passé africain d’un certain Herbé, double de Roland Barthes.
Le salut militaire du jeune burkinabé en couverture de Paris-Match qui avait accroché l’œil du philosophe et déclenché une méditation alors inédite sur le corps colonial français, nous revient sept ans plus tard alors que le Centre Pompidou consacre une exposition d’envergure au même Vincent Meessen et à ses tissages des modernités africaines et occidentales («Omar en mai», du 28 mars au 28 mai 2018 — ). Bien qu’elle ne fut pas la première exposition concernée par le sujet colonial à Khiasma (on se souvient de «Outre-Mer, des mémoires coloniales» de Yo-yo Gonthier, en 2008) « My last life » initia une série de programmations nomades qui allaient participer à l’installation sur la scène artistique française de nouveaux récits nationaux. Le premier de ces cycles, « Hantologie des colonies », proposait pendant plus d’un mois de mettre en lumière la présence du spectre colonial dans la production de toute une génération émergente d’artistes. Il invitait le public à circuler de Khiasma à la la Ferme du Buisson, de La Galerie CAC Noisy-le-Sec de Noisy-le-sec aux Beaux-Arts de Paris, du Ciné 104 à Pantin à Le Méliès à Montreuil… On y découvrait souvent des noms qui allaient s’installer durablement sur la scène critique et cinématographique contemporaine : Filipa César, Angela Ferreira, Raquel Schefer, Sven Augustijnen, Olive Martin & Patrick Bernier, Ben Russell, Miranda Pennell, Wendelien van Oldenborgh, Philip Scheffner, sous l’œil de leurs aînés Manthia Diawara, Raoul Peck et Sarah Maldoror.
Deux ans plus tard, Khiasma remettait le couvert avec pas moins de 29 soirées consécutives de programmation hors-les-murs pour le bien nommé cycle «Possessions» qui offrait parmi d’autres les premières projections en France de certains films de John Akomfrah, The Otolith Collective, Lav Diaz, Penny Siopis ou encore Hiwa K.
L’exposition «Op-Film : Une archéologie de l’optique» qui ouvre à l’Espace Khiasma le 28 Mars prochain et le séminaire expérimental «Black Lens» qui en compose l’écho diffracté les deux jours suivants à La Colonie sont les dignes héritiers de cette histoire qui allie critique postcoloniale et cinéma au sein de nos programmes depuis de longues années. Cette nouvelle exposition signe aussi le retour de deux artistes, Filipa César et Louis Henderson, qui ont poursuivi avec nous des enquêtes visuelles déconstruisant l’appropriation du territoire en convoquant des mémoires corporelles, des récits minéraux («Les Propriétés du sol», 2015) et en dévoilant les technologies d’une nécropolitique raciale («Kinesis», 2016). Une archéologie de l’image dont le cinéaste Harun Farocki pourrait être la figure tutélaire et dont l’ombre portée composera l’une des matières que tisseront les invités du séminaire «Black Lens».
Expositions, projections et débats qui voyagent hors de nos murs participent ainsi à notre manière d’inventer avec d’autres des lieux sûrs, des réseaux d’alliés et de savoir, des formes de récits pour les mettre en circulation depuis un passé oublieux vers un devenir possible.
http://www.khiasma.net/pdf/hantologie_des_colonies.pdf https://slash-paris.com/evenem…/vincent-meessen-my-last-life http://www.khiasma.net/hors-les-murs/possessions/
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